Page blanche / I
J'ai besoin d'écrire. Écrire pour me détendre, pour calmer le cœur, pour apaiser les chagrins. J'ai besoin d'écrire pour me rassurer. Me rassurer et m'assurer que je n'ai pas perdu ma plume. Qu'elle est toujours là. Qu'elle file entre mes doigts pour faire fourmiller les mots sur le papier.
J'ai besoin d'écrire pour me soulager. Pour alléger le cœur. Et déjà je le sens. C'est plus léger. Mais j'en veux encore alors je continue. Je croque dans la chair juteuse du fruit. Son jus coule, dégouline le long de ma lèvre et ruisselle le long de mon menton...jusqu'à mon cou. J'y plante mes crocs plus fort. Étale mieux les mots sur le papier. Mais ça ne suffit pas, j'en veux plus. Je veux que le blanc se recouvre de noir, que l'encre envahisse tout. Que ça me dépasse. Alors je croque plus fort, mâche avec force ce fruit si délicieux.
Son noyau ? Une broutille. Il suffit d'y planter les dents pour le réduire en mile morceaux et l'avaler également. Parce que rien ne se perd, rien ne se néglige quand on écrit. On s'y dévoue et c'est tout.
Alors je croque le fruit. Je croque dans sa chair et me lèche les babines. Déjà, le voilà terminé. Achevé en quelques bouchées. La chaleur du soleil à son zénith réchauffe ma peau. Assise dans l'herbe, j'y plonge ma main libre. Mes doigts s'enfoncent dans la terre sèche. S'emmêlent entre quelques brindilles. Les cigales jacassent. Un doux tintamarre qui se perd dans un ciel sans nuages. Un ciel tout bleu. Le soleil m'éblouit. Il réchauffe ma peau, mon visage. Il fait plisser mes yeux sous ses rayons tout chauds. Je m'adosse confortablement contre l'arbre. L'arbre aux fruits. Léchant mes doigts tout englués de suc, je lève la tête vers les pêches. Elles m'attendaient. Juteuses, délicieuses. Leurs couleurs vives contrastaient avec la verdure du feuillage. Je me redresse, pieds nus dans la pelouse.
La faim était là. La faim de plus, d'encore plus. Je prend appui contre le tronc. Son écorce griffe la chair de mes pieds, érafle mes paumes. Pourtant un saut et me voilà cramponnée à une branche. Je m'y hisse pour m'y asseoir. Mes griffes s'emparent d'un fruit juste au dessus de ma tête. Je le croque. Un petit goût sucré qui excite la langue. Il n'y avait rien de plus délicieux. Rien de plus délicieux qu'un festin en haut d'un arbre, à observer le ciel et les oiseaux qui se perdent dans l'horizon.
J'ai faim. J'ai faim d'écrire. D'écrire ce genre de scène. Pour m'assurer que ma plume est intacte. Pour l'alimenter encore et toujours plus...parce que c'est ça l'écriture, c'est la dévotion à l'imaginaire.
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