Pdv Léo

Quand je retourne au lycée, le lendemain du jour où Zoé est venue chez moi, c'est-à-dire hier, je m'arrête devant le casier de Zoé et je l'attends. Elle m'a dit qu'elle arriverait vers huit heures vingt-cinq. Les cours commencent dans cinq minutes, j'espère qu'elle ne sera pas en retard. Plusieurs filles tentent de s'approcher de moi, mais je fais comme si je ne les voyais pas. Mine de rien, porter des écouteurs c'est pratique.

Je n'arrive pas à oublier le fait qu'elle ait assassiné mon ami d'enfance, mais... C'était un accident, elle me l'a confirmé. Je ne peux pas lui en vouloir, parce que... Nous sommes reliés d'une certaine manière. Nathan a joué un rôle clé dans chacune de nos vies respectives à Zoé et à moi. Ils se sont aimés et maintenant j'aime Zoé à mon tour. Le coup de foudre au premier regard, quel beau cliché. C'est d'ailleurs étonnant la manière dont j'ai été au courant de la chose. Un ami détective à qui j'avais parlé de Nathan m'a proposé de m'aider à le retrouver, mais il m'a plutôt annoncé son décès sans prendre de pincettes.

//FLASH//J'entends mon téléphone sonner au milieu de la nuit. Il est... Trois heures du matin ! C'est une blague ? Qui peut bien m'appeler à une heure pareille ?

- Allô ?

- Léo ? C'est bien toi ?

- Qui veux-tu que ce soit d'autre à trois heures du mat', Erik ? Et en plus sur mon portable ? râlais-je.

- C'est vrai, j'avais pas vu l'heure. Excuse-moi je t'ai dérangé ? demanda-t-il innocemment.

- Nan, pas du tout, c'est pas comme si je venais de me réveiller en sursaut à cause d'un détective qui ne sait pas quelle heure il est au beau milieu de la nuit ! Bon alors qu'est-ce que t'as bien pu trouver ?

- Heu... Bah... Nathan !

- Ah ouais ? Il est où ? m'empressais-je de m'informer.

- Dans un cercueil six pieds sous terre dans une ville au bord du Lac Supérieur. T'en as pour environ quatre heures de route.

- Pardon ? fis-je, totalement incrédule.

- Ouaip ! Accident de la route. Homicide involontaire par Zoé Holder.

- Envoie-moi une photo d'elle, je vais là-bas dans quelques jours le temps de trouver un appart et de louer celui-là. T'en as pas marre des hôtels ?

- Si, me répondit-il.

- Tu veux mon appart ?

- Pourquoi pas ? C'est quoi ton prix ?

- Cent par mois, proposais-je.

- Ça me va. Tu pars combien de temps ?

- Chai pas. Je peux pas te dire. Peut-être que je resterais deux semaines, je sais pas si je rentrerais d'ailleurs, peut-être que oui, peut-être que non. Peut-être que je resterais jusqu'à la fin du lycée... On verra une fois sur place. Tu pourrais me donner tous les renseignements concernant la mort de Nathan et tout ce que tu peux trouver sur cette fille ?

- Okay.

Dans les heures qui suivirent notre appel j'ai reçu un message d'Erik qui m'a écrit tout ce qu'il savait.

Accident de la route. Homicide involontaire. Hospitalisé et mort de ses blessures – hémorragie interne. Zoé Holder. 17 ans. Cheveux noirs, yeux gris-verts. Récemment en couple avec Nathan. Emancipée. A perdu son frère. Réseaux sociaux : Aucun. Terminale S. Elle est dans un lycée français, c'est pour ça qu'elle est dans une filière. Comme toi actuellement.

Il m'a également transmis une photo de la fille en question et l'adresse de son lycée. Bien. Je vais pourrir la vie de cette fille.//FLASH//

Quand Zoé arrive, je remarque tout de suite que quelque chose ne va pas. Elle a des cernes, ses yeux sont rouges, ses paupières sont gonflées, elle a pleuré toute la nuit, j'en suis sûr. Elle me dépasse sans me parler, elle m'ignore ou quoi ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Du coup je la suis, elle va vers les toilettes. Elle entre dans celles des filles et me ferme la porte au nez.

Le message est plutôt clair, mais pourquoi ? Pourquoi est-elle comme ça ?

Tant pis, j'entre, de toute façon tout le monde est en cours. Il est déjà 8h35. Elle est appuyée sur les lavabos en face du miroir. Elle a la tête baissée. Elle pleure. Je m'approche, elle ne cherche pas à se dérober. Je l'enlace. Elle se laisse faire. Je me mets à chuchoter.

- Viens, on va chez moi Zoé.

Elle me suit sans résister. Quand on arrive chez moi, je lui prends son manteau et lui dit de s'asseoir sur le canapé. Je remarque alors qu'elle tire sur les manches de son pull comme si elle essayait de cacher ses poignets. C'est pas vrai. Dites-moi qu'elle n'a pas fait ça !