« Les battements de mon cœur s'intensifient. Ma respiration s'accélère et se dégradent. Mon corps frisonne de tout son être. Je l'entends. Elle jaillit sans que je m'en rende compte. La foudre m'enlace progressivement. Ma magie n'a plus rien à voir avec ce que je connaissais d'elle.

Ma vision est différente. Tous me semblent ralentit tout à coup. Je le vois. Son sourire m'insupporte toujours autant. Les flammes qu'il a créées ne font plus qu'un avec lui. Il n'a plus à voir avec le Phoenix Esiaralo que j'ai affronté jusqu'alors. Je m'élance sans réfléchir. Il entreprend la même action. Mon poing se serre de plus en plus. Mon envie de gagner me dévore. J'ai oublié l'angoisse qui me submergé durant tous ce duel. Cette peur insatiable de perdre à n'importe quel moment. Je le sens au plus profond de moi comme une voix d'évangile. Elle me porte et fait disparaître mes doutes. Je peux y croire. La victoire est à la portée de poing.

Je me rapproche de lui. Il est maintenant à la porter de mon offensive. Lui aussi ne semble ne rien vouloir lâcher. Je lance mon attaque sans hésitation. Il fait de même. Je ressens la hargne présente dans son coup. C'est la dernière action de ce combat. L'instant décisif. L'instant qui marquera mes premiers vrai pas dans cette académie. Je ne peux pas échouer. Je suis transporté par ma magie qui me semble invincible. Sa joue est toute proche. Mon crocher ne peut pas le manquer.

Subitement mon corps devient plus léger. Je perds toutes mes sensations. Tout devient de plus en plus trouble. Je crois que mes pieds ne touchent plus le sol. Suis-je en train de tomber ? Ai-je alors perdu ? Je m'écroule sans en comprendre les raisons. La douleur devient soudainement omniprésente. Je n'ai plus la force de réagir.

Sans me rendre compte mes paupières se ferment. Ma conscience me quitte un bref moment. Je me surmène pour enfin réouvrir mes yeux. Je vois son visage. Un sourire neutre se dessine sur ses lèvres. Je découvre avec effroi sa frimousse sans égratignure. Il m'a battu à plate couture. Je suis lasse. J'ai perdu ma combativité. Mes yeux se ferment une nouvelle fois ».

Enias réouvre enfin les yeux. Il est surpris de découvrir la pièce où il se trouve. Il remarque les grandes fenêtres en face de lui, plusieurs lits installés devant chacune d'entre elle, quelques fioles et médicaments éparpillés sur des consoles et un grand placard marron fait en chaine à l'extrême gauche de la pièce. Le jeune homme comprend très vite qu'il se trouve à l'infirmerie de l'académie. Il a beaucoup de mal à bouger. Le silence des lieux se veut pesant. Il n'y a personne d'autre dans la salle. Le jeune Nysquiem ne comprend pas la situation.

Vraisemblablement, le jeune homme a dû passer quelques temps ici. Les cartes de bon rétablissement sur sa droite en sont la preuve. Pourtant, personne n'est à son chevet. Pas même l'infermière de l'école. Tous cela paraît de plus en plus étrange, et Enias voudrait pouvoir se lever pour en avoir le cœur net. Il se demande depuis combien de temps il est dans cette pièce. Le dernier souvenir qui lui vient en tête, est son combat face à Phoenix.

Juste se le remémorer devient une peine très lourde. Une défaite qui l'avait même hanté jusqu'à son sommeil. Enias arrive à se rappeler que les derniers instants de ce duel ont tourner en boucle dans son sommeil. Sa gorge se serre progressivement. L'amertume commence à le consumer. Il n'a point encore la force d'hurler sa détresse. Ses propres larmes semblent également l'abandonner. Un simple sanglot qui pourrait tellement le soulager.

Soudain, la porte de l'infirmerie s'entre-ouvre. Son battement d'avant en arrière montre la certaine indécision de son responsable. Cette personne hésitante vient sûrement voir Enias. Elle confirme aussi que c'est probablement un ami. « Peut-être est-ce Xaya ?! » pense le jeune homme emplit d'espoir tout à coup. Jamais il n'avait autant désiré voir sa tendre amie. Il aimerait pouvoir sentir sa chaleur, ses mots pleines de réconforts et son regard emplit de tendresse à son égard. Il est rare que Enias demande autant d'affection si subitement. Malheureusement, il sentait très nettement qu'il en a besoin. 

Le jeune homme commence à apercevoir une chevelure blonde se dessiner devant ses yeux. Il n'y a plus de doute. Ces yeux noisette ne trompent pas Enias. C'était bien elle. Xaya est venu le voir avec quelques fleurs dans la main. Sa simple présence apaise déjà le jeune Nysquiem. Tout à coup, sa gorge se dénoue, son corps se désengourdit totalement et des larmes se mettent à ruisseler sur ses joues.

Xaya est comme paralysé. Elle est surprise de voir l'état alarmant de son ami. A cet instant, tout paraît flou dans son esprit. La belle blonde n'avait jamais vu son complice de toujours comme cela. Elle est devenue incapable de réagir convenablement. La jeune Horatie lâche soudainement les fleurs qu'elle venait apporter. Elle se laisse submerger par tous ses sentiments. Elle éprouve de la joie, de la tristesse et de l'empathie. 

Xaya s'empresse d'enlacer le cou d'Enias. Elle le serre de toute son inquiétude. La situation actuelle n'était pas le seul prétexte. En effet, elle voulait le prendre ainsi depuis sa lourde défaite. Elle a toujours été la mieux placé pour adapter son comportement aux sentiments du jeune homme. Ici, elle savait que l'épauler sera important. Xaya l'avait vu pendant le duel. Son regard confiant et déterminé, sa bouche prête à hurler sa joie, ses quelques tremblements imperceptibles démontrant toute son excitation. Tous ces petits détails qui lui avaient fait bien comprendre que Enias croyait pleinement en sa victoire. Perdre dans un tel état d'esprit a dû être très dure pour lui.

Enias n'hésite pas à serrer son amie contre lui. Il transmet alors sans le vouloir tous son désarroi. Hélas, c'était la seule solution. Une amie précieuse est tellement nécessaire dans cette situation. Il peut enfin pleinement hurler son dégout. Le jeune homme se libère des chaînes de ses tourments.

Une fois Enias devenu plus calme, Xaya tente de le consoler. Elle le prévient tout d'abord de sa réussite à l'évaluation. Elle continue en disant que sa performance a marqué toute l'académie. Elle finit même par dire qu'il est devenu le principal sujet de conversation des étudiants. Après tous son pouvoir est très loin d'être anodin. Être un utilisateur de la foudre est quelque chose de remarquable. Néanmoins, Enias ne semble pas réagir à toute ces bonnes nouvelles. Il essaie changer de sujet étant lassé d'entendre parler de lui :

- Et toi comment s'est déroulé ton évaluation ? demande-t-il sur ton détaché.

- J'ai également réussi... répond Xaya sans trop s'attarder sur les détails

- Et tu as affronté qui ? Est-ce que tu as gagné ou perdu ?

- J'ai affronté Béa Lùos-Enrèl... une des plus fortes filles de notre promotion. Et... Xaya devient brusquement hésitante. Après un combat durement mener... j'ai fini par... l'emporter.

Enias met marque un temps avant de répondre d'une voix calme et franche :

- Part s'il te plaît. J'ai besoin d'être seul...

Xaya part sans dire un mot. A vrai dire, elle se doutait un peu de la possible réaction d'Enias en apprenant pour son combat. Cependant, elle ne pouvait pas se résinier à lui mentir pour le préserver. Après autant d'année de complicité, la vérité était de très loin la meilleure solution d'entre toutes. Par respect de la décision d'Enias, Xaya quitta l'infirmerie sans lui adresser un dernier regard de bienveillance. Celui-ci aurait pu être mal interpréter.

La belle blonde referme la porte, et s'écroule de tout son poids sur celle-ci. Elle soupire longuement avant de retenir une larme. Elle n'a plus besoin d'être forte a présent. Xaya peut laisser libre court à sa personnalité émotive. Pendant ce temps, Enias est perdu dans ses pensées. Il est à la fois partagé par de la colère et de la joie. Il ne sait plus quel sentiment éprouvé. 

Le jeune homme est sincèrement heureux de l'accomplissement de Xaya. Malheureusement, la jalousie vient semer le doute dans son esprit. Elle essaie de faire fermenter une colère durable et légitime dans sa tête. Celle-ci déjà fragilisé par les événements récents de la veille.