Partie 2

Il était autour de 20 heures, mais l'automne faisait en sorte que la nuit était déjà tombée. Quelques jours étaient passés depuis l'interview où Harry s'était retrouvé les ongles peints, et il avait depuis été contraint de leur rendre leur transparence naturelle, n'osant pas sortir ou voir des gens en portant du vernis. Mais appliquer le dissolvant sur le bout de ses doigts l'avait rendu triste, bien plus qu'il ne se l'avouait. Il avait l'impression d'avoir fait un pas en arrière, et d'être revenu à la case départ. Ses barrières en moins, le faisant se sentir plus faible, et Harry n'aimait pas cette sensation.

Il était présentement allongé sur le canapé de chez lui, à Princess Park. Et il s'ennuyait. Cela faisait maintenant plusieurs minutes que Louis était sorti du salon précipitamment, après avoir regardé l'heure toute la soirée, fonçant dans sa chambre en disant à Harry de ne pas bouger. Et vu les jurons qui lui parvenaient, Harry n'allait pas se risquer à le suivre. Louis semblait retourner toute sa chambre, cherchant visiblement quelque chose de perdu. Mais heureusement, le bouclé l'entendit soudainement crier victoire, et le son aigüe de son ami le fit sourire bien plus fort qu'il ne le voudrait.

« FERME LES YEUX HAZ ! J'AI UNE SURPRISE ! »

Jouant le jeu, Harry se redressa dans le canapé et ferma les yeux. Ce n'était pas la première fois que Louis lui faisait le coup, lui ramenant une fleur qu'il avait trouvée jolie, une paire de chaussons lapins, un doudou « pour que tu arrêtes de piquer le mien » « oui mais si je pique le tien c'est parce qu'il a ton odeur, donc je continuerai », ou encore pas plus tard qu'une semaine auparavant, un CD de Bruno Mars.

Oui, pour Louis, tout était prétexte à faire une surprise à Harry. Dès qu'il voyait quelque chose qui lui faisait penser à lui, il le prenait et le lui offrait. Mais cette fois c'était plus sérieux. Il y avait réfléchi et était assez intimidé. Il avait peur de braquer Harry, mais savait aussi que ça lui ferait plaisir. Et cette fois, il avait même fait un joli emballage cadeau. Enfin, un emballage... avec du sopalin, mais il faisait comme il pouvait. Et c'était déjà un effort.

Il attrapa les mains d'Harry, et les tourna paumes vers le ciel avant de poser le présent sur celles-ci. « Tu peux ouvrir les yeux. »

Harry les ouvrit donc, et son regard s'illumina en voyant le paquet, et encore plus en voyant Louis se tenir timidement devant lui les joues rosies. Il ne put s'empêcher de le taquiner sur l'emballage, rigolant aux dépends de Louis qui le pressait d'ouvrir et de se taire. Face à l'air nerveux de son ami, Harry finit par céder et déchirer le sopalin -sincèrement, c'était le meilleur emballage qu'il n'ait jamais eu- et lorsqu'il vit la boîte, il perdit quelque peu son sourire. C'était une marque de maquillage.

Louis s'assit immédiatement à côté d'Harry sur le canapé, se collant un maximum à lui, sa cuisse et son flanc pressés contre le brun et il lui chuchota d'ouvrir. Harry pouvait toujours entendre la nervosité dans sa voix, alors il décida d'obtempérer, lui aussi à présent nerveux. Il enleva le dessus de la boîte cartonnée, et resta stoïque en voyant l'intérieur. Il ne savait pas vraiment quoi dire ou quoi faire, Louis ne faisait jamais ça d'habitude. Il lui offrait toujours des conneries pour le faire rire, pas des choses si sérieuses que ses organes vitaux s'en compressaient.

Alors Harry décida de le remercier, sans oser le regarder. « Ça te plaît ? » demanda timidement Louis, enroulant ses doigts autour du poignet du plus jeune, pour plus de contact. « Je suis pas vraiment sûr de moi en fait, j'y pense depuis un moment mais-... mais peut-être que t'es pas encore prêt. » Harry sentait le regard de son ami sur lui, et quand il voulut acquiescer ses dires, il eut l'impression que ses os étaient rouillés. « Si, enfin, ça me plaît Louis, m-merci. » bégaya-t-il.

Le plus vieux eut alors l'air de relâcher la pression, et Harry releva enfin les yeux vers lui. Il tomba immédiatement dans son regard brillant, et s'y perdit un instant en sentant son cœur s'emballer. Ce n'était pas une réaction nouvelle chez lui, il y était habitué. Mais il trouvait toujours cela aussi agréable qu'encombrant. « Tu veux essayer ? » lui demanda alors Louis, voyant Harry bloqué sur son visage -il adorait cette sensation-.

Harry revint à lui en entendant ses paroles, et haussa les épaules, gêné. « Je sais pas, j'ai peur... ».

« On est que tous les deux, Harry. Tu sais très bien que je te trouve magnifique quand tu portes ce genre de choses. Ou quand tu ne les portes pas, d'ailleurs. » il glissa sa main plus loin sur son poignet, attrapant maintenant sa main dont il entrelaça les doigts avec les siens. « De quoi as-tu peur ? Je suis de ton côté, avec toi. Et je sais que tu en rêves. » Et c'est en voyant les fossettes du bouclé apparaître qu'il sut qu'il avait gagné.

C'était la plus belle victoire pour Louis, que de voir Harry avancer et s'affirmer petit à petit. Il était si fier.

Ils se regardèrent encore quelques instants, quand Louis se redressa vivement en enlevant sa main de celle d'Harry pour prendre la boîte remplie de vernis à ongle et de quelques rouges à lèvres. Il portait sur son visage un sourire que Harry jugea éblouissant.

« Alors ! Je ne savais pas trop quelles couleurs tu aimerais le plus... donc j'ai pris un peu de tout. » le rire jovial de Louis parvint aux oreilles du bouclé, qui se pencha volontairement collé au châtain pour regarder les couleurs. Il adorait le voir si heureux.

« Je veux ce bleu. » déclara Harry, le sourire hésitant, attrapant le vernis qui lui plaisait entre ses doigts. Il ne s'éloigna pas pour autant du plus vieux, qui le remarqua silencieusement.

« Alors je prends ce vert. » affirma Louis, un sourire en coin sur son visage.

Harry rigola légèrement, et s'éloigna un peu pour le regarder, étonné. « Tu aimes le vernis maintenant ? », « Je veux juste le faire avec toi. Mais c'est sûr que c'est pas le style que je veux porter, ça ne m'ira jamais comme à toi. » il lui lança un clin d'œil et Harry rigola en lui pinçant la main.

Ils se glissèrent ensuite au sol pour s'appuyer contre la table basse, posant la boîte sur celle-ci, et se collèrent l'un à l'autre une fois de plus. Ils ne savaient pas être dans la même pièce sans se toucher. C'était un fait, depuis leur rencontre.

Harry regarda Louis ouvrir son vernis, un peu hypnotisé par ses gestes, et se rendit compte qu'il se sentait plutôt serein. Il n'était pas affolé comme la dernière fois, il était avec Louis, en sécurité, juste eux deux.

Il vit Louis recouvrir son pouce d'un premier coup de pinceau maladroit, laissant une trace vert menthe sur son ongle. Puis il releva ses yeux vers Harry, et l'encouragea d'un coup de tête à commencer lui aussi. Le bouclé sourit timidement, et déboucha à son tour le flacon. Si l'on regardait bien, on pouvait apercevoir les faibles tremblements émus et chamboulés de Harry, qui se sentait intouchable en appliquant le vernis. Il n'arrivait pas à croire que Louis fasse ça pour lui. En fait, il n'arrivait pas à croire qu'il croit en lui à ce point. Qu'il veuille si fort le soutenir.

Et souvent, Harry se perdait en pensant à Louis. Parce que justement, le plus jeune l'avait toujours trouvé incroyable.

Il avait maintenant fini d'appliquer le vernis sur ses ongles, et ne pouvait s'empêcher de sourire comme un bienheureux. Il attendait que ça sèche, et secouait doucement ses mains en admirant la couleur bleue ciel. Il aimerait porter de toutes les couleurs, assortir ses ongles à ses tenues chaque jour, parfois même les peindre de plusieurs teintes. Il aimerait également changer son style vestimentaire, opter pour des chemises, des tenues plus "féminines". Parfois il rêvait de porter des robes ou des jupes. Mais c'était rare, et encore une fois, il n'était pas assez confiant pour le faire. Pas assez confiant pour ne serait-ce qu'admettre cette envie.

« Ça te va bien, Harry. » avoua Louis qui le regardait en souriant. Il avait cette petite expression timide sur le visage de quand il lui faisait des compliments. Et ça faisait craquer Harry. « Ça te va si bien quand tu es toi-même. » reprit-il.

Et cette fois, Harry rougit légèrement, sa fossette plus creusée que jamais. « J'aime bien aussi. »

Louis pouffa gentiment, ayant entre-temps lui aussi fini de se vernir les ongles, les faisant sécher comme Harry.

Après un silence apaisant, Louis regarda Harry en coin, avant d'ajouter. « Tu veux mettre du rouge à lèvres ? » Harry rigola, rejetant légèrement la tête en arrière, puis murmura un petit « Oui, s'il te plaît. » qui fit accélérer le coeur de Louis. « Fais-moi confiance. » répondit-il, et il choisit un rouge à lèvres discret, presque de la même couleur que les lèvres de Harry en un peu plus brillant peut-être.

« Attends que tes ongles sèchent ! » rigola Harry à moitié outré. « Tu vas foutre en l'air tout ton vernis. » Louis lui pinça le ventre, faisait doucement se contracter le torse du bouclé. « Chut, laisse-moi faire. »

Sous les rires d'Harry qui n'arrivait pas à s'arrêter, Louis tentait du mieux que possible d'attraper son visage, voulant l'immobiliser pour lui mettre le rouge à lèvres. « Arrête de bouger, idiot ! » râla Louis en riant lui aussi. Et Harry fit de son mieux pour se calmer, surtout en réalisant que la main du châtain tenait son visage en coupe, et que de l'autre il tenait le bâton rouge pâle.

Il vit le regard de son ami se diriger vers ses lèvres, et ne sut soudainement plus quoi faire, attendant vivement de sentir le tube sur ces dernières. Et sentir Louis concentré sur ses lèvres, s'appliquant à les lui colorer avec tendresse, désordonna une fois de plus les battements de son cœur. Il était sûr d'avoir les joues rouges et les yeux brillants. Mais en regardant Louis, il savait qu'il n'était pas le seul.

Ils restèrent silencieux le temps que Louis ne s'applique, et Harry le soupçonna de prendre plus de temps que nécessaire. Puis le châtain lui mima de frotter ses lèvres l'une contre l'autre, et il le fit à son tour, sentant le rouge à lèvres s'étaler. Louis lui sourit tendrement et un peu taquin à la fois. « Ça aussi, ça te va bien. »

Ce fut cette fois au tour d'Harry de lui lancer un clin d'œil, quand il lui répondit « C'est parce que tout me va bien. » Louis eut un éclat de rire franc, et ajouta : « Je suis plutôt d'accord avec toi. »

Et Harry pouffa, les joues toujours teintées de rouge, sous le regard rempli de fierté de son ami. Louis n'avait encore jamais eu si fortement envie d'embrasser les lèvres du bouclé ; et Harry ne s'était encore jamais autant senti libre.

FIN

Merci de m'avoir lu, j'espère sincèrement que ça vous aura plu !

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