Chapitre 1 : Tourments & Abandon (Partie 2/3)
Sérieusement je n'en peux plus. Je pense toujours à Nathan, je m'en veux. C'est de ma faute, tout est de ma faute. Je sais que normalement j'assume les conséquences de mes actes, mais là je n'en peux clairement plus.
Quand je me rends compte que je pleure, je me précipite aux toilettes les plus proches.
Je pleure à cause de Nathan, mon meilleur ami. Il faut que je me ressaisisse, je n'ai pas le droit de craquer, non, je n'ai pas le droit de flancher, j'ai fait une promesse.
Les promesses ont le pouvoir de l'absolu.
Je fais face, je fais bonne figure mais au fond je n'en mène pas large. Pardonne-moi Nathan... Mais je vais avoir beaucoup de mal à tenir ma promesse.
La sonnerie retentit et il faut que j'aille en cours de maths. Je m'assois à ma place habituelle, c'est-à-dire au dernier rang contre la fenêtre. J'aime bien ce cours alors j'espère qu'il va m'aider à me changer les idées. Je ne veux pas ne plus penser à Nathan, au contraire, mais j'ai besoin de réfléchir à autre chose. Me remémorer son visage tout le temps est néfaste pour ma santé mentale...
D'ailleurs je suis la seule à ne pas avoir de voisin de table, et j'ai envie de dire : tant mieux.
Quand la prof arrive, elle est accompagnée. Un gars. Il a l'air d'avoir environ 17 ans. Bon normal hein, en terminale on oscille entre les 17 ou 18 ans. Plutôt pas mal dans son genre, mais bon... Mon meilleur ami et petit ami est mort dans mes bras... Alors, je ne me fais pas de films. Il est brun, environ 1m80, ses yeux sont entièrement noirs. J'espère que c'est un stagiaire. Je pense qu'il va s'asseoir à côté de moi, puisque c'est la seule place libre. Evidemment.
- Je vous présente Léo Mist. Il sera votre camarade pour le reste de l'année. Tu peux t'asseoir à côté de Zoé, au fond, à côté de la fenêtre, indiqua l'enseignante.
Et merde, c'est pas un stagiaire, c'est un nouveau qui arrive en plein milieu du mois de Novembre ! Mais qu'est-ce qui m'a pris de croire qu'il pouvait être en stage pile à ce moment-là ?! J'y crois pas ! Quelle idiote.
- Salut, moi c'est Léo.
- J'avais cru comprendre, marmonnais-je.
Je sens alors son regard scrutateur, ça me met mal à l'aise mais je décide de l'ignorer.
- Et toi c'est bien Zoé ? demanda-t-il.
Qui veut-il que je sois ? Bien sûr que je suis Zoé ! Il n'y a pas trente-six mille tables au fond de la classe avec une fenêtre à côté. Quel crétin !
- Mmmh... grognais-je avec un air mécontent sur le visage.
- Ça va ? T'as pas l'air dans ton assiette, fit-il remarquer.
- Ouais ouais.
- Sûre ?
- J't'en pose des questions ? rétorquais-je en me tournant brusquement vers lui, exaspérée par toutes ses interrogations.
Ma voix se fait plus sèche, je n'ai clairement pas envie de parler, tout ce que je veux c'est qu'il me laisse tranquille. J'aimerais qu'il écoute le cours et qu'il ne s'occupe pas de moi, je ne le mérite pas, je ne mérite l'attention de personne. Un nœud se forme dans ma gorge, j'ai encore envie de pleurer...
- Heu... Oui. Mais tu m'as pas répondu Zoé.
- Ce que tu peux être lourd ! Puisque je te dis que oui ! m'exclamais-je en recopiant les formules que la prof est en train d'écrire sur le tableau.
- Okay... Sinon il est bien ce cours ? demanda-t-il pour changer de sujet et peut-être espérer me calmer.
- Ouais.
- Tu parles pas, c'est normal ?
- Tu peux me foutre la paix ? lançais-je d'un ton glacial appuyé d'un regard noir.
Si mes yeux pouvaient tuer il serait déjà mort, décapité. Je n'essaie même pas de voir comment il réagit, à la place je branche mes écouteurs sur mon portable et mets de la musique à fond. Du rock alternatif de préférence. La prof ne remarque rien, et heureusement, sinon elle m'aurait pris mon téléphone. Je fais comme si je continuais à prendre des notes, la tête toujours baissée. Mes voisins savent qu'il vaut mieux pour eux de ne rien dire aux professeurs quand je mets de la musique. Ils ont subi les conséquences, les foudres de ma colère une fois. Je pense que ça leur a largement suffit. Donc pas besoin d'en redemander.
Il a compris le message. Enfin.
Dès la fin du cours, je sors la première comme d'habitude et vais m'installer sur « mon banc ». Je dis ça parce que personne au lycée ne s'installe ici à part moi, je pense qu'ils m'évitent. Mais alors pourquoi ? Bon au pire je m'en fous...
Ce n'est pas parce que je n'aime pas les gens, mais les lycéens et plus particulièrement les lycéennes sont superficielles à un point ! Faut vraiment le voir pour le croire. Toutes des pétasses de première classe qui ne pensent qu'à leur sale gueule de petites gamines pourries gâtées jusqu'à la moelle. Des petites connes anorexiques, gosses de riches qui ne mangent pratiquement rien d'autre que de la salade – ressemblance frappante avec les vaches – et qui font tout pour sécher le sport à l'aide d'excuses bidons : « Oh non ! Je vais me casser un ongle, j'ai fait ma manucure hier, ça va être la fin de ma vie ! ». Je sais que ça fait hyper cliché, mais c'est réel, ou du moins dans mon bahut. Honnêtement, elles feraient mieux de bosser au lieu de s'occuper de leurs ongles, c'est plus utile de savoir que 2+2=4 que de se limer les ongles toute sa vie, non ?
Je me suis peut-être un peu emportée, mais bon, c'est toujours comme ça dans ma tête, je pense à quelque chose et je peux y réfléchir plus ou moins longtemps. J'avale mon sandwich, seule dans la cour, les autres élèves sont tous à la cantine, mais c'est sans compter sur Léo qui me rejoint à peine 10 minutes après que je me sois assise. Il peut pas me lâcher un peu les baskets celui-là ? Incroyable qu'il ne se soit toujours pas perdu dans les méandres du lycée ! Avec ma musique je pourrais très bien faire semblant de ne pas l'écouter ou faire semblant de ne pas l'avoir remarqué. Mais bon, je suis grillée, je l'ai déjà fixé d'un regard noir.
- Qu'est-ce que tu fous là ? questionnais-je, agacée.
Il choisit de me répondre par une autre question, ce qui, je dois l'avouer, m'énerve au plus haut point. Je n'entends pas sa voix, juste ma musique et je suis quasiment sûre qu'il l'entend aussi depuis l'endroit auquel il se tient, à environ deux mètres en face de moi. Oui je suis ce genre de personne à écouter de la musique tellement fort que le son s'échappe des écouteurs qui pourtant sont vissés dans mes oreilles.
- Je peux m'asseoir ?
- Si tu veux, de toute façon j'me casse, répondis-je en soupirant.
Sur ce, je me lève et commence à partir en direction d'un des bâtiments mais Léo attrape mon bras. Il m'enlève mes écouteurs, arrête la musique et range le tout dans ma poche. J'en suis si surprise que je ne réagis pas. Personne n'a jamais fais ça. Personne. Pas même Nathan. Il n'en avait pas besoin, chaque fois que j'étais avec lui je me sentais tellement bien que je n'avais pas besoin de musique. Je ne supporte juste pas la présence des autres personnes. Je me laisse faire malgré le fait que ça me mette dans une colère noire. Léo reprend la parole :
- Pourquoi ?
Je le regarde d'un air narquois, des flammes dans les yeux. J'enchaine sur une autre question avec une voix sèche et dépourvue de sentiment hormis une colère infinie. Ma voix se fait volontairement plus grave que la normale prouvant mon mécontentement et dissimulant mal une menace sous-jacente.
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi tu es comme ça ? Pourquoi tu rejettes les gens ? Pourquoi tu me détestes ? déclara-t-il d'un air perdu.
Ah ! C'est bien la meilleure celle-là ! Il pense réellement que je le déteste ? Tsss... Il est peut-être beau à se damner mais il n'est clairement pas doué sur l'interprétation des réactions humaines.
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