Hiver 2006, Hikaru grandissait vraiment trop vite mais je n'allais pas pouvoir en profiter. Je devais le mettre en sécurité le plus rapidement possible. South était maintenant à la recherche de Draken et Takemichi et je savais que notre temps était compté.

"Hikaru voir maman ? Demanda-t-il installé au fond de son petit siège auto
-Nan on va pas voir Takeomi, on va aller voir mamie"

Mes mains sur le volant, je jetais un bref coup d'œil dans le rétroviseur pour apercevoir le petit garçon au cheveux blanc observer le paysage qui défilait devant lui.

Il avait deux point de suture sur l'arcade sourcilière à cause de ce qui s'était passé la semaine dernière. Des gars de Rokuhara nous avaient pris en chasse alors que j'étais juste sorti faire des courses tôt le matin, ils étaient nombreux et j'avais du mal à me déplacer avec Hikaru dans les bras. Pendant que l'un d'eux m'attaquait d'un côté un autre essayait d'atteindre mon fils, heureusement j'avais réussi à esquiver avant qu'il ne soit grièvement blessé... Voire pire. Mais je n'avais pas été assez rapide et une belle entaille faites au couteau était devenu visible, elle saignait abondamment faisant pleurer l'enfant de douleur.

Par je ne sais quel miracle, Draken était arrivé à tant pour m'aider face à eux.

Après ça je savais que la vie de Hikaru était aussi ciblé malgré le fait que se soit un simple bébé. Si on ne pouvait pas m'atteindre directement, on s'en prenait à ce qui m'étais cher.

Le seul moyen pour éviter un autre accident de ce genre était de mettre Hikaru loin de Tokyo. Ma mère avait accepté de me voir malgré les explications maladroites que je lui avais donné sur ma situation actuelle. Ça faisait bien dix ans que je ne l'avais pas vu, j'étais parti soudainement sans laisser de trace et maintenant je revenais avec un enfant.

Après une heure de route, je finis par m'arrêter dans les environs d'un petit quartier calme de la ville voisine. Ça changeait de mon quotidien, l'environnement était plutôt accueillant et on ne manquait de rien ici, tout était à proximité.

Je sortis de mon véhicule et fit de même pour Hikaru qui s'était endormi. Je pris le sac dans lequel j'avais mis quelques unes de ses affaires et commençai à marcher en direction d'un petit immeuble rénové. Les habitants me regardaient d'un air effrayé, c'était compréhensible, j'avais clairement la carrure d'un délinquant.

Assez hésitant et vraiment peu enjoué, je mis enfin les pieds dans le bâtiment. Une fois les escaliers montés, je m'arrêtai devant la fameuse porte. Je comptai plus tous les vieux souvenirs bon ou mauvais que j'ai eut juste avec cette stupide porte.

"Arrivé ? Hikaru venait enfin de se réveiller"

Il frotta ses petits yeux vairons et bailla doucement.

"Oui on est arrivé Hikaru, dis-je en le déposant pour qu'il puisse se dégourdir les jambes
-Ouiii, voir mamie !"

Il se mit à sautiller dans tout l'étage provocant des sons en écho, ce qui l'amusa encore plus pour mon plus grand malheur. Je tentais du mieux que je pouvais de le calmer mais il était bien trop enthousiaste, tout le contraire de moi.

"BOOM, BOOM ! S'exclamait-il pour entendre sa voix en écho"

Le voisinage ne tarda pas à venir montrer leur mécontentement, dont ma mère qui venait d'ouvrir la porte en soupirant. Je la fixais sans savoir quoi dire, mes émotions se mélangèrent m'empêchant de produire un quelconque son.

"Mamiiiiiiie ! Appela Hikaru en courant en direction de ma mère"

Sans rien dire la femme âgé attrapa la pile électrique qu'était mon fils et l'observa avec attention. Détaillant chaque partie de son visage.

"Il ne te ressemble pas, lâcha-T-elle
-Ce n'est pas mon fils biologique, ai-je répondu sur le même ton
-Ca se voit."

Je soupirai, j'avais oublié que ma mère était d'une franchise dévastatrice, et il était rare de l'entendre dire quelque chose de positif.

Ma mère m'invita à rentrer dans l'appartement me laissant m'installer dans son petit salon. Elle déposa le petit garçon sur le sol qui ne perdit pas de temps pour explorer les environs.

"Tu as des problèmes comme ton père pour revenir comme ça ? Demanda ma génitrice en préparant du thé dans la cuisine ouverte.
-Je ne les ai pas créé, répondis-je assez brusquement.
-Tout comme lui. Pourtant regarde où il en ait, tu prends le même chemin.
-Arrête de me comparer à lui, c'est différent.
-En quoi c'est différent Wakasa ?"

Il eut un silence lourd.

Elle ne me regardait même pas, j'avais l'impression de la dégouté, encore. Elle me voyait comme la copie conforme de mon père, il était parti quand j'étais plus jeune à cause de son addiction aux jeux d'argent. Et maintenant il faisait fortune dans le monde de la délinquance : trafic, meurtre, prostitution, tout ça c'était lui qui gérait. Et maintenant les hommes les plus dangereux du Japon volaient sa peau.

"J'aime Hikaru, j'aime mon fils."

Pour la première fois, je la vis lever les yeux pour me regarder. Son visage n'exprimait aucune émotion comme d'habitude mais dans ses yeux je voyais bien que j'avais éveillé une certaine surprise.

"Tu l'aimes hein ? Au point de l'abandonner chez moi ?
-Je ne l'abandonne pas ! Rétorquai-je, c'est toujours comme ça avec toi, tu justifie chacune de mes actions uniquement par toi même ! J'aime Hikaru et... Je pouvais pas le garder chez moi parce qu'il risquait sa vie à mes côtés, il est mon petit paradis, mais je veux pas prendre le risque de le voir disparaître à cause des mes conneries ! Mais ça tu peux pas comprendre, tu m'aime pas et tu risques pas d'aimer Hikaru non plus !!!"

J'avais haussé le ton un peu trop haut, le petit garçon c'était vigé sur place et me fixait de ses grands yeux.

"Padon papa..."

Il a cru qu'il avait fait une bêtise et maintenant il essayait de retenir ses larmes. Je m'en voulais maintenant je m'étais laissé submergé par les émotions, je m'approchai de lui et me baissai à son niveau.

"Non Hikaru, je suis désolé, papa est juste un peu... Un peu fatigué d'accord ? Tu n'as rien fait de mal
-Hikaru gentil ?
-Oui, tu es gentil, tu es le plus gentil du monde"

Il vint se loger contre mon torse en reniflant, ses petits bras tentaient de s'enrouler autour de ma taille, pendant que je lui caressait affectueusement la tête.

"Je vais le garder ici"

Surpris je me tournai en direction de ma mère.

"Mais tu as intérêt à revenir le chercher une fois que ta situation sera plus stable. C'est ton fils donc tu assumes ta responsabilité de père."

La femme se retourna pour continuer ce qu'elle faisait, mais je pouvais voir un faible sourire se dessiner sur ses lèvres. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire à ce moment là mais j'étais rassuré, mon fils allait pouvoir être en sécurité.

Suite à la séparation très douloureuse entre Hikaru et moi, je repris la route pour Tokyo. Il fallait absolument que tout ça se termine au plus vite. Quand tout ça sera fini je jure de ne plus faire partie d'aucun gang et que je prendrais mon rôle de père très au sérieux.

Pour Hikaru.