❦ Q u a t o r z e ❦


⚠️ ATTENTION : J'AI POSTÉ LES CHAPITRES 13 ET 14 DANS LA MÊME SOIRÉE DONC CERTAINS D'ENTRE VOUS N'ONT PAS VU LE 13 ! ⚠️

Everyone has talent. What's rare is the courage to follow it to the dark places where it leads. - E. Jong

The story never ends (Piano Version) - Lauv

Mon regard était perdu sur le parquet devant moi, mes mains touchant nerveusement mon tablier. Depuis quelques heures, la question de ma participation trottait dans ma tête.

Je n'étais pas encore repassée chez moi, ayant filé directement au café dans l'espoir de pouvoir commencer mon service plus tôt, ce qui me changerait les idées. Leila, ayant remarqué mon air chamboulé, n'avait pas posé de question, et m'avait servi un café avec le sourire chaleureux qui lui était si fidèle.

Je relevais les yeux, regardant les clients aller et venir dans la petite boutique. J'aurais menti si je disais que mon esprit n'était pas parti ailleurs. J'étais juste trop pensive, cherchant une solution à tous mes problèmes.

C'était comme si l'histoire ne s'arrêterait jamais. A chaque fois qu'une minuscule chose positive devait arriver dans ma vie, on ne tardait jamais à me rappeler tout le négatif. Bien souvent, ces choses positives ne duraient que quelques instants, un court moment suffisant pour me laisser croire à leur existence. Cependant, le positif était éphémère chez moi, et il laissait trop facilement sa place au négatif qui semblait attiré comme un aimant à ma petite personne.

Mon regard se releva au énième tintement de clochette annonçant l'entrée d'un client, mon regard croisant celui de mon professeur. Il tombait à pic. Je devais lui dire, me libérer de tout ça.

Il me sourit, ne perdant pas une seconde de plus pour s'installer à sa table habituelle, sortant ses affaires. Je n'eus pas le courage de répondre à son sourire, le poids sur mon coeur m'empêchant un tel geste. Mon regard se porta sur mes pieds, tentant de trouver une once de courage quelque part.

Je me dirigeais vers sa table, sortant mon calepin pour prendre sa commande.

- Que désirez vous consommer ?

- Je vais prendre un mocha pour changer, répondit -il en relevant les yeux vers moi, avec du gâteau au citron. Vous avez eu le temps de parler à vos parents ?

Je mordillais ma lèvre commençant à paniquer.

- Pas réellement, avouai-je honteusement, d'ailleurs je dois vous parler de quelque chose.

- Vous me faites peur, murmura t-il en fronçant les sourcils.

- Je.. Je vais chercher votre commande, et je vous explique.

Je partis sans lui laisser le temps de répliquer, relâchant un souffle que je ne m'étais pas sentie retenir. Je m'empressais de faire couler le mocha, découpant ensuite une part de gâteau. Jesse, se trouvant au comptoir et venant tout juste d'arriver, me regarda, les bras croisés.

- Tu vas bien Vic ?

Je relevais les yeux vers lui, tentant de sourire pour le rassurer, mais ce dernier ne sembla pas y croire.

- Quelque chose te tracasse, annonça t-il, c'est grave ?

Je haussais les épaules, baissant les yeux vers mes chaussures, les trouvant soudainement très intéressantes. La main de mon collègue se retrouva sous mon menton, relevant mon visage vers le sien.

- Tu sais Vic, je n'ai jamais osé te le dire, mais tu es comme la petite soeur que je n'aie jamais eu. On ne se parle pas réellement mais je vois bien que tu ne vas pas toujours bien, et que tu encaisses tout, sans rien dévoiler à personne. C'est horrible, je le sais, et je voulais que tu sache que je suis là si tu as besoin.

J'essuyais rapidement les larmes ayant perlé au coin de mes yeux, prise au dépourvu par les paroles de mon collègue. Personne ne m'avait jamais dit ça, personne n'avait jamais prêté attention à mes humeurs, mes attitudes, personne n'avait jamais prêté attention à moi.

- Merci, murmurai-je en souriant légèrement.

- Tout ce que tu veux, sourit il à son tour, passant sa main sur mon avant bras, le frottant dans un geste se voulant réconfortant.

- Peux.. peux tu t'occuper du reste des clients juste quelques secondes ? Je dois parler à mon professeur de quelque chose d'important et ça ne peut pas attendre, je sais que..

- Je m'en occupe, me coupa t-il, vas-y compte sur moi.

Je le remerciais une nouvelle fois, attrapant la part de gâteau et le café sur mon plateau. Je me dirigeais vers mon professeur, dont les yeux suivaient chacun de mes mouvements, surement depuis que je lui avait annoncé que je devais lui faire part de quelque chose. Je déposais sa consommation sur la table, posant le plateau également.

- Je... Je peux m'asseoir ?

- Bien sur, allez y.

Je pris place face à lui, mon regard se reposant sur mes doigts. Je relevais les yeux sur les papiers devant mon professeur, ressentant de la honte en voyant qu'ils me concernaient, surement pour mon inscription officielle au concours.

- C'est à propos du concours, déclarai-je.

Il hocha la tête, attendant surement avec impatience, pour que je continue.

- Pour des raisons plus ou moins.. personnelles, je ne pourrais y participer, je suis navrée..

- Pourquoi cela ? s'indigna t-il, vos parents ne sont pas d'accord ? Je peux les appeler si vous voulez, ou je passerais les voir pour leur présenter..

- ce n'est pas cela, avouai-je en relevant les yeux vers lui, je ne me considère pas comme méritante. Zoé l'est, vous devriez la prendre, elle sera bien plus motivée que je le suis.

A vrai dire, c'était un mensonge. J'étais motivée, plus que quiconque, mais je ne l'était pas au point de foutre la réputation de mon professeur en l'air pour une simple satisfaction personnelle. Zoé voulait cette place, et elle l'aurait. C'était le prix à payer pour laisser monsieur Bennett tranquille.

- Si j'avais voulu prendre Zoé, je l'aurais fait. Mais figurez vous que c'est vous que j'ai choisi, et personne ne me fera changer de décision.

Je secouai la tête, frustrée d'être incapable de lui montrer la vérité. Je ne pouvais pas révéler les affreuses menaces de Zoé , je n'étais pas quelqu'un comme ça.

- Vous ne comprenez pas, murmurai-je, je ne vous mènerai nul part, c'est voué à l'échec.

- Je vous dit que non, je crois en vous, chose que vous devriez tenter. Et puis si je veux perdre, c'est mon droit, non ? Ce ne serait que la seconde fois.

Ces mots étaient comme un baume au coeur, c'était étrange d'être soutenue par quelqu'un, qu'une personne réussisse à voir en vous ce que les autres et vous même êtes incapable d'apercevoir. Cependant, cela n'était pas suffisant.

- Prenez Zoé, vous ne le regretterez pas.

- J'ai compris, s'exclama t-il, elle vous a dit quelque chose étant donné qu'elle a perdu.

Ma tête sembla révélatrice puisqu'il insista.

- Que vous a t-elle dit ?

- Je ne peux pas vous le dire, susurrai-je, mais c'est mieux que vous la preniez, croyez moi.

- Dites moi Victoria, ordonna t-il.

Je soupirais, sachant que pour une fois, j'allais capituler. Ça le concernait, il était en droit de le savoir après tout. Cependant, cela ferait de moi une pleureuse, une victime ayant besoin de tout raconter à son professeur pour se sentir protégée?

- Elle.. elle m'a fait comprendre que si je n'abandonnais pas le concours, elle ferait courir une rumeur sur vous qui pourrait vous couter votre place au sein de l'établissement.

- Je suis curieux de savoir quelle est cette rumeur, rit il en levant les yeux au ciel, portant la tasse de café fumante à ses lèvres.

- Elle.. je pris une pause. Elle dira que j'ai eu ma place pour ce concours en couchant avec vous.

Mon professeur se retena de cracher la gorgée de café, surpris par ma déclaration. Il attrapa la serviette posée sur la table, essuyant le liquide brun au coin de sa bouche.

- Vous savez quoi ? s'exclama t-il, je vais aller voir le proviseur à la première heure demain pour l'informer de cette nouvelle, il prendra les mesures nécessaires.

- Non, vous ne pouvez pas faire ça, m'indignais-je, je ne pouvais pas vous le dire !

- Je ferais en sorte que ça ne se sache pas, faites moi confiance. Cependant, elle n'a pas le droit de vous menacer comme cela, c'est à moi qu'elle devrait s'en prendre, pas à vous. Et encore, ce n'est la faute de personne si elle n'a pas de talent.

Sa dernière phrase m'arracha un léger gloussement, un peu de chaleur revenant en moi.

- Croyez moi Victoria, vous participerez à ce concours et nous allons le gagner.

Je n'étais pas réellement convaincue par la dernière partie de sa phrase, mais je voulais bien le laisser y croire. Sa motivation crevait les yeux, et ce désir de victoire en lui ne cessait de croitre au fil des jours. Je me contentais de hocher la tête, acceptant silencieusement de me lancer dans cette folle aventure avec lui. Je regardais l'heure sur ma montre, me relevant abruptement constatant qu'une dizaine de minutes s'étaient écoulées, notre conversation ayant duré plus longtemps que je ne l'aurais espéré.

- Je dois me remettre au travail, déclarai-je, je vous laisse avec le votre.

Ce fut à son tour de hocher la tête, me saluant avant de se replonger dans sa paperasse et ses cahiers.

- N'oubliez pas l'autorisation pour demain !

Je me retournais vers lui, le retrouvant profondément concentré dans ce qu'il faisait, son attention focalisée sur tous les papiers devant lui. Cette autorisation était encore une autre histoire.

J'observais les nombreuses étoiles qui parsemaient le ciel à cette heure tardive. La rue était calme, peu de voitures venaient perturber le silence régnant dans l'allée. J'arrivais devant la maison, un air curieux en constatant que la voiture de mon beau père n'était pas là. Je poussais la porte, accueillie par un autre silence bien étrange entre les murs de la maison. Méfiante, je refermais la porte derrière moi, avant de progresser dans le couloir.

- Maman ? tentai-je d'une voix hésitante, je suis rentrée.

J'entendis des pas en haut, et je ne tardais pas à voir ma mère dans la cage d'escaliers. Quelque chose avait changé, son visage, qui avait repris des couleurs ces derniers jours était redevenu pâle, presque livide comme il avait toujours été.

- Tu vas bien ? demandai-je en m'approchant, remarquant les cernes sous ses yeux qui semblaient rougis par les pleurs.

- Ton beau père a commis une faute grave à son nouveau travail, annonça t-elle en baissant les yeux, ce qui a conduit à son licenciement. Il.. il est parti dans un bar et risque de revenir d'une minute à l'autre.. totalement ivre.

Ces quelques informations avaient servi à me faire comprendre que le cauchemar allait recommencer. Ce nouveau coup dur allait le faire replonger dans ses vieilles habitudes, ses démons presque enfouis au fond de lui allaient remonter à la surface, et nous serions les premières à en faire les frais.

Baissant les yeux, je disais au revoir à ma possible participation au concours. J'avais besoin de la signature de ma mère et de mon beau père, et avec ce que venait de me révéler ma génitrice, je pouvais faire une croix sur cette foutue autorisation.

Mon être entier se figea en entendant une portière de voiture se fermer brusquement, le son résonnant comme si le véhicule était à mes côtés, juste là, près de moi. Fermant les yeux, j'entendis la porte de la maison claquer à son tour, marquant le retour du calvaire. Ça ne servait plus à rien de fuir, nous étions là, et nous devions juste subir, en silence.


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