Chapitre 7.1 : Sinam [Réécris]
Béhina est en pleure aujourd'hui. Chaques habitants affichent une mine grave, tandis que Xaya part chercher son ami chez lui. Une fois à destination, la blonde tombe nez à nez devant Banida, qui s'apprête à se rendre à l'ouest du village.
La vieille femme est surprise de voir la camarade de son petit-fils ici.
- Tu n'es pas avec Enias ? s'interroge-elle
- Il n'est pas avec toi ? demande Xaya tout aussi étonnée que la femme âgée.
Suite à cet échange bref, Xaya part immédiatement vers le bosquet. Elle doit faire vite, l'heure du rendez-vous arrive. La pluie rend la route difficile à emprunter. Les dalles sont totalement glissante et la rafale de gouttes d'eau, brouille la visibilité de la blonde.
Il lui faudra un quart d'heure finalement, avant d'arriver au bosquet. Au même moment, le temps pluvieux se calme brièvement. La jeune femme en profite pour s'engager dans la forêt humide. Sa démarche est assurée. Elle semble savoir où se trouve son ami. Ainsi, quelques minutes lui suffisent pour trouver le garçon. Il paraît en pleine méditation, face à un chêne au tronc déformé.
Xaya en été sûr ! Le jeune homme ne pouvait partir sereinement, sans rendre visite à cet arbre, une dernière fois. En effet, celui-ci représente beaucoup pour le garçon. La blonde est contente de l'avoir retrouver rapidement. Dans son euphorie, elle craque une branche à ses pieds sans le vouloir. Le bruit alerte aussitôt Enias, qui cesse subitement son occupation. Tel un animal sauvage, son regard se tourne tout à coup vers Xaya. A cet instant, le garçon est prêt à donner l'assaut immédiatement. Les yeux émeraude du jeune homme glace le sang de la blonde. Un frisson lui parcourt son dos. Elle n'ose pas bouger. Sa voix l'abandonne également. La pression de son ami n'a rien à voir avec son aura ordinaire...
Heureusement, le brun reconnaît sa complice et finit par baisser sa garde.
- Ce n'était que toi. soupire-t-il, soulagé.
- Désolé de t'avoir fait peur, Enias. répond Xaya, quelque peu gênée de la situation engendrée.
- C'est déjà l'heure ? C'est ça ? enchaine-t-il calmement, en levant les yeux au ciel.
La blonde est étonné par la tranquillité du garçon. Celui-ci était en pleine harmonie avec la nature avant que celle-ci l'interrompt.
Sans dire un mot, le jeune homme pose sa paume sur le chêne. Il la déplace sur la longueur du tronc, jusqu'à que sa main s'arrête sur la cicatrice du végétal centenaire. La déchirure de ce dernier, semble bien grande par rapport à la poigne d'Enias. L'écorce a été détruite par l'acte d'un homme, cela fait aucun doute. Néanmoins, le brun n'y prête aucune attention. Il continue de parcourir chaques recoins de la blessure du chêne, avec nostalgie. Puis, une fois son action accomplit, il dépose délicatement le sommet de son crâne sur la cime de l'arbre. Ses cheveux gorgés d'eau se mettent à couler sur son visage inexpressif. Enias ne bouge plus pendant quelques instants. La spectatrice n'ose pas l'interrompre. "Depuis combien de temps est-tu ici ?" pense-t-elle inquiète pour son ami.
Le garçon commence à murmurer une phrase. Celle-ci est pleine de sens pour lui. "Je tiendrais ma promesse" dit-il avec conviction. Il rejoint après la blonde et lui sourit. Cette dernière ne sait pas quoi répondre.
Les deux amis repartent ensuite vers Béhina, sous le ruissellement de la pluie. Ils restent silencieux jusqu'à arriver à la porte Ouest du village. L'air est lourd et l'odeur de l'humidité ambiante, empoisonne les narines. Quelques villageois se sont réunis. Beaucoup retiennent leurs sanglots, tandis que les enfants présents essuyent leurs yeux rougis par leurs émotions. Enfin, juste derrière cette petite assemblée, une charette les attend déjà. Visiblement, les adieux seront assez bref.
Le duo se prépare à quitter leurs familles. Elénaïs pleure dans les bras d'Enias. Ça sera la première fois qu'ils seront réellement séparés. Le garçon la réconforte comme il le peut. Cela lui déchire le coeur de voir sa sœur aussi triste. Il y a très longtemps que ce n'était pas arrivé. La petite Nysquiem ne montre pas souvent ses larmes. Mais aujourd'hui est un jour particulier et il lui est impossible de faire semblant.
Enias ne tarde pas à serrer Banida dans ses bras également. Même si leur relation est fusionnelle, un contact aussi proche n'est pas banale. Cependant, cela est important pour le garçon. Sa grand-mère restera sa source d'inspiration et c'est le moment de lui prouver par cette simple embrassade.
Pendant ce temps, la famille Horatie fait également ses adieux à sa fille aînée. Yann et Gaby, les frères de Xaya, restent dissipés malgré la situation. Les jumeaux âgée de seulement trois ans, ne comprennent pas vraiment ce qui se prépare. La blonde sourit devant tant de naïveté et d'amusement. Ils se chamaillent, comme toujours. La jeune femme ne peut s'empêcher de s'accroupir à leurs niveaux et de leurs donner un baiser sur leurs fronts. Après, elle les serre fort contre sa poitrine et leurs demandes de rester des chenapans, le plus longtemps possible. Puis, après ce moment touchant pour la demoiselle, celle-ci se retrouve face à son père. Asrah Horatie ne dit pas un mot, tel est son habitude. Il ne sait pas comment montrer son affection à sa fille. Le grand gaillard se contente alors de taper dans le dos de Xaya. Celle-ci fait un bond en avant, malgré le geste gentil de son père. Elle reste alors silencieuse et sourit. C'était probablement la meilleure chose qu'elle pouvait espérer de son paternelle. Asrah à toute confiance en sa fille et cette dernière le sait à présent.
- Merci P'pa.. dit-elle en rougissant.
Sur ces paroles, Xaya et Enias rejoignent la charrette de leurs convictions. Le capitaine Ulmÿs les attend devant celle-ci. A côté de lui, se tient un homme qui a environ la vingtaine. Il s'agit de Médéric Octare, un négociant aux cheveux bruns mi-long et aux yeux gris verdoyant.
Sa tenue chic laisse penser qu'il gagne bien sa vie. Du moins, sa chemise blanche et son pantalon beige sont irréprochable. Sa posture ne présente aucune faille et il salue les deux adolescents, avec une prestance digne de la haute bourgeoisie. Suite à ses présentations, il tourne instantanément l'intention sur ses deux chevaux. Le plus grand a un pelage marron et se nomme Diamant, tandis que le second, légèrement plus petit, se nomme Neige - un nom dû essentiellement à son poil blanc et soyeux.
- C'est ici que nos chemins se séparent ! s'exclame le chevalier d'Evarion.
- Vous nous accompagnez pas Capitaine ? demande Enias étonné.
Ulmÿs sourit brièvement avant de reprendre sur son ton habituel.
- J'ai d'autres priorités. Je n'ai point le temps, pour me pavaner dans la capitale !
Sur derniers ces mots, toujours aussi délicat, le duo monte dans la carriole en bois. Les habitants crient déjà leurs au revoir, pendant que les chevaux se mettent en marche doucement. Xaya voit sa famille s'éloigner petit à petit. Retenir ses larmes devient alors compliqué. Enias quant à lui, admire les visages radieux de sa sœur et de sa grand-mère. "A très vite !" pense-t-il.
Le village devient au fur et à mesure une horizon lointaine. Bientôt, ils ne verront plus la silhouette de leur village d'enfance. Enias demande alors à sa tendre amie :
- Ça va ?
- Oui... La séparation est dure mais je tiens le coup... dit-elle difficilement.
- C'est normal. Je ressens la même chose que toi...
- Houlà ! Tu es conciliant ?! Je suis dans un état aussi pitoyable ? rigole-t-elle pour détendre l'atmosphère.
Enias ne préfère pas répondre. Le rire de Xaya lui suffit pour savoir qu'elle va mieux. Il se tourne ensuite vers le paysage qui se dessine devant lui. C'est la première fois que Xaya et lui quittent Béhina. Ils sont curieux de découvrir le monde qui les attend.
Deux heures s'écoulent et ils chevauchent encore sur le sentier en terre battu. Des champs de céréales les entourent. Ils entendent quelques oiseaux hurler. La plupart sont des rapaces en quête de nourriture. Lorsque le silence revient, c'est le bruit du blé légèrement écrasé par le vent qui se dévoile au duo. Et, depuis un petit moment déjà, une odeur subtile de pin les enlace, signe qu'une forêt n'est pas très éloigné.
Presque déçu, les deux adolescents découvrent un univers très ressemblant aux alentours de leur village. Des exploitations par dizaines, encore et encore. Parfois séparé par quelques arbres ou forêts. Enias se plaint tandis que Xaya est un peu agacée. Médéric quant à lui, éclate de rire à entendre ses voyageurs s'exprimer ainsi.
- Soyez patient ! annonce-t-il confiant. C'est normal que tous ce ressemblent dans la région ! A Evarion, la géographie est particulière... Le pays est désertique du Nord jusqu'à l'Ouest. C'est pour cette raison qui fait que tout l'Est du royaume est composé de champs. Il faut bien nourrir les gens non ?! ironise-t-il
- Quelle connaissance ?! s'exclame Xaya totalement absorbée par l'explication de Médéric.
- Vous inquiétez pas ! Lorsque nous apercevrons le fleuve Alky... vous serez pas déçu du voyage ! continu-t-il
- Il y a un fleuve ?! Où ça ?! s'impatiente Enias, en train de scruter les environs, en vain.
- Ça aussi c'est normal ! Le fleuve se trouve après la colline qu'on aperçoit là-bas au loin ! réplique Médéric, moqueur.
La colline se situe à environ vingt-cinq lieux devant eux. Enias observe la montée de terre assez pentue. Elle semble si minuscule...
La route est interminable et malgré les quelques pauses de la journée, la colline n'est toujours pas atteinte. La nuit ne tarde pas à arriver. Par conséquence, le premier jour de ce long voyage se finit donc.
Xaya est éreintée. Jamais elle n'aurait cru que se déplacer en carriole était aussi rude pour le corps et l'esprit. Le bruit incessant des chevaux, qui avancent au trot, est très irritable. Elle se demande même comment Médéric fait pour le supporter autant.
La blonde s'étale sur l'herbe de tout son long. Elle regarde après l'animation qui se déroule autour d'elle. La jeune femme voit Enias réunir quelques morceaux de bois. Il les empile l'un après l'autre, pour obtenir un carré. Avec sa magie, le jeune homme tente ensuite d'allumer un feu. Après tout, la soirée risque d'être fraîche en cette période. Il réussit sans difficulté à créer une flammèche, qui embrasse aussitôt son entreprise. Enias finit sa tâche, en disposant des pierres tout autour des flammes orange, pour préserver les braises du vent glacial que la soirée promet.
Xaya admire ensuite Médéric, qui est en train de prendre soin de ses chevaux. Il les félicite pour leur travail de la journée, tout en leur donnant de douces caresses sur leurs crinières. Il les nourrit après avec un mélange de céréales de sa confection personnelle. "Il est rare de voir un homme aussi proche de ses animaux" pense-t-elle perplexe.
Il est vrai que Médéric est très différent des autres marchands. D'ordinaire, ils sont imbus d'eux-mêmes et fiers de leurs voyages. Ils sont prêts à raconter toutes sortes aventures, aussi invraisemblable qu'incroyable, juste pour vendre un de leurs biens, à un prix totalement exagéré. En effet, les commerçants jouissent d'un parler très subtil. Malheureusement, ils n'hésitent pas à s'en servir pour s'enrichir sur la naïveté de leurs clients. N'empêche, Xaya a beau continuer d'examiner Médéric sous toutes ses facettes, elle n'arrive pas à trouver de points communs avec les autres membres de sa profession.
La blonde est totalement captivée par ce qu'il fait. Son allure de noble et ses manières de seigneur ne la laissent pas insensible. De plus, toutes les connaissances que cet homme, qu'il détient sur le monde dont elle ignore tout, rende ce dernier encore plus irrésistible. D'un autre côté, son physique envoûteur n'est point totalement étranger à son intérêt portée. Il est vrai qu'elle n'avait jamais rencontré de garçon réunissant autant de qualité.
Enias observe son amis assis en tailleur sur l'herbe. Il remarque qu'elle fixe Médéric depuis un certain temps. Le comportement de sa complice est assez suspect. Le garçon croit alors comprendre ce qui se passe dans la tête de la blonde. Un sourire joueur se dessine sur son visage, un tantinet mesquin peut-être même. Il se rapproche de Xaya et met ses mains sur les épaules de celle-ci.
- Oh ! Ça ressemble à un coup de cœur on dirait ?
Xaya pousse un petit cri. Elle n'a pas entendu son ami arriver. Soudain, la blonde gifle le garçon et un sentiment de gêne l'envahit brièvement. Enias n'a pas le temps de dire un mot, lorsque sa complice part dans son coin, énervée par la bêtise de son camarade. Celui-ci la rejoint et s'excuse aussitôt.
- T'inquiète pas Enias, je me vengerai. ironise-t-elle belliqueusement.
Le brun ne pensait pas qu'elle réagirait ainsi. Il voyait juste une chance de pouvoir taquiner son amie. Pourtant, la blonde se trouve indulgente avec lui. Il sait pourtant que Xaya n'aime pas qu'on la supprenne.
Enias se frotte la joue. La jeune femme ne l'a pas raté. Celle-ci remarque la trace de main qu'elle a faite sans le vouloir. Puis tout à coup, sa colère s'évanouit pour laisser place à un fou rire.
Finalement, la soirée se termine dans la bonne humeur. Médéric raconte quelqu'une de ses aventures. Il a de quoi raconter. Cet homme pourtant assez jeune a en réalité vu beaucoup de paysage, aussi différent que fantastique. Il finit sur l'un de ses récits favoris :
- Un jour je me suis rendu à Aylid, la capitale d'Ista. Cette cité est aussi mystique que l'on raconte. C'est une ville splendide, la plus belle que j'ai vu. Elle est construite au milieu d'un grand lac. C'est incroyable à voir !
Mon séjour là-bas a été très agréable croyez-moi. Et lorsque je suis partie à l'aube quelques jours après... J'ai vu... Enfin, je me suis juste retourné pour contempler une dernière fois la ville... Et là j'ai vu un spectacle inouï ! La cité s'était enveloppée par une brume blanche. On aurait dit les ailes d'un ange qui protège son bien. C'était juste inoubliable.
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