Chapitre 23 - "Laisse toi aller"
Chapitre 23. - "Laisse toi aller"
Quand des pas résonnèrent dans le couloir et que le verrou de sa cellule cliqueta, Gabriel ne savait pas à quoi s'attendre. Assis contre le mur, les poignets enchaînés devant lui, il leva la tête en direction du faisceau de lumière qui pénétra dans l'obscurité de sa prison. Le visage de Ramiel apparut dans l'embrasure de la porte. Leur regards se croisèrent. Le démon s'avança vers le Séraphin et posa un genoux à terre devant lui. Il lui prit les poignets et les tira vers lui pour tendre la chaîne. Il les détacha du mur et se releva tout en tenant la chaîne qu'il enroula dans sa main. Il tira ensuite dessus pour forcer Gabriel à se relever.
-Que fais-tu? Demanda l'ange.
-Je t'amène, répondit simplement Ramiel, n'ayant pas l'air de vouloir s'étendre sur le sujet.
-Où?
Gabriel avait peur de se retrouver mis à vendre au plus offrant. Il préférait encore resté enfermé que de devenir l'esclave d'un démon à l'esprit sadique.
-Dans mes appartements.
L'ange fronça les sourcils, perdu dans l'incompréhension.
-Pourquoi? Je...
-Je t'ai dis que tu serais à moi, non? Je ne fais que respecter ma promesse.
Ramiel se détourna et tira sèchement sur la chaîne. Gabriel manqua de trébucher, mais il tint le coup, s'adaptant au pas de marche rapide du démon. Ce qui l'attendait était probablement pire qu'être vendu au marché.
Il se souvenait parfaitement de ce qui était arrivé la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés seuls dans la même pièce. Si Ramiel n'avait pas été forcé de s'arrêter... Gabriel ne savait pas ce qui aurait pu arriver. Il se souvenait des mains chaudes du démon sur son corps, sur ses ailes... Ramiel allait le dépraver, il allait le faire sombrer dans la déchéance la plus totale. Et ça, il ne pourrait pas le supporter.
Ramiel le conduisit dans de grands appartements qui faisaient penser aux demeures des riches sultans d'Arabie et d'Égypte. Des tissus colorés étaient suspendus au plafond et aux murs, tandis que de multiples oreillers couvraient le grands lits au fond de la pièce principale. Une bassine de fruits trônait au centre, posée sur une table en bois vernis qui était entourée de deux larges sofa dans le style pharaon.
Le démon détacha la chaîne aux poignets de Gabriel qui demeura interdit. Le pauvre se demandait sûrement ce qu'il comptait faire de lui. Son imagination n'était même pas assez fertile pour imaginer toutes les choses que Ramiel souhaitait lui faire!
-Que les choses soient claires entre nous, commença le bras droit de Jason avec aplomb, je t'ai sauvé d'un futur bien plus sombre en te prenant pour moi et, dorénavant, tu me devras une totale obéissance.
Gabriel frissonna. Il n'était pas persuadé d'avoir un avenir meilleur sous le joug de Ramiel. Bien au contraire même! Moins rebelle qu'Ethan, il ne tenta cependant pas de défier l'homme. Il se contenta de baisser les yeux, résigné. Lui, l'ange le plus pur qui soit, condamné à servir le reste de son éternité le commandant en chef des troupes de l'Enfer et, par la même occasion, son pire ennemi. Il ne pourrait pas le faire... Il ne pourrait pas regarder en face celui qui avait détruit tout ce qu'il chérissait le plus au monde, tout ce en quoi il croyait et qui avait réduit autant de ses semblables à l'esclavagisme.
-Regarde-moi, Gabriel, ordonna froidement le démon.
L'ange prit une grande inspiration et releva timidement les yeux.
-Tu l'as toi-même dis, tu te souviens? « Tout ce que l'on fait, on le fait par devoir. » Je ne suis pas un monstre. J'ai seulement fait ce que l'on attendait de moi. Et je n'ai pas échoué, contrairement à toi.
Gabriel ouvrit la bouche, choqué par les paroles de Ramiel qui enchaîna sans lui laisser l'opportunité de placer un seul mot.
-Et toi, tu es ma récompense. C'est ainsi, c'est la destiné. Je ne suis pas plus monstre que toi qui as tué des centaines et des centaines de fois Ethan sans le moindre remord.
Cette fois, rien ne put empêcher Gabriel de réagir.
-Ce n'est pas vrai! Se révolta-t-il. À chaque fois, le tuer me faisait aussi mal à lui qu'à moi. J'ai détesté chaque fois où j'ai dû le faire...
-Mais tu l'as quand même fait. Ce que tu as éprouvé ou non n'y change rien.
Gabriel serra le poing. Il se trouvait abjecte. Auparavant, jamais il n'aurait réagit aussi fortement, jamais il n'aurait élevé le ton. Il se força à se calmer.
-Mais ne parlons pas de cela, veux-tu? Poursuivit Ramiel. Dans cette pièce, nous ne sommes plus des démons et des anges, ici, nous ne sommes que deux hommes avec des désirs et des fantasmes à combler. Laisse de côté, un instant, cette sainte pureté dont tu te targues!
Si Gabriel fut insulté, il ne le montra pas.
-Laisse-toi aller, pour une fois... Tout est détruit, qu'as-tu à perdre? Il ne te reste plus rien.
La voix de Ramiel s'insinua en lui, le faisant frissonner jusqu'au plus profond de ses entrailles. Était-ce vrai? Avait-il vraiment tout perdu? Il ne voulait pas le croire, mais la réalité s'imposait à lui, fatidique. Tout s'effondrait. Il se laissa tomber sur le sofa derrière lui et des larmes glissèrent le long de ses joues. Il se sentait si... impuissant.
Une ombre vint se positionner au-dessus de lui, lui relevant le menton et plongeant son regard dans le sien. Il essuya ses joues humides de son pouce.
-Chut..., lui murmura-t-il.
Ramiel se baissa et captura les lèvres de Gabriel des siennes. L'ange voulut instinctivement se reculer, mais il se buta au dossier du sofa contre lequel il était assis. La langue du démon s'insinua entre ses lèvres, dansant avec la sienne. Il gémit contre la bouche de Ramiel.
Lorsque le démon se recula, il voulut dire quelque chose, mais au même moment, de puissants coups retentirent contre la porte de ses appartements.
-Bon sang, Ramiel, répond-moi!
Il reconnut la voix de Jason. Je suis mieux de répondre, il à l'air en colère, pensa-t-il. Il jeta un dernier regard à Gabriel qui semblait totalement perdu, puis alla ouvrir. Jason qu'une aura noire accompagnait pénétra dans sa chambre et se laissa tomber lourdement sur le sofa qui avait été déserté par Gabriel partit se réfugié dans un coin de la pièce.
-Il me déteste! Déclara abruptement Jason.
Ramiel toisa son ami du regard et s'assit en face de lui sur le deuxième divan.
-Que se passe-t-il, bon sang?
-As-tu de l'hydromel? N'importe quoi, pourvut que ce soit fort!
Ramiel jeta un œil au séraphin.
-Gabriel, peux-tu nous apporter la bouteille posée sur l'étagère là-bas? Et rapport les coupes qui sont posées juste à côté.
Sans en avoir véritablement le choix, l'ange se dirigea d'un pas mesuré vers le meuble indiqué. Il prit ce qu'on lui avait dit de prendre et ramena les objets à Ramiel qui lui dit de déposer le tout sur la table. Jason lui jeta un regard à la fois intrigué et moqueur qu'il ignora, gardant la tête baissée. Il allait repartir dans son coin, quand Ramiel passa une main dans sa longue chevelure. Il se raidit. Il n'aimait pas beaucoup que l'on touche à ses cheveux.
-Assis-toi, lui intima Ramiel.
L'ordre n'avait pas été dit sur un ton froid ou brusque, mais cela demeurait un ordre. Il allait s'agenouiller par-terre, mais Ramiel secoua la tête et l'attira à lui sur le sofa. Gabriel se figea, mis mal à l'aise par cette soudaine proximité. Jason se contentait de les regarder d'un œil intrigué par la relation qu'ils entretenaient. Ramiel remplit les deux coupes en verres de nectar et son ami s'empressa de la prendre pour la vider quasiment cul sec.
-Expliquez-moi ce qui ne va pas, Seigneur, demanda le bras droit. Si vous ne m'expliquez rien, je ne peux pas vous aider.
-C'est Ethan, répondit-il, il me hait. Après tout ce que j'ai fais pour le sauver, pour que nous puissions être enfin ensemble!
Ramiel se pinça les lèvres.
-Il me semble que hier, vous n'avez pas été des plus doux avec lui et, aujourd'hui, que faisait-il, à vos pieds comme un chien?
-Il le méritait!
Bon sang, Ethan lui avait craché dessus comme un animal, il ne méritait rien de moins!
-Peut-être, lui concéda Ramiel, mais vous lui avez donné vous-même toutes les raisons de vous haïr. Si vous l'aimez, cessez de le traiter comme si c'était tout le contraire.
Jason eut une brusque prise de conscience et il reposa son verre sur la table d'une manière toute aussi brusque.
-J'ai tout fait de travers! Réalisa-t-il. Je pensais qu'en le punissant, il ne voudrait plus s'enfuir et qu'il ne me désobéirait plus, mais tout ce que j'ai fais, c'est de le rendre craintif à mon égard. Au-dessus de cinq-cent-mille ans et je n'ai pas appris cela!
-On fait tous des erreurs, lui dit Ramiel, je ne pense pas que celle-ci soit plus impardonnable qu'une autre. Ethan vous aime et il vous pardonnera si vous faîtes les efforts pour. Je ne dis pas que ce sera facile, cependant.
Jason se releva, ajustant son manteau – ses ailes –, pour repartir aussi vite qu'il était arrivé.
-Merci pour tes conseils. Je vais aller retrouver Ethan, je crois que nous devons nous expliquer.
Ramiel hocha la tête et suivit Jason des yeux, alors qu'il repartait d'où il était venu. De son côté, Gabriel était estomaqué. Jamais il n'aurait pensé que des démons – des bêtes à la soif de sang sans cesse inassouvie – puissent avoir une certaine considération des autres. Il n'aurait jamais pensé que Jason puisse avoir certains remords ou que Ramiel puisse être de bons conseils. Tout cela lui échappait complètement. Et si les bêtes qu'on lui décrivait comme des monstres depuis sa naissance n'étaient pas si monstrueuses que ça? Oh, mon Dieu, il était encore plus perdu qu'au début...
Le regard de Ramiel glissa dans le sien.
-Bon, où en étions-nous?
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