Pdv Zoé

J'écoute sans écouter le cours de maths, de toute façon la prof parle des intégrales. Je n'y comprends rien et c'est rare. A la fin du cours, je demande à Léo s'il a compris. Ça fait maintenant presque trois mois qu'il s'est incrusté dans ma vie, et malgré la journée d'enfer qu'il m'a fait vivre quand il est arrivé, je me porte plutôt bien pour le moment. A force de me coller il a su se faire une place dans une fissure de mon cœur. Noël a eu le temps de passer. J'ai passé la journée à regarder des films et à manger des glaces. Oui, en hiver. C'était bien, j'étais enroulée dans un plaid sur mon canapé. Le lendemain je me suis fait plaisir en m'achetant un nouvel ordinateur. Nous sommes maintenant à la moitié du mois de Mars.

- Ouais. T'as besoin que je t'explique ?

- Steu plaît, demandais-je d'un ton suppliant.

Il me dit de rester avec lui à quinze heures à la fin des cours. Quand la sonnerie retentit, Léo et moi sortons du bâtiment. Il m'emmène chez lui. Comme moi, il n'habite pas loin du lycée alors nous y allons à pied.

Il me dit qu'il est émancipé. Il ne me demande rien sur ma vie, alors je ne précise pas que moi aussi, je suis émancipée.

« Je sais qui tu es ». Je me rappelle ce qu'il m'a dit ce jour-là dans le gymnase. Le jour de notre rencontre. Cette phrase me hante. Maintenant nous allons être seuls. Est-ce qu'il va tenter quelque chose ?

- T'as compris maintenant ?

- Ouais, merci Léo.

- Tu veux que je te fasse visiter ?

- Si tu veux.

Il me montre son appartement, rien de bien spectaculaire, presque tout est vide et immaculé. Comme s'il venait d'emménager. Je le suis dans les différentes pièces puis il finit la visite par sa chambre. Il ferme la porte, il s'approche et je recule. Il a l'air tellement menaçant. J'ai peur, pourquoi ai-je demandé son aide ? Et surtout pourquoi ai-je accepté de le suivre quand il m'a proposé de visiter ? Ça sentait le piège à plein nez, quelle idiote je fais !

Il m'accule contre le mur, plaque ses mains de part et d'autre de ma tête et se colle à moi. J'ai du mal à respirer. Il bloque toute fuite. Et impossible de quitter ses yeux sombres du regard. Il colle sa bouche à mon oreille et chuchote très bas, mais assez fort pour que je puisse l'entendre.

- Je sais qui tu es mais tu ne sais pas qui je suis, n'est-ce pas ?

Je ne réponds pas tout de suite. J'ai trop peur, je suis littéralement pétrifiée. Il tourne la tête de manière à ce que nos regards soient l'un en face de l'autre.

- Réponds-moi ! cria-t-il brusquement me faisant sursauter.

Il presse une main contre ma gorge et appuie légèrement. Serait-il un tueur en série ? Je pourrais penser que je suis trop jeune pour mourir mais après ce que j'ai fait... Je suis impardonnable. Et puis, je n'ai plus grand-chose à perdre, alors je vais lui répondre.

- Tu... Tu as raison.

- Je sais ce que tu as fais Zoé. Et je sais que ce n'est pas très joli...

Il relâche mon cou et passe une main sous mon tee-shirt, sur mon ventre.

- Je pourrais te violer. Je pourrais te kidnapper et te séquestrer. Je pourrais te faire tellement de choses si je le voulais... Et ce ne sont pas les idées qui manquent. Je pourrais même te tuer... Pour te punir, mais ça impliquerait que je deviendrais à mon tour un assassin, menaça-t-il d'une voix plus grave chargée de haine.

Il serait aussi un assassin ? Il insinue que j'ai commis un assassinat ? Mais comment l'a-t-il su? Il a raison. Je suis une meurtrière. Je porte la mort de quelqu'un sur la conscience.