❝ I am light and stardust in his hands.❞ -S. Abrams

♪ Elastic Heart - Sia ft. The weeknd ♪

Ma mère avait perdu toute son assurance, ainsi que ce sourire qui était si rare sur son visage habituellement déchiré par la douleur et la tristesse. Elle redevenait cette femme terrifiée au contact d'un monstre.

Constatant qu'elle mettait trop de temps à répondre, mon beau père attrapa son bras et la secoua violemment, dans le but de la faire parler, tout cela sous les yeux ébahis de mon professeur.

- Je t'ai posé une question !

Chace, ne pouvant plus supporter la situation décida d'intervenir avant que je ne puisse le retenir.

- Je suis Chace Bennett, le professeur de littérature de Victoria.

Il tendit sa main en direction de mon beau père pour que ce dernier la serre, ce qu'il ne fit pas. Mon sang se glaçait, je ne pouvais supporter qu'il se comporte ainsi surtout vis à vis d'une personne qu'il ne connaissait pas. Chace rétracta sa main avant de reculer à mes côtés. Il ne semblait pas intimidé, juste surpris par une telle réaction.

Mon beau père se mit finalement à rire, surprenant ma mère, mon professeur et moi même.

- Pourquoi êtes vous là ?

Tandis qu'il s'apprêtait à répondre, je posais ma main sur son avant bras. Il baissa les yeux vers moi, et je lui répondais par un faible sourire, lui assurant que j'allais répondre.

- Il était venu s'assurer que j'allais bien, murmurai-je presque.

Ma réponse fit rire de plus belle mon beau père. Ce dernier s'approcha de nous, son regard sur moi.

- Et pourquoi tu n'irais pas bien ?

Je soutenais son regard, tentant de paraitre forte alors qu'en réalité j'était totalement pétrifiée sur place. Avant que je ne puisse répondre, il reprit la parole.

- Comment pouvez vous porter autant d'attention à une pauvre fille pareille ? Elle est bonne à rien.

Il continuait son jeu, son intimidation envers mon professeur. Je tentais d'avaler la boule maintenant présente dans ma gorge, les larmes perlant à mes yeux et menaçant de tomber d'une seconde à l'autre. Cependant, cette intimidation ne sembla pas fonctionner sur Chace qui reprit la parole, nous surprenant ma mère et moi même.

- Figurez vous qu'elle a été choisie pour participer à un concours d'écriture, rétorqua Chace, alors avec tout le respect que je vous dois, vous ne pouvez dire qu'elle n'a pas de talent.

Les paroles de Chace étaient comme un baume au coeur, cependant elles paraissaient aussi être comme une grosse blague puisque mon beau père se remit à rire, comme si cela était la chose la plus drôle qu'il avait jamais entendue.

- Qui l'a choisie, vous ?

Chace hocha la tête, ne baissant pas le regard.

- On sait très bien vous comme moi qu'elle ne vous mènera nulle part. Elle est inutile et banale, vous perdez juste votre temps avec elle, croyez moi. Allez en choisir une autre, vous en avez surement des plus jolies et des plus talentueuses.

Je ne comprenais pas qu'est ce que mon physique venait prendre place dans cette conversation, et surtout, pourquoi tant de haine à mon égard.

- Non,  Victoria est celle qu'il me faut pour ce concours.

Mon beau père prit place sur le canapé, ne nous portant plus aucune attention. Mais la phrase qu'il sortit me glaça le sang.

- J'ai compris votre manège mon cher monsieur Bennett, rit il en allumant la télévision, vous cherchez juste une proie naïve que vous pourrez mettre dans votre lit avant la fin de l'année mais sachez que c'est juste interdit par la loi.

J'avais envie de lui bondir dessus, les larmes roulant abondamment sur mes joues. Savait-il que ses attouchements et ses actes étaient eux aussi punis par la loi ? Savait il que ces coups et excès de colère pourraient le mettre derrière les barreaux ?

- Si c'est ce que vous pensez, répondit Chace, chacun est libre d'avoir son propre avis.

Ce fut de trop pour moi, je partis immédiatement me réfugier dans ma chambre, entendant les derniers mots de monsieur Bennett avant qu'il ne me suive. Ses pas dans les escaliers étaient aussi rapides que les miens tandis que sa main attrapa mon bras avant que je ne puisse atteindre le seuil de ma chambre. Il m'arrêta instantanément, probablement surpris de sa force lorsque je me heurtais à son torse.

Je n'osais pas relever les yeux vers lui, ne voulant pas lui montrer ma peine, ma déception et surtout ma honte, bien que les larmes sur mes joues traduisaient bien tout ce ressenti.

- Regardez moi, murmura t-il d'un ton légèrement autoritaire.

J'inspirais avant de relever les yeux vers lui, les plongeant dans les siens. J'étais à présent comme hypnotisée, comme si chaque chose autour de nous avait cessé de vivre, de bouger. C'était juste lui et moi, et personne d'autre, aussi cliché que ça puisse paraitre.

- Ne laissez pas cette homme vous rabaisser, c'est compris ? chuchota t-il, ne doutez pas de ce que vous valez. Tout ce qu'il a dit, c'est faux. J'ai vu quelque chose en vous, sincèrement, et croyez moi, je ne vous aurais jamais choisi si je ne vous en pensais pas capable, toute ma démarche est sincère.

Je hochais la tête, ses paroles se rejouant en boucle dans ma tête. Notre proximité m'angoissait, nos souffles se mêlant l'un à l'autre tant nos visages étaient proches. Je pouvais sentir le battement de son coeur contre ma poitrine, qui à ma plus grande surprise, battait aussi rapidement que le mien. Nos regards ne s'étaient pas quittés, et maintenant je ne daignais plus baisser les yeux, comme si je m'apprêtais à briser quelque chose.

Néanmoins, la sonnerie de son cellulaire brisa le moment. Il laissa sonner quelques instants, comme si ses yeux avaient du mal à quitter les miens, puis il attrapa son téléphone pour regarder le nom figurant sur ce dernier. Mon regard suivit brièvement le sien, voyant le nom de sa petite amie sur l'écran. Il ne répondit pas, se contentant de jeter l'appel. Cependant, l'ambiance avait changé. Quelques secondes auparavant, un climat de confiance s'était comme installé entre nous, maintenant, il avait laissé place à la gêne.

- Je vais y aller, murmura t-il en regardant ailleurs, mais n'oubliez pas ce que je vous ai dit.

Je n'étais pas prête d'oublier ses paroles, c'était sur. Je me contentais de hocher la tête, regardant à présent le sol. Il tourna les talons, tandis que je me décidais à le suivre, afin de le raccompagner. Nous descendions les escaliers d'un pas hésitant, n'ayant aucune idée de l'ambiance pouvant régner au rez-de-chaussée. A ma plus grande surprise, mon beau père n'était plus là, il avait du partir durant notre bref échange. Evidemment, bien trop hypnotisée par les yeux de mon professeur, je n'avais pas prêté attention aux bruits extérieurs. Un tremblement de terre aurait pu secouer toute la ville, je n'étais pas certaine que je m'en serais aperçue dans cette situation là. Ma mère nettoyait la table, son regard ne voulant pas quitter cette dernière lorsque Chace arriva dans la salle.

- C'était un plaisir de vous avoir rencontrée madame Sanders, déclara Chace d'un ton toujours hésitant.

Je le vis hésiter à prononcer d'autres mots mais ce dernier se résigna. Ma mère releva légèrement la tête, la hochant avant de s'approcher de nous.

- Merci de croire en ma fille, murmura t-elle simplement.

Je regardais attentivement Chace, qui sembla presque touché par les mots de ma mère. Il esquissa un léger sourire avant de poser sa main sur l'épaule de ma mère, dans un geste réconfortant.

- Bon courage madame.

Ce fut à cette dernière de sourire légèrement, surement pour ne pas paraitre impolie. Chace se recula, avant de se diriger vers la porte. Je l'accompagnais jusqu'à cette dernière, lui ouvrant pour qu'il puisse sortir de la maison. Je m'appuyais sur la porte tandis qu'il se retourna.

- Je... Je vous vois demain ?

Je hochais la tête, à présent décidée à retourner au lycée après avoir pu, en quelques sortes, mettre les choses au clair avec lui. Ce dernier sourit légèrement avant de tourner les talons.

- Bonne soirée Victoria.

Je le regardais s'éloigner dans la rue, m'appuyant davantage sur la porte.

- Bonne soirée monsieur Bennett, murmurai-je, mon regard n'ayant pas quitté sa forme, ses mots continuant de se répéter en boucle dans ma tête.

❋