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C'est bon. J'ai enfin trouvé Léo. Enfin... La pièce dans laquelle il se trouve. Ce n'était pas facile, mais j'ai pu passer sans me faire remarquer. Léo... Je regrette ce que je t'ai dit l'autre jour, c'était faux. Je n'en pensais pas un traître mot. J'y étais contrainte, il fallait que je m'éloigne de toi. La porte s'ouvre sur Austin. J'aurais dû m'en douter. Il s'éloigne et j'en profite pour entrer dans la pièce. Malheureusement je n'avais pas prévu que deux autres gars soient positionnés en tant que vigiles. Merde. Je sors mes lames de mes bottes et leur saute dessus. Je les reconnais, à l'époque ils n'étaient encore que des gamins. Des bleus. Ils ont bien changé, ils se sont musclés. J'envoie un coup de talon dans le menton du premier puis donne un coup de coude dans le ventre de l'autre. Ils étouffent des grognements de douleur et essaient de m'attraper mais je suis trop rapide. Ils sont costauds mais lents. Je suis mince et agile. Je me dirige progressivement vers Léo pour le détacher, le pauvre est ligoté sur une chaise.

- Attention !

Merci, je le savais déjà. Je me retourne en lançant ma jambe en l'air pour frapper mon adversaire mais celui-ci réussi à parer mon coup. Personne n'a jamais réussi cet exploit auparavant, sauf une personne.

- Mauvaise technique. C'est toi qui m'as appris à parer tes coups de pieds retournés ultra-rapides et puissants. Ça fait un bail très chère ex-Chef.

- Austin.

Je le regarde d'un œil mauvais. Il lâche ma jambe et nous nous observons en chiens de faïence. Il décide de briser le silence, empreint de tension, en premier.

- Je vois que tu as décidé d'être plus qu'à l'heure. Pourquoi avons-nous droit à un tel privilège ? raille-t-il.

- Va te faire foutre Austin.

Je crois que j'aime bien cette phrase. Je l'ai d'abord dite à Nathan, maintenant à Austin. Le seul qui ait eu droit à une variante c'est Léo.

- Oh... La Démone est de retour ?

Austin... Tu ne changeras jamais. Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait plus appelée comme cela. Je me prends à retrouver l'amitié que j'éprouvais pour celui à qui j'ai failli démembrer la mâchoire quelques minutes auparavant. Mine de rien, ce surnom me manquait, il réveille en moi toute la colère que j'ai pu ressentir quand j'étais plus jeune.

- Relâche Léo. Je suis là, c'est bien tout ce que tu voulais, n'est-ce-pas ? négociais-je d'une voix ferme.

- Tout ce que je veux ? Tu te fiches de moi, Zoé. Je veux plus. Vois-tu, j'ai des ambitions. Une vision du monde différente. Reviens parmi nous. Tu y as ta place. Le monde normal est d'un tel ennui ! Reprends ton pouvoir. Si tu me donnes ce que je veux, seul Léo souffrira. De ta perte bien sûr. Après tout, je ne suis pas un monstre. C'est bien le but d'Abysses.

- Austin... Tu ne changeras donc jamais. Assoiffé de pouvoir comme tu l'es, ta vision du monde restera limitée et obscure. Quelle est donc ton ambition ? Et... Demande à tes larbins de sortir.

Je vois Léo qui ne comprend absolument rien. Il me regarde avec de gros yeux ronds. Il doit se demander dans quoi je l'ai embarqué. C'est de ma faute. Je n'aurais jamais dû entrer dans le gang. Je n'aurais peut-être pas dû sortir. Je n'aurais pas dû demander à Nathan d'accélérer ce soir-là, sans ça, je n'aurais jamais connu Léo, et nous n'en serions pas là aujourd'hui. Mais je mens. Je suis heureuse de revenir à la maison. Ils m'avaient tous manqués.

- Numéros Six et Neuf, sortez. Et emmenez celui-là. Pas de coups, menottez-le, ça suffira amplement.

Ainsi rien n'a changé pendant mon absence. Nous avons toujours des numéros et n'utilisons nos noms que dans « le monde normal », celui où nous ne sommes que des ados ordinaires et un peu rebelles. Ce monde où l'existence des gangs reste secrète. Nous ne sommes plus que deux dans cette pièce aux murs gris dans laquelle le seul meuble présent est une vulgaire chaise en métal.

- Ah... Merci Austin, tu viens de me sauver la mise. Je ne pouvais pas me permettre que cette vermine découvre que je le manipulais, soupirais-je avec soulagement.

Un éclair de surprise passe dans ses yeux, mais il sourit et éclate de rire, signe d'exultation.

- Tu es donc toujours celle qui tire les ficelles en cachette, ravi de constater que tu n'as, finalement, pas changé. Je t'avouerais que j'ai eu un moment de doute. Pendant un instant j'ai cru que tu étais passée de l'autre côté. Que t'est-il arrivé il y a un an ? s'enquiert alors Austin avec un regard de prédateur.

- Un moment de folie, ne t'inquiète pas, c'est passé. Maintenant je suis de retour. Je ne suis pas revenue à la maison plus tôt car il fallait que je gère cette vermine, il me collait et impossible de m'en débarrasser. Tu m'as bien aidée pour le coup.

- Mais c'est normal d'aider son ancien Chef en galère. D'ailleurs, que dirais-tu de devenir mon bras droit Zoé ? me proposa-t-il d'un ton mielleux.

- Ainsi les rôles s'inversent. Avec plaisir Chef, acceptais-je.

- Bien... Viens par là numéro Un.

Je m'approche de lui, il me saisit par la taille et m'embrasse doucement. Cette sensation m'avait manquée. Austin m'a manqué. Je le trouve beau avec ses cheveux blonds, envoûtant avec ses yeux turquoise et terriblement sexy avec ses piercings à la lèvre inférieure. Je sortais avec lui à l'époque, ma relation avec Nathan n'était qu'un leurre. La vie que j'ai menée à l'écart du gang n'était qu'une couverture. Austin a bien fait de recréer Abysses 2, nous revenons en force. Notre famille est de nouveau réunie.

- Alors, dis-moi Chef, qu'est-ce que j'ai raté ? demandai-je avec curiosité.

- Une grosse merde. J'ai besoin de la Stratège des Démones.

- Moi ? Pourquoi ?

- Après la dissolution d'Abysses, Midnight est montée au sommet.

Un sous-gang qui ne valait guère plus qu'un demi-clou rouillé. Je ne vois pas comment ils auraient, tout d'un coup, pu instaurer la terreur parmi les autres groupes. Je veux dire, les gangs se battent sans arrêt pour être un des plus puissants. Car avoir le pouvoir signifie plus de drogues procurées facilement et plusieurs sous-gangs qui font le sale boulot pour les plus puissants. La loi du plus fort quoi. C'est toujours comme ça. Blanc ou Noir. Tout ou Rien. Il n'y a pas d'entre-deux. Inconcevable dans cette partie, ce côté du monde.

- Pourquoi ? interrogeais-je.

- Ils venaient de recruter un gars. J'sais pas si tu le connais, mais il est dans ton lycée. Ash Mind.

- Ouais je vois de qui tu parles Chef. Ash le Fourbe, l'Immaculé. Il fout la merde, mais en fin de compte c'est pas lui. Jamais aucune preuve, exposais-je.

- Exact. Une machine le gars. Stratège, sportif, briseur de cœur, arnaqueur, drogué, mais on lui pardonne parce qu'il a une belle gueule et qu'il est intelligent sans fournir le moindre effort.

- Putain. Tu m'étonnes qu'ils soient devenus prédateurs. Et nous, on est où dans la chaîne ? demandais-je d'une voix assurée mais méfiante.

Il me regarde de ses yeux froids, il est tellement beau. Ses mains sont restées sur ma taille et je lui caresse tendrement les cheveux. Austin possède une voix grave qui me donne l'impression d'être en sécurité. Elle est à la fois douce et agressive. J'observe ses bras musclés parfaitement moulés dans son tee-shirt noir, faisant également ressortir ses abdominaux bien dessinés. Cependant, sa réponse me sort de mes pensées et je me concentre de nouveau sur notre discussion.

- Milieu à tendance basse. On est devenus la risée des autres après la dissolution. C'est pour ça que j'ai besoin de toi. Faut revenir en force.

Je n'entends aucun reproche quand il me parle, malgré le fait que ce soit moi qui ai dissout Abysses.

- Je vois. Laisse-moi une journée le temps de me réhabituer aux locaux et je réfléchis à un plan, déclarais-je.

- Ça marche. Mais je veux annoncer la bonne nouvelle aux autres.

Nous nous embrassons de nouveau puis je me laisse entrainer vers ce qu'on peut appeler le salon. Les souvenirs reviennent en masse. Nous nous plaçons ensuite au milieu de la pièce et Austin élève la voix.

- Réunion les gars !

Tout le monde se tourne vers nous, ils observent nos mains enlacées mais se rapprochent tout de même. J'entends des murmures, je parie que certains se demandent qui je suis. Mais je reconnais quand même quelques têtes.

- Hey ! Mais ce serait pas le Chef qui est revenu ?

- Qu'est-ce que tu racontes, il n'était jamais parti !

- Nan, la fille ! C'est l'ancien Boss.

- Elle ? Mais qu'est-ce qu'elle ferait là ? Elle avait pas dissout Abysses ?

- Si. Mais chai pas ce qu'elle fout là.

Ahlala... S'ils savaient. Je suis partie pour mieux revenir c'est tout. Nathan se doutait de quelque chose à propos du gang, il ne fallait pas se faire repérer, donc pour protéger mes amis, et surtout Austin, j'ai du mettre un terme à tout ça de la manière la plus rapide qui soit. C'est-à-dire prétexter une crise de folie passagère, simuler. Prétendre vouloir se remettre sur le droit chemin. Pendant mon exil forcé j'ai dû couper tous les ponts, rompre tout contact avec Austin et les autres. Eviter les gars en ville, c'est pour ça que j'ai changé de bahut. Cette année a été d'un ennui ! Je ne pouvais rien faire. Absolument rien ! Si Nathan avait découvert Abysses, autant dire que tout était définitivement fini. Le gang, revoir les autres, plus rien n'aurait été possible.

- Silence ! Je veux votre attention !

J'observe la foule qui s'amasse, pas grand monde, mais c'est suffisant. Environ trente à cinquante personnes. Pour un gang c'est déjà beaucoup. Pas mal de mecs, peu de filles. Une petite dizaine de filles.

- Voici Zoé. Mais ici, elle se nomme numéro Un. Vous l'aurez compris, c'est mon bras droit. Elle s'occupera de vous donner vos ordres de mission, et si vous avez un problème quelconque à me communiquer, adressez-vous à elle. Je veux que vous lui réserviez un bon accueil car c'était le Chef d'Abysses, notre Démone et Stratège. Aujourd'hui elle est revenue plus en forme et forte que jamais, et elle sera notre atout majeur pour détrôner Midnight !

Tous les gars crient de joie tandis que je vois les filles me fusiller du regard car je me tiens à côté du Chef, nos mains liées. Je parie qu'elles ont toutes des vues sur Austin. Pitoyable. Il est à moi.

- Maintenant retournez à vos postes !

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