« Leur seconde séparation »

❝ Sometimes, good things fall apart so better things can fall together ❞ - M. Monroe

♪ Paralyzed - NF ♪

Me retournant dans le lit, je tentais de passer mon bras par dessus Victoria. Néanmoins, ce dernier heurta le matelas et non le corps que je m'attendais à découvrir à mes côtés. J'ouvris immédiatement les yeux, constatant avec stupeur que la place à mes côtés était vide.

Me redressant sans perdre une seconde, mes yeux vagabondaient dans la pièce à vive allure, cherchant un simple indice qui aurait pu m'indiquer où se trouvait Victoria à l'heure actuelle. Puis je m'arrêtai, subitement.

Etait-ce peut être un rêve, une illusion de ma part, moi qui avait tant voulu la retrouver depuis ces années passées sans elle auprès de moi. Peut être que j'avais tout simplement imaginé toute cette soirée et cette nuit à ses côtés, et que je n'étais qu'un fou à lier.

Cependant, son odeur toujours présente sur l'oreiller à ma droite me confirmait que je n'étais pas fou, du moins pas encore. Elle avait bien passé la nuit ici, et elle s'était volatilisée, laissant une fois de plus notre histoire inachevée. Je ne pouvais pas la laisser faire ça, j'avais besoin d'explications.

Je me relevai subitement, partant à sa recherche dans l'appartement, un infime espoir de la voir assise sur le canapé, ou bien adossée au bar de la cuisine. Mais non, cet espoir était vain, et je savais que la retrouver ne serait pas aussi simple.

Je devais réfléchir, mais comment cela pouvait être possible lorsque mon cerveau tournait à cent à l'heure ? J'étais incapable de penser de manière rationnelle, tiraillé entre une envie de balancer mon poing dans le mur ou de m'effondrer. Mais j'étais plus fort que ça, et je savais que ce n'était pas terminé entre nous, je le sentais.

Faisant les cent pas dans le salon, je tentais de me mettre à sa place. Où serais-je allé si j'étais Victoria? Dans un premier temps, je songeai à Sasha, mais vu l'heure bien matinale, je doutais qu'elle soit allée lui rendre visite. Puis les choses semblaient s'éclaircir subitement, et sans que je m'en rende compte, j'avais passé des vêtements et je courrai jusqu'à ma voiture, dans le but de rejoindre l'aéroport dans les plus brefs délais.

Pas de doute, elle était là bas, et elle comptait s'éloigner de moi une nouvelle fois. Mais je comptais bien l'en empêcher.

❋

La route jusqu'à l'aéroport m'avait semblé interminable, les kilomètres défilant si lentement que j'avais la sensation de reculer. Je garai ma voiture rapidement, ne prenant pas la peine de prendre un ticket au parcmètre avant de courir jusqu'aux portes les plus proches.

Mes yeux regardaient partout et nulle part à la fois, perdus entre la masse de monde autour de moi, les écrans, et mon attention était troublée par toutes les annonces vocales des membres de l'aéroport qui informaient les voyageurs des départs imminents.

Je m'approchai d'un écran, cherchant à trouver la destination possible de Victoria, le nom de sa ville ancré dans ma mémoire.

Pris par la panique et l'angoisse, je semblai incapable de lire ne serait-ce que trois mots correctement, ce qui m'empêchait de trouver ce que je cherchais réellement.

Néanmoins, quelqu'un sembla entendre ma détresse, et ce fut à ce moment là qu'une femme annonça le départ d'un vol dans le micro. Un vol en destination de la ville de Victoria.

C'était le moment, je n'avais pas une seconde à perdre, tout se jouait maintenant. Je scrutai les différents panneaux, tombant sur celui qui indiquait le chemin pour la porte que je cherchai. Je me mis en route, slalomant entre les voyageurs, évitant valises et bagages à mains. J'avais une idée en tête : la retrouver et la persuader de rester avec moi. Mais bizarrement, j'avais un pressentiment étrange. Victoria était têtue, et j'avais peur que son choix soit déjà pris, et qu'il soit bel et bien définitif.

Après quelques minutes de course, j'étais essoufflé. Mais j'étais arrivé à destination, et c'était ce que je voulais. Scrutant les alentours à la recherche de cette jeune femme, tout semblait flou et confus à ce moment là. Et si c'était trop tard ?

C'était bien plus fort que moi, je sentais les larmes commencer à rouler sur mes joues, contre mon gré. C'était donc ça l'amour, le bonheur ? Devait-on se voir arracher ceux qu'on aime à chaque fois pour aboutir sur une fin tragique ?

Je relevais les yeux, croyant apercevoir un mirage. Elle était là, de dos, s'apprêtant à franchir le portique de sécurité. Je ne prenais pas la peine de sécher mes larmes me retrouvant directement sur ses talons.

- Victoria, attends..

Cette dernière se retourna, la surprise de me voir ici se lisant sur son visage. Croyait-elle réellement que je la laisserais partir sans me donner aucune explication ? Elle me connaissait mal

- Pourquoi tu fais ça ? demandai-je, faisant quelques pas pour me rapprocher d'elle, pourquoi tu nous inflige ça ?

Elle me regarda, ouvrant la bouche pour rétorquer quelque chose mais aucun son ne sortit.

- Je ne comprends rien, m'exclamai-je subitement, ne laissant aucun filtre modifier les paroles que j'avais, je ne te comprends pas. Un jour, tu veux être avec moi, un jour tu fuis. Qu'est ce que tu veux au final ?

- Je.. démarra t-elle

- Après la nuit qu'on a passé ensemble Vic, la coupai-je sans plus attendre, je pensais que c'était définitif, que tu allais rester pour de bon, que tu allais revenir à mes côtés et je... Je veux que tu restes, je veux que tu viennes habiter avec moi, je veux pouvoir être avec toi quotidiennement je veux pouvoir construire un avenir avec toi mais.. Mais je n'arrive pas à savoir ce que toi tu veux.. Pourquoi t'obstines tu toujours à fuir ?

Elle se retenait de dire quelque chose, je le ressentais. J'aurais voulu tout savoir, j'aurais voulu connaitre la vraie raison de ses craintes, mais elle ne semblait pas prête à me la dévoiler. Je voulais qu'elle soit honnête avec moi, transparente comme je l'étais avec elle.

- Cette nuit.. Cette nuit ne signifiait rien pour moi..

J'aurais voulu que ce soit faux, j'aurais voulu avoir rêvé. Mais non, tout cela était bien réel. Je voulais m'effondrer, me laisser au sol, prétexter que j'étais mort et m'enterrer sous terre jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais non, j'étais là et je devais affronter son regard, et ses mots aussi tranchants que des lames de couteaux. Je ne savais pas quoi dire, quoi penser ni quoi faire. Je l'aimais, bien plus que quiconque dans ma vie, mais je la détestais, pour la première fois. Comment pouvait elle m'infliger ça ? Comment pouvait elle me faire souffrir de la sorte, se faire souffrir ? Je voyais bien qu'elle était déchirée par la situation, et bien que j'aurais voulu creuser encore plus, je n'en avais définitivement pas la force. Je restai là, interdit, accusant le coup.

L'expression sur mon visage changea, mais j'étais incapable de savoir ce qu'elle représentait. De la tristesse, bien sur, mais aussi beaucoup de déception, d'amertume. J'avais le sentiment d'avoir tout donné pour quelqu'un qui ne pouvait pas recevoir l'amour que je lui apportais. Cette douleur en moi était atroce, et j'étais pour le moment incapable de la surmonter.

- Je.. Au revoir Chace...

Elle tourna les talons, clôturant cette histoire sur cette fin tragique. En la voyant s'éloigner, un sentiment de vide pris place en moi. Je voulais tomber, oublier, mais c'était comme si j'en étais incapable. Ses mots se rejouaient en boucle dans ma tête et je savais que les prochains jours, les prochaines semaines et bien encore après, ses mots me hanteraient. Je l'aimais, et j'avais tout donné. Cependant, je n'étais pas prêt à ne rien recevoir.

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