Hikaru III

Automne 2005, Draken vient de rejoindre notre gang. L'immense base de notre groupe accueillait un publique assez bruyant qui félicitait l'arrivée de l'ancien membre du Toman.

J'étais en haut des gradin, observant la scène de loin. Hikaru était aussi avec moi, il était assez petit pour être dissimuler dans ma longue veste. Sa petite tête dépassait assez pour voir ce qui se passait. C'était un événement important et ma présence était plus que nécessaire, je faisais partie des piliers principaux. Mais il m'était impossible de laisser mon fils tout seul, j'avais clairement pas l'argent pour payer un nounou en plus...

Évidemment, j'avais promis à Takeomi de trouver un moyen de venir SANS le petit, parce que c'était trop dangereux de l'emmener ici.

Faut vraiment que je trouve une solution...

Quand je vis Draken et les autres monter dans ma direction je fis signe à Hikaru de retourner se cacher, heureusement qu'il trouvait ça amusant sinon j'aurai été foutu.

"On dirait que t'a réussi à venir finalement, me souffla discrètement Takeomi"

Sa voix fit réagir joyeusement le petit garçon qui tenta de sortir, dans la panique je me suis subitement retourné et l'ai retenu du mieux que je pouvais.

"Ouais, dépêchons nous, Draken a sûrement des trucs à nous dire...
—Ouais c'est vrai, suis-nous Draken"

Le jeune homme fit un signe de la tête et marcha à nos côtés, j'étais resté à l'arrière pour éviter d'être remarqué. Notre petit groupe s'arrêta devant une porte, mais avant que nous entrâmes, Hikaru se remit à gigoter, il risquait de tomber.

"Je... Je reviens vite j'ai oublié un truc, prétextai-je"

Je partis avant même de pouvoir les laisser me retenir, je pouvais entendre Draken dire qu'il me trouvait plutôt étrange.

Tu m'étonne, j'ai un gosse caché dans ma veste aussi...

Je longeai le couloir avant d'entrer dans une autre pièce. Il y avait peu de choses à l'intérieur, un frigo, un vieux canapé une table basse, un tapis déchirer et de nombreuse boîtes en carton.

Ça me brisait le cœur de faire ça, mais je devais le laisser ici, ça n'allait pas être long juste quelque minutes.

J'ouvris ma veste et posa Hikaru sur le sol, il tenait sa peluche dans ses bras comme si elle comptait s'enfuir.

"Papa a quelques choses d'important à faire, tu dois rester ici d'accord ?"

Hikaru hocha positivement la tête.

"Si quelqu'un entre il faut que tu te caches d'accord ? C'est comme jouer à cache-cache à la maison OK ?"

Il fit à nouveau un geste compréhensif.

Je soupirai, c'était juste quelque minute n'est-ce pas ?

Hikaru me regardait de ses grands yeux vairons et me souriait innocemment, il s'approcha de moi et me serra un peu dans ses bras.

"Hikaru reste avec Doudou"

Il voulait me remonter le moral. Des larmes me montèrent, c'était moi le parent mais c'était mon fils qui me rassurait...

"Je t'aime papa
—Moi aussi je t'aime Hikaru, sois sage"

Je refermai la porte derrière moi le cœur lourd, je crois que c'était la première fois que je devais rester autant éloigner de lui. Je le vivais vraiment mal...

Je retournai dans la salle où attendaient les autres.

"Putain t'en a mit du temps, râla Takeomi.
—Oula tire la gueule toi, qu'est-ce que t'a ? Demanda Benkei ayant bien remarqué ma mine peu joyeuse.
—Je suis juste crevé, c'est rien."

Senju m'offrit un sourire encourageant, elle avait sûrement compris qu'il y avait un liant avec Hikaru. Je finis par m'asseoir à côté d'elle juste en face de Draken.

Je devais tenir juste le temps de cette petite réunion.

Juste. Quelques. Minutes.

Draken commença a nous expliqué la raison pour laquelle il avait fait son entrée dans notre gang et les choses qu'il avait découvert suite à dissolution du Tokyo Manjikai. Beaucoup de événements tournaient autour de Mikey, il était là cause de nombreux actions, et il semblait amasser énormément d'argent ces derniers temps, les raisons restaient encore inconnue.

La discussion continua sur les moyens de contrer les avancées du gang de Mikey mais aussi celui de South, Rokuhara.

Mon cerveau avait sûrement cessé de suivre puisque lorsque Senju se leva pour annoncer la fin de cette réunion j'avais légèrement sursauter.

"Il est quel heure ? avait demandé Benkei
—Euh... Je sais pas 0h10 ?"

0h10.

IL ÉTAIT PUTAIN DE MINUIT DIX. LA RÉUNION AVAIT COMMENCÉ À 23H20 PUTAIN.

Sans perdre de temps j'avais couru comme un fou jusqu'à la fameuse pièce, derrière moi Takeomi et les autres qui me hurlaient de leur expliquer ce que j'avais. Je ne les écoutais pas.

J'ouvris brutalement la porte.

Il n'était plus là.

Il était sûrement caché, n'est-ce pas ?

J'avais retourné la pièce, il était nul part. Volatilisé.

"Putain Wakasa mais qu'est-ce que t'a ?! Demanda Takeomi.
—Ferme ta gueule"

C'était sorti tout seul. Il me fusilla du regard prêt à en découdre avec moi. Soudain, alors qu'il allait commencer à s'approcher des exclamations attirèrent mon attention, ça venait du rez-de-chaussée. Par instinct je quittai l'étage à tout allure toujours suivit par le groupe derrière moi, je bousculais certains membres sur mon chemin sans prendre la peine de m'excuser par la suite.

J'arrivai, essoufflé derrière un groupe qui riait sans retenue, je m'approchai, tremblant.

L'un d'eux se retourna révélant Hikaru jouant dans une boîte en carton.

La pression tomba tout aussi brutalement que moi.

"Ah Wakasa on a trouvé ce gamin dans l'autre pièce et-...
—Papa ! Papa ! Papa !"

Hikaru quitta sa boîte pour venir se loger dans mes bras.

Il était là.

J'avais eut si peur de ne plus le revoir, qu'il disparaisse d'un seul coup. Des larmes s'était mit à dévaler mes joues sans que je puisse les retenir, les émotions avaient prit le dessus. J'entendais des brides de voix résonnées autour de moi, mais j'étais incapable d'y prêter attention.

Alors que j'étais bien trop occupé à verser mes larmes, une petite main fragile vint essuyer l'une d'elle.

"Noon... Papa pleure pas..."

Hikaru, il était mon petit monde. Je ne supporterai qu'on me le prenne et qu'on lui fasse du mal.

Le lendemain matin, alors ciel était encore un peu sombre, des coups résonnèrent à travers la maison me réveillant ainsi que Hikaru et Vincent qui dormaient à côté de moi.

Comme à mon habitude, je pris le petit garçon encore somnolant et alla ouvrit la porte torse nu.

"Faut qu'on parle, lâcha sèchement Takeomi"

Je m'en doutais, avec ce qui s'était passé hier, je n'allais pas pouvoir éviter une discussion.

Sans que je ne l'invite, il se permit de lui-même à entrer dans mon appartement, je refermai la porte en soupirant.

"Tu m'a menti.
—Et tu voulais que je fasse quoi ? Que je laisse un enfant d'un an dans une maison avec un chat ?
—Tu pouvais pas payer une putain de baby-sitter ?
—Parce que tu crois que j'ai l'argent enfoiré ?"

On se fixa un moment yeux dans les yeux, avant qu'il ne finisse par se laisser tomber sur mon canapé. Il plongea sa tête dans ses mains en soupirant.

"Wakasa, Hikaru il est adorable, mais là c'est trop. Le gang entier est au courant maintenant et la nouvelle ne va pas tarder à se rependre de partout. Il est en danger.
—Je sais, j'ai entendu bordel de merde...et si t'a un quelconque miracle à me proposer je suis preneur"

Le fumeur releva la tête dans ma direction, je savais ce qu'il allait dire.

"T'a essayé de lui en parler ?
—Je te l'ai déjà, je peux pas lui-
—T'a cru que j'avais pas compris que ça te tuais d'aller la revoir ? La c'est différent, c'est la seule personne qui pourrait accepter de s'occuper de lui ! Du moins jusqu'à que la situation s'apaise...
—Je peux pas... Je vais retourner la voir et lui sortir “Et comment ça va ? Je reviens que maintenant et en plus j'ai un gosse, tu veux pas le garder le temps que j'aille foutre ma merde ailleurs ?”
—C'est l'endroit le plus sûr pour lui, après tu peux toujours le mettre dans le bordel où vivait Draken aussi
—Jamais de la vie"

Takeomi se leva de mon sofa, les mains dans poche, l'air agacé.

"Quoiqu'il en soit, si tu veux son bien, il va falloir que tu prennes une décision."

Il quitta mon appartement.

Je n'avais pas le choix, je savais que d'ici quelques mois le petit monde que j'avais créé pour Hikaru n'existerait plus et serait remplacé par la violence... Mais ce n'était qu'une période, ça n'allait pas durer.

Il fallait que je le fasse, au moins pour lui.

Je déposai le petit garçon sur le canapé, encore fatigué, puis je me tournai vers mon téléphone poser sur la table basse.

C'était la seule qui pouvait s'occuper de lui, Takeomi avait raison, je devais aussi faire un effort de mon côté.

Je saisis le petit appareil et commençai à composer le numéro. Un long bip électronique retentissait avant de finalement décrocher.

Je pris une grande inspiration et dis d'une voix hésitante :

"Salut maman, ça fait longtemps"

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