Les doigts de Sakura pianotaient sur le patio tandis qu'elle considérait son prochain mouvement. Il lui semblait que les pièces de Shogi la narguait, se moquant du temps qu'elle prenait pour jouer. Des possibilités se formaient dans sa tête juste en observant ses petites tuiles. Des stratégies qui auraient donné le tournis à tout le monde sauf elle et peut-être son adversaire. Un adversaire qui la regardait avec des yeux endormis. 

-C'est long, femme-galère.

Elle ne l'entendit pas. Un plateau du jeu envahissait son esprit calculant tous les déplacements qu'elle pouvait faire et leurs conséquences. C'est pour ça que la médecin ne remarqua que quand elle bougea son pion, la cigarette aux lèvres de Shikamaru. Trucidant de ses yeux son ami, l'adolescente de 16 ans ne fit aucun commentaire. Elle savait qu'il faisait ce choix en connaissance de causes. Expirant une bouffée de fumée en direction opposée de Sakura, ses doigts fins saisirent un carré pour le reposer une case plus loin, avalant au passage une des tuiles de l'Haruno.

-Échec et maths, lui dit-il un sourire aux lèvres.

Cette mimique causa la déchéance de Sakura Haruno parce qu'elle n'arriva jamais à l'oublier. Pas même lorsque Shikamaru et Temari se marièrent ou quand Temari annonça sa grossesse. Égoïstement, la médecin sentait toujours son estomac se nouer, son esprit se passionner pour le Nara. Un secret qu'elle enfouit au plus profond d'elle-même jusqu'à ce que Shikadaï ne fit remonter les souvenirs.

C'était un après-midi où la sueur collait à la peau. Sakura se tenait devant une manche de Shogi avec le fils de Shikamaru. L'enfant de dix ans la contemplait avec des prunelles brillantes de sagacité.

-Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

Les yeux de Sakura se plantèrent dans les siens, un vert éméraude rencontrant un vert forêt. Dès qu'elle vit son regard, elle sut qu'il ne servait à rien de mentir. D'un mouvement lent, la trentenaire hocha la tête.

-Pourquoi ne lui jamais avoir rien dit ?

-Ta mère et ton père étaient déjà ensemble lorsque je l'ai réalisé.

-Et ?

Un sourire doux couvrant son visage, elle lui ébouriffa les cheveux.

-Et je ne gâcherais pas la paix que ton père a pour la mienne.

Un silence les entoura alors que Shikadaï observait cette ninja qui se sacrifiait, se tourmentait tous les jours pour que sa famille puisse être heureuse et soudain, il éprouva un profond respect.

Et là devant sa tombe, l'adolescent espérait que peu importe où qu'elle soit, cette femme torturée avait trouvé la paix.