Page blanche / II

Je suis méchante envers ma plume. Je la délaisse. Souvent. Pas pour longtemps, jamais pour longtemps...mais c'est suffisant pour qu'elle s'affadisse.
Et au même titre qu'un amant déluré, je dois ramper. Ramper pour la récupérer, la séduire à coup de figures de style, lui donner envie de fourmiller de plus belle jusqu'au bout de mes doigts.
Inlassablement, je la porterais aux nues. Au même titre qu'un homme, grisé par le vin, clameraient une série de poèmes sous le balcon de sa belle. Un peu cliché, vu et revu...ce genre d'émois ça n'a plus sa place à notre époque.
C'est dommage.
Parce que ça me ressemble bien de ramer pour récupérer ce style d'écriture qui m'est si cher.

Encre qui crépite au bout d'une mine trop acérée. Quelques gouttes qui jutent sur le papier. Elles entachent la fin d'un mot. Mais déjà le suivant est écrit.
La frénésie de l'écrivain empêche toute pause. Parce qu'un écrivain n'écrit pas. Il laisse les mots le dévorer au même titre que ses émotions. Une flopée qui souvent, envahie sa poitrine, pour mettre à mal un cœur trop sensible.

Ce n'est pas moi quand j'écris là bas.
Ce n'est pas ma plume.
Alors je ne dois plus la troquer. C'est difficile de la récupérer. Je ne dois plus la troquer, la transformer pour la réduire à plus bas qu'elle ne l'est.
Elle ne mérite pas ça. Je ne le mérite pas non plus.

Jamais la beauté ne doit être couverte.

Alors je rame, pour la récupérer.
Et j'espère ne plus la délaisser.

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