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Lorsque je rentre chez moi et que je me retrouve devant le miroir de mon placard à pharmacie, je repense à ce qu'il s'est passé cet après-midi... Notre discussion à propos de Nathan. Je ne supporte plus le manque, il me manque tellement... Le fait de ne plus jamais pouvoir le voir me sourire, le fait que plus jamais il ne me prendra dans ses bras, le fait que plus jamais je ne pourrais lui prendre un sweat pour sentir son odeur me fait mal. Tout cela est trop dur pour moi. Il me manque tellement... Je n'en peux plus. Je n'ai pas de tendances suicidaires normalement, mais là... Je ne peux plus endurer cette douleur. Je m'accroche, je m'agrippe au lavabo de toutes mes forces. Mes jointures deviennent blanches mais je m'en fous. Ma douleur est intérieure, dans mon cœur. Elle me ronge de l'intérieur. Je me demande comment j'ai fait pour tenir jusque là. Nathan... J'ai définitivement brisé ma promesse. Je ne peux plus faire comme si de rien n'était. Je ne peux plus rejeter ma culpabilité. Je peux pas faire plus, tout simplement. Je suis si désolée Nathan... Je... Je suis impardonnable. Je ne méritais pas ton amitié et encore moins ton amour. Je suis loin d'être forte comme tu me l'as dis sur ton lit de mort. Je sais que tu aurais voulu que je vive ma vie à fond sans me retourner et que je vive ma vie pour toi aussi mais je ne peux pas. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. J'ai réellement tenté, mais ce ne fut qu'un énième échec. Encore un échec de ma part. Je foire tout ce que j'entreprends de toute façon, alors à quoi bon ? Pourquoi je m'entête à me battre ? Cette petite étincelle ne s'est jamais éteinte mais... Je sens qu'elle ne va pas tarder à disparaître. Elle s'épuise à force de me ranimer encore et encore. Elle m'a toujours aidée à remonter la pente mais cette fois-ci je sens qu'elle faiblit, qu'elle ne va pas pouvoir faire grand-chose de plus.

Je sais que je ne devrais pas, mais franchement je ne peux plus tenir. Je prends le plus puissant antidouleur que je possède et avale trois cachets. Les médicaments agissent plutôt rapidement, je suis littéralement shootée. Normalement les médecins m'ont prescrit un cachet par jour et deux maximum si j'avais trop mal après l'accident. Ces cachets là sont plus forts et donc agissent plus rapidement que ceux que j'ai pris le soir de ma rencontre avec Léo.

Maintenant je saisis la lame que j'avais rangée dans le tiroir sous la double vasque et me scarifie. Je me taille les veines. Ça fait un mal de chien mais j'arrive à tenir avec les médicaments. Ça me soulage vraiment, malgré la douleur, c'est bizarre quand on y pense. Je me sens libérée d'un poids, de mon fardeau même si c'est partiel et temporaire. J'observe ces gouttes, non, ces billes ou plutôt ces perles rouges et brillantes tomber dans le lavabo. Les gouttes de mon sang se transforment bientôt en un flot faible...

Quand je regarde dans le miroir, je vois une fille aux longs cheveux noirs, plutôt jolie mais infiniment triste. Je vois une fille en larmes qui ne supporte plus sa douleur. Je vois une fille pitoyable, terrassée par sa vie. Je vois une fille amoureuse. Je vois une fille brisée. Et je vois surtout une fille qui n'a plus d'espoir pour sa propre vie et qui veut se tirer de ce monde pourri. Je vois une fille qui tient à retrouver son meilleur ami. Je vois une fille qui veut revoir son petit ami. Je me regarde dans la glace et j'ai la nausée. Je comprends pourquoi tout le monde me fuit. Pourquoi les gens m'aimeraient ? Après tout je suis coupable, c'est à cause de moi que Nathan n'est plus là. Et même si personne ne lui parlait vraiment, tout le monde l'appréciait alors qu'ils m'ont toujours repoussée. Il n'y a pas à dire, je suis maudite. C'est bien pour cela que j'ai changé de lycée, pour ne plus avoir à subir leurs regards chargés de dédain, pour ne plus avoir à entendre leur ton méprisant et condescendant. Mais en arrivant dans ce nouvel établissement, j'ai plus cherché à les fuir qu'autre chose et maintenant je suis seule et délaissée...

Je veux voir Nathan. Je voudrais tant le voir, ne serait-ce que trente secondes, mais je sais que c'est impossible.

J'ai besoin de sentir les bras de Nathan qui m'enlacent la taille et qui descendent au creux de mes reins pendant qu'il m'embrasse. Je veux sentir le contact de nos bouches, ses lèvres douces sur mon cou. Je veux le sentir près de moi le matin quand je me réveille. Je voudrais voir Nathan plus que tout.

Mais je sais que je ne peux pas. Je l'aimais mais j'aime aussi Léo. Je suis perdue. Il représente beaucoup à mes yeux depuis cet après-midi, je me suis aperçue des sentiments qui me rongeaient, je niais seulement mais il m'a fait ouvrir les yeux en m'embrassant. Je souhaiterais tellement que Léo soit mon antidouleur. Malheureusement c'est impossible... Il a fait ressurgir d'un coup toute ma peine et ma douleur. Mais en même temps... Il m'apprécie beaucoup, et moi aussi. Enfin, c'est ce qu'il laisse transparaître.

Nathan... Que dois-je faire ? Je suis perdue...

Fais le choix qui te semble le moins pire.

C'est ce qu'il m'aurait dit. Mais quel est le moins pire des choix ? Continuer à être amie avec Léo ? Lui avouer ? Lui montrer ? Ne rien faire et disparaître ? Ne plus lui parler ? Et si ce n'était pas réciproque ?

J'attrape la racine de mes cheveux, pose mes coudes sur le rebord et baisse la tête. Mes larmes commencent à couler et se mélangent au sang présent sur le rebord. Je suis si désolée Nathan...