Étoiles

Rien ne semblait être réel.

Harry avait l'impression de regarder un film, sauf que celui ci était en couleur. Mais ce genre de moment épouvantable ne devrait exister que dans des fictions, n'est-ce pas ?

Mais Harry savait que ça se passer réellement. Il était, maintenant, dans un canot de sauvetage, sur un siège froid et dure, ses compagnons de voyage grelottant tout autour de lui . Le Titanic était vraiment en train de couler sous ses yeux, l'arrière du bateau se soulevait de plus en plus au dessus de l'eau. Harry n'arrivait pas à détacher son regard du bateau car l'homme qu'il aimait, était encore à bord.

De là où il était, il était évident de voir que le navire faisait naufrage. Pourtant sur la plate forme, Harry n'avait rien vu et n'avait pas senti le bateau bouger. Personne n'avait pris la collision au sérieux, mais maintenant, maintenant tout était clair.

Enfin non pas tout le monde, Louis savait. Louis savait que les choses allaient tourner mal. Il avait été inquiet au premier signe . Harry passa nerveusement sa main dans ses cheveux, si Louis n'avait pas insisté, ils seraient probablement tout les deux morts dans leur sommeil, flottant dans leur cabine. Ce devait être la raison pour laquelle il avait insisté pour que Harry monte sur une embarcation, pour rester en vie.

Gemma enveloppa ses bras autour de son frère en le berçant. " Arrêtes de pleurer s'il te plait". Harry secoua la tête et passa sa main sur son visage, trempé de larmes. Il n'avait même remarqué qu'il pleurait. Il laissa les perles salés dévalés ses joues en enfouissant son visage dans le manteau à fourrure de sa soeur. Son propre manteau était encore de sa cabine, et Harry savait qu'il n'allait plus jamais le revoir.

Pas juste son manteau. Plus personne ne montera sur le grand escalier, émerveillé par la surcharge du dôme donnant une sorte d'aperçu du ciel. Les lieux que lui et Louis avaient touché seront à jamais les leur, plus jamais dérangé par un autre humain. D'ici quelques heures, le Titanic sera vouée à devenir une curiosité pour les créatures habitant au fond de la mer.

Et Louis dans tout ça ? Bien sur d'autres canots de sauvetages ont été lancés, mais si Louis n'avait pas réussi à arriver à temps ? Harry secoua ses boucles, non Louis avait certainement dû trouver ses amis et s'étaient entassés avec eux dans une embarcations, qui était maintenant au environ de celui de Harry.

Harry tira son visage loin de la chaleur du manteau de Gemma, maintenant humide avec ses larmes, lorsqu'il remarqua que tout le monde retenait son souffle. Il tourne sa tête vers le navire et son sang se glaça dans ses veines.

Les hélices du Titanic s'inclinaient dangereusement hors de l'eau. Les gens s'accrochaient à la balustrade de la poupe, tandis que d'autres tombaient individuellement ou par paires dans la mer. Les lumières blanches avaient disparu, laissant place à une couleur rouge écœurante, comme si le sang des victimes avait coloré chaque fenêtre et chaque lanterne. Combien de personnes avaient réussi à s'échapper? Combien d'autres étaient encore accrochés à l'espoir, à l'attente d'un secours qui ne viendrait probablement jamais ?

Il y eut un bruit de craquement avant qu'un entonnoir se libérait de son emplacement, plongeant dans l'eau où se trouvait une masse de nageurs. Les femmes assises autour de Harry se mirent à pleurer ouvertement, appelant à leurs maris et leurs fils. Le petit bateau tangua par la vague créée lorsque l'entonnoir fut tombé.

Sans prévenir, toutes les lumières s'éteignirent en même temps, et le Titanic se craqua en deux, renversant l'avant du bateau dans l'obscurité de l'océan.

Le navire tangua dans avant de se mettre à 90 degrès de l'eau, il avait l'air d'une tache dans le ciel dans laquelle on pouvait voir les ombres noires des passagers dévalaient le pont pour finir dans l'océan glacial. Il y eut un nouveau son, un faible gémissement émanant des profondeurs du navire comme si il souffrait. Puis, avec un dernier rugissement, le Titanic glissa tranquillement sous la mer comme si il n'avait jamais été là, laissant derrière lui que la terreur dans son sillage.

Ce son. Harry n'oubliera jamais ce son pour aussi longtemps qu'il vivrait : l'agonie synchronisée de mille âmes criant à l'aide. De cette distance il ne distinguait pas les mots, mélangés ensemble dans des gémissements déchirants.

Les passagers de la petite embarcations pleuraient pour leurs proches, les mères serraient leurs enfants, les femmes seules essayaient de se réconcilier avec la possibilité de devenir veuves en un clin d'œil.
En les regardant, Harry était envahit par la culpabilité et le chagrin: le premier parce qu'il avait laissé Louis sur le bateau, et l'autre car il n'avait pas tenu sa promesse.

Il tomba à genoux en tenant le bord du petit bateau, le visage ravagé par les larmes. Il prit une inspiration avant d'hurler " Louis ! ". Son corps fut pris de violents sanglots, il hurla encore une fois le prénom de son amour jusqu'à s'en faire briser les poumons. Les mains de sa soeur le tièrent en arrière mais il continua de crier son nom. Toutefois, sa voix se brisa et ses paroles ne devinrent que des chuchotements. Gemma le berça d'avant en arrière en lui caressant les cheveux.

" J'aurais du rester avec lui" il murmura, incapable de détacher son regard du champ de débris et des nageurs.

"Ne sois pas stupide, Harry," Gemma murmura en essayant de maintenir Harry sur son siège.

Il secoua la tête avec ferveur. " Pourquoi suis je ici alors que tant d'hommes sont restés ? Qu'est-ce qui fait que ma vie est plus de valeur que la leur ?" Il n'avait pas à lever les yeux pour savoir que certaines des femmes autour de lui étaient d'accord.

"Tu es ici parce que Louis voulait que tu vives", apaisa Gemma, en le serrant fermement. " Puis nous avons quitté le bateau très tôt. Personne ne savait ce qui se passait, et personne ne savait que ça finirait comme ça"

Au fond, il savait qu'elle avait raison. Il était le dernier à monter à bord, et le bateau serait partit avec ou sans lui . Même maintenant, il y avait encore de la place pour quelques dizaines de passagers.

Finalement, les cris disparurent, les gens dans l'eau succombaient au froid jusqu'à ce qu'il n'eut qu'une seule voix à gauche, puis, elle aussi, se tut. Le calme régnait et seul le bruit des canots de sauvetages flottant dans la mer recouvrait l'air.

Ils étaient maintenant, tous seuls sur la mer, et personne ne savait avec certitude quand une opération de sauvetage allait venir. Il n'y avait pas de nourriture dans le bateau, rien d'autre que l'océan froid. Ils n'y avaient même pas de lanterne. Il y eu alors long moment jusqu'au matin.

Les dames à bord se chamaillaient entre elles, pour des choses insignifiantes, leur esprit essayant désespérément d'éviter de penser à la mort de leurs proches. Elles avaient encore espoir que leur mari soit en quelque sorte épargné.

Harry se pencha vers sa sœur, les yeux fixés sur les étoiles qui jonchèrent le ciel.

"Gem," Harry murmura, les yeux retraçant la ligne invisible, qui reliait les étoiles entre elles.

"Hmm?"

"Tu te rappelle ce que Mère nous a dit? Juste après que grand-père soit mort?"

"Bien sur que oui." Gemma se déplaça à côté de lui, faisant attention à ne pas déloger Nellie de son épaule. "Elle nous a dit que quand on mourait, notre âme devenait une étoile dans le ciel, et que, si jamais grand père nous manquait, nous n'avons juste à lever les yeux."

Harry pouvait encore entendre la voix de sa mère prononcer ces mots. Il souriait tristement à ce souvenir. "Oui c'est ça."

Gemma souriait en prenant la main de Harry "Pourquoi cette question?" elle demanda curieusement, caressant le dos de sa main.

Il s'affaissa sur sa soeur, toujours en regardant les étoiles "Je pensais juste. Le ciel a gagné beaucoup de nouvelles étoiles ce soir." Son souffle resta bloquer dans sa gorge. "Je me demande où est celle de Louis ."

Gemma ne répondit pas, mais serra son frère contre elle quand il recommença à pleurer, laissant les larmes gelaient sur ses joues.

Ce fut la plus longue nuit de la vie d'Harry.

Les heures passèrent lentement, comme si même le temps était, lui aussi, affecté par la température glaciale. Les dames cessèrent leurs querelles; les chiens cessèrent d'aboyer; les enfants dormaient contre leur mère. Tout le monde avait du mal à réaliser, la nuit dernière ils étaient tous au chaud dans leur lit, occupés à se soucier de leur petit déjeuner. Et maintenant ils était à la dérive sur la mer, dans le froid et l'angoisse, ne sachant pas si leurs proches étaient vivants ou morts.

Harry se redressa lorsqu'il vit une lumière provenant d'un petit bateau qui passait à côté d'eux, les hommes à bord appelaient désespérément des survivants.

"Quelle heure est-il?" une femme demanda tranquillement, son visage pâle tiré derrière le col de son manteau. "Combien de temps il y a t il avant le matin?"

L'un des pompiers qui sortit une montre de poche, et le cœur de Harry crispa douloureusement. "Il fera jour dans 4 heure," l'homme répondit, en rangeant la montre.

Cela signifiait que plusieurs heures s'étaient écoulé depuis la dernière qu'il avait vu Louis, depuis qu'ils s'étaient embrassés devant tous les passagers et Dieu. Il lui semblait que ça c'était passé il y a beaucoup plus longtemps, mais si Harry fermait les yeux, il pouvait sentir la traînée douce des lèvres de Louis sur les siennes. Il pouvait encore sentir le gout de Louis sur sa langue.

Il se souvenait de chaque goût, chaque toucher, il se rappelait de ses sourires et de ses larmes. Si Louis était parti, condamné à vivre seulement dans la mémoire de Harry, alors le brun fera en sorte qu'il ne meurt jamais.

"Regardez là!" l'un des autres pompiers appela, en montrant au loin. "C'est une lumière?"

L'image de Louis s'évapora comme une fumée, Harry grogna et ouvrit les yeux. Il suivit le doigts de l'homme des yeux et vit quelque chose. Une lumière était visible au loin, très loin, mais néanmoins réelle.

"Je le vois!" un jeune garçon annonça, rebondissant sur son siège.

"Qu'est-ce qu'on attend, messieurs?" Le marin en charge du bateau disait, en désignant les rames "Allons y de suite!"

Les hommes s'esclaffèrent et lentement mais sûrement, ils glissèrent dans l'eau vers la lumière lointaine. Aucun homme parmi eux ne savaient utiliser les rames, mais ils parvinrent à travailler ensemble assez bien pour pousser le bateau.

En l'absence de lumière à bord, les autres passagers avaient mis le feu à tout ce qu'ils pouvaient trouver, des menus ou de la papeterie niché dans les poches de manteau. Ils agitèrent leurs torches de fortune, criant pour que personnes dans l'eau remarquaient leurs présences.

Harry ferma ses yeux et s'endormit contre l'épaule de Gemma.

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