4 ans plus tôt pdv de Yoongi.

-...les résultats sont tombés...

Tout est noir. Je ne sais pas où je suis. J'entends une voix. Elle est si lointaine. Je suis perdu. C'est le vide autour de moi. À l'intérieur de moi. Tout est vide. Pourquoi personne ne vient m'aider ?

-....ce ne sont pas de bonnes nouvelles...

Ma poitrine est douloureuse, je n'arrive pas à respirer. Mes muscles sont douloureux, je n'arrive pas à bouger. Il y a une voix dans ma tête. Elle me parle. Elle me force à m'énerver. Résister me fait mal putain. J'ai peur.

-... monsieur ? Yoongi vous m'entendez ?

La voix dans ma tête me hurle de ne pas répondre. Mais je sort de ma torpeur et je regarde le médecin, en face de moi. Qu'est ce qu'il me veux putain ? Il va se bouffer un réponse sèche.

- Ouais.

- Je disais, vos résultats sont tombés. Je suis vraiment désolé de vous l'apprendre mais votre état a empiré.

Menteur ! C'est faux. Je vais très bien. Je n'ai fais de mal à personne. Ils n'ont pas le droit de me retenir ici. C'était il y à longtemps, maintenant je ne blesse plus personne. Ce n'est pas moi. C'est la voix !

- Vous ne pouvez pas sortir. Je suis vraiment désolé mais cette fois ci nous ne pouvons pas vous laisser sortir.

Ce n'est pas juste. Pas encore. Je vous en supplie sortez moi d'ici. Je n'en peux plus. Je suffoque. Je suis à bout. Je veux sortir d'ici. La voix hurle toujours plus forte. Je vais craquer. Les larmes que je retiens forme une boule dans ma gorge. Ça va faire plus de 2 ans qu'ils me retiennent. Je ne veux pas.

Ils pensent qu'ils peuvent m'acheter avec une pseudo liberté ?! Hier un abruti de médecin est venu me dire que je pourrais rejoindre le service des patients à long terme en journée. J'aurais du m'en douter. Je savais qu'ils allaient me garder en psychiatrie. Je les déteste. Tous autant qu'ils sont!

Le médecin sort et je me retrouve seul. Encore. Je n'entends plus que cette voix. Je sent la colère monter petit à petit. Un feu s'allume dans mon ventre et je sers les poings. Merde ! Non ils ne peuvent pas ! Je frappe contre mon coussin, je me déchaîne. Une rage bouillonne en moi. J'ai envie de tout détruire.

En soufflant je me calme peut à peut. Je jette un coup d'œil au coussin. Je l'ai défoncé... Je sortirai jamais d'ici. C'est clair et net. Je suis un monstre, incapable de gérer ma colère. Incapable de faire taire la voix. Impossible. J'ai envie de crever tant je suis à bout. Sortez moi d'ici.

Je vais me casser. C'est décidé. Je ne vais pas rester enfermé ici une seconde de plus. Tant pis s'ils me cherchent partout dans l'hôpital. Ras le cul de ce service de merde. Je me lève en balançant le coussin détruit par terre. Ils ont intérêt à le changer ces cons.

Service des patients à long terme...c'est juste à côté. Je crains un peu de croiser quelqu'un. Il ne faut pas qu'on me voit. Non négociable. Je sors rarement de ma chambre, si ce n'est pour aller dans la petite salle du service, où on est obligé d'aller une fois par jour. Pire endroit du monde. Pourvu que le nouveau service soit moins morbide.

Je marche sans savoir où je vais. Les couloirs sont sombres. Il n'y a pas de bruit à part quelques portes qui claquent. Je ne sais pas comment c'est dans le reste de l'hôpital mais je ne veux plus rester ici. Cet endroit est à s'en tailler les veines. Pourtant je commence à voir de la lumière, au bout du couloir où je marche. De la lumière. Enfin.

J'arrive devant une porte. Grande porte laissant passer quelques rayons de lumière. Il n'y a personne au alentour. Est ce que je peux y aller ? Est ce que je peux passer dans ce nouveau service ? J'ai peur de ne pas y arriver. Et si je faisais une crise ? Si je blessais quelqu'un. Je ne sortirai jamais. Non...je dois arrêter de m'en faire. Tout se passera bien.

Je pousse les portes et je me retrouve immédiatement ébloui. Merde, le service psychiatrie est vraiment sombre. Je n'avais jamais remarqué jusqu'a aujourd'hui. Après quelques secondes je m'adapte à la lumière. Je suis abasourdi. Je ne pensais pas vivre un tel contraste. Wow, c'est totalement différent. Juste devant moi passe une infirmière, soutenant son patient, un vieil homme. Ils n'ont pas l'air de faire attention à ce que je fais.

Un peu sur mes gardes, j'avance lentement à travers les couloirs. Tout est plus bruyant ici. Tout est plus jovial. Il y a beaucoup de mouvement dans le corridor, au fur et à mesure que j'avance. Je me retrouve devant deux grandes portes doubles. Je les pousse, les mains tremblantes. Je ne suis vraiment pas certain de ce que je fais. Est ce qu'ils vont me renvoyer d'où je viens ?

La salle dans laquelle je suis entré est immense et très lumineuse. De grandes fenêtres font entrer la lumière et donne sur la ville au loin, derrière un lac. Je n'ai rien vu de tel depuis 3 ans. 3 putain d'années. 3 putain d'années que ces chiens me retiennent dans l'obscurité. J'ai envie de tout casser quand j'y pense. Non je dois rester calme.

- Eh, excuse moi. Je ne t'ai jamais vu ici. Tu es nouveau ?

Je tourne le regard vers la personne qui m'a parlé. Un jeune homme au cheveux brun me regarde. Il est bien plus grand que moi mais pas pour autant intimidant. Est ce que je suis nouveau ? Est ce que je fais parti d'eux ? Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne sais pas si je dois mentir ou lui faire confiance.

- Non. Enfin pas exactement, je réponds simplement.

- Oh...tu ne serais pas le patient qui vient de psychiatrie ?

Je regarde autour de moi. Personne ne semble avoir entendu ni ne fait attention. Je ne veux pas que tout le monde pose son regard sur moi, je ne sais pas comment je pourrais réagir.

- Oui c'est moi.

- Oh eh bien, salut. Je dois avouer qu'on ne s'attend pas à quelqu'un qui vient d'un autre service surtout pas de psychia-

Il se tait immédiatement et me regarde désolé. Surtout pas quelqu'un qui vient de psychiatrie. Ouais je m'en doutais. C'est normal, ça ne devrait pas me choquer. Ils doivent penser que je suis fou.

- Enfin, sans vouloir te vexer évidemment. C'est juste un peu inhabituel. On voit rarement quelqu'un sortir de ton service.

- Je sais.

- Namjoon ! Ah enfin te voilà, pour l'amour du ciel où éta- Oh... bonjour.

Un autre gars vient de nous rejoindre. Il semble cherche mon interlocuteur. Namjoon hein ? C'est donc son nom. Le nouveau a les cheveux noirs et il me sonde comme pour savoir si il me connait.

- Désolé. Je te présente le patient qui vient de psychiatrie. Jin voici...

- Yoongi.

- Enchanté Yoongi..., répond le dénommé Jin.

Ils ont l'air mal à l'aise. Est ce qu'ils ont peur de moi? Non...je ne veux pas inspirer la peur. Je ne suis pas dangereux. Je suis normal. Normal!

- Dis moi, Yoongi, comment ça se fait que tu puisse venir ici. Sans vouloir te vexer.

- Si on cumule le nombre d'internement que j'ai subi ici, on peut arriver à 8 ans. Apparemment, c'est comme un cadeau. Du style, carte de fidélité.

- 8 ans ?! Mon dieu...c'est horrible.

Ils ne peuvent pas savoir. C'est ce qu'ils disent tous. " Mon pauvre, ça doit être horrible." Vous n'avez même pas idée. Traiter comme des fous à chaque respiration. Pas une seule visite de ma famille ces dernières années. Mais eux, ils ont l'air si heureux. Je ne comprends pas. Je ne comprendrai jamais. De toute façon, ils vont tous crever ici. Je me contente d'hocher la tête. Je ne sais pas si je suis à ma place.

- Excuse nous mais on doit y aller, reprend Jin, nous avons des test à faire. J'espère que tu passeras de bon moment ici.

- Ce fut un plaisir Yoongi, on se revoit plus tard !

Et les deux partent en me souriant. De vrais sourires. Pas de pitié. Pas de fausseté. Purement sincère. Je suis touché au plus profond de moi. C'est la première fois que je ressens ça. D'habitude je suis un mélange de haine et de sentiments contradictoires. Mais en ce moment précis, c'est de l'allégresse. Je ne comprends plus trop.

Je ne ressens plus ce froid à l'intérieur de moi et la voix s'est calmé. Namjoon m'a dit " à plus tard". C'est peut être anodin mais ça veut dire ça que ça veut dire. À plus tard. Nous nous reverrons. Je reviendrai. Et j'irai leur parler. Et peut être que je serai à ma place. Mais pour l'instant j'ai peur de rester ici.

Je fais demi tour et repars d'où je viens, dans l'ombre.