Mort 01 : Un chagrin insurmontable.
« Tu es et tu seras toujours quelqu'un qui apporte le malheur avec toi... »
Je me réveillais en sursaut, suite au cauchemar que je venais de faire. Ce songe... Je ne l'ai pas refait depuis tellement d'années, alors je ne comprenais pas pourquoi il revenait maintenant. Je pris mon visage pour calmer mes émotions avant de sortir de mon lit.
Je regardais l'heure sur mon téléphone que j'ai laissé en charge toute la nuit, celui-ci m'indiqua qu'il était 7 h pile. Habituellement, je me serais préparée pour aller au travail, mais aujourd'hui, c'est le dernier jour où je verrai ma vieille amie : Helen.
Je me dirigeais dans sa chambre et en arrivant, je ne pouvais m'empêcher de prendre un visage amer. Toutes ces poches de médicaments, perfusions reliées à des fils qui ont tous une seule destination : le corps de Helen. Je me suis mise à son chevet, aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche, je retenais mes larmes, mais la voyant ainsi, c'était compliqué.
- J'ignore si j'ai bien fait de vous appeler, mais...
- Ne vous inquiétez pas... vous avez bien fait... Il compte la débrancher aujourd'hui, n'est-ce pas ?
Le médecin se tut un moment avant de me répondre.
- Oui... Nous ne pouvons plus rien faire. Son cancer est en phase terminale et nous n'avons pas encore trouvé de remède, la chimio n'est plus aussi efficace qu'auparavant. Et...
- Calmez-vous, docteur. On dirait que vous cherchez à vous justifier pour quelque chose qui vous dépasse. Personne ne vous tient responsable de ce qui lui arrive. Je suis venue lui rendre un dernier hommage... J'ai fait de mon mieux pour la soigner et à se sentir mieux avec les moyens naturels... mais à cause d'une absence beaucoup trop longue, je n'ai pas pu lui refaire une autre préparation... C'est peut-être pour ça que sa rechute a été importante...
- Ne vous tracassez pas autant...
- Si je m'adresse à elle, pourra-t-elle m'entendre ?
Le médecin s'approcha des perfusions pour vérifier les doses, puis me répondit.
- Oui.
- Merci. Puis-je être seule un moment avec elle s'il vous plaît ?
- Bien. Je serai derrière la porte si jamais vous aurez un souci.
Le spécialiste sortit de la pièce, me laissant seule avec la patiente. Je tournai mon regard vers elle, avec un air triste. Je lui caressai le visage avant d'entreprendre mon monologue.
- Salut... Helen... Désolée... d'être partie sans prévenir... J'ai dû faire face à une catastrophe... et je t'ai abandonnée, je sais que je n'aurais pas dû... J'ignore si je pourrais mériter ton pardon ou bien, celui de ton mari... J'espère que tu trouveras la paix dans l'au-delà... Je ne sais pas comment je vais avancer dans un avenir sans toi, j'ai l'impression d'être projetée une nouvelle fois en arrière... Je me sens tellement vulnérable... Je te promets que je veillerais sur ce qui t'est cher... Je n'ai pas envie de te laisser partir... mais je n'ai pas le choix... Disais-je avec beaucoup de mal et en essayant d'étouffer mes sanglots.
Soudain, mon téléphone se mit à sonner, j'ignorais d'abord l'appel, mais mon interlocuteur était insistant, je sortis de la chambre pour répondre à l'appel. Une fois hors de la chambre, le médecin me salua puis retourna dans la chambre d'Helen. J'essuyais les larmes qui étaient restées sur mon visage, reprenant mon sérieux, puis je décrochais.
- Allô ? J'espère que c'est important.
- Oh, on dirait bien que notre petite sœur a quelque chose d'important aujourd'hui.
-Dorian.
-Bingo little sister!
- Si c'est toi qui m'appelles, ça veut également dire que...
- Tu n'oublies vraiment rien, c'est fou ça !
- Anna est avec toi non ?
Soudain, j'entendis un hurlement d'une voix masculine qui semble souffrir le martyre. Je tournais la tête vers mon téléphone en fronçant les sourcils. Serait-il en train de m'appeler pendant qu'il travaille ?!
- Dorian, tu ne serais pas, par pur hasard, au travail...? demandais-je, en cachant ma colère.
- Oups...
Je sentais ma colère monter, mais je ne le montrais pas, néanmoins, il comprit rapidement que j'étais de mauvaise humeur.
- Dorian...
- Je t'appelle après, Anna m'appelle !
Il me raccrocha au nez avant de pouvoir dire quoi que ce soit. Je soupirais, exaspérée du comportement de mon aîné, puis je sentis un vide en moi, car, habituellement, quand ce genre de chose m'arrive, j'en parlais avec Helen, sans trop entrer dans les détails, puis elle tentait de me changer les idées en me racontant soit des blagues, soit de ses projets ou bien de ce qu'elle a fait aujourd'hui. Maintenant, je n'ai plus personne pour me plaindre de l'attitude de mon frère.
J'inspirais un bon coup, puis je remarquais qu'il était bientôt 8 h, et donc l'ouverture de la boutique. J'avais envie de rester ici au lieu de travailler, mais je savais que si je restais ici, je serais dans un chagrin et une dépression insurmontable.
Je regardais, pour une dernière fois, Helen à travers la fenêtre avant de partir rapidement pour préparer mon dernier cadeau. J'arrivais rapidement à la boutique, encore fermée au public, je rejoignis ma supérieure qui sortaient les fleurs de l'entrepôt. Lorsqu'elle me vit, elle prit un air sévère et me cria dessus.
- Qu'est-ce que tu fiches ici ?! N'es-tu pas censée être auprès de ton amie mourante ?!
- Madame... je sais que vous vous souciez de mon état, mais je vous ai déjà dit que j'avais besoin de travailler pour m'occuper l'esprit et ne plus y penser... Je n'ai jamais autant versé de larmes de toute ma vie, je n'ai pas envie de pleurer à nouveau...
Elle soupira, désespérée, tandis que j'enfilais ma tenue de travail, puis elle dit.
- Très bien, comme tu le voudras... mais je ne veux pas de ta mine tristounette au travail, OK ? Sinon, je te renvoie chez toi.
- Oui Madame ! m'écriais-je en affichant un grand sourire.
- Bien.
Lorsque notre boutique ouvrit, il y avait peu de personnes, ce qui me permit de préparer un bouquet en mémoire d'Helen. Je pris des chrysanthèmes blancs, des colchiques de diverses couleurs : blanc, rose, mauve, des églantines roses, des lys aux couleurs de la neige, des magnolias pourpres, rosé et blanc immaculé, des myosotis bleutes ainsi que des roses blanches et ainsi que des soucis oranges.
Toutes ces fleurs étaient celles qu'on pouvait offrir pour un deuil, il y en avait d'autres, mais je me contentais de celles-ci. Chacune avait un message dans le langage des fleurs et Helen adorait deviner la signification des fleurs que je pouvais lui offrir. Le chrysanthème signifiait un triste amour détruit tandis que les colchiques voulaient dire que son absence m'est insupportable.
Les fleurs de lys sont connues pour la pureté et la grandeur des sentiments, les magnolias étaient pour lui annoncer ma fidélité envers elle après tout ce qu'elle a pu faire dans ma vie, sans elle, je ne suis pas ce que je suis devenue... Les myosotis sont le symbole du souvenir, je ne voulais pas tomber dans l'oubli. Les roses blanches étaient pour lui dire qu'elle est la pureté en elle-même, c'était grâce à elle que j'ai pu sortir de mes ténèbres. Les soucis orangés étaient associés à la douleur et le chagrin.
Lorsque je finissais enfin le bouquet en fin de journée, ma patronne le vit puis elle posa sa main gauche sur mon épaule en se plaçant à côté de moi tout en souriant amèrement.
- C'est un beau bouquet là qui renferme beaucoup de messages magnifiques... Je suis sûre que cela va lui plaire là où elle sera...
- Merci... madame... Disais-je d'une petite voix.
- Allez, ça va passer. Déclarait-elle en me tapotant l'épaule. Tu peux partir pour aujourd'hui, tu as fait du bon travail. Je vais m'occuper de la fermeture. Va lui déposer ton magnifique arrangement sur sa tombe.
Je hochais la tête avant de retirer mon tablier. Helen a été comme une mère que je n'ai jamais connue, ce qui brise le cœur en mille morceaux. Je montais dans ma voiture pour me rendre sur sa tombe que je trouve au bout d'une heure. J'avais raté l'enterrement, car je ne voulais pas voir le visage de sa famille qui ne m'a jamais apprécié. Je me tenais debout, face à sa tombe, tenant les fleurs, ne disant rien. Je me mordis la lèvre en me remémorant des souvenirs passés.
Je finissais par m'écrouler sur la pelouse et à pleurer à chaudes larmes. Je déposais le bouquet en m'excusant auprès d'elle. La nuit tomba et je décidai de rentrer chez moi. Une fois arrivée à la maison, mes fidèles compagnons, Nick et Lexa m'offraient un accueil très chaleureux qui me fit tomber par terre.
- Mademoiselle, vous êtes de retour. Je vois que vos chiens se sont rués vers vous.
- Nathanael, bonsoir. C'est exact, quelque chose s'est produit durant mon absence pour que je les aie autant manqués ?
- Rien de spécial.
- Je vois.
- Souhaitez-vous dîner ? Le repas est prêt.
- Laissez-moi me rendre d'abord dans la serre avant. Vous pouvez aller vous reposer.
- Bien, bonne soirée, Mademoiselle.
Mon assistant prit la direction de sa chambre tandis que je me dirigeais vers la grande serre, m'occupant de mes plantes. Je n'avais pas du tout la main verte pendant mon enfance, ce n'était qu'il y a quelques années que je m'y suis concentrée. Une fois que je finis d'inspecter l'état de mes cultures, je retournai à l'intérieur, me dirigeant dans la cuisine.
Je donnais d'abord à manger à mes vaillants compagnons avant de faire réchauffer mon dîner. Pendant que j'attendis, je regardai mes chiens manger goulûment leur repas, ce qui me fit sourire. Je caressais leurs fourrures, tout en souriant.
- Vous ne m'abandonnerez pas hein... ne me laissez pas toute seule... d'accord...?
Soudain, Nick et Lexa redressèrent la tête puis ils se mirent à aboyer tout en courant vers la porte d'entrée. Ne comprenant pas trop bien leur réaction, je les suivis, puis quelqu'un sonna à la porte.
- Qui me rendrait visite à cette heure-ci ? Me questionnais-je.
Perplexe, je regardais dans le Judas et je vis une personne dont je redoutais sa venue. Je calmais mes chiens puis je lui ouvris.
- Monsieur Wick...? Que faites-vous ici ?
À suivre...
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