Chapitre 8 : Rencontre & Déchirement (Partie 5/6)

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Mon portable vibre, je viens de recevoir un message. Je sais que je ne devrais pas le lire, et pourtant je me sens obligée. Léo. Je m'en doutais. Maintenant je vais devoir lui dire. Je vais devoir lui avouer que je ne peux plus continuer avec lui. Qu'au final il me fait du mal. Je dois lui dire que je veux prendre mes distances.

De : Léo – A : Moi – Message : Salut Zoé ! Tu veux sortir ?

De : Moi – A : Léo – Message : Ça tombe bien, il faut que je te parle, on va où ?

De : Léo – A : Moi – Message : Comme tu veux ! RDV au parc dans 1h. Qu'est-ce qu'il y a de si important ?

Je ne réponds pas, ça n'en vaut pas la peine. Je préfère le lui dire de vive voix, ce sera dur, mais au moins je saurais que j'aurais eu les tripes de le faire. Ma vie part en vrille mais je veux pouvoir dire que je peux surmonter les obstacles qu'elle m'impose. Rester avec Léo est impossible. Trop de souvenirs refont surface.

Je prends mes clés et met un peu d'argent dans la coque de mon portable. Juste au cas où. J'enfile ensuite une veste en cuir noir et sors de l'appartement. Je descends les escaliers la tête ailleurs, sors de l'immeuble et observe le ciel qui est resté nuageux. Je prends une photo. Je sais que même si je me sens triste, il me suffit de lever la tête pour contempler la huitième merveille du monde. Aucun jour n'est pareil. Chaque nuage est différent. Le ciel est différent selon l'endroit où l'on se trouve. Un coucher de soleil n'est jamais le même qu'un autre. Je me promène en ville en attendant l'heure fatidique, l'heure où je vais nous briser tous les deux. L'heure à laquelle je vais briser tous les espoirs qui ont pu être créés. La ville est digne des métropoles les plus célèbres, mais ce que j'aime par-dessus tout c'est qu'elle possède un grand parc et qu'aux abords du lac Supérieur qu'il y ait des falaises. Ce lac est gigantesque.

Il commence à faire froid mais je m'en fiche. J'arrive au parc avec trois quarts d'heures d'avance et je m'assois sur un banc en attendant Léo. Cinq minutes plus tard il me demande si je suis déjà arrivée. Je lui réponds que oui et lui indique ma position, au nord du parc, à l'opposé des jeux pour enfants.

- Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire ? m'interrogea-t-il.

- Je ne crois pas que tu vas apprécier.

- Je peux tout accepter sauf si tu me dis que tu ne veux plus me voir, fit-il avec un sourire dans la voix afin de cacher sa nervosité en plaisantant.

Mon Dieu. Comment vais-je lui dire ? Je vais briser tous ses espoirs. Il sera anéanti, mais tant pis. Je dois le faire. Pour le protéger. Pour nous protéger de moi. Je ne veux pas être un fardeau, c'est ce que je suis.

- Bah... Justement, prononçais-je lentement.

- De quoi ? s'étonna-t-il alors, perdu.

- Je suis désolée.

- Mais... Zoé ? De quoi tu parles ?

Il faut que je me lance. Il faut que je lui dise. Ce n'est quand même pas si compliqué de dire que je ne veux plus le voir !

- Je suis désolée, je ne peux pas continuer. On ne peut pas continuer. J-Je... J'ai des problèmes à gérer et... Je ne peux pas les régler quand tu es là. En fait, tu me fais du mal par ta simple présence... J-Je... Mes souvenirs refont surface trop brusquement et... Non. Je ne peux pas, c'est trop dur. Et... Je suis perdue. Je ne ressens rien pour toi, mais j'en sais rien si en fin de compte tu comptes pour moi. J'en ai aucune idée. Je ne veux plus qu'on se voie pendant un moment, déballais-je d'un coup.

- Quoi ? Non ! Non non non non non, c'est pas possible ! Zoé ! Tu mens, c'est ça ? Tu me fais marcher ? Non, s'il-te-plaît ne pars pas comme ça ! me supplia-t-il les larmes aux yeux.

- Tu ne peux pas comprendre.

- Alors expliques-moi ! Je ne demande qu'à comprendre !

Ce n'est pas possible ! Il rend la situation plus compliquée en réagissant comme ça ! Il a fait déborder le vase, je ne peux pas le laisser dire ça, je dois fermer la boucle du « o », mettre les barres sur les « t ». Il ne comprendra pas. Il ne comprendrait pas. Jamais.

- Justement Léo ! Tu veux comprendre ! Mais tu ne le pourras jamais ! Tu as vécu une situation similaire à un obstacle que j'ai vécu ! On a un truc en commun et c'est Nathan ! C'est tout ce qu'on aura jamais !

- Mais... Zoé, je tiens à toi !

- C'est pas réciproque, répondis-je d'une voix glaciale.

- Tu m'aurais fait croire le contraire ? Pourquoi Zoé ? Pourquoi ?

- Je nourrissais l'espoir que je m'en sortirais de cette manière, mais en fin de compte, c'était pire. Va savoir pourquoi tu me fais ça.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? gémit-il.

- Rien ! C'est ça le problème Léo ! T'as rien fait pour la simple et bonne raison que t'étais pas là au moment où j'ai vécu toutes ces merdes ! fulminais-je. Mais tu arrives dans ma vie qui est déjà bordélique à en mourir, tu t'incrustes et ensuite, je suis encore plus en vrac à cause de ce que je pense ressentir pour toi ! Mais c'est faux... La seule chose qui me fasse me sentir mieux, ce sont mes antidouleurs. Et tu agis avec l'effet inverse.

- Zoé...

Je ne peux pas en supporter plus, c'en est trop pour moi. Il faut que je m'éloigne, il le faut. Je ne peux pas rester à côté de Léo ne serait-ce qu'une seconde de plus.

- Zoé attends !

Je ne me retourne pas et continue de m'éloigner de lui. Pour mon bien-être, aussi minime soit-il, il faut que je le laisse de côté. Malheureusement pour moi il arrive à me rattraper, il me tient par le poignet mais je refuse de me retourner, je préfère regarder le bout de mes tennis plutôt que d'observer le désespoir dans ses iris. Je sais qu'il est au bord de l'abîme et cette image m'est insupportable. Je nous sens à la limite du précipice, je peux presque voir le fond des abysses.

- Laisse-moi au moins être ton ami. Je veux juste être à tes côtés. Accorde-moi au moins ça. S'il-te-plaît... me pria-t-il les yeux brillants et la voix défaillante.

- Léo...

Je ne peux pas lui répondre autre chose. Je préfère partir. Loin. Je dégage mon bras de sa poigne en tirant d'un coup sec et sors du parc aussi rapidement que possible. Je me prends ensuite à déambuler dans les rues de la ville sans avoir envie de m'arrêter quelque part. Je ne sais même pas où aller, je marche sans aucun but précis. L'air se refroidit et au début je ne ressens rien mais mes doigts deviennent de plus en plus gelés. Je préfère donc m'acheter un café. Je m'arrête à la première enseigne proposant des boissons chaudes que je vois et commande un latte vanille avec supplément caramel. Je l'emporte avec moi dans la froideur du Québec. Je lève le nez pour voir le ciel, le soleil va bientôt se coucher et ça me donne une idée. Je vais aller sur une falaise au bord du lac Supérieur.

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