Ainsi, il était finalement revenu exactement là où tout avait commencé.

Au moins ici rien n'avait changé.

La caverne était toujours aussi lugubre et il était presque sûr que le monstre d'antan était toujours là, quelque part sous l'eau.

Mais non, c'était pourtant impossible ! Il l'avait vu, exposé comme un trophée par son ennemi de toujours. Et il faisait tellement froid là-dedans !

Le trajet semblait ne plus vouloir finir. Et ce petit bateau, était-il seulement capable de tenir toute la route ?

« Non ! Tu dois rester positif », se dit-il.

« Qu'est-ce que dirait ton petit-fils s'il te voyait en train de trembler de peur plus que d'autre chose ! Tu l'as déjà affronté, tu sais comment le vaincre à nouveau. »

Mais à l'époque tout était différent...Tout le monde avait foi en lui. Et aujourd'hui il se sentait si seul. Pourquoi avait-il dit à ces Enfants de ne pas le suivre ? Pour les protéger sans nul doute. Mais qui le protègerait lui ?

Grandir avait de nombreux aspects positifs, il en était certain, mais cela signifiait aussi penser aux autres avant soi-même, réfléchir aux conséquences et s'inquiéter, au-delà du raisonnable parfois.

Sans vraiment comprendre pourquoi, il vit soudainement dans son esprit ses proches, blessés par sa faute. Il vit le visage de Mitch qui semblait lui demander « pourquoi ? », et cela lui fit monter quelques larmes venues du plus profond de son être.

Cette image fut balayée par une voix, glaciale et menaçante, qui semblait provenir à la fois de partout et de nulle part. Une voie venue d'une autre époque, et qui cachait à n'en pas douter le responsable de cette vision.

— Eh bien petit garçon, pourquoi tu pleures ?

Cette question, comment avait-il l'indécence de la lui poser ?!

— Je ne suis plus un petit garçon, tu es bien placé pour le savoir, non ?

— Pour moi tu es et tu resteras toujours ce petit garçon qui a fui sa vie et qui a sérieusement cru qu'il avait réussi à me battre. Mais comme tu l'as déjà constaté bien avant de venir ici, je suis...irrémédiable. Toi tu n'es qu'un grain de poussière, un éclair dans la nuit.

Le vieil homme s'étonna de se sentir plus jeune, plus fort à l'intérieur qu'en arrivant dans cette caverne. Comment était-ce possible ? Personne n'était pourtant là pour l'épauler comme par le passé.

— Allons bon, est-ce tout ce que tu as à me répondre, toi qui était si arrogant et bavard autrefois ?, lui demanda la voix.

— Tu es peut-être...Comment as-tu dit ? Irrémédiable, mais tu n'es pas très courageux. Tu parles, tu parles mais tu n'as même pas le cran de te présenter devant moi.

Un énorme flot de lumière rouge sang inonda soudain les lieux, et une forme ténébreuse d'apparence humaine en sorti, alors que la voix répliquait :

— Comment oses-tu ?! Je n'ai aucune raison d'avoir peur de toi !

Oh mais au fait, dis-moi petit garçon, où sont donc tous tes petits camarades ?...C'est vrai, j'allais oublié, ils ne sont pas là.

Ils ont disparu, simplement parce qu'ils ont eu peur de mourir, comme toi, et qu'ils ne sont plus prêts à placer aveuglement leurs vies entre tes mains.

Cette remarque, en apparence anodine, eu un effet terrible sur le voyageur. Il eut le sentiment de perdre toutes sa vivacité nouvellement retrouvée, et même plus encore. Il avait maintenant l'impression d'avoir plus de 100 ans et d'être sans défense face à son adversaire, qui avait pris la forme de leur première rencontre.

Cloué sur son petit esquif, il ne savait plus quoi faire. Comment pouvait-il lutter ? Tout le monde l'avait abandonné, et bientôt tout le monde l'aurait oublié...

La peur, le chagrin était en train de l'envahir et de lui faire ployer le genou quand soudain un tintement se fit entendre dans le silence de la grotte.

Celui-ci se répéta, s'amplifia et une nouvelle voix s'éleva, haute et claire :

— Moi je suis là. Parce que je crois en toi. A jamais.