Chapitre 14 : Retrouvailles & Inquiétude (Partie 2/2)

***

Erik m'a dit qu'il allait rester quelques temps et c'est super. Je suis content de l'avoir avec moi. Nous nous sommes rencontrés dans une librairie, quand j'avais quatorze ans, rien de bien spécial. On a voulu saisir le même livre en même temps et on a commencé à discuter de nos goûts avant d'échanger nos numéros pour se reparler. Depuis, il m'a toujours aidé quand j'avais besoin d'aide dans mes devoirs ou pour quoique se soit d'autre.

Enfin bref, je m'égare. Il faut que j'aille en cours, il est bientôt 8h20. Hier, Lundi donc, Zoé était absente en cours et ça m'inquiète. Depuis Samedi, elle ne donne plus de nouvelles, ça fait maintenant quatre jours. Ce n'est pas normal. Je sais qu'elle a des problèmes, ce que je peux comprendre. On est jeunes, on ne peut pas tout gérer en même temps. Mais je suis prêt à parier qu'elle s'en veut pour Abysses, sauf que ce n'est pas de sa faute. Elle a tenté d'oublier cette partie de son passé, de faire table rase, mais son passé est revenu en force. Elle n'a pas pu lutter contre ce flot de souvenirs, et j'avoue que j'aurais réagis de la même manière si j'étais à sa place. Je ne peux pas comprendre dans quel état elle se trouve, mais je peux essayer de l'imaginer. Il faut absolument que j'aille la voir à la fin des cours. Pas que je n'ai pas une furieuse envie de quitter le cours de physique tout de suite mais je préfèrerais lui donner mes notes plutôt que de devoir les demander à quelqu'un que je ne connais pas. Heureusement, c'est la dernière heure. Il ne me reste qu'une trentaine de minutes avant la sonnerie. Ce que ça peut être long, mais j'ai de la chance, je trouve ça facile. Enfin non, ce n'est pas de la chance. C'est une facilité que j'ai.

En ce moment, on travaille sur les ondes dans la matière. On a une définition et des formules à appliquer bêtement. Beaucoup ne comprennent pas quand et comment les utiliser mais il n'y a pas trente-six mille solutions, il existe un calcul pour chaque cas concret, point final, en tout cas, c'est ce que je pense et je m'en suis toujours sorti de cette manière. En gros, on doit toujours se rappeler qu'une onde perturbe le milieu dans lequel elle se propage sans faire se déplacer la matière mais en transportant de l'énergie. A priori on appelle ça une onde mécanique, qui elle-même se divise en plusieurs types. Ah oui, chose importante, une onde se déplace dans toutes les directions qui lui sont offertes. Enfin ça ce n'était que le tout début de la partie théorique. Après il y a des définitions et des notions ainsi que quelques formules de calcul.

Plus que cinq minutes de cours, c'est passé rapidement. Je commence à ranger le livre dont on ne s'est pas servis pendant l'heure et ne laisse que ma feuille devant moi ainsi que ma trousse. Comme je suis au fond, la prof ne me remarque pas. Plus que sept secondes. Je regarde ma montre en rangeant mon stylo. Enfin ! Je range tout à l'arrache dans mon sac et sors du cours sans attendre que l'enseignante finisse de parler. De toute façon tout ce qu'elle dit c'est « A demain ! ».

Je me rue en dehors du lycée et emprunte les rues vaguement familières pour arriver jusqu'à l'immeuble de Zoé. Je crois qu'il faut que je tourne à gauche et je verrais le bâtiment. Bingo ! J'entre dans la cour intérieure et m'apprête à sonner quand une femme accompagnée de son bébé en sort et me tient la porte.

- Merci.

J'entre en quatrième vitesse et utilise l'ascenseur pour arriver au troisième étage. Je sonne à la porte 318. J'attends. Cinq secondes passent. Je sonne encore. J'entends enfin des pas mais personne n'ouvre. Je pense que Zoé regarde par le judas.

- Va-t-en Léo.

La porte est fine, elle laisse passer la voix pourtant faible de Zoé.

- Non je ne partirais pas, refusais-je.

- Alors tu vas pouvoir rester longtemps devant cette porte.

- Tant pis.

Je m'assois dos à la porte et j'entends Zoé soupirer puis m'imiter. Enfin je crois puisque je ne perçois pas le bruit de pas prouvant qu'elle s'éloigne.

- Zoé ? Pourquoi tu n'as pas donné de nouvelles depuis ce week-end ?

Silence. Soit elle n'a aucune intention de me répondre, soit elle réfléchit. J'espère sincèrement que c'est la seconde proposition.

- Tu sais Léo, je n'ai jamais souhaité que tu voies la plus sombre part de moi-même. Je n'ai jamais voulu que tu connaisses cette partie de mon passé.

- Il y a toujours une partie de soi-même qu'on ne veut pas dévoiler. C'est normal. Sauf que dans ton cas, c'est ton passé qui t'a rattrapée. Ce n'était pas ta faute. C'est un boomerang qui est revenu à pleine puissance.

- Tu parles. Je n'ai rien pu faire pour te protéger. Tout est de ma faute, soupire-t-elle.

Je perçois l'abattement dans sa voix. J'entends qu'elle essaie encore une fois de cacher ses émotions. Qu'elle essaie en vain de vaincre ses émotions. Qu'elle essaie de gagner une énième guerre contre elle-même. Elle a eu un passé compliqué j'en suis persuadé. Je ne le connais pas, mais je suis sûr qu'elle ne souhaiterait même pas à son pire ennemi l'enfance qu'elle a vécu.

- Non. Ecoute Zoé, tu n'as rien pu faire et pourtant tu as essayé et c'est l'important. Et tu sais ce qui est encore plus important ? Qu'on soit tous sortis indemnes de cette situation critique.

Elle ne répond pas. J'entends qu'elle se redresse au rythme de sa respiration. Elle n'ouvre pas la porte mais reprends la parole d'une voix assurée.

- Oui. Tu as probablement raison. Ça m'embête de te demander ça mais tu pourrais partir ? J'ai besoin de réfléchir un peu.

- Non, je vais y aller, mais j'ai les cours et les devoirs, tu n'auras qu'à me rendre le tout demain ou plus tard, j'ai fais les exos en perm, lui assurais-je alors que je n'avais rien fait.

- D'accord.

***

Vendredi, dernier jour avant le week-end. J'entre dans la salle de classe juste avant la prof de maths et aperçois Zoé à sa place la tête dans la main et tournée vers la fenêtre. Je me demande ce qu'elle peut bien regarder. Le ciel peut-être ?

- Salut, t'as décidé de pointer le bout de ton nez ? ironisais-je.

- Ouais. Tiens tes cours, merci.

- T'as réussi à comprendre ? m'inquiétais-je.

- Oui c'est bon. Des maths, des ondes, et des noms de muscles à retenir, facile. Par contre la philo... Ça change pas de d'habitude, râla-t-elle.

- Ouais, bien dis, fis-je en riant de bon cœur.

Durant toute la journée j'ai trouvé Zoé bien silencieuse. Je crois en connaître la raison. Malgré ce que je lui ai dit, elle culpabilise encore. D'ailleurs, j'ai tenté un ou deux rapprochements mais à chaque fois elle s'est éloignée. Je ne sais pas comment réagir. Quand je lui ai posé la question qui me perturbait, elle m'a juste expliqué qu'elle ne voulait plus me faire souffrir et qu'elle voulait juste qu'on reste amis. J'ai accepté sur le moment, mais je ne sais pas si j'arriverais à m'en contenter. J'aimerais tellement entrer dans sa tête et savoir ce qu'elle ressent.

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