8. LA NUIT DES MORTS

Sous la force du choc, il s'était cogné la tête. Sa vision fut troublée quelques instants, et il resta allongé au sol, essayant de retrouver ses esprits.

— Tom !

Il entendait la voix d'Eleanor et se força à ouvrir les yeux. Après un petit moment, sa vision se stabilisa, et il vit la jeune femme inquiète se tenir au-dessus de lui.

— Est-ce que ça va ?

— Je crois... murmura-t-il en se relevant.

Il vit alors au loin Helen s'approcher d'Edmund. Il prit peur pour elle. Même morte, il savait que ce monstre pouvait la faire souffrir.

— Que fait-elle ? Demanda-t-il, un peu paniqué.

— Elle nous fait gagner du temps. Il faut retrouver la boite.

Lui saisissant la main, Tom et Eleanor se penchèrent pour ne pas attirer l'attention et se mirent en quête de la boîte de Pandore. Chacun de leurs pas résonnait dans le silence oppressant du cimetière. Les tombes semblaient les observer, les arbres gémissaient sous le poids de la nuit d'Halloween. Il espérait que le fantôme puisse gagner du temps, car il ne savait pas combien de temps il leur faudrait pour localiser la précieuse relique.

Ils scrutèrent les alentours, cherchant la moindre trace de la boîte. Eleanor souleva une vieille pierre tombale renversée, pensant qu'elle pourrait être dessous, mais il n'en était rien. Ils continuèrent leur recherche dans un silence tendu, conscients que chaque minute qui passait rapprochait Edmund de la réalisation de son plan.

— Helen McGarth ! S'exclama Edmund en voyant la jeune femme avancer vers lui. Tu te montres enfin, perfide !

— Cesse ce cauchemar, Edmund. Tu as assez fait souffrir de ton vivant.

Il lança un rire des plus lugubres.

— Tu m'as empêcher de devenir le roi de la scène une fois, je ne te laisserai pas faire à nouveau. Je vais devenir le maitre du monde et tu ne pourras rien pour m'en empêcher cette fois.

Edmund brandit la main dans sa direction, et Helen se sentit défaillir. Une lueur s'échappait d'elle, et ses forces s'affaiblissaient. Il se nourrissait d'elle, de son âme, pour gagner en puissance. Elle tenta de lutter, de se préserver, mais c'était trop dur.

Tom leva la tête lorsqu'il entendit le cri d'Helen, inquiet par le spectacle qui s'offrait à lui. Il devait agir vite, ou le monde serait anéanti, et Helen avec lui.

— Tom ! S'exclama Eleanor.

Tom se tourna vivement vers elle, apercevant la boîte entre ses mains. D'un geste sûr, elle la lui lança et il l'empoigna avant de s'élancer en direction d'Edmund.

Pris dans l'emprise de l'énergie qu'il extirpait d'Helen, le machiavélique Edmund n'eut pas le temps de voir Tom se glisser derrière lui et déposer la boîte au sol.

— Hey, toi ! Hurla-t-il.

Edmund se retourna à la dernière seconde pour voir Tom ouvrir la boîte.

— Non ! s'écria-t-il, tentant de s'échapper.

Mais une lumière aussi éclatante qu'un soleil jaillit de l'artefact, emportant Edmund dans un tourbillon invisible. Il poussa un cri de frustration et d'impuissance, maudissant Helen, tandis qu'il luttait vainement contre le courant qui le précipitait vers sa captivité inéluctable. Le vent rugit autour d'eux avec une telle violence qu'Eleanor s'accrocha au tronc d'un arbre voisin pour ne pas être emportée.

Tom, à genoux, fut secoué par la force du vent alors qu'il observait avec horreur le fantôme d'Edmund être aspiré dans la petite boîte, poussant un hurlement de rage impuissante. Il releva la tête, le souffle court, et vit Helen qui luttait contre le flux qui la tirait inexorablement dans son étreinte carcérale. Cependant, affaiblie par l'attaque d'Edmund, elle ne put que résister en vain au sort qui semblait inéluctable.

— Helen ! s'écria Tom lorsque, finalement, il la vit abandonner et se laisser emporter.

La jeune femme se laissa emporter par la force invisible, s'approchant inexorablement de la maudite boîte. Cependant, Tom refusait que cela se termine ainsi. Il ne voulait pas la condamner à une éternité aux côtés de l'homme le plus dangereux qu'il ait jamais rencontré. Dans un acte de désespoir, il attrapa sa main.

Helen leva les yeux, surprise par ce contact humain et par le geste héroïque de Tom. Mais la puissance du sort était écrasante, et il lui était impossible de s'en défaire.

— Tom ! Lâche-moi ! hurla-t-elle au-dessus du sifflement du vent.

— Jamais ! rugit-il, sa détermination inébranlable.

Il tira de toutes ses forces, un grognement de détermination échappant à ses lèvres. Par un effort surhumain, il parvint à éloigner Helen juste assez de la boîte. Cependant, ses forces atteignaient leurs limites. Il sentait que ses doigts glissaient, qu'il était sur le point de lâcher prise.

Soudain, le vent tomba et Tom et Helen atterrirent lourdement sur le sol, essoufflés et épuisés par leurs efforts. Ils relevèrent la tête pour voir avec stupéfaction, mais aussi un profond sentiment de fierté, Eleanor, couchée sur la boîte, les mains fermement posées sur son couvercle clos.

— On a réussi, souffla Tom, abasourdi mais heureux de pouvoir enfin mettre un terme à cette histoire.

Il se leva et tendit une main secourable à Eleanor. Encore remplie d'adrénaline et emplie de joie, elle se mit à rire et le prit dans ses bras.

— On l'a fait ! s'exclama-t-elle.

— Je suis libre... souffla Helen derrière eux, les yeux fixés sur la boîte fermée.

Tom et Eleanor se tournèrent vers elle, un sourire radieux sur les lèvres.

— Tu m'as libéré de la boite.

— Je ne pouvais pas te laisser revivre une éternité enfermée avec lui, murmura Tom en s'approchant d'elle.

Elle lui sourit tendrement, puis fixa un point au loin, fronçant légèrement les sourcils. Tom scruta la même direction, mais ne distingua rien d'inhabituel.

— Cette lumière... Elle est si belle et apaisante, murmura-t-elle.

— Tu es libre maintenant, tu peux enfin reposer en paix, affirma Eleanor en les rejoignant.

Helen leur offrit un sourire chaleureux empreint de tendresse. Puis, elle lâcha doucement les mains de Tom, caressa une dernière fois la joue d'Eleanor avant de se diriger vers la lumière. En un clignement d'yeux, elle avait disparu.

Tom observa l'endroit où elle se tenait encore quelques secondes auparavant, ressentant un mélange de nostalgie et de fierté pour cette tâche accomplie.

Au revoir, Helen, pensa-t-il, avant que Eleanor ne le sorte de ses pensées.

Elle glissa ses bras autour des siens, posant doucement sa tête sur son épaule. Ils partagèrent un sourire et gardèrent le silence en quittant le cimetière. Les rires des enfants résonnaient autour d'eux, la fête d'Halloween était à son apogée. Tout le monde semblait joyeux et insouciant, comme si la fin du monde n'avait jamais été proche. Ce n'est que devant la porte d'Eleanor qu'ils reprirent la parole. Tom lui tendit la boîte, arborant un petit sourire.

— Comme promis, je te la rend.

— Je veillerai à ce que plus jamais personne ne l'ouvre, ajouta-t-elle avec un sourire taquin.

Ils se regardèrent dans les yeux un moment sans rien dire, avant qu'Eleanor ne se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un rapide baiser sur la joue de l'acteur.

— Merci. Pour tous ce que tu as fait pour elle. Elle est en paix à présent.

Rougissant légèrement, Tom hocha la tête et laissa la jeune femme regagner sa maison.

Les mains enfoncées dans ses poches, il rentra chez lui en contemplant le ciel étoilé. C'était la nuit de pleine lune. Avec un dernier sourire et une dernière pensée pour Helen, il franchit le seuil de sa porte, convaincu que c'était l'Halloween le plus étrange de sa vie. Mais aussi l'une des plus belles expériences qu'il lui ait été donné de vivre.

— Adieu, Helen, murmura-t-il avant de fermer la porte.

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