❦ D e u x ❦
❝ Life always begins with one step outside of your comfort zone. ❞ - S. L. Alder
♪ Safe and sound - Taylor Swift ♪
Je le regardais, ne cherchant pas à lui répondre. Avalant la boule formée dans ma gorge, je fis un pas en avant afin de lui passer à côté mais ce dernier attrapa mon poignet, fermement.
- Arrête, suppliai-je, tu me fais mal.
- J'en ai rien à faire ! hurla t-il, quand je te parle tu me réponds, c'est compris ?
Je hochais la tête, ne relevant pas les yeux afin de ne pas croiser les siens.
- Tu mérites une bonne leçon, murmura t-il en défaisant la ceinture de son pantalon, levant son bras pour s'apprêter à me frapper, espèce de ..
Je fermais les yeux, m'apprêtant à recevoir des coups, encore une fois, mais quelqu'un toqua à la porte, faisant cesser les mouvements dans la maison. Ma mère, qui n'avait pas cherché à me défendre, s'approcha de la porte, regardant à travers le judas pour voir qui se trouvait derrière.
- C'est la voisine, murmura t-elle.
L'homme face à moi grogna de frustration, baissant son bras avant de partir en direction du salon. Ma mère le suivit, me laissant seule dans la cuisine. Je relâchais un soupir que je ne m'étais même pas sentie prendre avant d'essuyer d'un revers de main les larmes sur mon visage, m'approchant de la porte pour ouvrir.
Je trouvais notre petite voisine, d'une dizaine d'années, face à moi. Cette dernière me regardait avec son énorme sourire, ignorant tout ce qui se tramait dans cette foutue maison.
- Bonjour Victoria, maman demande si vous avez des oeufs ?
Je lui souriais, mon coeur se réchauffant à la simple idée de voir d'autres personnes que les deux monstres vivant sous le même toit que le mien. Je hochais la tête, la faisant patienter en attendant de récupérer quelques oeufs. Les ayant en mains, je lui tendis, avant qu'elle ne disparaisse non sans m'avoir remerciée, me gratifiant d'un chaleureux sourire.
Je refermais la porte, me sentant immédiatement étouffée par cette atmosphère pesante et lourde, qui commençait à m'oppresser un peu plus chaque jour. Sans un bruit, je retournais dans ma chambre, me laissant retomber sur le lit.
Mon estomac se noua une nouvelle fois en pensant à la journée qui suivrait celle ci. Ce n'était pas un mythe, la rentrée était dans le top dix des pires moments de l'année, après les anniversaires et avant les fêtes de fin d'année. Pour certains, la déception de reprendre les cours, un rythme scolaire, se comblait par la joie de retrouver ses amis. Ce n'était pas mon cas, je n'en avait aucun. Depuis mon enfance, j'étais l'enfant rejetée. Je n'avais jamais eu les plus beaux jouets, ni les plus belles robes, alors j'avais été cataloguée comme étrange, et différente. En grandissant, les choses ne s'étaient jamais réellement arrangées, que ce soit du côté social, ou même scolaire. Cette pression subie au collège ainsi qu'au sein de ma propre maison jouait sur mes résultats scolaires qui chutaient un peu plus chaque jour.
J'avais beaucoup de détermination, mais j'étais incapable de réussir dans de telles conditions. J'avais perdu toute envie de réussir, abandonnant la mince chance d'aller dans une école prestigieuse afin d'exceller dans un métier. Même ça n'était plus à ma portée.
Je ne voulais pas affronter cette journée, je n'en avais pas la force. Me faire lyncher, toiser, insulter, je ne le supportais plus, c'était de trop. La seule chose que je souhaitais était de disparaitre.
Je fermais les yeux, espérant seulement que demain pourrait être différent, bien que je savais que je me trompais sur toute la ligne. L'espoir faisait vivre, comme on dit.
❋
Inspirer, expirer. Répéter l'opération autant de fois que nécéssaire.
J'y étais, je me trouvais devant cet affreux lycée, renfermant tous mes pires souvenirs. Cette dernière année n'avait aucune raison d'être différente. A quoi bon ? Autant finir de la même manière que tout avait commencé.
Je gravissais les escaliers, tenant fermement mes cahiers contre ma poitrine. Mon regard était au sol, ne souhaitant pas croiser celui de tous les autres pour y voir haine, jugement et dédain. Mes pas étaient rapides, tandis que je tentais de m'enfuir de cette horde de regards insistants. Je repérais mon nom sur une des affiches posées à l'entrée des bâtiments, ne perdant pas une seconde pour me diriger jusqu'à ma salle.
Je posais mes affaires sur une table au fond de la salle, m'éloignant des autres élèves. J'étais arrivée dans les premières, ce qui me permettrait de passer plutôt inaperçu. Enfin, c'était ce que je croyais.
La horde de pimbêches du lycée, aussi cliché qu'elle puisse paraitre, débarqua dans la salle, envahissant cette dernière d'un brouhaha indescriptible. Leurs rires bruyants et forcés avaient fait lever tous les yeux sur elles. Ces dernières parcoururent la salle d'un regard bref, qui s'arrêta sur moi. Elles commencèrent à comploter avant de s'approcher, s'asseyant toutes devant moi. Une d'entre elles passa à côté de ma table, renversant d'un coup de main mes affaires au sol.
- Oups, je n'ai pas fait exprès, rit elle faussement.
Je restais calme, à vrai dire, ça ne m'énervait même plus. Je savais que ces filles adoraient faire vivre un enfer à tous leurs souffres douleurs, et cette année j'allais en faire partie. Je ramassais mes affaires sans dire un mot, tandis que la professeure entra dans la classe, suivie des derniers élèves retardataires.
Elle se présenta tandis qu'une fille s'approcha de ma table, une lueur différente dans ses yeux. Il n'y avait pas une once de jugement, de haine, de moquerie. C'était différent.
- Ce siège est pris ?
Je secouais négativement la tête, tandis que les filles devant riaient à gorges déployées. Elles avaient raison, comme si quelqu'un allait s'asseoir à côté de moi.
La blonde à mes côtés sourit, avant de sortir un cahier et noter quelques informations. J'écoutais d'une oreille distraite les explications de la professeure concernant cette année. J'avais juste hâte que cette année se termine, bien qu'elle venait juste de commencer.
Plusieurs professeurs vinrent se présenter, certains d'entre eux étant nouveaux dans ce lycée.
- Dis moi, murmura la blonde à mes côtés, à quelle heure se termine ce cours ?
- hmm, bafouillai-je, midi.
Elle sourit une nouvelle fois, me remerciant avant de se remettre à sa place, gribouillant quelque chose sur son cahier. Les filles devant moi ne prêtaient pas attention à ce que racontait le vieux professeur devant nous, leur conversation portant sur un tout autre sujet.
- Il y a un nouveau professeur cette année, je ne sais pas quelle matière il enseigne mais il est vraiment canon ! gloussa une d'entre elle de sa voix agaçante, j'espère vraiment qu'il va prendre notre classe, vous pouvez être sures que je serais présente à tous les cours, je me ferais même coller pour passer du temps en sa compagnie.
Je roulais des yeux presque instinctivement. Ces filles n'avaient aucun respect pour personne et encore moins pour elles mêmes. J'avais du mal à cerner ce type de comportement. J'essayais d'ignorer leurs commentaires et me concentrais sur l'horloge fixée sur le mur face à moi. Les minutes me semblaient des heures, comme si l'aiguille tournait dans le mauvais sens.
Mes pensées furent interrompues par les chuchotements des filles du rang devant le mien, ces dernières commençant à sautiller sur leur chaise, attendant que le dernier professeur fasse son entrée.
Lorsque ce dernier la fit, mon corps fit un blocage tout entier, tandis que mon cerveau tentait de remettre un nom sur ce visage qui ne m'était pas inconnu. Je voyais des tas de visages défiler chaque jour, mais celui ci était comme gravé dans ma mémoire. Il déposa ses affaires sur le bureau, saluant les autres professeurs qui quittèrent la salle. Il remonta ses manches, un geste qui provoqua une vague de chaleur sur l'avant dernier rang. C'était vraiment pathétique.
Ce dernier sourit, ignorant totalement l'effet qu'il procurait aux filles de la classe. Il attrapa une craie pour écrire son nom sur le tableau avant de se retourner, parcourant la salle du regard. Ses yeux se posèrent sur moi, semblant provoquer le même questionnement au professeur. Ce dernier secoua la tête, notre échange silencieux ne semblant pas avoir attiré l'attention des autres.
- Bonjour à toutes et à tous, commença t-il en s'appuyant sur le bureau, je suis monsieur Bennett, Chace Bennett pour être plus exact, votre nouveau professeur de littérature.
Chace, l'homme du café.
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