Pdv Zoé

Léo a insisté pour que je relève mes manches. Ça y est, il a vu mes cicatrices. J'ai peur de sa réaction, je me cache les yeux de mes mains mais il me prend les bras délicatement pour ne pas me faire mal et pour pouvoir me regarder dans les yeux. Je vois la surprise dans son regard. Je vois défiler la colère, la déception mais c'est finalement l'incompréhension qui l'emporte. J'ai entraperçu de la déception. Il a été déçu. Je l'ai déçu. Décidément je ne le mérite pas. Il est trop bien pour moi. Léo... Je suis désolée. Nathan... J'ai failli à ma promesse. Je ferme les yeux pour ne plus avoir à affronter le regard de Léo. C'est trop douloureux, je ne veux plus le décevoir, non, même si pour cela je dois disparaître de sa vie ou disparaître tout cour-

- Pourquoi Zoé ? murmure-t-il faiblement, coupant ainsi le fil de mes pensées.

- ...

Je n'ose pas répondre par peur de sa réaction. Je ne peux pas vivre cette vie. Ce n'est même pas une vie. Ce n'est plus vivre à ce stade-là. Je dirais même pire, ce n'est même pas de la survie. Je repense à ce que j'ai pu endurer, je ne sais même pas comment je fais pour continuer à avancer. Je n'ai fais que tomber, et à présent je suis encore debout. Il y a cette espèce de petite étincelle en moi, ce petit espoir qui ne meurt jamais vraiment et qui me fais me relever encore et toujours. Peu importe la difficulté, je me bats. Mais... Ça ne m'empêche pas d'être fatiguée, si fatiguée. Je lutte constamment, contre tout et tout le monde. Je lutte même contre mes propres émotions, je ne peux rien faire pour me sortir de là. Et la seule manière de me défouler, ou d'oublier un peu, que j'ai trouvée c'est de me faire du mal. Au lieu de souffrir à cause de quelqu'un, je préfère que ce soit moi qui me fasse mal. Au moins je sais à quoi m'en tenir.

- Pourquoi tu t'es fait ça ? Pourquoi ? répète-t-il.

- ...

Je ne réponds pas, j'en suis incapable, je ne peux pas. Je me sens démunie face à son regard de braise. Je baisse la tête, j'ai honte de m'être montrée si faible, si fragile. J'aurais dû lutter contre mes pulsions. Je ne mérite pas sa compassion, je ne mérite pas son inquiétude. Je ne suis pas une battante mais je suis fragile, trop fragile.

- Réponds-moi, reprend-il doucement.

- ...

- Réponds-moi bon sang ! m'enjoint-il alors, brusquement.

- ...

Je ferme les yeux un instant, c'est devenu trop dur de soutenir son regard. Je devrais en être capable, seulement c'est bien au-dessus de mes forces. Je suis faible, je le sais. On m'a déjà dit que j'étais une battante, mais ça ne veut rien dire. Je succombe à mes faiblesses, alors que quelqu'un de fort va trouver une solution et apprendre à utiliser ses failles comme des forces. Mais... Je suis quelqu'un de faible qui reste entravé par ses failles. Je suis fragile, je me sens impuissante face à ma vie.

- S'il-te-plaît Zoé. S'il-te-plaît ouvre les yeux et regarde-moi, je t'en supplie.

- ... J'en ai marre Léo. Tellement marre, soufflais-je finalement.

- Je ne comprends pas, explique-toi.

Je soupire... Je suis complètement lasse.

- Je ne veux plus me battre.

- Zoé...

- Laisse-moi finir maintenant, ordonnais-je en lui coupant la parole.

- ...

- Je ne peux plus me battre. Je ne veux plus. Je ne peux pas continuer comme ça. C'est vrai Léo. Je t'aime et en même temps je te déteste. Je t'aime comme j'ai aimé Nathan, mais je te déteste parce que justement tu me le rappelles. Tu es ma drogue mais être avec toi me fait trop mal. Tu me fais du mal par ta simple présence et tu n'y peux rien, mais que tu sois là me fait du bien.

Il évoque chez moi des sentiments contradictoires. Je déteste ça. C'est mauvais. Je m'apprête à lui dire que je veux prendre mes distances avec lui mais il ne me laisse pas le temps de placer un mot. Il pose un doigt sur ma bouche, rapproche son visage du mien et m'intime de me taire. Je sens son souffle m'effleurer, je sens ses lèvres se poser sur les miennes. Il est merveilleusement doux avec moi. Par ma faute il a perdu son ami d'enfance, mais il ne m'en veut pas. Il cherche à me réconforter alors que je suis clairement la seule coupable. Je suis fautive. Je ne sais plus vraiment où j'en suis. Ensuite il se recule doucement...