Intrigues

Dans les années qui suivirent l'obtention de leur diplôme à Poudlard, les chemins d'Albus et Scorpius ne furent plus amenés à se croiser une seule fois.

Albus intégra immédiatement le Ministère de la Magie en tant que secrétaire et greffier pour les audiences du Magenmagot. Son nom et l'influence de son père auraient facilement pu lui garantir le poste d'assistant personnel du Premier Ministre dès son arrivée, mais Albus avait mis un point d'honneur à gravir les échelons de lui-même et par son seul mérite. En parallèle, il suivit des études de droit magique et devint bientôt avocat, avant d'intégrer le Magenmagot lui-même.

A cette époque-là – quatre ou cinq ans après Poudlard – tous s'accordaient à dire qu'Albus Potter était un jeune homme brillant, charismatique, exceptionnellement intelligent, et amené à tenir une grande place dans l'avenir du pays. Il était jeune, dynamique, fortuné, célèbre et influent... Petit à petit, Albus Potter s'éleva irrésistiblement dans l'horizon de la politique sorcière, et ceux qui le regardaient faire étaient alors sans méfiance. Car Albus était le fils d'Harry Potter après tout, pas vrai ? Quel danger pouvait-il y avoir ?

D'autres, cependant, remarquaient déjà quelques signaux d'alarme.

Albus ne fut pas le seul à se lancer en politique. Un autre le suivit rapidement dans cette voie : Hugo Weasley. Hugo n'avait plus jamais été le même après ce soir où ses actes l'avaient porté plus loin que sa raison, et où il avait failli violer Scorpius. Quelque chose s'était brisé en lui cette nuit-là. La prise de conscience de trop, peut-être... Nécessaire, mais trop tardive, trop vaine. Hugo s'était réveillé le lendemain matin avec la certitude qu'il avait failli commettre un acte horrible, et que plus jamais, jamais Scorpius ne le regarderait de la même façon. S'il y avait un jour eu un infime espoir de pardon entre eux – juste de pardon, pas même de romance – elle s'était définitivement envolée. Une fois encore, Hugo avait gâché toutes ses chances, et tout ce qu'il pouvait faire désormais, c'était pleurer, pleurer sans le moindre espoir de bonheur à l'horizon, avec en prime le poids de ses erreurs...

Scorpius avait quitté l'école dès le lendemain, achevant de le mettre à terre. Hugo ne l'avait revu qu'une seule fois : le jour des examens, mais Scorpius n'avait pas rencontré son regard. Au commencement de sa septième année, alors que les Malefoy avaient disparu dans la nature et qu'Albus intégrait le Ministère, Hugo, lui, s'était résolu à prendre des décisions pour son avenir. Il s'en voulait terriblement. Il savait qu'aucun pardon ne l'attendait sur cette Terre : lui-même ne se l'accorderait pas. Mais il savait aussi qu'il ne pouvait pas continuer à vivre avec cette culpabilité sur les épaules, sans rien faire pour y remédier. Alors, Hugo avait décidé de faire amende honorable. Même pas de se racheter, même pas de se repentir – parce que cela lui semblait impossible. Simplement faire le bien autour de lui. Faire ce qui lui semblait juste. Mener une vie de vertu, en paiement de ses crimes...

Hugo intégra le Ministère un an après Albus, au département de la Justice Magique. Lui-même avocat puis membre du Magenmagot, il fut amené à fréquenter souvent Albus, et observa son irrésistible ascension de loin, comme on observe un météore se rapprocher dangereusement de la Terre...

Hugo faisait partie de ces rares politiciens à voir en Albus Potter une source d'inquiétude. Pas encore de danger, mais bel et bien d'inquiétude. Albus était trop ambitieux. Trop charmeur, trop idéaliste, trop passionné, trop déraisonnable. Dans sa façon d'être, il parlait et se comportait comme s'il ne souffrait pas qu'on lui dise non, comme si l'idée même que ses propositions soient rejetées était une aberration. Albus pensait que le monde lui était destiné et ne demandait qu'à lui tomber dans les bras. A vingt-trois ans, il entra à la législature chargée de la rédaction des projets de loi, et là, pour la première fois, Hugo osa donner libre cours à ses angoisses plus sombres.

Il était l'un des seuls à avoir remarqué, en suivant la carrière d'Albus avec attention, toutes ces petites remarques et sous-entendus que le jeune homme plaçait parfois dans ses discours. Albus se présentait comme un rebelle et un réformateur. Il souhaitait une refonte totale du Ministère de la Magie, avec notamment l'abolition de mesures phares comme le système de passe-droits et de privilèges accordés aux grandes familles et aux héros de guerre (que lui-même avait refusés), la discrimination à l'égard de certains groupes sociaux (notamment les familles des anciens Mangemorts, et les sorciers issus de la maison Serpentard), la suprématie des sorciers sur le reste du monde magique, et l'oligarchie institutionnalisée à travers le Premier Ministre et le Magenmagot. Il dénonçait la corruption, les pots-de-vin, l'injustice banalisée et le caractère extrême de certaines lois, et surtout, surtout, la souveraineté d'un seul et unique parti politique, incarné par la personne du Premier Ministre, sans séparation des pouvoirs, sans limitation de mandat, sans élections et sans diversité politique.

Toutes ces choses, Albus ne les énonçait pas clairement, bien sûr. Il avait trop de subtilité et trop besoin d'alliés pour s'attaquer frontalement au Ministère alors qu'il venait à peine d'entrer dans l'arène. Mais ses remarques, parfois, l'orientation de certaines de ses lois, et ses critiques à l'égard de l'ancien système ne passaient pas inaperçues aux oreilles d'Hugo. Pour la Gazette du Sorcier et le reste de la population, cela faisait d'Albus Potter un leader un peu excentrique, un brin insolent, tel un enfant bravache que l'on ne peut s'empêcher de trouver irrésistible, sans voir le danger. Mais Hugo, lui, voyait le danger. Sur le papier, il était parfaitement d'accord avec certaines idées d'Albus, bien sûr. Lui aussi était scandalisé par les injustices dont étaient frappées les familles des anciens Mangemorts – d'autant plus après tout ce qu'il avait fait subir à Scorpius. Lui aussi avait conscience que le Ministère de la Magie n'était pas démocratique, et que Kingsley Shacklebolt était maintenant en place depuis plus de trente-et-un ans. Lui aussi détestait le système de passe-droits qui voulait qu'un Weasley avait dix fois plus de chance de finir haut-gradé que n'importe quel autre quidam issu d'une autre famille de sorciers.

Ce n'étaient pas les idées d'Albus qui lui déplaisaient, non : c'étaient ses méthodes. Albus agissait insidieusement mais violemment, tel un serpent. En surface, il ne faisait pas de vagues : il dinait avec le Ministre et occupait son poste tel un fidèle petit rouage. Mais par devers lui, Albus commençait à attirer de plus en plus de partisans, des gens de tous milieux et de toutes origines magiques, qu'il conviait à des réunions où ses opposants du Ministère n'étaient pas invités. Loin d'engager un débat sain et nécessaire, donc, Albus Potter agissait en secret, comme un prédateur qui rassemble ses forces et attend dans l'ombre. Petit à petit, Hugo commença à le soupçonner de pousser à la violence : des tensions se firent sentir au sein de la communauté magique, des voix qui depuis toujours étaient restées silencieuses s'élevèrent : certaines au nom de l'égalité des espèces, certaines au nom de l'égalité des droits. Des idées très louables, mais proférées avec une violence et un fanatisme dangereux.

Albus avait toujours été un fin manipulateur. Il savait que tous ces gens auxquels il s'adressait avaient accumulé en eux le fruit d'une très longue frustration. Qu'il leur apparaitrait comme le premier et unique sorcier à s'intéresser à eux, à les comprendre, à se dresser comme leur porte-parole... Leur sauveur, en somme. Il savait que ces gens le porteraient aux nues, tomberaient en adoration devant lui et feraient n'importe quoi pour le servir.

Très vite, Albus fut donc entouré de sa petite armée. Et Hugo ne fut pas surpris lorsqu'à vingt-quatre ans, il fit sécession du Ministère de la Magie pour fonder son propre parti.

Le choc au sein de la classe politique fut terrible. Depuis sa création au XVIIIe siècle, le Ministère de la Magie avait toujours fait front uni, et il n'avait jamais, jamais été question d'un second parti, d'un parti d'opposition. L'idée même semblait inconcevable. Et pourtant, Albus déclara publiquement ne plus se sentir en accord avec les principes mis en place par le Ministère, et se présenta dès lors comme un politicien indépendant, appelant le peuple à le rejoindre, et à solliciter un scrutin démocratique.

Kingsley Shacklebolt ne se releva jamais de ce coup d'éclat. Touché au cœur par un de ses plus fidèles partenaires, un garçon qu'il avait connu étant enfant, le fils d'Harry Potter, il s'affaiblit et se retira peu à peu de la vie politique. Sa fonction ne fut bientôt guère plus qu'un titre honorifique, et d'autres défendirent l'unité du Ministère de la Magie en son nom.

Hugo fut de ceux-là. Hugo n'aimait pas l'aura de vénération et de popularité qui se dessinait autour d'Albus. Pas à cause de leurs rancœurs d'enfants, pas à cause de leur passif avec Scorpius, non, mais parce qu'Hugo connaissait son cousin, tout simplement. Là où tous voyaient un libérateur et de belles paroles, Hugo voyait un conquérant qui construisait sa propre légende. Hugo voyait un politicien diaboliquement charismatique, qui invitait les gens à leur remettre leurs vies sur un plateau d'argent, et les gens s'exécutaient. Albus était sans aucun doute convaincu du bien-fondé de son combat, à la base. Mais Hugo le soupçonnait très fortement de s'être perdu en chemin. Déjà à Poudlard, il avait pris goût au pouvoir et à l'influence qu'il lui conférait. A présent, tout ce qu'il faisait n'était pas réellement motivé par une cause juste. Albus ne voulait pas défendre la veuve et l'orphelin, libérer les faibles et les opprimés, offrir un monde plus juste à la communauté, non : Albus voulait changer le monde à son image, et le gouverner.

Quelques fois, alors qu'il regagnait sa petite vie austère où il vivait seul avec ses trois chats, Hugo se demandait s'il n'exagérait pas la situation. Si la méfiance, le mépris et la rancœur qu'il avait toujours nourris pour Albus ne l'empêchaient pas d'être objectif. Et puis, il relisait une coupure du « Nouveau Sorcier », le journal fondé par le parti d'Albus, et il se disait que non, il ne se trompait pas : Albus incitait bien à la révolution, et sous couvert de cette idée chevaleresque et romantique, il enjoignait en réalité à la haine, à la violence et à une prise de pouvoir sanglante et brutale.

Albus avait soigneusement placé ses pions : il avait ses alliés, officiels ou non, ses taupes, ses espions, ses soutiens d'influence... Il avait même épousé Charity Scrimgeour, une femme aussi redoutable et charismatique que lui, qui le faisait profiter de sa fortune et des relations de son père.

Oui, Albus avait réellement adopté l'art d'user du système tout en le détruisant de l'intérieur, d'exercer exactement la bonne pression là où il le fallait et sur qui il le fallait, pour parvenir à ses fins...

Un an après sa déclaration de guerre, les premiers troubles sérieux firent leur apparition. L'opinion publique était terriblement divisée, entre un Ministère de la Magie croulant, accablé par les critiques, englué dans les scandales de corruption révélés par les proches d'Albus, et ce nouveau jeune leader dynamique, qui semblait proposer la solution miracle à tous leurs problèmes...

Il y eut des manifestations, pour appeler à un vote et à la destitution du Ministre. Il y eut des révoltes : certaines anciennes familles de Mangemorts refusèrent de se soumettre une seconde de plus à leurs restrictions, et il y eut les premiers morts...

Ces morts, Hugo savait qu'Albus les avait voulues. A présent que le sang avait été versé, la guerre civile était déclarée. Albus avait trop d'ennemis pour demeurer exposé : il déménagea avec sa femme et son entourage proche dans un lieu secret, et continua à faire des apparitions publiques, aussi tumultueuses qu'inopinées. Toutes ses mises en scène étaient toujours soigneusement dosées : il encourageait le peuple dans ses efforts pour se faire entendre, il était l'homme du peuple, debout à leurs côtés, il promettait de ne jamais les laisser tomber et de ne pas céder aux tentatives d'intimidation dont il faisait l'objet...

Albus se posait en héros et en martyr, et cela marchait.

Hugo vit peu à peu le Ministère se déliter. Ses collègues démissionnaient pour fuir les scandales, d'autres partaient rejoindre publiquement Albus. Dans cette situation, alors qu'il sentait comme des sables mouvants se dérober sous ses pieds, Hugo décida soudain d'élever la voix et de jeter toutes ses forces dans la bataille. Il convoqua ceux du Ministère qui désiraient encore s'opposer à Albus, et leur fit part de ses inquiétudes. Il ne fut pas entendu. Les adversaires d'Albus étaient de vieux dinosaures fidèles à Shacklebolt, désireux de vaincre uniquement pour préserver leur pouvoir et leur réputation. Ils étaient coupables des scandales dans lesquels Albus les impliquait, et Hugo se désespérait de n'avoir qu'eux comme alliés. Mais il n'avait pas le choix.

Seul contre tous, Hugo se posa donc en porte-parole de l'opposition d'Albus. Son nom connu alors une popularité spectaculaire, mais pas forcément en bien. A vingt-cinq ans, Hugo se retrouvait à devoir parler au nom d'un Ministère qui cautionnait l'injustice, la discrimination et la corruption. Hugo ne soutenait aucune de leurs idées. Mais il devait rester avec eux, parce qu'ils formaient le seul rempart qui se dressait encore entre Albus et le pouvoir. Et si Albus accédait au pouvoir...

Hugo pensait sincèrement qu'ils auraient échangé une dictature contre une autre. Une dictature pire encore, car Albus ne se laisserait jamais délogé comme Shacklebolt l'avait été, jamais. Si Albus posait un pied dans le bureau du Premier Ministre, il serait empereur à vie, empereur. Et plus rien ni personne ne l'empêcherait de faire tout ce qui lui passait par la tête... Un homme capable de provoquer une guerre civile pour servir ses fins devait être combattu.

Alors, Hugo combattait. Albus l'amenait régulièrement sur le terrain du débat public et l'y affrontait. Malheureusement, Hugo se savait être infiniment moins retors, moins bon orateur, moins charismatique que lui. Sa culpabilité l'avait amené à choisir une vie recluse, stricte et austère, ce qu'Albus était loin d'ignorer et tournait à son avantage, pour se moquer de lui et le discréditer. Porte-parole du vieux Ministère, Hugo incarnait par définition un projet qui ne pouvait pas séduire. Mais malgré tout, à son niveau, il tentait d'éveiller les esprits. Il soulignait tous ces moments, toutes ces remarques où Albus avait laissé transparaitre un fanatisme, une ambition ou une mégalomanie dont il fallait se méfier. Il appelait à la modération, à la prudence. Il se faisait la voix de la raison, mais l'auditoire, comme toujours, préférait le grand et sulfureux Albus, qui enjoignait aux idéaux et aux changements, à l'action, ici et maintenant. Hugo avait conscience de s'être engagé dans un combat perdu d'avance. Mais il continuait malgré tout. Il fallait bien que quelqu'un le fasse. Il ne pouvait pas, en son âme et conscience, abandonner le pays à Albus en sachant très bien ce qu'il risquait de lui faire...

Ces tensions avaient laissé une trace indélébile sur leur famille. Albus, que ses idées radicales avaient brouillé avec presque tout le monde, vivait loin d'eux et traitait Hugo comme un adversaire rasoir, rébarbatif et ridicule. Hugo, lui, s'était coupé de tous volontairement. Personne ne pouvait comprendre ce qu'il y avait en lui ni pourquoi il faisait ce qu'il faisait. Personne ne pouvait comprendre qu'il s'était juré d'être un homme de bien, et qu'Albus, lui, s'était voué au danger qu'il avait toujours perçu en lui. Ses disputes avec Harry Potter étaient célèbres... Pourtant, Hugo avait l'impression dernièrement que même Harry Potter se laissait séduire par les idées de son fils. Jusqu'ici, comme Hugo, il s'était montré réticent vis-à-vis de ses méthodes. Mais Albus restait son fils, et il parlait de choses qui avaient scandalisé Harry toute sa vie, et ainsi, peu à peu, il entrainait son père dans sa sphère d'influence. Si Albus avait Harry avec lui...

De son côté, Scorpius vécut huit années très différentes en Hongrie. Drago avait violé la loi sorcière en quittant le pays en tant qu'ancien Mangemort, et Katie était de ce fait devenue sa complice : aussi tous les trois savaient qu'ils devaient demeurer discrets et que Drago ne pourrait plus jamais, jamais retourner au Royaume-Uni. Pour Scorpius, c'était différent : la loi ne lui interdisait pas de se rendre à l'étranger, mais d'y travailler. C'est pourquoi Scorpius consacra deux années à chercher ce qu'il pourrait bien faire de sa vie. Il suivit quelques cours dans des universités Moldues, puisqu'il n'avait pas le droit de faire d'études sorcières, mais la magie lui manquait. Alors, ce fut son père qui trouva la solution. Son père qui à Londres avait dû se reconvertir dans la fabrication de balais pour continuer à exercer son art. Il y avait un domaine similaire auquel Scorpius pouvait s'initier...

Sans plus hésiter, Scorpius devint apprenti auprès de Janos Kakosy, célèbre fabriquant de baguettes hongrois. En tant qu'apprenti, il ne travaillait pas à proprement parler, et ne faisait pas non plus d'études supérieures : aussi respectait-il donc la loi. Il se surprit très vite à aimer ce qu'il faisait : les baguettes étaient l'une des formes de magie les plus anciennes qui soient, et Scorpius avait toujours rêvé d'étudier les vieilles formes de magie... C'était le plus près qu'il pouvait s'approcher de son rêve.

A Budapest, Scorpius mena une vie calme, essentiellement remplie d'art et de réflexion. Drago et Katie vivaient non loin de chez lui, sous une fausse identité, et trouvaient le moyen d'être heureux. De loin, de très loin, Scorpius suivait ce qui se déroulait au Royaume-Uni, et l'ascension fulgurante d'Albus...

Scorpius ne savait pas réellement quoi en penser. Tout en lui voulait se forcer à détourner le regard, à ne pas s'en préoccuper, à ignorer son ancien ami et sa destinée... Mais il n'y parvenait tout simplement pas. Albus était comme une tique implantée sous sa peau, qui drainait son attention... Il n'arrivait pas à le chasser de son esprit. Sans le savoir, il partageait les inquiétudes d'Hugo : lui aussi avait toujours deviné en Albus une noirceur dont lui-même n'était pas conscient, une propension à la manipulation, à la ferveur et à l'emportement qui pouvait lui causer du tort, à lui et aux autres... Depuis Budapest, Scorpius observait en silence Albus grimper les marches vers le pouvoir, et il ne savait s'il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter. Mais dans le fond, ça n'avait pas de réelle importance, pas vrai ? Scorpius ne se trouverait plus jamais mêlé aux combats d'Albus.

C'était avant que Scorpius ne décide de revenir à Londres, après huit années passées en Hongrie. Pourquoi ? Par défi, peut-être. Scorpius estimait que la situation s'était un peu tassée pour lui maintenant. Le monde était trop préoccupé par Albus pour se soucier de lui. Il pouvait revenir et enfin revendiquer le droit de vivre sur sa terre natale, sans se cacher...

Mais surtout, Scorpius avait reçu une lettre. Une lettre qui l'enjoignait à revenir s'il le désirait. Une lettre qui lui garantissait une place comme apprenti chez Ollivander, et même la boutique, lorsque celui-ci se retirerait... Scorpius avait été extrêmement saisi par cette lettre. Celui qui l'avait écrite était le dernier homme auquel il s'attendait à avoir affaire. Et pourtant... Scorpius avait dit oui. Scorpius était revenu et au bout de six mois d'apprentissage, Ollivander lui avait confié sa boutique, comme promis. Légalement, puisque la loi lui interdisait de posséder un commerce, c'était l'auteur de la lettre qui l'avait rachetée. Mais Scorpius y travaillait comme s'il en était le maître, et ne rendait de comptes à personne.

Il aimait sa vie à Londres. Son retour avait soulevé quelques murmures, mais, comme avec son père, les gens s'étaient pressés par curiosité dans sa boutique. Encouragés par la publicité que lui faisait Ollivander lui-même, ils avaient même développé un certain respect à son égard, mêlé de crainte. A présent, Scorpius se faisait l'effet d'être le Rogue du Chemin de Traverse : tous le connaissaient, le craignaient et le respectaient, sans vraiment savoir quoi penser de lui. Cela lui suffisait. Scorpius n'avait aucunement besoin de leur sympathie.

Sa vie s'écoulait tranquillement, discrètement, comme il l'avait toujours voulu. Finalement, ce futur qu'il s'était taillé n'était peut-être pas aussi horrible que ce qu'il imaginait en quittant Poudlard... Et puis, une nuit, à deux heures du matin, Albus Potter arriva.

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Bonjour ami lecteur,

J'espère que ce petit chapitre d'ellipse t'a plu : maintenant, retour au présent et aux choses sérieuses. Si tu ne l'as plus très bien en tête, je t'encourage à relire le premier chapitre, qui raconte les retrouvailles d'Albus et Scorpius dans la boutique de baguettes.

A bientôt pour plus d'intrigues...

Natalhea

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