Prologue : Au commencement... [Corrigé]

La neige se disperse paisiblement sur l'immense forêt d'Imùs, tandis qu'Enias la découvre. Le jeune homme est aussitôt émerveillé par ce décor d'euphonie. Il commence à admirer ces pins, à perte de vue, dont les sommets sont habillés par la blancheur délicate des flocons. L'observateur fait alors appel à tous ses sens. Il désire profiter de cet instant dans sa globalité. Le jeune homme ferme donc les yeux et ressens dans tout son être, le léger frisson des vents glacés jusqu'à discerner de plus en plus nettement, la mélodie qui s'en résulte : un chant généré par le bousculement léger et mesuré des feuillages de ces grands arbres. Le temps parait se ralentir progressivement dans cette idylle de nature. Enias se laisse emporter par la mélodie.
Subitement, ce paisible enivrant est rapidement rompu. L'écho des lieux est écorné par le bruit d'un pas, affaissant la neige. Le garçon ingénu se met en garde, tandis qu'un second éclat vient suivre immédiatement le premier. L'intuition du garçon se doute alors des possibles responsables. Il regarde derrière lui et découvre ses compagnons venus le rejoindre. A peine tous réunis, ils pressent leurs pas et ne tardent pas à s'engager dans la vaste forêt.

La lumière est de plus en plus trouble, au fur et à mesure que les humains avancent dans ce labyrinthe de végétaux. Chaque arbre semble être le reflet d'un autre et absolument rien ne permet de les distinguer. Enias a tout à coup un frémissement alarmant. Le garçon a l'impression que sa présence n'est pas la bienvenue dans ces lieux. Néanmoins, il préfère rester silencieux et continue d'avancer d'un pas assuré, sans avertir ses compagnons sur ses possibles craintes.

Le groupe finit par arriver dans un endroit plutôt étonnant : une petite prairie, paraissant être le centre de la grande forêt. Le fait que ce pâturage soit entouré de pins, de toute part, accentue cette hypothèse. Enias ne prête pas attention à cela et se laisse, une nouvelle fois, envoûté par la vue. Le spectacle est beaucoup plus magnifique d'ici, selon lui. Assez époustouflant, pour que celui-ci ne puisse s'empêcher d'avoir un regard ingénu devant tout cela. Comme un enfant, il contemple l'intégralité de ce qui l'entoure, encore et encore, jusqu'à cesser subitement son occupation.
Vu extérieurement, cette attitude semble pour le moins étrange, surtout qu'absolument rien ne paraît suspect dans les environs. Cependant, le sens du détail d'Enias, remarque un brusque changement dans sa vue. En effet, sa vision devient de plus en plus floue.
Celle-ci s'assombrit jusqu'à ne plus rien voir autour de lui . Puis, après quelques minutes, ses autres sens commencent à s'affaiblir eux aussi. Son corps devient progressivement plus lourd, comme si le sol voulait le manger tout entier. Les sons autour de lui se mélangent et se parasitent entre eux. Ils forment alors un bourdonnement assourdissant, avant de brusquement laisser la place au néant. La respiration du garçon candide est saccadée, tandis son rythme cardiaque ralentit de plus en plus. Hélas, malgré l'incompréhension du jeune homme, un autre mal lui arrive sans que celui-ci s'en rende compte : ses yeux commence à se fermer tout doucement et contre sa volonté.
L'instinct d'Enias voudrait hurler sa détresse, mais aucun son ne parvient à sortir de sa bouche. Il lui reste seulement assez force pour une dernière pensée, légèrement trouble et sensée au vu de la situation : "Est-ce cela la mort ?" . Le garçon, pensant agoniser, entend ensuite son cœur battre une fois. Puis, une autre pulsion cardiaque retentit, bien plus lente que la précédente. Enfin, Enias discerne après un dernier battement, semblant signer cette fois-ci, sa fatalité...

Le tonnerre gronde soudainement de tout son éclat. Enias affolé par ce bruit brut , rouvre ses yeux instinctivement. Ses sensations tourmentées ont disparus. Le temps d'un battement cil, un nouvel éclair se fait entendre. Ce dernier par sa puissance et sa lumière époustouflante, emporte avec lui l'atmosphère de la forêt. Le jeune homme est alors éblouit et désorienté. Le hurlement de la foudre a eu raison de tous ses sens. Enias ne comprend plus rien à la situation. Un tintement sourd affole ses tympans, tandis que ses yeux restent incertains. La violence fulgurante de la foudre l'a expédié sur le sol enneigé. Ces faibles forces l'empêchent de se relever. Le jeune homme parvient juste à faire une chose : faire basculer sa tête sur la droite. Il croit ainsi voir ses compagnons non loin de lui, également à terre.

Son ouïe finit par revenir brusquement. Un crépitement sourd lui saisit aussitôt les oreilles, pendant qu'un frisson remplit de nostalgie, parcourant sa colonne vertébrale en haut en bas, survient rapidement ensuite. C'est un bruit si familier, peut être même trop pour le garçon alarmé. Sa poitrine se serre et la tristesse finit par le submerger. Les larmes glacées d'Enias ne suffisent pas à adoucir sa peine. La symphonie des flammes dévore déjà les grands pins d'Imùs. Dorénavant, cette tragédie est la nouvelle maîtresse des échos.

Le brasier se propage toujours. Bientôt, Enias et ses compagnons seront encerclés par celui-ci. Malgré l'urgence de la situation, le jeune homme est seulement capable de s'accroupir. Il tente désespérément de récupérer, en vain.
Au même moment, dans cet éclat flamboyant dansant sur les cimes, un homme apparaît comme sorti de nulle part, sous les yeux d'Enias. Le corps du jeune homme se tétanise soudainement. Puis, les battements de son cœur s'intensifient. Un sentiment de crainte inimaginable vient l'envahir ensuite. L'aura de cet individu se veut terrifiante - jamais, Enias n'avait connu ça ! Le temps paraît figé, tandis que cet être angoissant se rapproche doucement du garçon immobile. Une odeur semblable à celle de la mort, saisit aussitôt le nez d'Enias. Celui-ci n'entend déjà plus aucun son tellement la scène l'absorbe. Sa concentration est focalisé sur les pas de cet être maléfique. Chacune de ses enjambées semble interminable, comme si elles étaient aux ralentis. Les craintes du jeune homme envers ce monstre ne sont plus à démontrer. Cette silhouette source d'effroi, ne cesse de souffler à sa victime la détresse de s'enfuir.

Enias n'en peut plus. Il ferme les yeux, refusant la situation. Le garçon ne supporte plus de voir sa fin se rapprocher, sans pouvoir rien y changer. Après tout, il sait que cette monstruosité le surpasse en tout point. Le jeune homme a donc jugé plus facile de s'abandonner à son exécuteur. Il est toujours plus sage d'accepter son sort, malgré les multiples regrets que cet acte engendre, néanmoins.

Tout à coup, une voix prononce le nom du jeune homme une fois, suivit rapidement d'une deuxième allocution du même genre. Soudain, un sentiment de douceur enlace le garçon apeuré. Un troisième appel survient ensuite, cette fois-ci avec plus d'insistance que les précédentes. Enias gagne étrangement en assurance. Il a l'impression qu'il n'a plus rien a craindre désormais. Le jeune homme saisit alors sa chance et ouvre les yeux. La lumière des lieux l'éblouit immédiatement. Puis, il découvre perplexe un plafond fait de chaume et de fumier, tandis qu'une forte odeur de crottin lui envahit brusquement les narines. Enias s'empresse de se boucher le nez et sursaute par la même occasion, sur la paille installée en dessous de lui. Le garçon reconnaît alors sa couchette habituelle et il se rend compte... Que tout cela n'était qu'un rêve !

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