Bonus

Dans le cadre de mes nouvelles de Noël 2018, je publie ici un chapitre bonus destiné à @Foonel et @timfromdetroit , qui souhaitaient connaitre le destin d'Albus, Scorpius et Hugo après le dernier chapitre. 

Enjoy ;D

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Deux ans plus tard

- Monsieur le Ministre ! Monsieur le Ministre !

Sous les flashs des journalistes, Scorpius Malefoy s'efforçait tant bien que mal de traverser la foule amassée devant la prison d'Azkaban. Jamais de mémoire d'homme, on n'avait vu un tel rassemblement sous les fenêtres de la forteresse. L'atmosphère sinistre des lieux n'avait pas réussi à décourager les plus téméraires, cette fois. On était en décembre, Noël arrivait dans deux jours, et pourtant, la moitié du monde sorcier préférait assister en direct à la libération d'Hugo Weasley.

- Monsieur le Ministre ! Est-il vrai que vous avez rendu visite de nombreuses fois à monsieur Weasley au cours de ces deux dernières années ?

- Comment sont vos relations aujourd'hui ?

- Quel avenir pour monsieur Weasley au Ministère ?

Scorpius ignora toutes les questions jusqu'à ce que ses gardes du corps le propulsent, presque littéralement, dans l'enceinte de la prison. Là seulement, il put se débarrasser de la neige qui maculait son manteau et souffler un peu. Le directeur de la prison l'accueillit d'une poignée de main respectueuse :

- Monsieur le Ministre. C'est la folie, là dehors !

- Ne m'en parlez pas...

- Nous avons levé l'interdiction de transplaner dans la petite salle de l'aile Ouest, si vous et monsieur Weasley souhaitaient vous échapper en toute discrétion.

Scorpius s'autorisa un sourire un brin carnassier :

- Non, personne ne s'échappera aujourd'hui, monsieur le directeur.

Voyant que le vieil homme ne goûtait pas à son humour, il reprit :

- C'est une bonne chose, ce qui se passe là dehors. Je n'aime pas plus les projecteurs que vous, et je ne pense pas qu'Hugo en soit ravi non plus, mais... C'est le signe que notre monde est prêt à l'accueillir à nouveau à bras ouverts. Tous ces gens rassemblés aujourd'hui pour sa libération, c'est un symbole de ce que j'ai tenté d'accomplir depuis ces deux dernières années au Ministère. Un pardon.

- Si vous le dites... Je ne suis pas sûr que monsieur Weasley sera du même avis que vous.

Scorpius sourit à nouveau. Le contraire l'aurait étonné.

Sans prêter attention à l'escorte qui les entourait, le directeur de la prison conduisit alors Scorpius jusqu'à la cellule qu'Hugo avait occupée pendant ces deux dernières années. Tout le temps que dura le trajet, Scorpius surprit une tension s'accroître à la base de sa nuque, inexorablement, peu à peu. L'atmosphère avait ce quelque chose d'un brin solennel auquel il n'avait jamais pu totalement s'habituer. Les costumes coupés sur mesure, les discours à la presse et les réunions au Ministère, ça, il avait appris à gérer. Cela seyait à son caractère rigoureux. Mais dans des instants comme celui-ci, des instants qui réunissaient à la fois la petite histoire et la grande : son histoire personnelle, et l'histoire du monde... Il perdait pied. Il redevenait le petit garçon de onze ans debout seul devant la Grande Salle noire de monde, silencieuse comme une tombe, et tout le chemin parcouru s'étalait soudain devant ses yeux. Il devait se rappeler que ce qu'il vivait était bien réel. Que lui, Scorpius Malefoy, était bel et bien Ministre de la Magie aujourd'hui. Le Ministre le plus populaire que le Royaume-Uni ait jamais compté.

Etait-ce parce que les gens savaient qu'il ne resterait pas en place plus de dix ans ?

Dans la constitution qu'il s'était acharné à rédiger avec Albus (et plusieurs autres membres du Magenmagot, car le gouvernement se devait d'être démocratique, désormais), Scorpius avait limité la durée du mandat de Ministre de la Magie à cinq ans, renouvelable une seule fois. Tous les pronostics indiquaient déjà que Scorpius serait probablement reconduit dans ses fonctions d'ici trois ans. Lui-même n'osait pas encore trop y songer, ne se demandait même pas s'il le souhaitait, en vérité. Mais il se demandait en revanche parfois si sa fulgurante popularité ne provenait pas du fait que justement, le peuple savait qu'il ne serait pas au pouvoir pour toujours. Il était plus facile d'aimer un dirigeant éphémère qu'un souverain imposé à vie.

Scorpius chassa ces pensées de son esprit. Ils venaient d'arriver devant la cellule d'Hugo, et la vision de son ancien ennemi debout dans sa tenue impeccable de prisonnier, solennel lui aussi, creusa le décalage qu'il ressentait :

- Salut, lâcha-t-il à Hugo, avant de se rappeler qu'un Ministre de la Magie n'était pas censé s'exprimer ainsi.

Hugo se détendit d'un seul coup, laissant échapper un petit rire qui contamina toute l'escorte. Même le directeur de la prison sembla se rendre compte du ridicule de l'instant :

- Excusez-moi, se reprit Scorpius en se mordant les joues pour ne pas sourire. Monsieur Weasley. Je vous annonce officiellement votre libération de la prison d'Azkaban. Vous avez payé votre dette envers la société sorcière et vous pouvez dès à présent la réintégrer en tant que citoyen à part entière.

Hugo inclina sévèrement la tête :

- Merci, monsieur le Ministre.

« Monsieur le Ministre »...

Le journaliste devant la prison avait eu raison quelques minutes plus tôt : Scorpius avait souvent rendu visite à Hugo au cours des deux années écoulées. Albus aussi, d'ailleurs. Mais jamais encore, Hugo ne l'avait appelé : « Monsieur le Ministre ».

Dans l'instant de flottement qui suivit, Scorpius croisa le regard de celui qui avait été son cauchemar, sa terreur et son pire ennemi, durant ses années d'adolescence. Il croisa le regard d'Hugo, et la compréhension mutuelle de tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, de tous les changements qu'ils avaient opérés éclata entre eux dans le plus grand silence.

Scorpius avait rendu visite à Hugo durant son incarcération. Tandis que le monde sorcier le portait au pouvoir et exigeait de lui qu'il dirige, Scorpius s'était tourné vers l'avocat exemplaire qu'avait toujours été Hugo, pour requérir son aide quant à la rédaction de ses projets de lois.

Ce n'était qu'un prétexte, bien sûr. Une façon pour Scorpius de concrétiser l'absolution qu'il avait accordée à Hugo. Une façon pour lui de lui tendre la main, de tisser un lien qui auparavant n'aurait jamais pu être possible. Même Albus s'était prêté au jeu. Désormais, si les deux cousins faisaient mine de se détester, tous deux avaient conscience qu'il ne s'agissait plus vraiment de la vérité.

Ils avaient baissé leur garde, tous les trois. Ils avaient pris le risque d'apprendre à se connaitre, d'apprendre à se faire confiance, malgré toutes les blessures passées. Quelle ironie qu'il ait fallu attendre leur affrontement politique pour atteindre enfin cette réconciliation...

Plus qu'une réconciliation. Une compréhension réciproque. Et la réparation d'injustices qui s'étendaient bien au-delà de leurs erreurs d'enfants...

Scorpius fit signe au directeur de la prison. On déverrouilla la cellule, puis Hugo fut conduit dans un petit vestiaire où il put revêtir des vêtements civils. Il en ressortit habillé, peigné, et couvert de sueur. L'appréhension se lisait sur son visage que la prison avait affiné :

- Nous allons sortir discrètement, rassurez-moi ? demanda-t-il en regardant alternativement Scorpius, le directeur, et l'escorte impressionnante qu'on leur avait accordée.

- Discrètement ? répondit Scorpius. La moitié de Londres t'attend devant la porte.

Hugo blêmit.

- Tu ne vas pas te défiler maintenant, pas vrai ? reprit Scorpius en lui pressant gentiment l'épaule. Tu sais très bien qu'ils ne sont pas là pour te lyncher. Ils veulent te voir. Nous voir tous les deux, en vérité. C'est ça qui les intéresse.

- Et nous sommes censés leur dire quoi ?

Scorpius haussa les épaules :

- La vérité ?

Il laissa Hugo se perdre dans son sourire éclatant, énigmatique, et le jeune homme roux finit par le suivre lui et l'escorte jusqu'à la sortie de la prison.

Dès leur arrivée, les flashs crépitèrent de plus belle. Scorpius s'assura qu'Hugo apparaissait en bonne place auprès de lui, puis attendit le silence. Pour une fois, comme cela lui arrivait rarement depuis le début de son mandat, il appréciait le pouvoir que ses fonctions lui conféraient :

- Mesdames et Messieurs, commença-t-il de ce ton qu'il réservait aux allocutions officielles. Je vous remercie de vous être joints à nous ici aujourd'hui pour accueillir de nouveau Hugo Weasley parmi nous.

- Monsieur le Ministre ! Quelles sont vos relations avec votre ancien agresseur ? Pourquoi êtes-vous ici aujourd'hui ?

- Monsieur Weasley ! Envisagez-vous de reprendre votre carrière d'avocat ?

Scorpius hocha discrètement la tête vers Hugo. C'était à lui de parler à présent. C'était à lui d'exprimer son ressenti à la face du monde. Hugo tira nerveusement sur son veston, contempla un instant ses boutons de manchette, puis, enfin, releva les yeux pour s'adresser à tous :

- Bonjour, dit-il simplement.

Il avait conservé cette voix calme, douce et posée, qui suscitait l'attention immédiate.

- Comme l'a dit monsieur le Ministre, je vous remercie de m'avoir réservé cet accueil aujourd'hui. J'ai purgé ma peine. J'ai payé ma dette envers la société. Mais, plus que cela, j'ai payé ma dette envers moi-même, et envers Scorpius Malefoy... Aujourd'hui, même si je regretterai à jamais mes actes, je peux dire que je peux enfin me permettre de me les pardonner. D'avancer, d'évoluer. Je me suis montré honnête avec moi-même, honnête avec vous, avec tous ceux qui m'entourent, et avec ceux que j'ai blessés. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour réparer mon erreur. A présent, si la chance m'en est donnée, j'aimerais continuer à œuvrer dans ce que je fais de mieux, et participer au monde plus droit et plus juste auquel j'ai toujours aspiré.

- Cela signifie-t-il que vous souhaitez reprendre votre place au Ministère ?

- Que pensez-vous de ces paroles, monsieur le Ministre ? Considérez-vous que monsieur Weasley a payé sa dette ?

Scorpius inspira profondément. Il n'avait pas menti au directeur de la prison : cet instant était un symbole. L'apogée de ce qu'Albus et lui avaient cherché à bâtir en se faisant porter au pouvoir. Alors, soigneusement, Scorpius reprit la parole :

- Il y a quelques années encore, je n'étais qu'un fabriquant de baguettes sur le Chemin de Traverse, méprisé pour le nom de famille que je portais. J'étais condamné par une société qui me jugeait pour les crimes de ma famille, et qui me les faisait payer, implicitement, de la plus injuste des manières. Depuis deux ans maintenant, je me bats pour qu'un tel système n'ait plus jamais sa place au sein de la société sorcière. Je me bats pour la démocratie, l'égalité des droits, et une justice équitable. Alors oui, Hugo Weasley a payé sa dette. Il a été jugé, condamné, à l'égard des témoignages qui pesaient contre lui, et il n'a jamais cherché à échapper à son jugement. Moi-même, en tant que victime, j'ai trouvé dans mon cœur la force qui faisait défaut à notre société : le pardon. La compassion. Hugo Weasley a fait tout ce qu'il était humainement possible de faire pour s'amender de sa faute. Il n'est plus l'adolescent qui a mérité les deux années d'emprisonnement auxquelles il a été condamné. C'est un homme nouveau, intègre, probe, et je suis sûr qu'il fera de l'excellent travail à nos côtés, s'il accepte de se joindre à notre effort quotidien.

Hugo le dévisagea longuement, incapable d'y croire. Scorpius ne lui laissa pas le temps de répondre. Il ne laissa pas non plus les journalistes poser davantage de questions :

- A présent excusez-nous, monsieur Weasley a un foyer à retrouver, et je suis sûr que vous tous aussi. Joyeux Noël !

Alors, entrainant son escorte, il saisit Hugo par le bras et les mena tous à l'embarcation qui devait les ramener sur la terre ferme, loin, très loin d'Azkaban.

Il avait été convenu bien avant sa libération qu'Hugo devrait retourner vivre chez sa grand-mère au légendaire Terrier de la famille Weasley, du moins pendant un temps. Cela était dû bien sûr à la volonté de tous ses proches de vouloir le retrouver après une absence aussi prolongée.

Après les erreurs terribles qu'il avait commises à l'adolescence, Hugo avait toujours eu tendance à se tenir éloigné de sa famille. Sa culpabilité le faisait se sentir sale et indigne à l'égard de tous ses oncles, tantes, cousins et cousines. Il s'était donc montré froid et distant. Il avait refusé toutes les invitations à dîner, toutes les réunions de famille, il était devenu un membre fantôme, un reclus volontaire, alimentant tous les sujets de discussion.

Après la révélation de son crime au grand public, et sa condamnation à Azkaban, ces choses avaient changé. Hugo avait reçu à sa plus grande surprise un nombre incroyable de lettres de soutien. De parfaits inconnus qui lui écrivaient leur compréhension et leur pardon des terribles mensonges qu'il leur avait cachés. Mais il avait aussi reçu, surtout, des lettres de sa famille. Sa mère était venue le voir plusieurs fois en prison. Et puis ses grands-parents, Harry et Ginny, son frère, sa sœur...

Peu à peu, Hugo avait fini par comprendre que oui, il pouvait s'ouvrir à cette famille à laquelle il avait toujours renoncé, cette famille dont il s'était coupé volontairement, convaincu de ne pas en être digne. Il avait renoué des liens à distance avec tout son entourage proche, et même, un beau jour, avec son père.

Ron et Hermione s'étaient séparés bien des années plus tôt à cause de lui. Hugo le savait, bien sûr. En plus de tout le reste, le divorce de ses parents pesait depuis toujours sur sa conscience. Hermione accusait Ron d'avoir encouragé son fils dans ses idées extrêmes et intolérantes, de l'avoir jeté sur la voie de violence qu'il avait choisie en lui donnant raison, sans jamais le rappeler à l'ordre une seule seconde.

Ron s'était longtemps braqué contre ces accusations. Il pensait être dans son droit. Il pensait avoir raison en clamant que les Mangemorts ainsi que toute leur famille devaient être punis au centuple, et que les Malefoy n'étaient que de la graine de vermine destinée à l'abattoir. Il avait dû être fou de rage lors de l'avènement de Scorpius... Pourtant, des années de conflits et d'absence de son ex-femme, de ses enfants et du reste de sa famille avaient dû avoir quelque peu raison de lui. Car il était présent lui aussi aujourd'hui, au Terrier, avec Hermione, à attendre que Scorpius Malefoy lui ramène son fils.

Lorsqu'ils transplanèrent enfin, Scorpius laissa Hugo à ses embrassades de famille. Il y avait beaucoup de temps à rattraper, beaucoup de torts à réparer aussi de ce côté. Scorpius se contenta donc de saluer de loin, sensible à la chaleur du foyer. Il était bien reçu au Terrier, par l'ensemble de la famille Weasley. Ses relations avec Ron ne dépasseraient sans doute jamais le stade de l'indifférence cordiale, mais pour le reste, il s'entendait avec tout le monde, et tout le monde se montrait chaleureux avec lui. Aujourd'hui cependant, maintenant que son devoir était accompli, il n'y avait qu'une seule personne que Scorpius souhaitait voir.

Il se tenait en retrait, contemplant la scène avec son sourire de loup aux lèvres, insupportablement beau dans son costume noir taillé sur mesure. Scorpius le rejoignit l'air de rien, et le prit par la taille :

- Alors ? susurra Albus, lui concédant enfin une œillade. Tu as fait ton spectacle ?

- Presque aussi bien que toi.

- Hugo a dû apprécier.

- Il n'en avait pas l'air.

- Vraiment ?

- Vraiment. Mais intérieurement, je suis sûr qu'il était heureux. Et il était fier. Il méritait cet instant.

Albus l'embrassa sur la joue :

- Toi aussi, tu le méritais.

Ils échangèrent un sourire. Ils n'avaient pas besoin d'en dire plus. Depuis deux ans maintenant, Albus occupait le poste de Ministre de la Justice, un des nombreux nouveaux postes créés par Scorpius pour assurer un fonctionnement plus démocratique au monde de la magie. Ensemble, ils formaient un duo inégalable, aussi bien au travail qu'en privé. Ils ne l'avaient encore annoncé à personne, pour ne pas voler l'instant vedette d'Hugo, mais Albus venait d'accepter quelques jours plus tôt de se faire passer la bague au doigt, pour la seconde fois. Cette fois, Scorpius entendait bien que ce soit la dernière.

- Les garçons ! les interpella soudain la voix de Molly Weasley. Ne restez pas dans votre coin ! Il y a du pudding aux pommes, allez, venez !

Albus grimaça :

- Je déteste ton pudding, Mamie.

- Je ne veux rien entendre !

Et sans plus attendre, ils furent emportés dans le tourbillon familial. Les fêtes démarrèrent en avance, ce soir-là. Jusqu'au réveillon de Noël, et même après, le Royaume-Uni se trouva temporairement privé de Ministre de la Magie. Ils burent, festoyèrent, s'offrirent des cadeaux, rattrapèrent le temps perdu : une famille réunie autour du retour prometteur d'Hugo dans la société, et parmi eux.

Le 27 décembre, enfin, lorsque ces temps de liesse furent un peu retombés, Albus et Scorpius prirent l'initiative d'entretenir Hugo en privé.

Ils se tenaient dehors, emmitouflés dans leurs pulls de Noël ridicules, les bottes dans la neige. Le conseil ministériel le plus solennel du gouvernement Malefoy.

- Nous avons bien réfléchi, Hugo, commença Albus en frottant ses doigts engourdis par le froid. Nous pensons vraiment que ce serait une bonne idée que tu reprennes ton poste parmi nous. Ça enverrait un message, tu comprends ? Que les secondes chances sont possibles. Que la rancœur ne doit pas s'étendre en dehors du cadre juridique. En plus, tout le monde a toujours reconnu que tu étais un excellent avocat.

Devant eux, Hugo hésita. Il n'osait pas les regarder dans les yeux, les joues rosies sous la morsure du froid. Il ressemblait terriblement à l'adolescent qu'il avait été à cet instant. Un peu maladroit, un peu perdu.

- Je ne sais pas, Albus..., finit-il par dire prudemment. Est-ce que ça veut dire que je devrai être sous tes ordres ?

Albus haussa les sourcils. Alors, enfin, il vit le sourire d'Hugo s'épanouir sur son visage, juste avant que le jeune homme ne lui balance une boule de neige en pleine figure :

- J'accepte ton offre, monsieur le Ministre !

Stupéfait, Albus tomba à la renverse :

- Scorpius ! s'exclama-t-il, d'une voix beaucoup trop aiguë. Il m'a attaqué ! Venge-moi.

Scorpius éclata de rire et leva les mains devant lui :

- Nous sommes contre la vengeance, rappelle-toi.

- Scorpius, si tu ne me venges pas immédiatement, c'est moi qui me vengerai sur toi ce soir !

- J'ai encore plus raison de ne rien faire alors.

Hugo lui lança une nouvelle boule, mettant un terme aux négociations. Se ruant les uns sur les autres dans la neige, les trois membres et futur membre du gouvernement se livrèrent un combat sans merci à travers des tranchées de glace et des armées de congères. Aucun d'entre eux ne le dit clairement, mais ils savouraient ce plaisir simple, enfantin, de se battre par jeu et par amitié, de partager le genre d'instant innocent qui aurait toujours dû les unir, lorsqu'ils étaient plus jeunes. Ce lien, ils pouvaient enfin le bâtir, et c'était tout ce qui comptait.

Au terme de cette journée, Scorpius et Albus transplanèrent jusque chez eux, sachant que la vie devait reprendre son cours et qu'ils avaient un pays à diriger. Juste avant de s'endormir, néanmoins, Scorpius s'accorda quelques derniers instants, pour regarder Albus dans les yeux et réaliser tout ce qu'ils avaient accompli.

- A quoi est-ce que tu penses ? lui demanda Albus de son air irrésistible.

- A toi, répondit Scorpius.

Puis il ajouta, conclusion parfaite à ses pensées :

- Merci de t'être assis à côté de moi, dans la Grande Salle de Poudlard.

D'abord, Albus ne comprit pas. Puis le souvenir éclata dans son esprit, et alors, ému, il attira Scorpius contre lui :

- Reste près de moi, murmura-t-il.

- Toujours.  

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