~ Un amour sans frontières ~
J'avais mal, si mal après la mort de mon maître. Ils avaient tous été massacrés, tous les uns après les autres, par les mains de voleurs. Seule la fille de mon maître, la petite Sinclair avait survécu. Moi je n'étais pas là ce jour-là, j'étais ailleurs, quelque part mais pas là-bas. Je n'étais pas à l'endroit où était ma place, je n'ai pas pu sauver mon maître, quel piètre serviteur je faisais. Cette souffrance, je n'en pouvais plus. Elle me déchirait le cœur à la manière d'un poignard, c'est dans cette tristesse et alors que je me recueillais sur la tombe de mon maître qu'il est apparu, vêtu de son armure brillante comme de l'argent, Albus, le chevalier blanc. Une Chain comme il en existe des centaines.
Il était là à me regarder, je ne pouvais pas voir ses yeux ainsi cachés sous son casque, mais je sentais qu'il m'observait. Son espadon miroitait sous la lumière, je ressentais sa grande force lorsque je regardais cette majestueuse arme. C'est par cette rencontre, ayant soif de vengeance, que j'avais passé un contrat avec lui, devenant un contractant illégal.
Dès lors, tel un fantôme impitoyable, je tuais. Chaque nuit, je tuais de pauvres personnes, guider par ma colère et mon envie de vengeance. J'étais le « fantôme aux yeux rouges », tuant sans aucune pitié.
116 personnes.
J'ai tué pas moins de 116 personnes avant que l'aiguille de mon sceau fasse le tour complet.
J'ai été emmené, traîné, engouffré par l'Abysse et projeté directement dans une chambre de ce que je compris plus tard comme étant la chambre de la Volonté de l'Abysse. C'est à cet instant que je l'ai rencontré pour la toute première fois. Cette jeune fille mystérieuse que tout le monde veut s'emparer.
À première vue, celle-ci n'était pas si exceptionnelle, pas si belle. Elle n'avait que de grands cheveux blancs aux reflets bleutés et d'étourdissants yeux mauves. J'en avais vu d'autres et puis, je n'étais pas ici pour admirer cette fille. Mais je compris bien plus tard que son souvenir n'était pas si simple a oublié. C'est également à ce moment que je perdis mon œil gauche au profit d'une autre Chain, du nom de Cheshire.
Dans cette pièce où j'avais été envoyé, je n'y étais pas seul. Il y avait Vincent et Gilbert aussi, mais je ne m'en préoccupais pas. Lorsque l'enfant maudit avais commencé à jouer de manière sadique avec les sentiments de la Volonté de l'Abysse, contraignant celle-ci à détruire cette salle dans laquelle j'étais, j'ai su que je devais agir et utiliser cette situation à mon avantage. Je profitais de sa faiblesse, mais je n'en avais que faire. Je lui avais demandé alors une chose toute simple, presque innocente : change le passé.
En échange, j'acceptais d'exaucer l'un de ses souhaits, n'importe lesquels. Elle me demanda une chose étrange : de ne plus être là Volonté de l'Abysse et de sauver Alice. Cependant je compris à mes dépens que ces deux vœux n'allaient pas pouvoir être réalisés.
Le passé ne pouvait être changé, et lorsqu'on le modifiait, les conséquences étaient toujours à attendre. Je revins à la surface avec en main un nouveau contrat avec une Chain, légal cette fois. Il s'agissait de Mad Hatter, une Chain offerte par cette jeune fille afin m'aider à accomplir son souhait puisqu'elle pouvait anéantir toute chose venant de l'Abysse.
À mon retour, 30 ans avaient passé. Le monde avait changé, les choses n'étaient plus ce qu'elles étaient, mais certaines choses restaient telles qu'elles étaient, même lorsque l'on essayait de les changer. Ainsi j'apprenais que mon maître avait bien survécu au massacre mais qu'il était mort 4 ans plus tard et que la petite Sinclair survivante n'avait quant à elle, pas survécue à cette modification du passé. J'avais tout perdu, dans ma soif de changer les choses, je les avais empirées. Le temps n'est pas une horloge que nous pouvons aisément remonter sans en subir les conséquences.
J'avais atterri devant la porte menant vers l'Abysse du manoir des Rainsworth, accueilli par Shelly et sa fille Sharon. Je n'étais que haine, vengeance, rage et colère lorsque je les ai rencontrées. Haineux envers cette fille qui m'avait trahie, elle n'avait pas réalisé mon souhait, mais j'avais encore l'attention de réaliser le sien. C'est par cette femme, la mère de Sharon que je devins un homme bon et capable de sourire sincèrement. Elle m'avait changé, changé ce qui était pourtant bien ancré dans mon être.
Je n'étais pas que haine et colère, cela, cette femme l'avait comprit et je lui en serais éternellement reconnaissant. Cet événement, cette chute dans l'Abysse, cette rencontre avec celle-ci appeler Alyss, avec le temps, je pensais pouvoir l'oublier ; mais il n'en était rien.
Son souvenir me restait, ses larmes surtout. Elle semblait si triste, si anéantie, alors dans ses moments de rêverie, je souhaitais voir son sourire. Peu à peu, sa présence devenait obsédante. J'avais l'impression que j'emportais son image partout où j'allais. Je n'en parlais à personne, gardant secret ce que je pensais. Je ne disais pas que mon esprit était envoûté et charmé par cette fille que je n'avais aperçu qu'une seule fois.
Je voulais la comprendre, savoir ce qui la rendait triste et d'un sens, la rendre heureuse. Un peu de la même façon qu'Oz souhaitait le faire avec Alice que j'allais rencontrer plus tard. Son souhait restait gravé au fer rouge dans mon esprit et mon cœur s'en retrouvait souffrant. Pour ne plus être la Volonté de l'Abysse, elle m'avait confié Mad Hatter, elle souhaitait que je la fasse disparaître. Mais comment s'y résoudre ? J'étais tellement obsédé par ce désir de comprendre que je voulais la rejoindre, revenir vers elle. Mais comment atteindre celle qui contrôlait ce monde ? Je l'avais déjà rencontré une fois grâce à Albus, mais là, je n'avais aucune porte me menant vers elle.
Le temps passait, et cette envie en moi grandissait, comme un feu, elle me consumait. Ma santé aussi allait en détériorant, subissant les conséquences de ma vie passée et celle de mon contrat avec Mad Hatter. Pourtant, je continuais ma quête, trouver un moyen de la revoir.
Plus je le désirais, et plus la détermination d'accomplir son souhait disparaissait en moi. La faire détruire, c'était la perdre, je ne souhaitais pas cela. Il n'y avait aucune raison à cela, juste ce désir et cette envie irrépressible de revoir celle qui m'était apparue comme une apparition. Celle même pour qui j'avais développé de la haine, je voulais la revoir. La revoir pour des raisons qui m'échappaient encore, mais aussi pour m'excuser car elle n'avait fait qu'exaucer ce souhait égoïste que je lui avais formulé. Mais on ne peut changer le passé, pas même lorsque l'on est la Volonté de l'Abysse.
Cela, je l'ai compris bien plus tard, lorsque la colère s'était apaisée pour laisser place au pardon et à la sagesse. Cette fille, je trouvais qu'elle me ressemblait. Pourquoi ? Allez savoir. Mais son regard semblait si triste, si seul... Comme je l'étais, avant que je ne rencontre ces personnes merveilleuses que sont Sharon, Reim, Gilbert, Oz et Alice pour ne citer qu'eux. C'est pour cela que je voulais la revoir, pour lui tendre la main. Une main amicale, bienveillante, protectrice et lui dire, qu'elle n'était plus seule. Mais aussi parce que mon cœur avait le caprice de revoir celle qui me hantait.
Finalement, ce fut par une situation incongrue que je parvins à la retrouver. J'avais été emmené avec Alice dans la dimension du chat du Cheshire, l'ami d'Alyss. Il s'agissait d'une dimension parallèle créée par l'un des souvenirs d'Alice, le chat le gardait précieusement. Ce souvenir, je le convoitais depuis longtemps. Il représentait la vérité sur la Tragédie de Sablier. Je ne pouvais imaginer, ou même simplement penser que cette simple clochette qui conservait cette vérité que je convoitais avidement allait me permettre de revoir celle que je désirais ardemment revoir.
Nous avions été séparés Alice et moi, je me retrouvais simplement seul avec Cheshire. Lui et moi avons commencé une bataille dans laquelle je m'étais retrouvé quelquefois plongé dans des souvenirs passés. La suite des événements serait difficile à expliquer, mais l'essentiel avait été que j'étais parvenu à chaparder le trésor que gardait le chat. J'avais enfin en main cette toute petite clochette qui a elle seule, recelait toute la vérité sur le drame d'il y a 100 ans.
Je fus plongé à Sablier, le jour de cette fameuse Tragédie. Je voyais toute la vie à feu et à sang. Il s'agissait de visions horrifiques et terrorisantes. Je harpentais ce souvenir, bien décidé à avoir des réponses lorsque je fus englouti, comme une partie de la ville dans les tréfonds de l'Abysse. Comme j'avais pu le constater ultérieurement grâce à Alice, certains souvenirs pouvaient interagir avec nous alors que d'autres restaient simplement des images d'un évènement passé. Moi j'avais atterri dans l'un de ceux qui interagissent avec les vivants.
Ainsi, sans comprendre pourquoi ni comment, je m'étais retrouvé 100 ans en arrière, plongé dans l'Abysse. Cette chute me mena tout droit vers Alyss elle-même. Je n'aurais su expliquer ce que j'avais ressenti à ce moment-là. Après plusieurs années, je la revoyais, là maintenant, dans un évènement passé. Pourtant elle me semblait bien réelle, bien présente. Cette fille était intemporelle, elle était à la fois le passé, le présent et le futur de cette dimension. Dans tous les cas, c'était la sensation que j'en avais. Elle me regardait de ce même air souffrant alors que d'un seul coup, elle s'était mise à hurler. Son cri me déchira les tympans, mais pire que cela, me détruisait le cœur. Je ne pouvais supporter de la voir souffrir de la sorte et c'était ainsi que je m'étais empressé de l'enfermer dans mes bras en la voyant se tirer les cheveux. Alyss se débattait, hurlait, pleurait, jamais je ne l'avais vu ainsi. Ses yeux semblaient perdus alors qu'ils se posèrent sur moi. Elle semblait me reconnaître et me répétait son souhait encore et encore : sauver Alice et la libérée de son statut de Volonté de l'Abysse. Simplement, je ne le souhaitais pas et m'étais mis à hurler que la seule que j'allais sauver, c'était elle. Cette phrase était sortie toute seule, elle semblait stupide mais reflétait à merveille ce qui animait mon cœur. Je l'ai vu alors empli d'incompréhension, mais je m'en fichait, cette dernière avait arrêté de pleurer. D'une voix brisée, elle répétait mon prénom, mon vrai prénom : Kevin.
Je la berçais lentement, alors que sa voix s'était mise à articuler le prénom par lequel on m'appelait désormais : Break. Et moi je lui répétais que j'étais là alors que mes yeux voyaient cette pièce se briser comme ce qui s'était passé lors de notre première rencontre. Ce souvenir commençait à ce détraqué, à ce briser. Le présent et le passé se côtoyaient, c'était mal, très mal même. Cependant, voilà, je la tenais dans les bras, et je n'avais pas l'attention de la lâcher. Le bracelet avec la clochette que j'avais nouée à mon poignet commençait à disparaître en cendres. Bientôt j'allais me réveiller hors de ce souvenir, je me décidai alors à lui dire tout ce que j'avais voulu lui dire toutes ces années. Je lui promis qu'elle ne serait plus jamais seule, je lui disais tout cela alors que le souvenir se craquelait. Je lui promettais de ne jamais lui lâcher la main et, finalement, je lui avais avoué mon incapacité à satisfaire son vœu pour une raison toute simple. Une raison qui n'avait pas nécessairement besoin de mots pour s'exprimer. Je l'avais regardé en douceur avant de l'embrasser. Cet acte pour toujours me marqua et pour toujours changea ma vision que je m'étais faits, mais voilà, c'était ainsi. Cette raison qui m'avait toujours échappé durant toutes ces années se dévoilait à moi sous la forme de ce baiser. Avec celui-ci, le souvenir disparu mais mon baiser avait tout le goût d'une promesse.
À mon réveil, j'étais dans l'herbe, couché sous un pommier, un chapeau sur la tête. Le trésor du chat avait disparu. Ce jour-là, j'avais perdu le seul et unique moyen de connaître un jour la vérité sur la Tragédie de Sablier, mais j'avais aussi obtenu une chose bien plus importante que cela. Une chose qui me surprend encore aujourd'hui, je l'avais elle.
Depuis ce jour, depuis ce fameux jour, je reviens la voir, trouvant tous les prétextes possibles pour sombrer dans l'Abysse, m'aidant parfois de la Chain de Gilbert ou de tout ce que je pouvais trouvé, allant même jusqu'à passer par les portes menant vers l'Abysse. Mais je reviens, toujours je reviens, pour elle, parce que je l'aime.
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Voilà ^^ Désolée du retard mais j'espère que cette fiction sur l'amour impossible de Break et de Alyss vous a plu ^^
Je mêle faits réels appartenant au manga, et des choses imaginaires appartenant à mon esprit. J'espère toutefois que cela vous à plu^^ J'en suis plutôt fière ^^
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