Chapitre 3

NDA: Le dîner fait référence au plus gros repas de la journée, qui se déroule à différents moments en fonction des classes. En Première Classe, les repas sont le petit-déjeuner, le repas du midi et le dîner. En Troisième Classe, les repas sont le petit-déjeuner, le dîner, le thé et le souper. Donc quand Louis parle de dîner, il parle de son repas de l'après-midi et Harry parle de celui du soir. J'espère que c'est assez clair !
Aussi, la Salle à Manger de Troisième Classe n'était pas assez grande pour accueillir tous les passagers en même temps, donc chaque repas a deux services.




12 avril 1912
Après l'excitation de la veille, son estomac est toujours rempli de la quantité considérable de nourriture qu'il a avalé, Louis profiterait bien d'une bonne journée relaxante à la plage. Peut-être qu'il va passer toute la matinée au lit, juste parce qu'il le peut, ou aller occuper les enfants dans la Salle Générale pour essayer de combler le manque de ses sœurs.


Ou peut-être que Niall pourrait avoir une grosse, grosse gueule de bois, son malaise dérangeant la cabine et, par extension, le sommeil de Louis.


"Horan, je doute fortement que gémir toutes les minutes te fera te sentir mieux," gronde Louis vers dix heures du matin. Zayn et Stan sont déjà en vadrouille sur le paquebot, laissant derrière eux leur compagnon se morfondre.


Si seulement il ne se morfondait pas si bruyamment.


Acceptant le fait que passer sa journée au lit n'allait pas être possible, Louis descend de sa couchette et s'habille, mettant de côté la veste de steward avec moins de délicatesse qu'il ne l'aurait cru. De toute façon, il ne va certainement pas se permettre de passer la journée à penser à... Lui.



Après s'être nettoyé le visage dans le lavabo accroché au mur, Louis fait gicler un peu d'eau sur l'irlandais. Les éclaboussures semblent marcher, Niall ouvre ses yeux rouges et fixe Louis avec un regard meurtrier.



"A quoi tu joues, Tomlinson ?" Marmonne-t-il d'une voix rauque. "Je pensais que tu serais déjà en train d'explorer la Première Classe à cette heure-ci."


Louis se mouille un peu les cheveux et ferme le lavabo, se tournant vers Niall. "Je n'explore rien du tout, merci." Il regarde l'irlandais d'un air suspect, ce dernier s'assoit et passe sa main sur son visage pale. "Tu ne l'as dit à personne, hein ?"


"Bien sûr que non. Je tiens ma parole."


"T'es quand même une petite vermine."


Ne cherchant pas à rétorquer, Niall sort de son lit et va à son tour vers le lavabo. Il passe pratiquement sa tête entière sous l'eau, refaisant surface avec de l'eau dégoulinant de ses cheveux bruns. "Rejette la faute sur notre cher monsieur Lucas. Il m'a forcé," accuse-t-il, son regard bleu retrouvant un peu de vie.


En parlant du loup, pense Louis lorsque la porte s'ouvre. Stan passe la tête dans l'encadrement de la porte et semble assez surpris de voir Niall conscient. "Oh, j'étais pas sûr que tu serais déjà debout," admet-il avant de se tourner vers Louis. "Et toi, tu devrais pas être je ne sais où tu disparais toujours ?"


"Je suis sûr qu'il a trouvé une fille," dit Zayn pas loin derrière lui. "C'est là que tu vas, pas vrai ? Tu vas faire du repérage ?"


"Tais-toi, Malik," répond plutôt sèchement Louis. "Il n'y a pas de fille. La seule personne qui me garde hors de mon lit est Horan, et d'après lui je dois en vouloir à Lucas pour ça."


Stan hausse les épaules, ne semblant avoir aucun remord. "On a passé un très bon moment dans la Salle Générale hier soir. On était tous un peu saouls à la fin." Il fronce les yeux à Louis en s'appuyant contre la couchette. "Tu saurais ça si t'étais venu."


"Un jour, un jour," promet Louis, voulant garder le plus possible la conversation loin de ses exploits. Ce n'est pas qu'il a moins confiance en Stan et Zayn que Niall, mais le moins de personnes savent, le mieux c'est.


Zayn semble ravi, un sourcil haussé sur son front. "Ce soir, alors ?"


C'est pas comme si j'allais être ailleurs, pense Louis. "Ce soir," promet-il, ce qui lui vaut des cris enjoués de ses compagnons de bord.


"Oh, calmez-vous," gronde l'irlandais en se tenant la tête. Son regard se pose sur Louis. "Tommo, sors de là. Je suis sûr que ta copine se demande où tu es," dit-il avec un clin d'œil, faisant rougir Louis lorsque Stan et Zayn éclatent de rire.


Louis fronce les yeux mais ne manque pas la façon dont Niall penche la tête vers le tiroir contenant l'uniforme. Les autres garçons ne le remarquent même pas; ils sont trop occupés à faire une mise en scène de Stan (en tant que Louis) essayant de faire la cour à Zayn, qui fait sûrement la pire imitation d'une jeune irlandaise que Louis n'ait jamais entendu.


Il ne veut pas voir Harry. Il ne veut pas penser au fait que ses lèvres aient touchées celles d'un autre homme et qu'au lieu d'être répugné, il a ressenti... quelque chose d'autre. De la curiosité. De l'intérêt. Peut-être même, au fond de lui, un peu de plaisir. C'était un baiser assez agréable, après tout, jusqu'à ce que son cerveau se reconnecte à ses lèvres.


"D'accord, j'y vais, j'y vais," marmonne-t-il en allant vers sa couchette et ouvrant le tiroir. Il attrape son manteau et cache l'uniforme à l'intérieur aussi discrètement que possible avant de passer à côté de ses amis et de sortir de la cabine. Peut-être qu'il ne veut pas aller plus loin avec l'homme aux lèvres douces mais il y a encore beaucoup de parties du bateau qu'il n'a pas explorées. Ça ne sert à rien d'avoir peur de tomber sur un certain passager au milieu des deux milles personnes et plus encore à bord.


Après s'être arrêté à la Salle à Manger pour le premier service du dîner, sa boule de linge coincée sur ses genoux, Louis trouve les toilettes et s'enferme dans une cabine. Il n'a pas pu beaucoup manger, juste un peu de bœuf et des biscuits, et il trouve cela déjà lourd. La nourriture qu'il pensait être un véritable festin hier matin est désormais rien comparée au repas qu'il a mangé hier soir.


Tout en se changeant, il se dit qu'il est chanceux d'avoir beaucoup à manger; il a entendu parler d'autres paquebots qui demandaient aux passagers d'apporter leur propre nourriture pour le voyage. Louis est à peine arrivé à avoir assez d'argent pour son ticket, il n'aurait pas pu se permettre de faire des provisions pour la semaine de voyage vers le Nouveau Monde.


Cachant ses propres vêtements dans un casier, Louis se dirige ensuite vers le chemin désormais familier de la Première Classe. Son pied touche à peine la dernière marche qu'une main lourde sur son bras le fait reculer.


"Qu'est-ce que-" Crie Louis en se retournant vers son assaillant, ayant peur que Malik ou Lucas l'ait surpris vêtu en steward.


Encore pire, l'homme face à lui est un steward. Il est un peu plus grand que lui avec des cheveux bruns nettement coupés et des yeux foncés, ses sourcils sont froncés en regardant l'imposteur. "Où pensez-vous aller comme ça ?"


Hésitant entre continuer son mensonge et tout avouer, Louis bégaie, "Oh, euh, j'étais..." Mais Louis n'est pas bête. Avalant difficilement sa salive, il redresse les épaules et regarde le steward droit dans les yeux. "Qu'est-ce que vous voulez savoir ?"


"Vous portez mon uniforme," répond-il en tendant un doigt accusateur vers le bouton qui se défait. "Je l'ai accroché à une porte le matin où on a mis les voiles, et je l'ai ensuite laissé sur mon lit pour le recoudre et en mettre un nouveau, mais quand je suis revenu ce soir-là, il n'était plus là." Il croise les bras sur son torse musclé, portant beaucoup mieux la veste que Louis porte. "Maintenant je sais où elle a disparu."


Incapable de penser à une réponse plausible, Louis baisse la tête. "Vous avez raison, je l'ai pris. Je suis prêt à accepter les conséquences." C'était marrant le temps que ça a duré.


Le visage s'adoucissant considérablement, le steward décroise ses bras. Beaucoup plus délicat cette fois-ci, il guide Louis par le coude hors du couloir principal et le mène jusqu'à une cabine vide, ouvrant la porte et faisant signe à Louis d'entrer. "Dites-moi pourquoi vous l'avez pris, au moins," dit-il une fois la porte fermée, semblant presque désolé d'avoir surpris l'homme.


S'asseyant sur le matelas, Louis explique tout, son envie de voir la Première Classe, son amitié avec un passager, son envie d'apprendre à connaître l'homme sans avoir d'autres moyens de le contacter.


"A qui avez vous rendu visite ?" Demande le steward, curieux. "Il sait qui vous êtes ?"


Louis hoche la tête. "Il le sait oui, et je préférerais ne pas vous dire son nom. Je ne veux pas lui attirer d'ennuis."


Le steward s'assoit à côté de lui, comme s'il réfléchissait à l'histoire de Louis et décidait de son destin. "Vous avez de la chance de ne pas avoir été surpris avant, vous savez," finit-il par dire.


Ce n'est pas ce à quoi Louis s'attendait à entendre. "Je sais. C'était un risque stupide et je n'aurais pas dû le prendre," répond-il, pas sûr d'où cette conversation allait le mener.


Avec un rire, le steward secoue la tête. "Eh bien, oui, mais ce n'est pas ce que je voulais dire." Il fait un geste vers la veste. "Les stewards de Troisième Classe ont des uniformes différents. Je n'ai rien à faire en Première Classe, tout comme un steward de Première Classe n'a rien à faire ici." Il se frotte le menton en réfléchissant. "On a besoin de vous trouver un autre uniforme."


"Je vous demande pardon ?" Demande Louis, s'étouffant presque avec sa langue.


"Vous avez besoin d'un uniforme de Première Classe. Ça sera plus simple d'y aller," explique-t-il patiemment comme si c'était la chose la plus logique au monde. "Je pense pouvoir vous en trouver un."


Louis regarde l'homme, étonné par la bonté d'un autre étranger, un qui a vraiment le droit d'être furieux contre lui. Pour la seconde fois en quelques jours, Louis se retrouve à demander: "Pourquoi êtes-vous si gentil avec moi ?"


"Parce que je comprends," est tout ce qu'il répond, accompagné d'un regard bienveillant. "Et puis," ajoute-t-il avec une touche d'humour dans sa voix, "J'ai dû payer moi-même cet uniforme, donc j'aimerais bien le récupérer. Au fait, je suis Liam Payne."


"Louis Tomlinson," répond-il en se levant pour lui serrer la main. Le visage de Liam se fend d'un sourire et Louis ne peut s'empêcher de lui sourire aussi.


Tout en promettant de revenir rapidement, Payne s'excuse. Lorsqu'il revient, il a des vêtements pliés dans les bras, offrant fièrement la pile à Louis. "Assurez-vous que je le récupère avant qu'on arrive à New York, sinon j'aurai des problèmes," dit-il sérieusement.


L'ensemble consiste en une chemise blanche avec un nœud papillon noir, un pantalon noir et une veste bleue. Cette veste et ce pantalon lui vont beaucoup mieux, Liam est arrivé à trouver un ensemble plus proche de la taille de Louis. Les mêmes boutons dorés sont alignés sur l'uniforme, semblant encore plus splendides contre le bleu foncé.


"Merci," dit honnêtement Louis une fois habillé. Il rend l'uniforme de Troisième Classe à son propriétaire. "Rien de tout cela n'aurait été possible si vous n'aviez pas laissé votre uniforme traîner." Avec une dernière tape sur l'épaule de Liam, Louis ouvre la porte - qu'il le veuille ou non, il est temps de faire face à Harry. Il a beaucoup pensé à lui aujourd'hui, principalement lorsqu'il s'est fait attraper. Louis a besoin de le voir au moins une dernière fois; une sorte de fin pour qu'il puisse ensuite profiter de son excursion sans la trace de leurs actes présents partout en Première Classe.


"Attendez," l'appelle Liam, fermant à clé la cabine vide et rattrapant Louis. "Je vais vous montrer un meilleur chemin pour y aller," dit-il en pointant le fond du couloir avec de la malice dans les yeux, comme s'il vivait indirectement à travers les exploits de Louis.


Avec un sourire jusqu'aux oreilles, Louis tape Liam sur l'épaule. "Monsieur Liam, je pense que nous allons très bien nous entendre."


°°°


Ça fait désormais deux jours que Harry est monté à bord du Titanic, et il est au même endroit qu'au début: en boule dans son lit à regarder le plafond et espérer que ce fichu voyage se termine le plus rapidement possible.


Il n'arrive pas à croire qu'il a été aussi stupide. Embrasser Louis était une erreur, et il a maintenant perdu la personne la plus proche d'un ami qu'il avait eu depuis des années. Il peut seulement espérer que Louis ne le dénonce pas, bien qu'il ne lui en voudrait pas.


Un coup à la porte le sort de sa mélancolie et de son lit, toujours en pyjama bien qu'il soit midi passé. Son cœur accélère à l'idée que ce soit Louis, peut-être voulant donner à Harry une chance de s'expliquer.


Evidemment, ça pourrait également être un des officiers qui vient le jeter par-dessus bord ou... peu importe ce qu'ils font des criminels en mer. Il se permet un instant pour se demander s'il y a une sorte de prison à bord avant d'ouvrir la porte.


Le couloir est vide, le visage de Harry se tord de confusion (et de déception) en regardant le couloir désert. Il est sur le point de sortir à la recherche de son visiteur invisible lorsqu'il entend un nouveau coup.


Hélas, il provient de la porte reliant sa chambre à celle de Gemma. C'était seulement une question de temps; bien qu'il aimerait traîner dans sa cabine, sa chère sœur n'est pas du genre à le laisser se morfondre dans sa solitude. Elle semble le forcer à se socialiser, pour des raisons inconnues.


Il n'est pas surpris lorsqu'il ouvre la porte et y découvre une Gemma assez sérieuse. Elle a les mains sur les hanches lorsqu'elle lui demande, "Je peux savoir où t'étais toute la journée ? Tu n'étais ni au petit-déjeuner ni au repas."


Se reculant malgré lui pour faire entrer sa sœur dans sa chambre, Harry laisse échapper un soupir exagéré. "J'ai fait la grasse matinée... Je ne me sentais pas trop d'être social aujourd'hui." Il se laisse tomber sur une chaise et met son menton dans sa main, attendant la leçon de morale inévitable.


"Il est midi passé. Ça suffit pour dormir pour oublier ce que tu voulais hier."


Harry se retient de ne pas lever les yeux au ciel, ne voulant pas risquer des remontrances de sa sœur. "J'ai pas beaucoup bu, si tu veux savoir," marmonne-t-il, espérant que trop d'alcool soit la cause derrière son mal de crâne et son cœur brisé.


Gemma penche la tête, le scrutant avec curiosité. "Qu'est-ce qui te fait du soucis, alors ? Tu semblais vraiment heureux au dîner. Le garçon que tu as emmené, Tomlinson, il t'a mis de très bonne humeur, ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu comme ça."


Il doit sursauter au nom, car les yeux de Gemma s'écarquillent de compréhension. "Quelque chose s'est passé après le dîner ?"


"On s'est mal compris." Le regard de Harry reste fixé sur ses mains, trop humilié pour rencontrer celui de sa sœur. "Je... Je l'ai embrassé et il s'est enfuit."


S'asseyant à son tour, Gemma prend les mains de son frère. "Je vois. Il a rejeté tes avances ?" Sa voix est pleine de sympathie que Harry ne veut pas et ne mérite pas, pas après la façon dont il a traité Louis.


Il retire une de ses mains et la passe dans ses cheveux, ses doigts se coinçant dans un nœud. "Au début il avait l'air d'accord, c'est ça que je trouve frustrant. Je pense que son cerveau et son corps ne pensaient pas la même chose et ça l'a énervé." Démêlant enfin son nœud, Harry repose sa main sur la table. "Je regrette de lui avoir causé autant d'angoisse. Je ne pense pas avoir un jour la chance de m'excuser."


"Je ne dirais pas ça." Le visage de Gemma est un masque parfait, complètement neutre. Il n'y a aucun doute dans l'esprit de Harry qu'elle trafique quelque chose, mais il ne sait pas quoi. "Tu aurais du voir la façon dont il te regardait au dîner. Je parie qu'on reverra Monsieur Tomlinson."


"Peut-être seulement pour me gifler, comme il aurait du le faire hier."


"Peut-être," admet Gemma. Avec une dernière petite tape sur la main de son frère, elle se lève pour partir. "Je vais me coucher un peu. Tu as intérêt à ne pas traîner dans ta chambre quand je reviens," menace-t-elle.


Ne pouvant pas s'empêcher de sourire à l'inquiétude de Gemma pour lui, Harry hoche la tête. "Je pense que je vais chercher quelque chose qui me fera tenir jusqu'au dîner," assure-t-il.


Satisfaite, elle lui fait un petit sourire avant de disparaître dans sa cabine.


Elle a raison; il ne se fait pas de faveur en se cachant dans sa chambre - ni à Louis, d'ailleurs. Et c'est avec peu de courage qu'il s'habille et se lance à la recherche de nourriture. Il espère pouvoir se faire confiance pour ne pas choquer un autre passager pour le reste du voyage.


Il a à peine passé la porte de son oncle qu'elle s'ouvre, le son d'une voix familière peu plaisante se faisant entendre. "Harry, je peux avoir un mot ?"


Harry a plein de mots dont il aimerait faire part à son oncle, mais sa mère l'a élevé comme un gentleman donc il les garde simplement en tête. "Qu'est-ce qu'il y a, Charles ?" Sa voix renvoie autant de chaleur que l'Atlantique même.


Pas déstabilisé par le ton froid de Harry, Charles redresses ses épaules. "C'était un garçon intéressant que tu as emmené au repas hier soir. Thompson, c'est ça ?"


"Tomlinson," le corrige-t-il froidement, sa patience atteignant ses limites. "Qu'est-ce qu'il y a ?"


Charles semble mal à l'aise, reposant tout son poids sur un pied puis sur l'autre. "Je t'ai déjà dis à maintes et maintes reprises à quel point ta réputation est importante, Harry. Ce n'est pas juste ton nom; c'est le mien et celui de ton père."


"Arrêtez de tourner autour du pot, Charles."


Semblant atterré, il met ses mains devant lui comme si ce qu'il était sur le point de dire lui demandait des efforts. "J'ai juste peur que cet homme essaye de te mener hors du droit chemin. Tu dois être vigilant."


Harry sert les points. "Eh bien, vous n'avez plus besoin de vous inquiéter pour moi puisque c'est moi qui l'ai mené hors du droit chemin. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser." Tournant sur ses talons sans un mot de plus, Harry laisse son oncle bégayer quelques mots derrière lui. C'est un petit réconfort, mais choquer son oncle avec son indécence est assez pour mettre un peu de rebond dans ses pas, malgré le poids de son cœur.


°°°


C'est seulement lorsqu'il passe pour la troisième fois devant la cabine de Harry que Louis se décide à toquer. Il n'a aucune idée de ce qu'il pourrait dire - ou de ce qu'il a envie que Harry lui dise - il sait seulement qu'il a besoin de le revoir, pour mettre fin à leur brève amitié.


Trouvant enfin le courage, il lève le poing et toque trois fois. Maintenant, tout ce qu'il a à faire est de ne pas s'enfuir ou vomir son dîner avant que Harry n'ouvre.


Heureusement, l'attente est courte, et Louis est dans la cabine avant même que la porte soit entièrement ouverte. "Je m'excuse de revenir comme ça mais je pense vraiment qu'on a besoin de parler." Il se retourne pour faire face à Harry, seulement pour se retrouver devant mademoiselle Styles. "Oh."


"'Oh' vous-même, monsieur Tomlinson," dit-elle avec de l'amusement visible sur son visage. "Je suppose que vous êtes venu voir mon cher frère ?" Ses yeux scrutent tout son corps, inspectant l'uniforme qu'il arbore.


Louis fait un pas en arrière, se cognant contre la table. "Je peux expliquer," dit-il rapidement, bien qu'il n'est pas vraiment sûr de comment il peut mettre des mots dessus. Je suis un passager qui se fait passer pour un steward. Votre frère m'a embrassé et je n'ai aucune idée de quoi faire avec ça. Avec ça, il est sûr qu'il allait finir dans le bureau du paquebot.


"Vous n'avez pas besoin de vous expliquer." Gemma le rejoint vers la table et s'assoie tout en lui faisant signe de faire de même. "Je suis très agréablement surprise de vous voir en uniforme. C'est une chose que mon frère soit attiré par un passager mais c'est une toute autre chose qu'il fréquente un membre de l'équipage."


Du soulagement et de la culpabilité frappent Louis simultanément, le premier car son identité est sauve et le second car il est malhonnête. Puis il enregistre les mots de Gemma, la peur le prend et il en a des frissons. "Vous savez, alors ? Pour Harry ?" Il a les yeux grands ouverts et espère qu'elle comprendra ce qu'il veut dire - il ne pense pas pouvoir dire ce genre de chose à voix haute, encore moins en présence d'une femme.


Son rire prend Louis par surprise car il ne trouve rien de drôle à cette situation. Un de ces jours, tu apprendras à rester à ta place, se dit-il. Mais c'est trop tard maintenant, il ne peut que s'asseoir et écouter la jeune femme.


"Je connais Harry mieux que quiconque," dit Gemma avec un regard penseur. "Il a vraiment eu du mal avec tout ça, vous savez. Quand vous entendez pendant toute votre vie que c'est une aberration, c'est choquant quand vous vous retrouvez à avoir ce genre de pensées."


"Depuis quand connait-il ses... préférences ?" Demande Louis avec tact, curieux d'en apprendre plus sur ce bel étranger. Pour être honnête, Harry a arrêté d'être un étranger dès qu'ils se sont rencontrés, mais il se sait pas quand il a commencé à penser que Harry était 'beau'. "Comment s'en est-il aperçu ?"


Gemma semble réfléchir un instant avant de répondre. "Je pense vraiment que c'est à Harry de raconter cela. Mais il le sait depuis déjà un moment." Son visage, habituellement habité par de la malice ou de la gaieté est désormais transformé par de la tristesse. "Il a une certaine réputation à la maison. Il a fréquenté le mauvais homme et s'est retrouvé au centre de pas mal de rumeurs. Notre père aurait renié Harry si notre mère n'avait pas été là."


"Elle le savait aussi ?" Demande Louis, s'imprégnant de chaque mot de Gemma, essayant d'imaginer un Harry plus jeune et moins confiant, seul et confus, son corps en constante contradiction avec les morales de sa famille et de son dieu.


"Elle le savait, oui. Mère n'a peut-être pas compris, mais comme moi, elle pouvait voir que la façon dont Harry agissait n'était pas un pêché. Elle lui avait dit que tant que c'était par amour, elle s'en fichait de qui il convoitait." Elle secoue la tête, les lèvres pressées en un sourire triste. "C'était une chose sur laquelle elle et notre père ne se sont jamais mis d'accord, se marier par amour. Il ne voulait que faire des contacts. Une fois qu'elle est partie, il n'a pas perdu de temps avant de m'envoyer trouver un mari riche." Son sourire est une fois de plus forcé. "Je n'ai aucune intention de le respecter, bien évidemment. Harry est venu pour s'assurer que je ne sois pas mal traitée, et pour qu'il prenne un nouveau départ."


Louis ne peut s'empêcher de penser à ses propres sœurs, essaye de les imaginer être envoyées pour des mariages arrangés. Il viendrait les protéger en un claquement de doigts, même si ça voudrait dire qu'il devrait tout laisser derrière lui. Il a l'impression d'avoir un point commun avec Harry maintenant qu'il sait qu'ils feraient tous les deux tout pour les femmes de leur vie. Sa propre inquiétude s'étend désormais jusqu'à la jeune femme en face de lui, certain que si c'était nécessaire, il prendrait également soin d'elle (bien qu'il soit certain que Gemma Styles est capable de prendre soin d'elle-même).


"Merci de m'avoir dit tout cela," dit Louis en retraçant les lignes de la table d'un doigt tremblant. "Harry a de la chance de vous avoir comme sœur."


"Et moi de l'avoir comme frère." Elle prend la main de Louis. "Soyez indulgent avec lui, d'accord ? Il a eu beaucoup trop de fois le cœur brisé dans sa vie."


La confusion prend part de Louis, mais il hoche tout de même la tête. "Promis," jure-t-il. Elle lui serre la main avant de la retirer. Il veut lui demander ce qu'elle voulait dire par cela, mais la porte qui s'ouvre interrompt sa question avant même qu'elle ne quitte ses lèvres.


°°°


Lorsque Harry retourne à sa cabine, il a seulement trouvé du thé et des biscuits pour calmer son estomac. Avec la Salle à Manger fermée pour le préparation du prochain repas et les restaurants étant trop intimes à son goût pour manger seul, il s'était réfugié dans le Salon. Peut-être qu'il appellera un steward pour qu'on lui apporte quelque chose directement à sa cabine. Peut-être qu'il devrait faire tous ses repas comme ça pour le reste du voyage.


Il s'arrête avant d'ouvrir sa porte en entendant des voix de l'autre côté. Tendant son oreille plus près, il arrive juste à entendre le ton doux de Gemma, mais il n'arrive pas à imaginer à qui elle pourrait parler. Nellie, peut-être, mais pourquoi seraient-elles dans sa chambre ?


Les voix sont trop douces pour qu'il puisse vraiment les entendre, mais lorsqu'une voix masculine suit celle de Gemma, Harry ne perd pas plus de temps avant d'ouvrir la porte en grand.


Gemma occupe en effet sa chambre, mais c'est l'homme avec elle qui surprend Harry.


C'est Louis, vêtu d'un uniforme désormais similaire à celui de Wheeler et des autres stewards qu'il a vu. Il est assis à la table à côté de Gemma, les mains en poings. Il rencontre le regard de Harry avec de grands yeux écarquillés, sans cligner, bien qu'il ne semble pas y avoir de répulsion dans ceux-ci.


"Je suis désolé, j'interromps quelque chose ?" Demande Harry depuis l'encadrement de la porte, regardant le duo.


"Non, j'étais sur le point de partir." Gemma rejoint son frère, sa jupe tournoyant dans le mouvement. Elle s'approche de lui, son souffle s'écrasant sur son oreille lorsqu'elle lui chuchote, "Je l'aime bien celui-là, Harry. Fais attention s'il te plait." Elle ponctue sa mise en garde avec un bisou sur sa joue. Sans un mot de plus, avec seulement un sourire rassurant dans la direction de Louis, elle laisse les deux hommes dans un silence lourd.


Harry se retourne vers son invité surprise, Louis regarde toujours chacun de ses mouvements. "C'était pour quoi, alors ?" Demande-t-il en s'éclaircissant la gorge.


Lorsque Louis ne répond pas, Harry le rejoint à la table. "Ecoutez, je dois m'excuser pour hier soir. Je n'aurais pas du-"


"Depuis combien de temps vous le savez ?" Le coupe Louis. "Que vous aimez les hommes." Son regard est retombé sur la table et ses joues sont devenues rosées. "Comment en êtes-vous venu à une telle conclusion ?"


Il n'y a pas de colère dans son ton, mais il n'est pas non plus très amical. Mais c'est tout de même mieux que le dégoût auquel Harry s'attendait. Il ravale la boule qui se forme dans sa gorge. Peut-être qu'il y a toujours une chance que Louis et lui puissent en ressortir en bons termes, si non amis.


"J'ai toujours trouvé bizarre que je n'étais pas attiré par les filles comme mes amis," répond-il lentement, se souvenant d'un moment de sa vie qui était beaucoup moins compliqué. "Quand j'étais assez âgé pour aller en pensionnant, ça s'est confirmé. Pendant l'adolescence on expérimente pas mal, et j'ai pas besoin d'expliquer comment ça peut finir dans une école entièrement masculine." Harry tente un petit sourire à Louis, ce dernier dévie cependant rapidement le regard. Ses lèvres retombant en un expression plus sobre, il continue. "Mais ce n'était pas que de l'expérimentation pour moi. J'aimais ça beaucoup plus que je l'avouais à mes camarades."


"Et... euh... après l'école ?" Demande Louis, la curiosité s'emparant de lui.


Encouragé par son intérêt, Harry se redresse dans sa chaise et lie ses doigts sur la table pour s'approcher un tout petit peu plus de son invité.


"Après l'école, j'ai rencontré un homme qui partageait les mêmes attirances que moi et qui était très enjoué à l'idée de m'apprendre ce que je n'avais pas pu apprendre seul. Nous nous sommes fréquentés pendant un moment, jusqu'à ce que sa mère nous découvre et l'envoie ailleurs tout en s'assurant de rejeter la faute des actions de son fils sur moi." Il rit rapidement et amèrement au souvenir. "Donc je n'ai pas seulement perdu la première personne qui comptait pour moi mais également un bon nombre d'amis. Mon père l'a évidemment découvert et ce n'est que grâce aux supplications de ma mère que je n'ai pas été déshonoré."


L'expression de Louis s'est adoucie et s'est presque transformée en pitié. "Je suis désolé que les choses aient été si difficiles pour vous," dit-il, "mais vous devez savoir que ce que vous faites est un crime, Harry. Vous avez de la chance que la mère de ce garçon n'ait pas fait pire que de salir votre nom."


"Et se faire passer pour un steward c'est quoi alors ?" Répond Harry, de l'amertume dans la voix. "Vous n'avez pas l'air d'avoir de mal à ne pas respecter les règles." En se rendant compte qu'il parle sèchement, il essaye de se calmer en soupirant. "Ecoutez, Louis, ça n'a jamais été dans mes intentions de vous causer du tort. Je suis sincèrement désolé d'avoir fait ça."


Souriant pour la première fois, Louis répond: "Qu'est-ce que dit le proverbe déjà ? 'Le chemin de l'Enfer est pavé de bonnes intentions.'" Il pose le regard sur ses mains, toujours sur la table mais pas aussi serrées que tout à l'heure. "Vous me tentez, terriblement, et j'ai bien peur de ne pas savoir quoi faire avec ça."


Le cœur de Harry explose à la révélation. "Et je crois que c'est Oscar Wilde qui a écrit, 'Le seul moyen de se débarrasser de la tentation, c'est d'y céder.'"


Louis est momentanément stupéfait, juste assez longtemps pour que Harry se déteste d'être si cru. "Regardez comment ça a fini pour monsieur Wilde," répond Louis, faisant un sourire assez grand pour illuminer la cabine sans fenêtre.


La remarque légère de Louis prend Harry par surprise, lui faisant échapper un rire dans un mélange d'amusement et de soulagement. "Un point pour vous," cède-t-il, osant faire un plus grand sourire. "Et maintenant, où en sommes-nous ?"


Le sourire de Louis disparaît aussi rapidement qu'il est apparu. "Je ne peux pas dire que je sais. Je n'ai jamais été aussi confus par une personne que je le suis par vous."


La créature ailée dans la poitrine de Harry reprend son envol. "Alors vous savez que ce n'était pas un acte criminel lorsque nous nous sommes embrassés. Vous avez ressenti quelque chose, pas vrai ?"


"J'ai ressenti beaucoup de choses que je ne comprends pas."


"Je peux vous aider, si vous voulez bien." Harry sait qu'il doit ressembler à un cas désespéré à supplier Louis de rester. Il y a quelque chose chez cet homme, encore complètement inconnu il y a quelques jours, qui serre tellement son cœur qu'il pourrait lâcher s'il le rejetait.


L'incertitude a pris place dans tous les traits de Louis, du creux de ses sourcils à la fine ligne de sa bouche. "Je pense que j'aimerais avoir un peu de temps pour moi, si ça ne vous dérange pas."


Sans réfléchir, Harry s'avance pour prendre en main le poignet de Louis. Il s'émerveille d'à quel point sa main est petite avant de la caresser et de s'écarter avant que ça ne prouve trop de choses à Louis. "Prenez tout le temps dont vous aurez besoin," dit-il sincèrement.


"S'il vous plait, promettez juste que je vous reverrai avant d'arriver à New York. Je ne veux pas passer le reste de ma vie à me demander ce qui aurait pu se passer."


"Et si je n'ai pas assez de courage pour vous refaire face ?"


Fouillant dans sa veste, Harry sort la montre qu'il porte toujours, son poids constant rassurant dans sa poche. Des fois, lorsque sa mère lui manque plus particulièrement, sa main se dirige naturellement vers l'objet et de la chaleur s'en émane comme si elle pensait à lui. La partie logique en lui sait que c'est son propre corps qui crée cette sensation, mais ils partagent le même sang, donc ça s'en rapproche.


"Vous serrerez ça pour moi," dit Harry en ouvrant la chaîne et tendant la montre à un Louis émerveillé. "Mon grand-père l'avait laissé à ma mère lorsqu'il est décédé, et elle me l'a donné lors de mon dix-huitième anniversaire. Je sais que vous en prendrez soin."


Louis regarde la montre dans sa paume ouverte, la chaîne pendant de sa main. "Harry, je ne peux pas accepter."


"Si vous pouvez," dit-il avec confiance malgré l'émotion qui menace de faire vibrer sa voix. Il ferme les doigts de Louis autour de la montre, ses propres doigts tremblant au toucher du métal familier et d'une peau étrangère. "Assurez-vous juste qu'elle me revienne. Mais je sais que vous le ferez."


Il y a un moment de silence durant lequel Louis continue de regarder la montre dans ses doigts. Puis, avec un petit hochement de tête, il la glisse dans sa poche. "Je devrais y aller. Les gens commencent à se demander où je m'enfuis."


Harry se lève en même temps que lui, prenant sa main en même temps, bien qu'il préférerait un câlin. "J'attendrai," promet Harry en ouvrant la porte pour Louis.


"J'essayerai de ne pas vous faire attendre trop longtemps."


"J'étais sincère quand je disais que vous pouviez prendre tout le temps qu'il vous fallait," dit solennellement Harry. Puis, sur un ton plus léger: "Je ne serai pas combien de temps ça fera de toute façon, puisque je vous ai donné ma montre."


Ça lui vaut un sourire petit mais sincère de la part de Louis. Sans un mot de plus, il se dirige dans le couloir, regardant par-dessus son épaule une dernière fois avant de disparaître.


Lorsqu'il est sûr qu'il ne reviendra pas en courant vers lui avec les bras grand ouverts, Harry retourne dans sa chambre seulement pour se diriger vers celle de Gemma.


Elle répond dès le premier coup, ayant deviné que son frère la chercherait dès que Louis serait parti. "Alors ? Comment ça s'est passé ?" Demande-t-elle en scrutant son visage pour des indices.


Harry se laisse tomber contre l'encadrement de la porte, épuisé de ses émotions de la journée. "Il est retourné travailler à l'entrepont."


"Et qu'est-ce que monsieur Tomlinson fait exactement ?" Demande Gemma, les sourcils haussés d'intérêt. "J'avais l'impression qu'il travaillait en Première Classe."


Elle ne sait pas, réalise Harry en pinçant ses lèvres. Bien sûr qu'il peut le dire à Gemma; il lui a toujours tout dit et elle n'a jamais trahi sa confiance. Il espère juste que ce n'est pas une de ces fois où elle juge nécessaire de le réprimander.


"Il appartient à la Troisième Classe," avoue-t-il en voyant ses yeux s'écarquiller. "Et ce n'est pas un steward. C'est un passager."


Elle l'écoute avec attention lorsqu'il lui raconte comment Louis s'est infiltré en Première Classe déguisé en steward, rencontrant les Styles totalement par hasard. "Je savais qu'il me semblait familier," murmure-t-il une fois son histoire terminée. "C'est le steward qui est entré dans ma chambre sans frapper le premier soir."


"Entré sans frapper ?" Demande Harry, alarmé. "Pourquoi c'est la première fois que j'entends parler de ça ?"


"Il n'a rien fait d'inapproprié, Harry. Calme-toi s'il te plait." Elle caresse le bras de son frère en continuant. "C'est moi qui devrait avoir honte; je l'ai envoyé dans ta cabine dans l'espoir que tu apprécierais la vue." Ses joues ont rougi maintenant qu'elle a avoué cela.


"C'est toi qui l'a envoyé ?" Répète Harry. "On s'est sûrement rencontrés seulement grâce à toi."


Le visage de Gemma se fend en un sourire. "Tu me remercieras quand il reviendra." Puis plus tendrement, "Tu penses qu'il va revenir ?"


"Je sais que oui. Je lui ai donné la montre de poche de grand-père."


Son sourire se transforme en un 'o' parfait de surprise. "Harry, t'es jamais allé quelque part sans cette montre depuis que maman te l'a donné. Qu'est-ce qui t'as pris de la donner à un homme que tu connais à peine ?"


Elle a raison, Harry ne connait pas Louis. C'est juste un homme qui en apprécie un autre, quelqu'un qui est d'un monde totalement différent. Leurs chemins ne se seraient jamais croisés s'ils n'étaient pas tous les deux confinés sur le même bateau. Harry est certain qu'il était fait pour rencontrer Louis, et que ça ne s'arrêtera pas là.


Donc, oui, il ne connait peut-être pas beaucoup Louis pour l'instant, mais ils sont destinés à être dans la vie de l'autre. Et qui est Harry pour remettre le destin en cause ?


"Le destin," répond-il simplement. Puis il retourne dans sa chambre, fermant la porte entre lui et une Gemma assez perplexe.


°°°


La pile de vêtements est là où Louis l'a laissée, cachée au fond d'un placard. Il se change mécaniquement, se concentrant sur ses mouvements pour éviter de penser à sa dernière rencontre avec Harry. C'est trop d'un seul coup, son cerveau et son cœur semblent essayer de sortir de son corps pour se sauver. Le pire, c'est le poids de la montre dans sa poche tel une ancre l'empêchant de flotter.


Il sort la montre de son pantalon d'uniforme, prenant un moment pour la regarder avant de la glisser dans la poche de son propre pantalon. Elle est jolie, dorée et brillant dans sa main. L'attention qui lui a été portée est évidente dans le manque de rayures. Elle est décorée d'un motif floral, des tiges s'enroulant autour des côtés et finissant leur chemin en un cercle autour du monogramme: EJC. Louis passe son pouce sur les lettres, se demandant si EJC était le grand-père de Harry. Peu importe qui il était, qu'est-ce qu'il en penserait s'il savait que sa montre avait fini dans les mains de quelqu'un comme Louis, pauvre et impure, avec rien à offrir en retour à quelqu'un comme Harry.


Avec un grognement de frustration, Louis remet la montre dans sa poche et sort rapidement du lavoir, attirant des regards curieux d'un groupe d'hommes passant dans le couloir. Il passe à côté d'eux sans un mot, trop préoccupé pour être poli. Tout ce qu'il veut c'est se mettre en boule dans son lit et dormir jusqu'à ce que le monde reprenne du sens.


Evidemment, c'est sans compter sur Liam Payne, sur qui il fonce à l'angle d'un couloir.


"Tomlinson !" Crie-t-il joyeusement, stabilisant le plus petit de leur collision. "Vous êtes de retour étonnamment tôt. C'était bien ?" Il cligne discrètement de l'œil gauche, juste assez pour faire comprendre à Louis la vraie question sous entendue.


"Je n'avais pas trop envie d'explorer finalement," répond Louis en serrant contre lui la pile de vêtements. "Si vous voulez bien m'excuser, je vais retourner dans ma cabine pour m'allonger."


Louis ne fait même pas deux pas avant que Liam ne l'attrape par le bras. "Laissez-moi vous accompagner. Vous êtes affreusement pâle."


Ne possédant pas l'énergie mentale ou physique nécessaire pour débattre, Louis marmonne le numéro de sa cabine et se laisse guider dans le labyrinthe qu'est le paquebot. Lorsque Liam tourne dans un couloir différent de celui qui mène directement à sa cabine, Louis le regarde étonné.


"Je pensais qu'on pourrait faire un petit détour," dit Liam sans rien de plus. Ils atteignent la fin du couloir, personne en vue et toutes les portes fermées. "On est en sécurité ici," dit le steward une fois arrêtés. "Maintenant, que s'est-il passé là-bas qui vous a temps secoué ?"


Fronçant les sourcils, Louis s'appuie contre le mur opposé à Liam, les bras croisés. "J'apprécie votre aide, monsieur Payne, mais qu'est-ce qui vous fait penser que ce que je fais vous concerne ?"


Pas déconcerté, Liam hausse les épaules. "Ça ne me concerne pas. Mais à qui d'autre pouvez-vous en parler ?"


Il a un excellent point. Il y a Niall, bien évidemment, mais l'avoir seul n'est pas facile. Et Liam a déjà prouvé qu'il était quelqu'un de confiance.


"Vous savez pourquoi j'ai voulu travailler sur cette traversée, Tomlinson ?" Dit Liam une fois que le silence a assez duré. Il n'attend pas pour une réponse. "Il y a une fille à la maison, à Wolverhampton. Elle s'appelle Sophia, et je vais l'épouser."


Curieux, Louis baisse sa garde, les bras entourant son ventre. "Je ne crois pas suivre. Comment pouvez-vous l'épouser si elle est là-bas et vous ici ?"


Liam rit. "Je ne peux pas, puis je ne peux pas l'épouser là-bas non plus. Son père n'est pas d'accord." Il se ressaisit rapidement, la douleur est visible dans ses yeux. "Ma famille n'a pas grand chose, contrairement à la sienne; ils ont une usine de bicyclettes. Son père a peur que je ne sois pas capable de m'occuper d'elle comme pourrait le faire un homme plus riche." Il tire sa veste. "C'est ma façon de lui prouver qu'il a tort."


"Mais vous serez toujours en mer. Ça n'aide pas votre cas."


"Une fois que j'aurai un peu économisé, je vais racheter une part de la compagnie de son père. Il n'a pas de fils à qui la léguer." Le sourire de Liam est à la fois plein d'espoir et triste, rappelant terriblement à Louis le sourire de Harry il n'y a pas si longtemps. "Je l'aime, monsieur Tomlinson. Je ferai tout ce qu'il faut pour être son mari."


Il est si déterminé, son amour pour cette fille est visible sur son visage. "Pourquoi me dites-vous cela ?" Se demande Louis. "Qu'est-ce que ça a à faire avec moi ?"


"Peut-être rien du tout," répond-il en faisant quelques pas en arrière. "Sachez juste que je crois réellement que l'amour trouve toujours son chemin, et qu'où il y a de l'amour, il y a de l'espoir." Il fait un dernier clin d'œil avant de partir, laissant Louis dans le couloir désert seul et plus incertain que jamais.


Il y a juste assez de temps pour une petite sieste avant le dîner, et il ne sait pas si c'est la sensation étrange dans son ventre ou Niall qui le réveille.


"Qu'est... ce que tu... fais ?" Marmonne Louis, irrité, en donnant des coups pour écarter l'irlandais. Il a l'impression de ne pas avoir dormi.


"Tu viens souper avec nous, Tommo," l'informe Niall, son ton indiquant qu'il n'a rien à dire.


Derrière Niall, Stan hoche la tête avec enthousiasme. "Tu passes même toute la soirée avec nous. Si tu tiens ta promesse."


Louis roule en grognant. Il leur a promis de leur donner un peu de son temps, et ce n'est pas comme s'il ne voulait pas. C'est son mal de tête le problème.


"Lève-toi," l'urge Niall en retirant la couverture de son lit.


Admettant sa défaite, Louis sort de sa couchette, ignorant le regard triomphant de Niall en cherchant sa deuxième chaussure. "Horan, j'ai le sentiment que l'Irlande est beaucoup plus calme depuis que tu es sur ce paquebot."


Zayn ricane, regardant avec amusement Louis galérer à mettre sa chaussure. "T'as encore rien entendu. Hier soir, lui et un autre qui s'appelait Daly apprenaient à tout le monde des chansons paillardes."


Niall crie de protestation mais Stan met une main sur sa bouche. "Puis Horan a pris la cornemuse de Daly. C'était encore pire."


Les chaussures enfin aux pieds, Louis se redresse en rigolant. "On dirait que quelqu'un avait un peu trop bu."


Les joues rouges et souriant, Niall secoue la tête. "Pas du tout. C'était avant qu'on commence à boire."


La Salle à Manger se remplit rapidement, avec seulement assez de place pour la moitié des passagers. La quatuor arrive à trouver quatre chaises ensemble. Lorsque les autres garçons disent bonsoir à d'autres passagers avec enthousiasme, Louis réalise qu'il ne connait personne. Ça lui fait manquer la table en Première Classe avec les Marvin et les Styles. Mais il devrait faire face à Harry, et il n'en est encore absolument pas prêt.


Louis reporte son attention sur ses amis, déterminé à passer une bonne soirée en Troisième Classe - le type de soirée qu'il aurait dû passer depuis le début.


Le repas ici est plus simple, les conversations plus bruyantes, et le concert après le repas consiste à ce que les passagers qui ont emmené un instrument jouent. Avec les bras autour du cou de Niall et Stan en chantant en même temps que le reste de la foule, Louis trouve que ce n'est pas si mal après tout. Il serait parfaitement satisfait de se rappeler de cet endroit, où il est censé être, si ce n'était pas pour une chose:


Il y a de fortes chances qu'il soit en train de tomber amoureux de Harry Styles.



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Référence:

Montre:


#tradlarry

Noemie 

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