Chapitre 8 : Découverte [Réécris]
Le trio se lève avec une ambiance matinale assourdissante. Malgré le fait qu'ils soient assez éloignés de la cité, ils ne sont pas épargnés par le capharnaüm ambiant de cette dernière. Les crieurs publics scandent les nouvelles du jour, les marchands hurlent leurs promotions extraordinaires, tandis que d'autres tentent de pallier à cette concurrence, en attirant le client comme ils le peuvent. Les forges tournent également à plein régime. On distingue aisément le martelage du fer chaud qui en résulte.
Tout ceci montre bel et bien que Sinam est une ville très énergique, dès le réveil. Xaya et Enias sont même surpris par cette atmosphère endiablée. Médéric quant à lui, ne se laisse pas distraire. Le négociant va tranquillement atteler ses chevaux. Il regarde après l'expression béate des deux adolescents. Ils paraissent si désorientés... Le marchand ne tarde pas à avoir une idée et décide alors de les taquiner un petit peu.
- Alors mes amis ?! L'ambiance de la ville vous sied-elle au point de vous rendre immobile ? demande-t-il d'une voix espiègle.
- J'hallucine ?! rétorque Xaya déconcertée, en levant ses yeux au ciel. A peine le jour s'est levé que Monsieur se la joue avec son beau parler.
- Il est vrai que le doux parfum de la fonte au réveil me rend taquin. Je l'admets. répond Médéric.
- Il est sûr que Monsieur Octare a besoin de mimer un langage qui ne maîtrise guère, seulement pour attirer l'attention sur sa personne ! réplique Enias sur un ton vaniteux.
Médéric ne sait pas quoi répondre. Il est surprit par la repartie d'Enias. Le négociant s'avoue rapidement vaincu :
- D'accord...tu as gagné Enias. Tu m'as percé à jour. J'avoue.
- Oh ! Monsieur Octare arrête de jouer dès qu'un joueur se présente à lui ?! réplique Xaya avec ironie.
- Il a dû nous sous-estimer Xaya ! Il a sûrement pensé que des campagnards comme nous, ne peuvent point connaître la langue de la haute bourgeoisie ! continue le brun.
- Allons ! Allons ! Calmons-nous ! Si vous voulez des excuses... je vous les donne sans résistance ! finit Médéric embarrassé par la situation.
Enias fait un clin d'œil à Xaya. Celle-ci lui en fait un en retour et se met à rigoler subitement. Le négociant ne comprend pas ce qui se passe. Le jeune Nysquiem lui dit alors, amusé :
- Excuse-nous Médéric ! C'était plus fort que nous ! Te voir essayer de nous taquiner, nous a donnés envie de faire pareil.
Puis, le jeune homme éclate de rire à son tour. Au même moment, Médéric reconnaît pleinement sa défaite. Il ne pouvait rien faire contre une telle complicité. Le négociant demande ensuite à ses deux compagnons, de montée dans la carriole.
La fin du voyage n'est plus qu'à quelques mètres. Le trio arrive dans la capitale par la porte Sud-Est. Celle-ci est gigantesque et creusé dans les remparts de la ville. De plus, son plafond est une arcade magnifique, formé de plusieurs rosaces, petites et grandes, qui se chevauchent les unes sur les autres par leurs extrémités. Les jeunes adolescents découvrent après être entrés à l'intérieur de la cité, les multiples maisons à colombages, toute mitoyenne. Les façades de pierre sont toute lisse et ce détail étonne le duo. Jusqu'à présent, il n'avait que connu les architectures irrégulières de Béhina. Les routes sont en pierres également. Elles sont taillées en pavé de forme carrés, plutôt petite et dispersées telle une mosaïque.
La charrette pourtant imposante, arrive à se faufiler facilement dans la foule de piéton. Ces derniers semblent venir de partout et nulle part. "La capitale est incroyable" pense Enias, ne sachant plus où regarder.
Médéric conduit les deux jeunes amis à une centaine de mètres devant eux. Ils tournent ensuite à gauche, sur un chemin parallèle à le leur. Ils s'arrêtent quelques minutes après. Le négociant descend donc de sa carriole et pointe du doigt, une auberge sur sa droite.
- Allez-y ! Je vous rejoindrai après avoir amené Diamant et Neige aux écuries, juste à côté.
Xaya et Enias regardent le bâtiment. L'endroit se veut très accueillant. La charpente est un mélange subtil de bois et de pierre, qui rend l'établissement sublime. Les deux jeunes n'osent pas entrés. Ils sont quelque peu timide. Heureusement, Médéric les rejoint assez rapidement. Les trois compagnons pénètrent alors dans la taverne. Celle-ci est un parfait exemple de l'atmosphère type de ces lieux. La porte à peine entre-ouverte est suffisante pour qu'une forte odeur d'alcool vienne envahir les narines des visiteurs. Les deux amis se bouchent leurs nez, immédiatement. Jamais ils n'avait fréquenté un tel endroit. Ils sont presque surpris par la voracité du parfum si particulier de l'orge tourbé. Les deux adolescents s'inquiètent de ce qu'ils vont y découvrir par la suite.
L'ambiance n'est finalement pas très agréable. Comme quoi, la couverture de l'établissement n'est pas vraiment fidèle à son type de clientèle. Hormis déjà, l'effluve constante devenu difficile à supporter pour le duo, le désordre provoqué par les clients est bien pire. Leurs cris sont tellement omniprésents qu'il est compliqué de s'entendre correctement. Xaya et Enias commencent même à douter du négociant. Ils ressentent bien plus que de légères réticences à présent. Les complices se regardent instantanément dans les yeux, en même temps. Leurs esprits sont synchronisés. « Où nous a-t-il emmenés ?! » pensent-ils tout deux, affolés.
Ils observent ensuite, plus attentivement la grande pièce dans laquelle ils se trouvent. Des hommes presque ivres installés sur quelques tables de la salle et des chevaliers qui jouent aux cartes sur d'autres. Un plancher en bois ternis par l'affluence et les souillures d'alcools ainsi que des trous qui parsèment les murs - déjà à l'apparence fragile qui plus est...
Malheureusement, le plafond semble être dans un état similaire au sol. Le duo finit par remarquer un escalier étroit sur leur gauche, ainsi qu'un long bar en marbre sur leur droite. A l'extrémité de celui-ci, se trouve une porte à double battant : certainement celle qui mène à la cuisine de l'auberge.
Médéric se dirige vers le comptoir d'un pas assuré. Derrière le bar, se trouve une serveuse en train d'astiquer ses verres, sans prêter la moindre attention au vacarme qui l'entoure. C'est une femme dans la trentaine. Elle a des cheveux bruns bouclés et longs. Néanmoins, ses yeux bleu ciel paraissent manifester une certaine froideur. Ses lèvres pulpeuses sont recouvertes d'un rouge mât, plutôt sobre. Elle porte une robe marronne avec un buste blanc, découvrant légèrement ses épaules. Au passage, c'est une tenue qui met en valeur ses formes généreuses. De plus, cette charmante demoiselle ne laisse pas insensible Enias, malgré la sévérité qu'on parvient à lire dans la posture de cette dernière.
Médéric dérange la serveuse sans détour. La femme brune reconnaît aussitôt l'un de ses habitués. Elle regarde le négociant et lui prépare ensuite un verre, remplit de la liqueur favorite de son client. Elle lui adresse après la parole, en mimant la surprise de le voir :
- Médéric ?! Je m'attendais pas à te revoir si vite ?!
- Mademoiselle Ursula ! C'est toujours un plaisir pour les yeux, de vous revoir.
Il saisit la main de l'hôtesse pour lui faire un baiser - un geste qu'elle n'apprécie guère !
- Vous n'avez pas rajeunit depuis la dernière fois que je vous ai vue ? plaisante-t-il.
- Tu devrais savoir que tes flatteries ne m'atteignent guère ! s'exclame Ursula, agacée par le comportement surfait de son client. Quand tu te comportes ainsi, je sais très bien que c'est le commerçant intrépide que j'ai devant moi ! ajoute-t-elle, déconcertée.
- Je remarque que tu me connais toujours aussi bien Ursula... réplique-t-il du tact au tact, sur un ton subitement très sérieux.
- Cesse de plaisanterie ! l'interrompt-elle. Que me vaux l'honneur de ta visite ?! Médéric Octare, deuxième du nom.
Médéric se penche sur le bar marbré et montre après du doigt Xaya et Enias, toujours immobiles devant l'entrée.
- Tu vois ces deux jeunes gens là-bas ? Ils entrent à l'académie de la ville dans deux jours. Je les ai donc emmenés jusqu'ici tu vois ? Mais maintenant que je m'en vais les laisser... Il faut bien que je les laisse entre des mains expertes, n'est-ce pas ? Voilà ce qui m'amène donc chez toi, très chère Ursula. Pourrait-tu les héberger jusqu'à la cérémonie ? Dans ce... splendide établissement cela va de soi, évidemment.
- Tu me demandes de les héberger à l'œil ?! crie-elle outrée. Médéric c'est bien mal me connaître !!
- Loin de moi cette idée ?! répond-il sur un ton innocent. Je me disais qu'en te ramenant des clients, tu pourrais me faire un prix sur leurs chambres ? Après tout, ça fait un moment qu'on se côtoie tous les deux, pas vrai ?
- C'est huit pièces d'argent les deux nuits ! dit Ursula sèchement
- Allons bon... Tu peux bien baisser ton prix jusqu'à six, non ?
- C'est huit pièces ou je te jette de mon établissement comme un mal propre, toi et tes clients fauchés ! En prime, je prendrais tes chevaux. Ça sera un minimum pour l'affront que tu viens de me faire en voulant marchander ! menace-t-elle.
Médéric n'insiste pas plus. Vouloir négocier avec Ursula n'était pas sa meilleure idée. Il paie l'hôtesse sans broncher et celle-ci lui indique la chambre, pendant qu'elle recompte ses nouvelles pièces. Le marchand au regard déprimé, rejoint ensuite le duo. Il est assez rare que Médéric rate l'une de ses négociations. Néanmoins, il ravale sa peine et accompagne les adolescents jusqu'au premier étage.
Une fois les affaires du duo déballées, Médéric propose une idée.
- Et si on profitait de ce temps pour vous faire visiter la ville ?
- J'avoue que c'est une bonne idée. répond Xaya.
Enias saute de joie pour exprimer son approbation. Ils sortent alors de la taverne avec hâte tandis que Médéric se vante d'être un excellent guide touristique. Les deux amis découvrent d'abord les remparts intérieurs de la ville séparé par des murs de pierre imposant. En effet, Sinam est divisé en trois parties. La zone commerciale qui regroupe le "bas peuple", les marchands et les tavernes. Puis, il y a la zone artisanale, regroupant les forges et les arts de toute sorte. Et, tout au centre de la cité, il y a le château du roi et l'église de la ville.
Xaya et Enias sont une nouvelle fois subjugués. Néanmoins, Médéric les coupe dans leur fascination et exclame :
- Suivez-moi ! J'ai quelque chose à vous montrer !
Enias et Xaya suivent donc leur guide du jour. Ils longent l'énorme rempart jusqu'à arriver en face d'un escalier en marbre. Les compagnons le montent ensuite. Puis, Médéric les traîne dans des rues très peu fréquentées de la capitale. Ces dernières se réduisent au fur et à mesure de leurs pas. Les deux amis ont l'impression d'étouffer. Les murs qui se resserrent et l'air peu supportable ne les aident pas. Cette atmosphère les oppresse.
Heureusement, les camarades en sorte rapidement et atterrissent dans un des principaux boulevards de la ville. Ce dernier est difficilement praticable. La population et les divers visiteurs de la cité y sont agglutinés. Cette foule de personnes en deviendrais même suffocante. Ce constat l'est tout particulièrement pour Xaya. Elle n'a jamais aimé marcher sans pouvoir être libre de ses mouvements. "Sinam est pire que Béhina !" grogne-t-elle.
Médéric décide alors de changer de direction et de partir rapidement sur sa gauche. Il conduit le duo dans une autre rue étroite. En réalité, le marchand fait volontairement un détour. Faire le tour du boulevard leur permettra d'atteindre leur objectif plus facilement. Ils se dirigent donc vers le centre-ville. Néanmoins, les pentes sur le chemin sont relativement épuisantes. Elles semblent surtout interminables pour le duo et de plus en plus difficiles à monter. Mais finalement, leurs efforts portent leurs fruits et les trois compagnons arrivent sur une grande place.
Enias et Xaya sont immédiatement enjoués et ils admirent donc le centre-ville de Sinam. C'est un endroit situé à la mi-hauteur de la cité. D'ici, ils peuvent même voir le paysage se dessinant au loin. Une grande fontaine investit le milieu de la place. L'air est par conséquent doux et frais. Il n'y a aucune sensation d'étouffement ici. Les deux amis peuvent enfin sentir le vent caresser leurs joues. Ils discernent également une légère odeur de fer chaud. Celle-ci provient du seul bâtiment des lieux, qui se trouve à leur droite. Les adolescents contemplent cette magnifique charpente ne dénaturant point la beauté des environs. Médéric remarque leur curiositésm et leur dit :
- Voici la maison d'art la plus respectée et réputée de la ville ! La forge de la famille Seraph ! Et nous avons la chance d'avoir la meilleure forgeronne du pays qui plus est !
- Pourquoi est-elle considérée comme la meilleure ? demande Enias naïf.
- Tu ne connais pas Altia Seraph ?! s'étonne Médéric.
- Non... Je devrais ?
- C'est la mage qui a forgé les armes les plus incroyables du royaume ! Elle est surtout connue pour avoir donné naissance à la légendaire Plume de phénix, et la terriblement puissante Brise-magma ! Tu ne vois vraiment pas qui c'est ?! demande Médéric, qui s'alarme devant autant de méconnaissance.
- Brise... magma... se murmure Enias. Ce nom me dit quelque chose.
- C'est le nom de l'arme de Maître Netmarus, Enias ! répond violemment Xaya, exaspérée par la mémoire de son ami.
- Ah oui c'est vrai ! Merci Xaya, tu me sauve la mise. rigole ce dernier, sans remarquer l'irritation de la blonde.
Médéric est étonné d'entendre ce nom sortir de la bouche de Xaya. "Est-il possible qu'ils connaissent personnellement le célèbre Red Night ?" se demande-t-il perplexe. Cependant, malgré le nombre de questions qu'il lui vient en tête, Médéric préfère garder le silence sur ce sujet et s'empresse de changer de conversation. Par la suite, le négociant guide les deux amis vers la véritable raison de leurs venues. Ils se rapprochent alors de la fontaine et s'arrêtent devant un grand tableau en bois, installé en face du plan d'eau. Enias et Xaya n'en croient pas leurs yeux. Pourtant, ils la voient enfin. C'est un désir que le duo n'a jamais pu assouvir à Béhina. Leurs regards d'enfants curieux contemplent la fresque imposante qu'ils découvrent. Il s'agit de la carte des quatre Royaumes d'Eonell. En d'autres termes, ce sont les frontières de la race humaine. C'est un trésor très rare. Il existe qu'un seul exemplaire dans tout Evarion. Xaya et Enias sont heureux d'enfin pouvoir la regarder. Beaucoup au village disait que ce n'était qu'une légende. Néanmoins, le duo n'a jamais cessé d'y croire. "Il y a bel et bien un monde incroyable qui nous attend" pensent-ils tout les deux, heureux de mettre une image sur le monde qu'ils ont trop souvent imaginé.
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