Ferme le yeux et inspire puis expire. Répète. Inspire. Expire. Inspire....Expire... Inspire et Expire... Et Inspire....et vomi.

- Doucement... Voilà. C'est bien, tout va bien.

La main de Jimin frotte doucement mon dos alors que j'ai l'impression de vomir mes tripes au dessus de la cuvette. Ce n'est pas joli à voir. Ce n'est pas joli tout cour. Mais il faut croire que c'est comme ça que je vais passer les prochains mois de ma vie.

Je repousse Jimin en me relevant et me laisse tomber par terre, sur les fesses, soupirant. Je passe mes mains dans mes cheveux. C'est comme si j'avais avalé un océan tout entier et qu'il avait décidé de se déchaîner au creux de mon être. Pauvre petit être d'ailleurs, il n'a pas l'air très très bien.

Il a une semaine, après avoir dit la vérité à Jimin, nous sommes retourné à l'hôpital et j'ai commencé à me faire soigner progressivement en programmant des visites à l'hôpital. Évidemment, on m'avait prévenue des effets secondaires, choses qui m'était déjà familière. Mais ça me fait toujours l'effet d'un coup de pied dans le ventre.

Mais sincèrement, vomir ne sera pas le pire.

- Ça va aller ? me demande doucement Jimin en me prenant le bras.

- Oui. Je vais retourner me coucher.

Je me relève avec l'aide du noiraud et quitte la salle de bain. À peine ais-je touché le lit que je m'effondre dessus et m'enveloppe dans la couette. Tout est calme dans l'appartement et je sens déjà mes paupières se faire lourdes. Mais Jimin n'a pas décide de me laisser dormir tranquillement.

Il s'assoit sur le lit et se met en tailleur. Je sens son regard insistant sur moi alors je me retourne vers lui.

- Quoi ? je demande passablement agacé. Je déteste quand tu fais ça.

- Jungkook...S'il te plaît. Fais un dernier petit effort et écoute moi. Il faut que tu aille à l'hôpital...

- J'y suis déjà allé pour me faire soigner, tu te souviens ? je réplique

Il râle et se rapproche de moi. Je sens ses bras m'entourer dans la pénombre de l'appartement. Ses doigts frais viennent remettre mes cheveux en place et il soupire.

- Je veux dire...de manière permanente. Tu ne peux pas rester à la maison et subir bêtement tous ses effets secondaires. Tu as besoin que quelqu'un veille sur toi.

- Jimin. Arrête ça. On en a déjà parlé et tu connais ma réponse.

Je me retourne, ne voulant pas continuer cette conversation plus longtemps. Je n'ai ni la force ni l'envie. De plus je sais très bien où cette discussion va nous mener et cela ne présage rien de bien.

Je n'ai pas plus envie d'aller à l'hôpital  que ça pour être honnête. Je suis certain que ce n'est pas nécessaire pour le moment. Je peux très bien supporter mon traitement et continuer de travailler. Pour l'instant, je ne peux pas tout abandonner.

- Ce n'est pas sain. Je sais très bien que ce n'est pas de ta faute, mais on a du faire partir Taehyung. Il se retrouve chez quelqu'un qu'il connait à peine...

- Una n'est pas un monstre et on le voit tous les jours. Il ne l'a pas mal pris.

Il est vrai que Taehyung n'est plus avec nous. Après une discussion il a été décidé que j'aurais besoin de calme et de solitude. Ma douce et meilleures amie a accepté de prêter la chambre de son frère parti en mission pendant plusieurs mois au brun. Ce qu'il a très bien pris. Depuis qu'Una a déniché un futur stage pour le jeune homme, il l'a à la bonne. Je me suis senti un peu coupable au début mais Taehyung a largement insisté sur le fait que cette situation lui va et qu'il ferait tout pour m'aider. Il a même dit qu'il m'accompagnerai a l'hôpital pour pouvoir voir Yoongi ou se rendre à ses rendez-vous.

- Je sais bien mais admet que ça risque d'être vite compliqué..., enchaine Jimin.

- J'ai pas envie d'en discuter pour le moment. J'ai besoin de dormir.

- Très bien...

Le noiraud me lâche gentiment et vient lui aussi se glisser sous les draps. C'est beaucoup trop dur de penser à tout ce qui pourrait se passer si j'écoute les conseils de Jimin. Bien que tout est loin derrière moi désormais, que j'ai réussi à me relever, je ne suis pas sur de pouvoir y arriver une deuxième fois. Beaucoup de personne dans mon cas ne survivent pas à cette fameuse deuxième fois. Bon, ce n'est vraiment pas le moment de penser à ça ni de se faire des scénarios plus terribles les uns que les autres. J'ai juste besoin de dormir et tout ira mieux demain, je pourrais réfléchir plus calmement.  

La nuit est malheureusement passée trop vite à mon gout et lorsque mon réveil sonne, j'en ai presque envie de pleurer. J'ai tout sauf envie de me lever et d'aller travailler. Mes os sont douloureux et mes yeux brûlent. Mais comme tout le monde, je n'ai pas le choix et je dois respecter l'ordre des choses. Allez Jungkook. Motivation ! 

Je me lève finalement après quelques minutes de bonne flemmardise et alors que j'ai plus ou moins terminé de me préparer, Jimin m'arrête quand je sors de la salle de bain. Je baisse les yeux vers lui, plus ou moins inquiet me disant que quelque chose ne va pas. 

- Qu'est ce qu'il y a ?

- N'y va pas. Pas aujourd'hui, dit-il d'une petite voix angoissée

- Quoi ? Mais pourquoi ? Je dois bien y aller. 

- S'il te plait. Tu as besoin de te reposer, de rester ici. Après ce qu'il s'est passé cette nuit, je ne te laisse pas sortir !

- Jimin...

-Tu te souviens quand on était petit ? Quand tu écoutais tout ce que je te disais parce que tu considérais que j'avais toujours raison ? 

Je soupire et hoche la tête. Il a peut-être pas tord. Et puis je sens bien que je suis tout sauf d'attaque. Cependant je n'ai tellement pas envie d'abandonner tout ce que j'ai commencé et ce que je pourrais encore accomplir. Certes, j'ai eu un rendez-vous téléphonique avec le directeur de mon école et mon boss est prévenu de mon état de santé mais...C'est frustrant !

D'un autre côté je sais que Jimin ne pense qu'à mon bien et s'il pense que je devrais rester, c'est qu'il se fait réellement du soucis. Combien de temps vais-je encore pouvoir vivre normalement. Tout s'est accéléré en l'espace de seulement quelque jours. Quel enfer...

- D'accord, je finit par dire. D'accord je reste ici. Mais en contre partis tu arrêtes de te faire du soucis pour moi. 

Jimin me sourit tendrement et me prend la main. Il me mène jusqu'au canapé et me force littéralement à m'y asseoir. Comme l'ange attentionné qu'il est, il vient m'envelopper dans un plaid puis embrasse mon front. J'ai plus l'impression d'être un petit enfant mais je ne vais pas m'en plaindre.

- Je vais te préparer de quoi manger avant d'y aller, dit le noiraud.

- Je peux me débrouiller, ne te met pas en retard.

-Je veux juste que tu ailles bien, que tu restes sagement ici et que tu te repose. Je me sens impuissant, je ne sais pas quoi faire pour t'aider alors laisse moi au moins ça. C'est ça, ou je te tire moi même à l'hôpital ! 

- Très bien monsieur l'agent, je répond. Allez donc me préparer un petit déjeuner si tel est votre souhait ! 

Je souris gentiment au noiraud qui s'échappe ensuite dans la cuisine. Les quelques heures qui séparent Jimin de son départ pour le studio de danse sont rythmées par les casseroles et l'ouverture sans cesse du frigidaire. Je me demande bien comment je peux perdre la face avec quelqu'un comme lui à mes côtés. Personne ne perdrait la face avec Jimin. Personne. C'est bien ce qui le rend si spécial.

J'ai prévenu que je ne viendrais pas aujourd'hui mais je me connais, je vais quand même travailler depuis mon canapé. Et lorsque Jimin fini par partir je me sens bien morose, seul dans ce loft pourtant si chaleureux. Et par dessus tout, je me sens si mal. Il était rare il y a 3 ans que je me sente aussi...mort? Quel drôle de façon de dire que l'on est fatigué après tout. Mort... Peut être que les gens qui le disent sont ceux qui n'ont pas connu ce que c'est, qui ne se sont jamais vu mourir ?

Jimin est celui qui a raison, je ne peux pas prétendre aller bien. Plus maintenant...Je sais qu'il a raison, je l'ai toujours su cependant il est plus dur d'avouer que l'on a tord que de reconnaître ce qui est bon pour nous. Personne d'autre n'est au courant. Et si j'étais à leur place, je serais en colère de savoir que ce genre de choses ont put m'être cachée. Je vais profiter de ce moment de solitude pour faire ce qu'il doit être fait.

À commencer par ma petite maman.