Prologue
Pandora's Bood est l'une de mes premières fictions et surement celle qui a tourné sur le plus de plateformes à l'époque où je m'essayais à quantité de forums et de sites d'écritures. Il était donc temps qu'elle débarque sur Wattpad à l'occasion de son remaniement. A ceux qui la connaissent déjà de Skyrock ou d'ailleurs, il s'agit d'une toute nouvelle version, un peu différente de sa récente réécriture et bien loin de sa forme primale.
C'est une histoire que j'affectionne tout particulièrement et qui devrait pas mal dévier des fanfictions SasuSaku sur le même thème. Je vous laisse déjà découvrir le Prologue et n'hésitez pas à m'en dire des nouvelles.
Bonne lecture à tous !
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Le fin gravier crissait au rythme des pas qui le foulaient avec une régularité pesante et les stèles se tenaient droites, stoïques, de part et d'autre de ce cheminement tranquille, tel des soldats de pierre muets et glacés. Allée après allée, chaque sépulture avait droit à sa gloire. Quelques secondes d'un regard scrutateur, décryptant minutieusement l'épitaphe plus ou moins rongé, avant que la condamnation du temps ne les rappelle à l'oubli morne et sombre de leur état.
Et ce regard poursuivait sa route, comme ces pas sur le gravier grinçant. Ce n'étaient pas les tombes de marbre rutilantes, ni les vieilles croix de bois pourrissantes que cherchaient ces prunelles incessamment mouvantes, non, les pierres de grès mats et usées par l'érosion captaient bien mieux son attention, celles qui semblaient avoir poussé là, partageant, avec la terre et la végétation alentour, le déferlement des années.
Il en fut une parmi tant d'autre, qui mit finalement un terme à toutes cette placide agitation. Regard comme pas. Tout s'estompa dans un silence supplicié par le vent d'automne. Elle était là, tordue, mal plantée dans un sol trop spongieux. Au milieu de toutes les autres, une seule chose la distinguait de ses paires : son indistinction. Comme pour marquer son appartenance à cette terre sacrée et morbide, la mousse venait entraver la dalle en d'épaisses chaînes végétales, et la pierre avait pris la couleur charbonneuse de la fange alentour. Vouée à disparaître, par la nature ou le temps, les deux sans doute, coalition indéfectible au service de la mort elle-même.
L'étrange visiteuse s'accroupit en grimaçant, les jambes et le dos abîmé par des jours de recherches infructueuses. Ses doigts gourds essuyèrent difficilement la crasse et le lichen moisissant incrustés dans les sillons des lettres et chiffres centenaires, semblant tendre peu à peu à camoufler l'identité du défunt. Ses yeux se plissèrent pour déchiffrer les écritures partiellement effacées par les âges, avant que son regard ne laisse passer une subtile étincelle.
Uchiha Sasuke
1685-1712
Ce nom. Enfin. Un rictus étira faiblement ses lèvres gercées par le froid.
- Je t'ai trouvé.
Huit mois s'étaient écoulés depuis son ordre de mission. Elle en avait visité, des cimetières, depuis lors, et la chance lui souriait enfin comme une vile hypocrite au sadisme triomphant. Et elle le senti soudainement derrière elle. Présence macabre et oppressante qui semblait encrée dans l'air et le sol. Sa voix grave et roque s'éleva, aussi sombre que le lieu lui-même.
- J'ai toujours détesté les sépultures.
Il était à moins d'une dizaine de pas et elle ignorait depuis combien de temps il l'observait ainsi, trop longtemps sans doute. Toutes les années d'entrainement, aussi acharnées puissent-elles être, ne lui aurait jamais permis de le sentir approcher, tout comme elle ne se serait jamais doutée de sa présence si lui-même n'avait pas souhaité se dévoiler à sa connaissance. Ce n'était pourtant pas surprenant. Les capacités d'un Erudit tel que lui dépassaient de loin tout ce qu'aucun être humain serait capable d'appréhender en une vie.
- C'est une arrogance supplémentaire chez l'Homme que de vouloir retenir la mémoire d'un mort là où la nature impose l'effacement... S'opposer à elle. Toujours. Ça semble vous amuser... En définitive elle ne fait que céder aux caprices éphémères d'enfants gâtés. C'est une mère bien trop conciliante.
Le regard de la jeune femme quitta alors l'identité du défunt et elle se releva prudemment tant pour ménager son corps, rendu douloureux par des mois de traques, que pour éviter une réaction inopinée de l'intrus. A l'instant même où elle l'avait pris en chasse, elle s'était sût en danger, mais à cet instant, il était encore bien plus palpable que le manche de poignard qu'effleuraient ses doigts à sa ceinture.
- Elle semble l'être d'autant plus avec ceux qui ne veulent pas mourir, je me trompe ?
Ses yeux se posèrent sur l'homme non loin d'elle. De haute stature et d'une carrure honorable, il parvenait, bien malgré la distance, à la surplomber d'un regard mêlant ennuis de façade et dédains, deux émotions parfaitement mêlées à l'obscurité de prunelles sans fond. Elle en avait l'habitude, de ces regards... Ceux que l'on jette aux choses misérables qui nous répugne presque. Ils ne parvenaient plus à l'enrager comme autrefois, ne suscitaient même plus un souffle d'agacement. Les lèvres de son visiteur quittèrent l'austérité pour un sourire torve et un éclat de moquerie échappa à sa gorge.
- Oh croyez-moi, il ne s'agit pas là de consilience, bien au contraire. Cette stèle aurait dû disparaître il y a bien longtemps, ma mémoire ne concerne plus que moi désormais.
- Vous seriez surpris d'apprendre l'intérêt qu'a votre mémoire pour certains vivants... Ou peut-être que non. Vous m'attendiez ?
- Depuis une éternité. L'on m'avait pourtant dit que les traqueurs étaient l'Elite de la Guardia, en es-tu la plus lente ou juste la plus incapable ?
Le jeu de courtoisie avait pris fin en un instant, un instant qui obscurci instantanément le regard de la jeune femme et tira ses traits en masque de gravité tenace.
- On m'avait bien dit que les Erudits étaient d'agréable compagnie, il faut croire que nous avons chacun notre compte en matière de désillusion.
- Vraiment ? Je sens pourtant exulter l'excitation de tout ce petit corps frêle. Tu n'as même pas fait la moitié de ta mission et c'est comme si tu l'avais déjà accomplie. Ai-je tort de penser que c'est effectivement le cas ?
Elle fronça les sourcils. Nul n'était censé ignorer qu'avoir un traqueur aux trousses était synonyme d'une condamnation à mort, et surtout pas une créature assez ancienne pour avoir assistez à la naissance du Purgatoire lui-même. Il ne l'ignorais pas. Non, Sasuke parlait de tout autre chose, bien loin des ordres qui lui avait été donnés, une chose qu'elle s'évertuait à oublier depuis des années sans pour autant y parvenir tout à fait. Une chose qui l'avait longtemps intriguée et l'effrayait aujourd'hui bien plus que l'Apocalypse elle-même.
- Ne te monte pas la tête, c'est juste que te tuer n'est qu'une formalité, persifla-t-elle.
Le sourire de son adversaire s'accentua tant qu'elle discerna presque les redoutables armes que détenait sa mâchoire et un long frisson lui parcouru l'échine. Elle avait affronté bon nombre de créatures de son espèce, défié tout autant d'homme dangereux, mais ici, à cet instant, elle mêlait les deux dans un affrontement dont la pire des issus l'amènerait à fréquenter ce lieu à jamais.
- Menteuse et prétentieuse, on a déjà vu enfant plus sage...
- Fini de jouer, cette conversation a déjà trop duré.
- Je suis d'accord. Eh bien... Fais-t-on œuvre chasseuse, qu'attends-tu ?
Comme une éternelle habitude, un geste mille fois répété, mille fois exécuté, sa main s'empara de l'arme à sa ceinture, mais ses mouvements n'allèrent pas plus loin. Son corps entier refusa de s'élancer dans la chorégraphie meurtrière qui, d'ordinaire, s'engageait alors. Comme s'il lui eut fallu commettre un acte insensé en l'exécution de sa cible, d'un ennemi, d'un vampire.
Sasuke, se posa nonchalamment sur la sépulture la plus proche et la vrilla d'un œil scrutateur impénétrable.
- Difficile d'agir lorsque le corps même défie la volonté n'est-ce pas ? De concevoir que ce que l'on possède de plus puissant et tenace ne peut rien contre nous-même. Tu ne me tueras pas. Ce n'est pas pour ça que tu es ici.
Leurs regards s'affrontèrent, une certitudes obscure contre toute l'incompréhension et la colère d'une âme en proie au doute.
- Qui es-tu ?
Un éclat d'intérêt raviva les pupilles du vampire.
- La voilà, la question intéressante, Sakura...
Il disparut. En un clignement de paupière, ça haute silhouette s'évanoui et son aura oppressive se volatilisa l'espace d'une seconde... pour venir frapper dans son dos. Et les notes rauques de sa voix éclatèrent au plus près de son oreille.
- Qui penses-tu que je suis ?
D'instinct, la lame tourna entre ses doigts, rapide, agile, son geste aurait pu atteindre sa cible avec une précision terrifiante et lui permettre d'échapper à sa présence, mais la main puissante et froide de l'homme se saisi de son poignet. Une simple pression aurait suffi à lui broyer les os et elle sentit cette menace latente s'épancher dans tout son corps.
- Vraiment, votre réputation est usurpée.
- Humain contre vampire. Les dés restent pipés.
- Tu es d'un tel fatalisme.
- C'est ce qui m'évite de me laisser surprendre par la peur.
Il attrapa subitement sa mâchoire pour lever son visage à lui. Ses traits durs ne laissaient plus paraître aucune dérision et dans ses prunelles sombres naquit un méprit terrifiant, sans une once d'arrogance, simplement le poids d'une puissance inhumaine et terrible. Lentement, sa main descendit contre sa gorge pour s'en saisir si fermement qu'elle lâcha un hoquet de surprise. Son arme s'échoua à terre dans un triste tintement de métal que rapportèrent les stèles jusqu'au confins du cimetière. Un gong glacial qui serra son cœur comme il n'en avait plus été depuis des années. Ses ongles griffèrent la peau et la chair, et face à ces traits impassibles s'imposèrent les réminiscences d'un visage bien plus terrifiant. La mort sous un masque d'horreur. Il approcha alors sa bouche de son oreille avec une infinie lenteur.
- Apprend que la peur, bien plus que tes armes et entraînements ridicules, reste ta plus fidèle alliée, lui susurra-t-il.
Le souffle chaud qui s'échoua sur la peau de son cou était pareil aux flammes avides d'un brasier mortel, douloureuses, menaçantes, prélude à la morsure assassine qu'elle craignait bien plus que la suffocation. D'un mouvement lest du poignet, elle libéra une aiguille chargée de poison qui échappa pourtant à ses doigts agiles. Les crocs de son agresseur lui entaillaient déjà la chair lorsque la peur libéra une décharge d'adrénaline salvatrice, et elle parvint à fracturer d'un coup sec la main de son agresseur qui la lâcha non sans un sifflement de frustration.
Elle s'écroula à terre, le souffle haletant entrecoupé d'expectoration sanglantes. Ses doigts tremblants raclèrent la terre et d'une main fébrile elle pressa la plaie suintante à son cou. Tout son être lui intimait de se lever mais elle en restait pourtant incapable. Son regard se braqua alors sur cette créature railleuse, un regard teinté d'une rage qui peinait pourtant à dissimuler la crainte hurlante au fond de ses prunelles. Il observa un instant les os brisés perçants à travers sa chair et qui se remettaient déjà dans un craquement sinistre, puis il consentit à poser les yeux sur elle,
- Tu es bonne élève... Alors ? Quand partons-nous ?
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