Chapitre 16 : Dégradation & Impuissance (Partie 1/2)

Pdv Léo


- Salut Erik ! Je viens de rentrer !

Je jette mes clés sur la table située à côté de la porte d'entrée et rejoins mon ami dans la cuisine. Il est sur son ordinateur portable et est en train de pianoter furieusement sur le clavier à une vitesse totalement hallucinante. Je reste un instant ébahi devant sa vitesse d'écriture. Ma nouvelle journée de cours s'est bien passée avec Zoé. Elle m'a raconté qu'elle avait fait un max d'heures supplémentaires ce week-end pour rattraper le petit retard de finances qu'elle avait cumulé.

- Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je en observant le détective.

- Je réponds à quelques mails en lançant en même temps une recherche sur une personne qu'on m'a demandé de pister. J'essaie de vérifier les comptes sociaux qu'elle a et essaie de trouver le signal de son portable.

- Tu sais faire ça ? C'est pas interdit ? m'offusquais-je.

- Bah... Comme je fais partie d'une grande organisation qui recherche des criminels dans la nature et que j'ai reçu cette formation, je pense pas, me répondit-il d'un ton négligeant.

- T'es pas censé travailler en tant que détective privé ?

- Si tu veux tout savoir, c'est une couverture. Mais je ne peux pas t'en dire plus.

- Secret professionnel, je vois, concluais-je. Et c'est pas interdit de me parler du fait que t'es en couverture ?

- Si. Mais t'en as rien à fiche, non ? Tu sais que je suis un détective privé qui est en train de faire carrière, tout autre chose me concernant que je ne t'ai pas dit de vive voix est totalement faux, d'accord ?

- D'accord. Je ne connais presque rien de ta vie professionnelle, j'ai compris.

- Oh dernière chose. Nous n'avons jamais eu cette conversation, affirma-t-il en ponctuant ses dires d'un clin d'œil.

J'adore Erik, son sens de la répartie est hors-norme. Et il a un humour parfois décalé. Surtout que c'est une bête en informatique. Il est incroyable et intelligent. Je me rappelle encore des moments où il aidait la tête de mule que j'étais à faire ses devoirs. Je n'arrivais pas à comprendre mais il trouvait toujours une nouvelle manière de m'expliquer de façon à ce que je puisse comprendre. Franchement c'est grâce à lui que je me retrouve en Terminale S, la filière que je voulais.

***

J'ai un peu peur que Zoé ne revienne pas en cours parce qu'elle est encore très distante et que je ne sais absolument pas ce que je peux dire ou faire avec elle et quelles sont les limites à ne pas franchir. D'ailleurs quand je la vois franchir le seuil de la classe, je pousse un soupir de soulagement, comme hier. Je suis content qu'elle soit venue même si je sais que ce n'est pas facile. Elle se fiche du regard venimeux des autres et c'est ce que j'admire. Mais elle n'arrive pas à faire abstraction de ses propres pensées. Nous assistons aux premiers cours de la journée, puis pendant la pause, je saisis l'opportunité qui se présente à moi pour lui parler. Nous avons une quinzaine de minutes de temps libre.

- Zoé, tu n'as pas à culpabiliser, ce qui est arrivé n'est pas de ta faute.

Elle ne me répond tout d'abord pas, je soupçonne qu'elle soit en train de réfléchir. Nous sommes assis sur un banc sous un arbre et profitons de l'ombre que les feuillages projettent sur nous. Elle fait face à la cour mais j'observe son profil sans qu'elle ne s'en rende compte. J'admire la forme de son nez, ses lèvres que je rêve d'embrasser, sa douce et jolie peau pâle. J'imagine ses grands yeux gris-verts que je ne peux actuellement pas voir. Lorsque je dégage une mèche de ses cheveux de jais derrière son oreille gauche, elle a l'air surprise, mais ne s'éloigne pas. Elle prend ensuite une profonde inspiration en se tournant vers moi, m'arrachant par conséquent à sa contemplation. Je ne peux que la fixer dans les yeux ou regarder ailleurs pour ne pas la mettre mal-à-l'aise lorsqu'elle reprend la parole, avec une voix légèrement brisée.

- Bien sûr que si. Si j'avais fait en sorte qu'Austin ne crée pas Abysses 2, on aurait pu éviter tout ça. Si je n'avais pas été aussi stupide à l'époque pour entrer dans un gang, on n'en serait pas là. Si j'appartenais encore à Abysses maintenant, on ne serait pas dans cette situation. On ne parlerait pas de ça. Tu le sais très bien. J'ai parfaitement le droit de culpabiliser.

- Mais tu as fait ce qu'Austin avait demandé, tu as fait ton possible, tu étais coincée, tu ne pouvais rien faire de plus, argumentais-je.

- Si. J'aurais pu le battre, j'aurais pu lui tendre un piège. J'aurais pu entrer à Abysses sans mentir, je l'aurais fait si je n'avais pas eu le choix, regretta-t-elle d'un ton amer en croisant les bras sur sa poitrine.

- Mais tu ne l'as pas fait. Zoé, ce n'est pas de ta faute.

- Je te dis que si ! Laisse-moi maintenant.

Elle part et je n'ose pas la retenir. Génial, j'ai tout fait foirer. Encore une fois. Je suis complètement débile. Je sais bien que Zoé culpabilise à mort mais je veux qu'elle comprenne que ce n'est pas de sa faute. Je veux qu'elle soit débarrassée de ses démons. Je souhaite qu'elle soit heureuse. Je ne l'avouerais pour rien au monde à voix haute, mais je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux.

***

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