***

Merde. Merde. Merde et re-merde ! Austin est parti nous laissant Ash et moi seuls devant le coucher de soleil. Je ne peux pas y croire, mais c'était tellement logique. Austin est un monstre ayant marchandé avec le Diable. J'ai beau avoir été une Démone, c'est toujours moins pire que de marchander avec le Dieu des Abysses. J'aurais dû me douter qu'il découvrirait mon plan. Enfin... Ce n'est pas comme si j'en avais réellement eu un. Je souhaitais juste éloigner Léo d'Abysses et Abysses de Léo. Je voulais protéger Léo, et en croyant bien faire, j'ai tout fait foiré. Tout a déconné, j'avais quoi... Environ 3% de taux de réussite ? Autant dire que mes chances étaient quasi nulles. Franchement, à quoi m'attendais-je ? A produire un miracle ? Comme dans les romans ? Les clichés n'appartiennent pas à la vie réelle. Seule la logique compte. La chance n'existe pas. Les coïncidences non plus. Rien n'est le fruit d'un hasard, tout n'est que la conséquence d'actions effectuées.

- Je vais me battre, décide Ash d'une voix dure en interrompant le fil de mes pensées.

- Ash... Tu es fou.

- Je vais me faire un plaisir de botter son cul d'enfoiré de première classe. Ne t'inquiète pas. Léo sera sauf.

Bon. A priori je n'ai pas le choix. J'espère qu'il s'est entrainé à Midnight. J'observe sa physionomie. Il a les muscles fins et souples. C'est un athlète, il a l'avantage de la rapidité tandis qu'Austin possède lui, l'avantage du terrain et de la force brute. Je suis sûre que le combat sera en intérieur, dans la grande pièce, donc l'espace sera réduit et Ash aura du mal à être rapide. Il pourra esquiver facilement mais pour un combat rapproché, être rapide ne servira à rien. Il faut de la force. Ses chances de gagner sont donc minces.

***

La nuit est presque tombée et nous décidons de rentrer chacun chez nous. On se retrouvera demain de toute façon. L'appartement de Nathan est sur mon chemin, je continue de payer l'électricité et l'eau grâce à l'argent que m'envoient mes parents une fois par mois. Leur conscience doit leur dicter de m'aider un minimum même si je n'en ai pas besoin. C'est bien le moins qu'on puisse faire pour son enfant quand on choisi de le délaisser. Je continue aussi de payer l'abonnement téléphonique de Nathan, rien que pour l'entendre répéter la même chose. Je passe faire le ménage une fois par semaine en laissant chaque objet à l'endroit exact où il les avait laissés, résultat, il a quelques fringues qui trainent dans sa chambre, mais il a toujours été un peu bordélique.

Je m'installe sur le canapé et appelle le portable de Nathan pour tomber sur le répondeur. « Salut c'est bien le répondeur de Nathan ! Je suis un peu occupé là maintenant tout de suite, si tu vois ce que je veux dire... Nan j'déconne ! Mais laisse quand même un message ça fait plaisir, on dirait un youtuber qui parle et j'm'embrouille, mais je te rappellerais dès que je peux ! Aller, à plus l'ami ! »

- Salut Nathan, c'est Zoé comme d'habitude, en même temps je spamme tellement ta boîte que tu dois plus avoir de place, mais je m'en fous complètement, parce qu'entre nous c'était toujours ''Je m'en fous de ce que les gens pensent''. Je sortais avec le gars que je connais depuis mes treize ans, mon meilleur ami et que je considérais comme un deuxième frère. On s'en fichait que les gens nous prennent pour des insurgés ou des hérétiques parce qu'on aimait se sentir libres. On n'aimait pas les mêmes choses que les autres, et ça c'était cool. Et malgré le fait que je ne t'ai jamais dit pour Abysses à part la dernière fois que je t'ai parlé via le répondeur, je suis sûre que tu ne m'aurais pas rejetée. Je suis persuadée que tu m'aurais dit ces mots ''Fais tes propres choix Zoé, je ne suis pas là pour te juger. Personne n'en a le droit tant que tu es pleinement consciente de tous les risques que tu encoures. Tout ce que je peux faire c'est t'aider à trouver ta voie.'' Mais j'ai mis un terme à ce passé jusqu'à ce qu'il resurgisse. Et maintenant, je suis coincée. C'est tellement compliqué que je ne sais pas par quoi commencer...

***