neuf.

Cher Pallas,

Le besoin de te parler était plus très présent ses derniers temps. Ça fait plus d'une année qu'on s'est pas vue, pas parlé et même pas oublié. C'est dingue ! Avant cela, on se plaignait de ne pas se voir à toutes les vacances. N'étant pas dans la même zone scolaire, c'était en décalé. Est-ce que tu te souviens de nos soirées d'été à la campagne, dans la tente. Nous quatre, inséparables et bruillant. Toi et lui ; et moi et elle. Puis, on se mélangeait, s'assemblait puis on s'endormait. Dans les grandes fêtes, on se retrouvait avec joie et espoir qu'on se quitte plus. Ou alors, moins vite que la fois précédente. On remuait ciel et terre ensemble. C'était à la limite de la catastrophe mais on aimait ça. On construisait nos cabanes autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Toi, tu étais le plus grand, le plus courageux, le plus agile et le plus désinvolte. Tu voulais montrer au monde tes idées à l'encontre de tes parents. J'ai trouvé ça insolent. Je pensais que tu faisais ça que parce qu'on était là. La rébellion. A présent je peux plus rien dire. On se connait plus. Ton père est un grand nerveux. Je suppose que ça devait te perturber comme toi, tu es plutôt calme. Je compatie. Ta mère, elle, te ressemble plus. Le jour où tu es monté à un arbre pour graver des initiales, j'ai ressenti un sentiment de la jalousie du faite que tu étais mieux que moi. C'est assez drôle et assez vrai, je l'avoue. Notre cabane qu'on reverra plus jamais cassé par le temps et par votre départ pour la mer. On jouait aux cartes aussi, tu t'en souviens ? On jouait à la bataille. On a essayé de vous apprendre à toi et à lui le jeu du président. C'est lointain. Je peine à m'en rapeller correctement. Ça devient flou, fou. Des nuages épais et si legé à la fois. Il me manque des pièces. Le puzzle n'est pas complet.

Depuis un temps, mes sentiments ont changé. J'ai changé. Je sais pas si c'est en bien, ou en mal. C'est.. étrange. J'exprime plus de l'amertume, de la jalousie et de la colère envers toi. Plutôt de la nostalgie. Presque de la mélancolie. Mais là, je ne suis pas malade. Je suis bien. Je trace ma route. Pas dans les traces de ma soeur mais dans un endroit sans trace de pas. Je suis la première à le prendre et j'espère la dernière. Il ne faut pas qu'on refasse les mêmes erreurs. Je suis dans un établissement seule, dans un lieu qui m'était inconnu il y a quelques mois. J'étudie l'arts, ma passion, une voix possible à mon avenir. J'essaye de rendre fière mes parents en faisant de mon mieux. Ils en rêvent. Où je suis, c'est comme ma seconde maison. Je m'y sens bien. Je ne suis plus aussi perdue qu'avant, je crois. Mais, dorénavant, je sais ce que je veux, quand je veux, où je veux. Tu ne fais plus partie de ma black liste créée il y a un moment - désormais - dans mon cerveau. J'ai envie d'avoir de tes nouvelles, entendre ta voix. Je connais ta vie actuelle. Elle m'en a parlé. Elle me parle de toi, souvent. Tu lui manques, c'est certain. Si j'en ai le courage, le temps et la forme, je t'appelle. Ouais, je sais, c'est bête maintenant mais que j'y niréfléchi. J'ai essayé d'appeler ta mère pour des nouvelles. J'étais très stressée. Au final, elle a pas décroché et pas rappelé. J'étais soulagée et en panique. Tant pis finalement. Peut-être que c'est mieux. J'aurais sûrement pas eu l'idée de t'appeler, de t'écrire une neuvième lettre. On ne sait jamais. J'ai appris qu'il y avait une personne dans ton cœur. Ça m'a surpris au début, puis, ça m'a comblé de joie. Je ne t'avais jamais imaginé avec une autre - en ne comptant pas ma soeur - en couple. J'imagine qu'elle est formidable. J'aimerais la rencontrer, lui parler et apprendre à la connaître. Elle a réussi à dompter une bête sauvage en soif de liberté.

Le soleil est partie sous ses draps et moi aussi. Je suis désolée..

Je t'aime,
Comme ton amie d'enfance,
Achile.

Avec toute ma poésie,
Zélie.

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