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- Tu es à l'heure, comme d'habitude la belle. Comment tu vas ? me demande l'Immaculé.

- Plutôt bien, et toi ? répondis-je.

- Fatigué. J'ai pas beaucoup dormi cette nuit.

- Quelle coïncidence...

- Ah ? Tu as fait la même chose que moi ? me glissa-t-il en reculant sur sa chaise et croisant les bras, une lueur salace dans le regard.

Mais qu'est-ce qu'il raconte celui-là ? Je dois faire une tête bizarre parce qu'il éclate de rire.

- Oh non ! Ne me dis pas qu'il faut te faire un dessin la belle ! s'esclaffa-t-il, évoquant implicitement des scènes lubriques.

- Evite d'évoquer tes ébats, ça pourrait être mieux, rétorquais-je légèrement gênée.

- Je déconnais. Tu veux être la prochaine ? dit-il en se rapprochant d'un coup de moi.

J'observe ses bras fins et ses mains posées sur la table, entre nous. Il s'est légèrement levé et ce faisant, a attiré l'attention sur nous. Mais nous nous en fichons. Je sais que Léo doit actuellement nous observer mais ça aussi je n'en ai rien à faire.

- Dis comme ça, c'est pas très tentant... répondis-je pensive.

- Oh ! Tu veux que je m'y prenne autrement ? D'accord, tu n'auras qu'à me rejoindre ce soir au bord de la falaise. 18 heures. Pour le coucher de soleil.

Le pire dans tout ça, c'est que ce n'est même pas une demande, c'est une proposition faite comme s'il était sûr que j'allais venir. Je le déteste pour son manque de modestie, et je me déteste moi-même parce que je vais y aller pour avoir ces satanées réponses. Mais s'il ose ne serait-ce que poser un doigt sur moi, je jure que je lui retourne complètement son doigt. Non je ne suis pas violente. Pas le moins du monde...

Nous terminons notre déjeuner puis nous nous séparons car les cours recommencent bientôt. Aucune envie que les gens nous voient trop trainer ensemble. Surtout si d'autres membres de nos gangs respectifs sont dans ce lycée. J'ai Maths. Et Léo va être à côté de moi. Il n'a pas dit grand-chose ces derniers jours, à part pour des exercices à faire par groupe de deux. Tiens ? Il est en retard. Il est pourtant là aujourd'hui. J'ai senti son regard sur ma nuque pendant toute la pause de ce matin.

- Zoé Holder, où est votre voisin ?

- Je ne sais pas.

Et je m'en fous. J'aurais aimé le dire, mais je vais faire profil bas. D'ailleurs Ash n'est pas là non plus. Il est dans ma classe normalement, devant moi. Je tourne la tête vers la fenêtre pendant que la prof finit l'appel. Quelle n'est pas ma surprise lorsque j'aperçois un attroupement dans la cour. Soudain un adulte arrive et s'infiltre par une brèche dans la foule et je peux alors reconnaître Léo sur Ash en train de lui mettre des coups de poings. Merde. Mais Ash ne se laisse pas faire, il retient les coups et aussi étonnant que cela puisse paraître, il ne les rend pas. Il va encore s'en sortir à bon compte celui-là, je parie que rien ne l'accuse, comme toujours.

- Mademoiselle Holder ! Cessez de rêvasser ! Qu'y a-t-il donc de si intéressant dehors qui puisse capter votre attention ?

- Rien. Pardon, m'excusais-je précipitamment.

- Oh ! M'dame ! Y'a une baston ! s'exclama un élève roux.

- Assez ! Retournez à vos places ! Il ne se passe plus rien, c'est terminé !

Un quart d'heure plus tard, le directeur arrive et permet à Léo et Ash de venir en cours. J'observe que la joue de ce dernier commence à bleuir. Les deux bruns s'assoient à leur place respectives et je meurs d'envie de demander à Léo pourquoi il s'est battu alors que je lui avais pourtant dit le plus clairement du monde de ne plus se mêler des affaires d'Abysses et des miennes. Mais je n'en ferais rien.

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