Chapitre 10 : Discrétion & Retour (Partie 1/4)

Pdv Zoé

Huit heures. Ça fait quatre heures que je tourne en rond dans mon appartement depuis que je me suis réveillée avec un plan en tête. Une heure que je fais des étirements, cinq minutes que j'ai repris mes deux lames rétractables et que je joue avec. J'ai appris à me battre, et une fois que l'on sait faire, on ne peut plus oublier, comme le roller. Exactement pareil. Je retrouve rapidement et facilement les réflexes que j'avais acquis. Je ne suis même pas rouillée, j'ai gardé ma souplesse.

Maintenant il est temps de commencer ce plan. Je sors de chez moi et commence à trottiner en direction de l'usine désaffectée. Elle n'est pas loin, juste à une demi-heure de marche, donc en trottinant je ne mets qu'un quart d'heure.

***

Je me retrouve devant la base. Les souvenirs m'assaillent. Ah non ! Pas encore ! Je ne tiens pas à m'évanouir à cause du choc émotionnel. Je suis plus forte que ça. Je ne peux pas me permettre une seule seconde de faiblesse. A la vue de l'usine je ressens un peu de nostalgie. Je revois quelques scènes familières qui se sont passées dans les locaux.

Mine de rien, j'étais heureuse de me voir si bien entourée. Je ne me sentais plus aussi seule. J'ai rencontré Nathan quand j'avais 13 ans, aujourd'hui, j'en ai 17. J'ai intégré le gang à l'âge de 13 ans, peu de temps avant ma rencontre avec Nathan. J'ai quitté et dissous le groupe il y a un an. En l'espace de trois années j'ai monté les échelons, et je suis devenue Chef en seulement deux ans. Ils m'ont élue à l'unanimité car j'étais celle qui voulait vraiment provoquer le mal. Mon bras droit était Austin. Maintenant je suppose que c'est lui qui est Chef de troupe.

Quand je pense que Nathan ne se doutait même pas de ce qui se passait dans ma vie. Le nombre de fois où j'ai souhaité le lui dire mais que les mots ne sortaient pas. Le nombre de fois où je me suis dit que c'était malsain et que je continuais malgré tout à briser le cœur des gens. Toutes ces fois où mon équipe composée d'Austin, de deux autres gars et de moi-même s'est portée volontaire pour des actions bénévoles et caritatives alors qu'on se retrouvait à planquer de la drogue dans les cartons pour les autres gangs. Le nombre de fois où j'ai envoyé en mission des gars dans le lycée pour briser le cœur des jolies filles en les charmant puis en les ridiculisant. Et moi. J'étais le marionnettiste qui tirait les ficelles en cachette. Ils faisaient le sale boulot et je m'assurais qu'on ne soit pas découverts. J'organisais le malheur des gens et ça me plaisait, jusqu'à ce que je me rende compte de mes actes. J'avais une vie plus que secrète. Je me réjouissais du malheur des autres, car enfin, je n'étais plus la seule à souffrir. Tout ce monde heureux. Ces sourires. Cet amour. Ça me dégoutait. Je voulais à tout prix qu'ils goûtent à la douleur. Qu'ils y prennent même goût.

A l'époque je souhaitais vivre à 100%, j'admirais ceux qui y réussissaient. Je voulais me ficher de tout. Et quand j'ai intégré le groupe, j'ai enfin pu le faire. Je faisais en sorte que les gens de mon entourage goûtent à la douleur.

Leur monde s'écroulait et le mien se reconstruisait.

***

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