T h r e e
Ma vision est floue. Je suis quasiment sur de m'être endormi peu après le départ de Ji. Il n'y a presque plus de lumière dans la chambre. J'ai du m'assoupir un bon bout de temps. Encore dans les vapes, j'extirpe mes jambes des draps blancs. Je déteste ses draps blanc. Et puis j'ai envie de vomir. Mes yeux tentent de s'adapter au réveil et aux restes des médicaments présent dans mon corps. Pas un seul bruit cours dans la pièce. Le silence est pesant, trop pesant. Même dans les couloirs, il n'y a pas un bruit. Tout ça m'angoisse.
Mes muscles sont douloureux alors je me laisse tomber en arrière. Allongé en travers de mon lit, je soupire. Dans cette position, le sang descend dans mon crâne. Peut-être que si je reste comme ça, je vais finir par m'évanouir. Ce serait un soulagement. J'étire mes bras pour détendre mes muscles. Je remarque que je n'ai plus ma perfusion. Il doit être vraiment tard. J'ai probablement dormis toute l'après-midi. J'ai envie que le temps s'arrête, que ce moment se fige. Mais je me sens vraiment seul. Je soupire longuement, agacée au plus au point par cet endroit. L'écran de mon téléphone s'allume et je l'attrape tout en gardant ma position, certes inconfortable. L'appareil se met a vibrer dans mes mains. C'est ma mère qui m'appelle. Mon regard reste figé sur l'écran. J'hésite a répondre. Mais je sais qu'entendre la voix de ma mère me fera du bien. J'éclaircie ma gorge et décroche.
- Jungkook?
- Bonsoir maman.
-Ah mon lapin, comment vas-tu? - demande ma mère
-Bien.
Mal, maman. Très mal.
- Tu es sur?
-Maman...je suis a l'hôpital...
-Je sais mon lapin, je sais. Je suis désolée.
Mes yeux brûlent. C'est toujours la même chose. A chaque fois. Je tente du mieux que je peux de contenir mes larmes.
- Jungkook? Tu es toujours là mon lapin? - s'inquiète ma mère à l'autre bout du fil
- Oui oui. Comment ça va à la maison? -je demande pour tenter de me changer les idées
- Oh tu sais c'est plutôt calme. Ah tiens, ton père a retrouvé un chaton abandonné. On a décidé de le garder.
- C'est bien ça maman...
- Oh je suis désolée mon lapin mais je dois raccrocher. J'ai beaucoup de travail à terminer.
- Ah...d'accord...
- Ton père t'embrasse. Nous viendrons te voir dans quelques jour c'est promis mais pour l'instant nous avons encore beaucoup de travail. Je t'aime mon lapin!
- Moi aussi je t'aime maman.
Je garde le téléphone collé à mon oreille. Ma mère a raccroché. Je me sens vide. C'est la première fois qu'elle raccroche aussi vite. Je sers mon téléphone dans ma main avant de le balancer. Je porte mes doigts a mon visage. Il est trempé. Je n'ai pas pu retenir mes larmes. Je fais vraiment du mieux que je peux, j'essai de tenir le coup mais je suis a bout de force. Et cette histoire de chat. Je sais bien que c'est ridicule de me sentir rejeter à cause de ça mais je sais aussi que c'est pour combler mon absence. J'ai mal au cœur. Et j'ai envie de vomir.
Je me redresse finalement et m'assois en tailleur. Mon téléphone indique 19:00. Je sais que Ji ne va pas tarder à arriver. Je n'ai vraiment pas faim mais elle va m'y obliger. Elle l'a promis. Je ne veux pas qu'elle me voit dans cet état. Avec toute la rapidité que mon corps m'offre, je me lève et me dirige vers la minuscule salle de bain de ma chambre. Je m'appuis sur le lavabo et lève la tête vers le miroir. J'ai peine a me reconnaître. A chaque fois c'est pareil, je suis surpris par les changements sur mon visage et mes traits marqués. Je soupire longuement et ouvre le robinet. L'eau est fraîche. J'en passe sur mon visage et étire mon cou. En fermant le robinet, j'entend la porte de ma chambre s'ouvrir. J'essuie mon visage avec la manche de mon sweat et me prépare à affronter mon adorable infirmière.
-Jungkook, ton repas.
- J'arrive...
~~~~~
Je tire mes draps pour les ramener sur mon visage. La lumière perce mes paupières. Ces médocs me foutent vraiment dans un état pas possible. Ji a du venir ouvrir les rideaux et retiré ma perfusion. Mais encore une fois je n'ai rien senti. J'ai encore du mal a garder mes yeux ouverts. Mais je n'ai plus sommeil. Je baille et m'étire, toujours sous mes draps. Des vagues de souvenirs d'hier soir me reviennent peu a peu. Je me souviens avoir réussi a manger pour une fois. Il y avait aussi Hoseok qui a tenté de me tirer de mon lit, mais je n'en avais pas eu la force.
J'arrive finalement a me redresser et j'attrape mon téléphone, il est 13 heures. Mon dieu, j'ai rendormi trois heures après mes examens de ce matin. Je suis épuisé en ce moment. A bout de force.
J'appuie sur un bouton près de mon lit pour appeler Ji. C'est ce qu'elle ma demandé de faire juste après m'avoir ramené dans ma chambre. Dix minutes plus tard, la porte de la pièce s'ouvre. Ji tire un chariot derrière elle. Elle n'est pas seule pourtant. Et c'est la personne qui l'accompagne au me surprend le plus.
- Una ?!
- Bonjour Jungkook.
Ma petite amie me regarde avec un sourire éclatant. Elle en revanche n'a pas changé. Una est toujours aussi belle.
Ji amène le chariot transportant un repas de l'autre côté de mon lit. Elle lise la couverture au dessus de mes jambes et l'adresse enfin la parole.
- Tu as de la visite mon petit. Et tâche de manger. Bon je vois laisse.
Mon regard reste fixé sur la jeune fille devant moi. Ji sort de la pièce avec un petit sourire. Una attrape une chaise placé dans le coin de la pièce et la place a côté de mon lit. Une fois que j'ai repris mes esprit, je passe une main dans mes cheveux ébouriffés.
- Mais qu'est ce que tu fais là ? - je demande toujours étonné
- Je suis venue pour toi évidemment!
Una se penche vers moi et attrape mes mains. Sa peau contre la mienne me donne des frissons. Toutes mes questions s'envolent. Je me sens mieux lorsqu'elle est là. C'est probablement pour ça que je l'ai gardé près de moi tout ce temps.
- Je suis désolée de ne pas être venue plus souvent. La période d'examen se rapproche et j'ai du travailler énormément.
- Je comprend, ce n'est rien. Je ne m'attendais pas a te voir c'est tout.
- Tu m'a beaucoup manqué Jungkook.
Je suis immédiatement choqué par les paroles de ma copine. Cette fille n'est pas vraiment du genre affective. Dans notre semblant de relation, on est plus taquin. Lorsqu'elle m'annonce que je lui manque, je ne la trouve pas naturelle. Peut-être que lui ai réellement manqué...
- Moi aussi. - je lui répond simplement, déconcerté
- Je suis passée chez toi ce matin. - elle enchaine avec un grand sourire
- Oh, pourquoi?
- Pour récupérer ça.
De son sac a dos elle sort un classeur. Je connais que trop bien cet objet et je lance un regard noir à Una. La jeune fille ne se montre pas vaincu et reprend mes mains. Elle veut que je reprenne les cours. Je sais que mes professeurs continuent de m'envoyer mes cours. Mais j'ai laissé tomber. De toute façon je vais mourir bientôt, je ne vois pas l'intérêt d'apprendre quoi que ce soit.
- Jungkook s'il te plaît, penses y! Tu peux encore te rattraper. Ce ne sera pas compliqué pour toi. S'il te plait ! - supplie t-elle
Je soupire longuement. Je n'ai pas envie de me battre. Si elle veut vraiment que je reprenne les cours, je peux toujours essayer. Et puis ce n'est pas comme si je n'avais pas le temps.
- D'accord, je te promet que je vais reprendre les cours.
Ma copine m'offre son plus beau sourire et serre mes mains plus fort.
- Merci mon chat. - miaule t-elle
Stop! OK cette fois ci c'est juste bizarre. Jamais elle ne m'a appelé comme ça. Elle n'est pas normal aujourd'hui. Comme si elle avait quelque chose a se reprocher. Une étrange sentiment me passe dans la gorge. J'ai un mauvais pressentiment. Je pris pour que ce ne soit pas ça...
Pour tenter d'échapper a ses pensées negatives, je me concentre sur son visage. Elle est maquillée. Una n'est pas du genre a ce maquiller. Je commence sérieusement a m'inquiéter. J'ai une boule au ventre et je n'arrive pas a m'en défaire.
Una pose les yeux sur sa montre et affiche une moue désolé.
- Je vais devoir y aller Jungkook...je suis vraiment désolée.
- Déjà ?
Ma voix tremble, je suis vraiment déçu. Je ne peux pas m'empêcher de penser de manière égoïste, mais elle ne viens jamais et il faut qu'elle parte aussi soudainement. D'abord ma mère qui me raccroche presque au nez et maintenant ça. Bordel, je deviens parano ou quoi? Mais je n'ai vraiment pas envie qu'elle parte. Même si son comportement est vraiment étrange. Et même si j'ai un mauvais pressentiment.
Elle s'excuse longuement avant de me promettre de revenir très bientôt. Je la regarde sortir de la pièce, marchant d'un pas léger. Et lorsque la porte se ferme derrière elle, je sens comme un vide m'envelopper. Ça recommence...
Je soupire et me tourne vers le plateau. D'un geste lent, je le tire vers moi en prenant soin de ne pas trop tirer sur ma perfusion. Je n'ai plus faim du tout. Mais je vais me faire taper les doigts si je ne mange rien. Résigné a rester seul dans mes idées noires, j'ouvre mon ordinateur portable sur mes genoux. Si je dois encore passer ma journée seul, je préfère autant me changer les idées. Ce qu'il y a sur le plateau ne me donne pas envie, pourtant mon ventre gargouille. Ma gorge se serre. Ce contraste entre ce que mon corps veut et ce que je veux, m'énerve.
Je tente désespérément de manger mais mon organisme n'accepte que peu de nourriture. Mon ordinateur me parle mais je n'écoute pas. Le son vole dans la pièce mais ne vient pas jusque dans mes oreilles. Mon esprit divague. J'ai l'impression que je vais m'endormir.
Une petite sonnerie retenti a côté de mon oreille. Je tourne a peine la tête pour deviner de quoi il s'agit. Je ne prend pas la peine de l'éteindre. Le bruit va bientôt s'estomper de toute façon. Je n'ai plus aucune energie, c'est pire que la fatigue. Je ne sais pas vraiment se qu'il m'arrive.
Mais le bruit s'arrête enfin, c'est plutôt un soulagement. Pourtant j'ai l'impression de ne plus rien voir. On m'enlève ma perfusion. Une main vient caresser mes cheveux et la présence dans la pièce disparait.
Je reprend mes esprits. Bordel, c'était quoi cette phase? J'arrive a me lever mais je ne me rend toujours pas compte de ce qu'il vient de ce passer. Mon regard se pose sur la perche portant le sac de la perfusion. Ce truc commence a me dégouter. Ces foutus médocs vont avoir raison de moi avant même ma maladie.
Je me dirige vers la minuscule salle de bain, histoire de prendre une douche. C'est probablement le moment le plus agréable de la journée. Ce n'est pas que je m'ennuie mais...ici l'ambiance est a ce tailler les veines. Vraiment ! Je retire mes vêtements et entre dans la cabine de douche. Ce truc est aussi large que moi. J'en profite pour passer le plus de temps possible sous l'eau. Je ne me rend même pas compte qu'elle devient froide. Je commence à être a l'étroit la dedans. Une fois hors de la salle de bain, je me m'habille avec ce qu'il me tombe sous la main. Je ne sais même mas ce que j'ai pris. Puis je traîne les pieds jusqu'au fauteuil qui est proche de la fenêtre. Je m'y laisse tomber lourdement. Je passe mes doigts derrière les fins rideaux transparents. Il fait gris et on voit la ville au loin. Je n'imaginais pas l'hôpital aussi loin. Peut être que ça favorise la convalescence des patients. Ceux qui ne sont pas destinés a mourir en tout cas.
Quelqu'un toque a la porte. Je ne prend pas la peine de répondre. De toute façon c'est un vrai moulin ici. Un immense sourire passe la porte. Je vous le donne en mille, c'est Hoseok. Ce gars ne va donc jamais me lâcher ?
- Jungkooook. Qu'est ce que tu fais ? demande le jeune homme a peine rentré
- Rien. - je lui répond sans le regarder- Ça ce voit non?
Hoseok s'avance vers moi et s'accroupit. Il m'offre son sourire le plus étincelant. Je dois avouer que c'est un sourire très communicatif. Mais je me retiens. De toute façon il n'y a pas vraiment lieux de sourire.
- C'est parfait, - reprend le jeune homme- comme ça tu peux venir avec moi.
- Pour quoi faire ?
- Tu sais c'est très long ici quand on est seul, alors que tu as la possibilité de parler à des gens. En plus, nous on est six donc...
Il a dit six. Ouais, il est un peu paumé parce qu'il ne m'a présenté que cinq personnes hier. Je ne vais pas lui en vouloir, je trouve ça déjà bien qu'il ai retenu mon prénom.
Ça proposition est tentante. Bien que je n'ai absolument pas envie de parler a qui que ce soit, au moins je ne serais pas seul. Et puis ça devrait chasser les idées noires de les voir se chamailler. Je regarde mon téléphone, j'ai le temps avant le prochain traitement.
- D'accord, je viens.
Hoseok ne peux pas cacher sa joie. Je je savais pas que ma compagnie pouvait être si agréable. J'ai l'infime sentiment de servir a quelque chose pour une fois. Ça fait du bien. Le jeune homme passe un bras autour de mes épaules et m'entraîne avec lui. Nous traversons le long couloir comme hier et nous nous retrouvons devant le réfectoire. Par les petites vitres, on peut voir que la salle est plus remplie que la dernière fois. Apparemment, tout le monde passe son temps ici. Est ce que je dois m'y mettre aussi?
Je passe les portes et repère immédiatement le petit groupe. Je pourrais parier qu'ils ont le niveau sonore le plus élevé de la salle. Pour fait, le reste des patients est soigneusement éloigné de nous. D'ailleurs, les garçon sont a la même table qu'hier, aux même places. Hoseok se dirige vers eux presque en sautillant et moi je traine les pieds, derrière lui. Je tire une chaise et reprend ma place. Jin me tend immédiatement une barre chocolaté, que je prend en le remerciant timidement.
La conversation ne s'est pas arrêtée lorsque nous sommes arrivés. D'ailleurs elle bat son plein. Mais je me concentre plutôt sur le snack que j'ai entre les doigts. Je préfère largement manger ça que l'horreur qu'on sert dans les hôpitaux. Je le déballe et prend une bouchée. Machinalement, je mange et me concentre sur la joyeuse ribambelle. Je remarque que Yoongi est affalé sur la table, probablement endormi. Je crois qu'ils sont entrain de parler de quelqu'un d'autre. Mais d'un coup la conversation dérive sur moi. Je me fais prendre en traite, trop occupé a dévoré ma barre.
- Tu ne nous a pas dis quel âge tu as Jungkook.
Mon cerveau bug. Je n'avais pas prévu de parler, encore moins de moi. Namjoon me fait une petit sourire, laissant apparaître sa fossette, comme pour m'encourager a répondre. J'ouvre la bouche pour parler mais ce n'est pas ma voix qui répond.
- Il a 17 ans.
Mon coeur se brise en mille morceaux. Cette voix je l'a reconnaît entre mille. Je n'ose plus bouger. Les visages des autres se tournent vers moi, leurs yeux regardent par dessus mon épaule. Et des sourires s'affichent. Taehyung se lève bruyamment et passe derrière moi en criant presque.
- Jimin!
Jimin. J'en ai des sueurs froides. C'est lui.
~-~
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