Episode 1 - 2/2


Episode 1 - ARTEMIS


Je regarde Johnson farfouiller dans ses papiers. Lentement, ma curiosité commence à prendre le dessus sur ma méfiance. Avec le même sourire qu'il arbore depuis que je l'ai rencontré, l'homme me tend un formulaire. 

 - Bon, premièrement, il faut que tu remplisses ça. C'est pour entrer aux Etats-Unis.

Ah ! Le fameux questionnaire aux questions bizarres ! Je souris et remplis ce petit bout de papier de mon mieux. Non, je ne suis pas toxicomane, non, je n'ai commis aucun délit qui a entraîné de graves blessures pour un organisme gouvernemental, non, je ne suis pas une terroriste et non, je ne suis pas allée en Iraq, Syrie, Iran ou au Soudan depuis le 1er mars 2011. Une fois cela fait, je redonne le formulaire à Johnson, qui me sourit. Avec son téléphone, il prend une photo des feuilles. 

 - Parfait ! Maintenant, il est temps de parler de certaines choses. N'hésite pas à m'interrompre si tu as des questions. 

Je hoche simplement la tête et me cale plus confortablement dans mon siège.

 - Comme tu le sais, la raison pour laquelle nous t'avons sollicité, c'est parce que tu peux voir la Mort. Cette capacité te permettra d'appuyer l'unité que tu dois rejoindre dans son travail. 

Je l'arrête d'un geste et plonge mon regard dans le sien, inquiète. 

 - Une fois que je vois la Mort, il est impossible de sauver la personne qu'Il cible. J'ai déjà essayé, mais s'Il vient, c'est que personne ne peux plus rien faire pour espérer sauver la future victime. 

Johnson acquiesce. 

 - J'avais entendu dire ça, effectivement. Et nous ne te demanderons rien qui dépasse tes capacité. Bien sûr, les membres de l'unité t'aideront à progresser et à développer ton Don, mais c'est tout. Au début, nous te demanderons seulement d'assister les autres membres de l'unité, puis tu seras officiellement engagée comme membre de l'équipe. 

 - En quoi il consiste exactement, le travail de cette unité ?

L'homme à côté de moi me lance un regard rempli de malice et de mystère.

 - Je ne peux rien te dire avant que tu n'ai rencontré ton futur patron. En fait, les informations que je suis autorisé à te fournir sont assez maigres. 

Je me renfrogne et étend mes jambes pour me détendre. Le vol va durer quelques heures, alors je pense que je vais dormir, s'il y a si peu d'informations à me délivrer. Johnson ne semble pas remarquer mon indisposition et continue. 

 - Si tu acceptes, tu seras logée avec tous tes collègues dans les appartements du département. Tu n'auras pas de salaire à proprement parler mais le gouvernement répondra à tous tes besoins et plus, si tu en fais la demande. Evidemment, les dépenses excessives seront interdites, mais nous saurons nous montrer compréhensif et à l'écoute. Pour ce qui est des vacances, tu n'en auras pas. L'unité peut avoir besoin de toi à tout moment donc tu devras être toujours prête à intervenir. Quelques termes du contrat sont encore à modifier, alors excuse-moi si tout n'est pas exact. Tu as des questions ?

Je reste pensive un moment, puis secoue la tête. Quelles drôles de conditions. Mine de rien, toute cette histoire m'intrigue plus que de raison.

 - Je crois que c'est bon. Il y a autre que je dois savoir ?

Johnson fouille dans ses papiers, puis me tend une feuille. 

 - Une fois que nous serons arrivés chez ton futur patron, tu risques de voir des choses qui relèvent du secret international. Pour la sécurité de notre nation et... du monde, je vais te demander de signer ici et de jurer de ne jamais communiquer à qui que ce soit les informations que tu auras vues ou entendues pendant ta visite du quartier général. Ce contrat durera jusqu'à ce que tu acceptes le job. Si tu le refuse, il te tiendra enchaînée toute ta vie. 

Je hausse les épaules et signe. Je sais bien que le gouvernement a ses petits secrets. Je n'ai pas envie de causer la ruine des Etats-Unis en jouant ma petite pimbêche qui parle trop, alors je jure de tenir ma langue. Après avoir signé, je me réinstalle confortablement. 

 - Maintenant, je vais te poser une série de questions, qui me permettront de mieux te connaître. 

J'acquiesce pour lui indiquer de continuer. Avec une voix calme, digne d'un psy, il commence. 

 - Peux-tu te décrire en trois mots. 

 - Hum, pas vraiment, non. Je dirais... Seule et... Gentille ? Enfin, je crois. Impuissante aussi. 

Je déteste ces questions qui me demandent de me juger moi-même ! J'ai toujours l'air soit présomptueuse, soit on dirait que j'essaie de faire pitié ! Je grogne contre moi-même et attend patiemment les prochaines questions. Johnson continue doucement et une série d'interrogation ponctue le vol. Au final, ce gars se retrouve à tout savoir de moi et de ma vie, ce qui est passablement frustrant. On dirait qu'au bout de la troisième question, il m'avait déjà parfaitement cernée. Avec un sourire, je pose le pied sur le territoire américain. C'est la première fois que je viens ici ! Johnson me laisse profiter un moment, puis il m'entraîne vers la sortie de l'aéroport, où je rencontre le paysage lointain de la ville. C'est si grand ! Devant nous, une limousine se stationne et je fais mine de ne pas avoir remarqué que l'homme qui m'accompagne se dirige vers elle. 

 - Tu viens, Liyanne ?

Je grommelle quelques mots incompréhensibles et le suit dans le véhicule. C'est spacieux ! J'ai déjà vu des limousines dans les films, mais je ne pensais jamais monter à l'intérieur. Transportée par mon imagination, je m'installe avec la pose du méchant mafieux et imagine le gentil protagoniste face à moi. A ma droite, comme je le pensais, un mini frigo contient des bouteilles de champagne. Avec un rire, j'en attrape une pour regarder l'année : 1990 ! Waaah, c'est de la qualité ! Je repose respectueusement la bouteille à sa place. Johnson sourit devant ma réaction et me propose un verre, mais je refuse. Je dois garder la tête froide. Je vais rencontrer quelqu'un d'important et peut-être découvrir des secrets gouvernementaux ! Ce qui n'est pas donné à n'importe qui, notons-le bien ! Soudain, un long et familier frisson me parcoure et je me tourne vivement vers ma gauche. Il est là ! Pétrifiée, je n'ose même pas ouvrir la bouche et me contente de fixer la Mort. Sans un mot, lui-même garde son regard rivé sur Johnson, qui a tourné la tête pour contempler la route et les voitures que nous dépassons. Essayant de mon mieux de contrôler ma respiration, je finis par oser murmurer quelque chose. 

- Qu'est-ce que tu fais là ? 

Je demande, terrorisée. Quelques secondes passent, puis la Mort pose son regard de glace sur moi. 

" Voilà longtemps que tu ne m'avais pas adressé la parole. "

Longtemps !? Le souvenir de notre dernière conversation me revient et je blêmis, avant de m'empourprer de colère. Croisant mes bras sur ma poitrine, je me rappelle que j'étais bien décidée à ne plus jamais lui adresser la parole et à nier son existence. Seulement, les derniers événements m'ont un peu chamboulée. 

- Quoi de plus normal !? 

Johnson se retourne vers moi en m'entendant vociférer cette phrase contre la Mort. Seulement, il ne comprends pas qu'Il est juste à côté.

- Il y a un problème ? Je sais que le commun des gens ne se promènent pas en limousine, mais si tu acceptes ce job, tu devras t'y habituer. L'unité est souvent conviée à des événements chics et nous les prions de se déplacer en conséquence. 

Je lève les yeux au ciel et pose ma tête contre la vitre. 

- Oui, je comprends, bien sûr. 

À côté de moi, la Mort m'offre un sourire moqueur et je grogne. Sa capuche remontée cache efficacement le haut de son visage, si ce n'est ses deux yeux aussi bleus que la glace la plus pure, qui ressortent dangereusement dans l'ombre de son vêtement noir. Au moins, je peux suivre ses expressions grâce à ses lèvres. Encore une fois, je m'étonne qu'un être aussi hideux puisse être aussi beau.

...

Je m'explique. Ce monstre, qui arrache des vies et tue sans scrupule, est doté du visage d'un ange aux yeux purs et aux soyeux cheveux blonds. Quelle injustice ! J'aurais beaucoup plus apprécié qu'il soit hideux, pour lui balancer ce défaut évident au visage lors de nos querelles. Des querelles... il fut un temps, lointain, où nous en avions. Seulement, ce monstre hideux est mortellement séduisant, intelligent et fin stratège. Au niveau humain, ses seuls défauts sont ses actions dénuées d'émotions ! Comment un tel être peut-il exister !? Encore plus en colère, grâce à mes propres pensées, je m'emmure dans le même silence que je m'étais juré de garder quelques années plus tôt. 

" Ta rancune m'est absolument incompréhensible. "

- Humpf. 

" Les humains me sont absolument incompréhensibles. "

Je baisse un peu mes bras. Il n'a pas l'habitude de me sortir des choses comme ça... Étonnée, j'oublis un peu ma colère, mais ne tourne pas pour autant ma tête vers lui. Lorsque j'étais plus jeune, il y a environ 10 ans, nous nous parlions souvent. Bien sûr, Il est la Mort, alors forcément, ce n'était pas du bavardage anodin de pré-adolescent. Chaque fois que j'engageais la conversation avec lui, je lui parlais de ce que ça faisait d'être humain, vivant. En échange, il me décrivait sa réalité. Je ne me rappelle plus très bien de ce temps-là, d'ailleurs. La seule chose dont je me souviens parfaitement est que dans ce temps-là, la Mort avait exactement la même apparence qu'un gamin de mon âge. En fait, si le concept de "temps" existait pour lui, je dirais que nous avons grandis en même temps, mais je suppose qu'il se contente de changer d'apparence pour suivre mon rythme... Ou quelque chose du genre. 
Avec un soupir, je laisse échapper quelques mots.

- Les humains sont complexes, et chacun est unique. 

" J'en doute. "

Johnson tourne à nouveau la tête vers moi. 

- Tout va bien ? 

Je hoche distraitement la tête. Soudain, il semble comprendre pourquoi je parle seule. Bien qu'il essaie de son mieux de paraître naturel, je peux voir son visage blêmir et ses muscles se contracter. Réaction tout à fait normale. 

- Il... Il est là ?

Je me contente d'un "oui" modeste. Puis je me rends compte que ça pourrait le paniquer. 

- Mais je ne pense pas que ce soit pour vous. 

Pour avoir la confirmation de mes dires, je tourne la tête vers la Mort. Il se contente de sourire et de hausser les épaules. 

" Il ne m'a pas encore manqué de respect. "

En levant les yeux au ciel, je me retourne de nouveau vers la vitre et laisse ma tête retomber. Comme dans les clips tristes, à la différence que je retiens bien vite ma tête à cause des bosses qui manquent de me faire exploser le crâne. Un peu après ça, la limousine s'arrête et je lève les yeux pour voir où nous sommes. En comprenant que mon imagination ne me joue aucun tour, je me tourne vers Johnson avec un sourire crispé. 

- Vous ne vous êtes pas trompé d'adresse, par hasard ?

Il me fait un autre sourire et hausse un sourcil. Cette expression signifie très clairement : Tu le penses vraiment ? avec une touche moqueuse. Exaspérée, je soupire et sors de la voiture. La Mort ne me suit pas tout de suite, mais lorsque nous entrons dans le légendaire bâtiment, Il réapparaît à mes côtés. Je lève les yeux au ciel et fais de mon mieux pour l'ignorer. Autour de moi, des ministres et des gens importants vaquent à leurs occupations et ne font absolument pas attention à nous. Toujours souriant, l'homme supposé m'accompagner me conduit à une petite pièce où il m'abandonne. Sérieusement, cette histoire est étrange. Épuisée, je me laisse tomber sur un siège, posé près de la grande fenêtre. 

" Impressionnée ? J'ai cru comprendre que ce lieu était très important pour les humains. "

Sans faire attention aux paroles de la Mort, je contemple la salle. Assez petite et rectangulaire, elle est embellie par un lourd tapis rouge et duveteux ainsi que par quelques meubles de bois qui me semble assez artisanaux. D'ailleurs, dans un parfait contraste, des appareils électroniques sont posés un peu partout. Un ordinateur est branché sur la petite table, une tablette attend patiemment son propriétaire sur une petite armoire et une montre avec deux heures de retard est laissée seule sur la table basse. Qui possède une montre avec deux heures de retard ? Sérieusement ? Le but d'une montre est de montrer l'heure. Je vous le jures. 

Les minutes s'écoulent lentement, et seul le doux son de frottement de l'air contre la cape de la Mort perturbe un peu le silence. Alors, laissez-moi vous expliquer quelque chose. Il n'est pas soumis aux même règles que nous, simples mortels. Une légère brise souffle constamment dans sa cape, même s'il est à l'intérieur et qu'aucune fenêtre n'est ouverte. 
Finalement, après une attente interminable où j'ai failli m'endormir, bercée par le son régulier de la cape, la porte de la pièce s'ouvre et un homme à lunette à la bouille très sympathique, qui doit avoir dans la soixantaine, entre. Surprise, je me lève d'un bond.

- B-b-b-bonjour ! 

Je m'exclame en lui tendant ma main. L'homme me sourit, même si ses yeux restent sévères et critiques, et me serre la main. 

- Bonjour, Liyanne. 

Johnson arrive juste à ce moment et vient se placer près de moi. 

- Liyanne, je te présente le secrétaire de la défense, Ashton Carter. Il s'est déplacé du Pentagone pour te voir. 

Quelques secondes de silence passent, où je dévisage cet homme si important. Ok, plus j'en apprends, moins je comprends ce que peut bien être ce travail ! 

- Alors, il paraît que tu peux voir la Mort ? 

Intimidée, je hoche doucement la tête. Avec un regard en coin, je m'assure qu'Il est bien dans la pièce. Appuyé contre la fenêtre, Il regarde dehors, sans porter la moindre attention à notre discussion. Enfin, c'est l'impression qu'Il donne. 

- Nous avons déjà discuté de son Don, et il est indéniable qu'elle peut être utile. Je vous ai fait parvenir un peu de paperasse pour confirmer tout cela, mais vous pouvez me croire sur parole. 

Avec un soupir, le secrétaire hoche la tête.

- Je sais bien Johnson. Bon. 

Comme s'il était résigné, il s'avance vers l'ordinateur et l'ouvre. Après avoir inscrit son mot de passe, il branche l'écran à quelque chose et celui-ci s'affiche sur le mur blanc au fond de la salle. Un simple logo ARTEMIS flotte dans le noir.

- Les informations que je vais te délivrer sont hautement confidentielles.

- Je lui ai fait signer le contrat.

Ashton hoche distraitement la tête, entre un nouveau mot de passe et sur l'écran s'affiche une espèce de fiche d'identité.

- Unité ARTEMIS, créée en 2001 pour assurer la défense internationale. Gérée directement par l'ONU, quartier général établi aux Etats-Unis. Rassemble les P.A.C.S. pour leur permettre de combattre les menaces... surnaturelles ?

J'énonce à voix haute. Quoi ? C'est quoi ce truc ? Johnson répond à mes questions avant que je ne les pose. 

- Tu connais sans doute quelques légendes qui parlent de monstres affreux, comme le wendigo, les vampires, les démons, les esprits vengeurs... Eh bien tous ces mythes ne sortent pas du nulle part. Ces créatures existent. Et depuis quelques années, elles ont redoublé d'agressivité envers les humains. Nous avons du créer ARTEMIS pour rassembler les P.A.C.S., les seules personnes capables de lutter contre cette menace. 

Je reste immobile. 

- En quoi le fait que je vois la Mort pourrait vous aider ?

Oui, c'est la seule question intelligente que j'ai trouvé. Derrière moi, le concerné laisse échapper un petit rire. Lentement, Il se redresse et vient se placer plus près de moi. 

- Ton Don pourrait nous aider de bien des façons. Par exemple, tu sauras quand un membre de l'équipe est en danger, ce qui nous permettra de tout mettre en oeuvre pour le sauver. 

La Mort sourit. 

" Que de naïveté. "

Pour une fois, je suis d'accord. 

- Je vous l'ai déjà dit, c'est totalement inutile. Lorsque... Quand Il apparaît près de quelqu'un, c'est déjà trop tard. Je suis inutile. Je ne peux pas me battre ou tuer, juste prédire quelques minutes à l'avance la mort de quelqu'un. 

Johnson me tapote l'épaule. 

- Alors tu devras t'entraîner, pour percevoir la Mort avant qu'elle n'apparaisse, pour avoir le temps de sauver les membres de l'unité. 

C'est possible, ça ? Intriguée, je tourne la tête vers le monstre en noir qui se tient à mes côtés. 

" Aucune idée, Liyanne. Les humains s'amusent à aiguiser leurs sens, alors pourquoi ton... Don ne le pourrait-il pas ? "

Je hoche la tête devant cette constatation d'une logique incontestable. 

- Très bien. Si je peux être utile. 

- Acceptes-tu le job, alors ? 

Je baisse les yeux au sol. 

" Dis oui. "

Sans me poser de questions, j'obéis. 

- J'accepte. 

Après quelques signatures, je me retrouve dans une voiture de sport noir aux vitres fumées. J'y passe quelques heures, seule à l'arrière, tandis que Johnson, le chauffeur, ne m'accorde pas un mot, ni même un regard. Il est bien plus froid que tout à l'heure. Est-ce que je serais totalement stupide d'avoir accepté un job en ayant si peu d'informations, seulement en suivant le conseil de la Mort ? Hum... Sans doute. Soudain, la voiture s'arrête et je lève les yeux. Devant moi, un bâtiment vitré s'élève sur des mètres et des mètres de hauteur. C'est un véritable gratte-ciel ! Comme on en voit dans les films ! Johnson se tourne vers moi avec un air sérieux.

- Bienvenue à New-York, au Q.G. de l'unité ARTEMIS. Toutes les résidences des membres se trouvent dans ce bâtiment, ainsi que leurs salles communes. Les bureaux de l'association sont quelques rues plus haut. Ici, tu ne trouveras que des P.A.C.S.

Je hoche la tête et nous sortons de la voiture. La Mort m'a relativement abandonnée. Je dis relativement parce que je sais qu'Il va revenir juste au mauvais moment, comme toujours. Galant, ou je ne sais quoi, Johnson me tient la porte et j'entre dans cet imposant bâtiment. Immédiatement, une boule de cheveux rouges me saute dessus. 

- Waaah ! Elle est trop sexy ! Johnson, c'est elle, Liyanne !? 

Je reste immobile, tandis que la fille qui vient de me sauter dessus se tourne vers l'homme. Ses mains sont plaquées sur mes épaules et ses yeux bleus me dévorent du regard. J'ai l'impression d'être le centre de son monde, tellement elle semble captivée par moi.

- はい、ココ 、それだけです。 

La fille, qui semble asiatique, à première vue, me prends la main et me la serre vigoureusement, la secouant de haut en bas. Qu'est-ce que c'était que ça !? Pourquoi Johnson lui a parlé dans une autre langue ? Elle parle parfaitement français ! Qu'est-ce qu'il lui a dit ? Personne ne semble remarquer mon trouble et la rousse continue son manège. 

- Ravie de te rencontrer Liyanne, je suis Koko ! J'ai 18 ans, et je suis dans l'unité depuis trois ans ! Tu vas voir, tu vas te plaire ici ! C'est quoi ton Don ? Les agents ont pas voulu nous le dire, et même Matt ne voulait rien laisser filtrer. Il est chiant sérieux ! Non mais il a un collier autour du cou et il veut même pas en faire profiter les autres ! 

Je reste stoïque. De quoi elle parle ? J'ai du mal à trier tout ce qu'elle me dit, mais je réussis quand même à répondre à peu près correctement. Est-ce que tous les membres de l'unité sont aussi surexcités ? J'espère que non, sinon, je ne vais pas survivre. 

- Le plaisir est pour moi. J'ai 18 ans aussi et hum... Mon Don est assez particulier. 

Koko rit et me tapote la tête. 

- Nos Dons sont tous particuliers !

- Koko ! Je t'ai dit de ne pas sauter sur la nouvelle dès son arrivée. 

Derrière Koko, une fille en robe blanche légère et aux cheveux verts s'approche alors. Son visage doux et paisible semble calmer immédiatement la rousse, qui me relâche et recule d'un pas. La nouvelle venue me tend la main. Je la serre, hésitante. 

- Bonjour, je suis Grace, 19 ans, et je suis dans l'unité depuis 9 ans. Ravie de faire ta connaissance. 

Son sourire m'apaise immédiatement. Elle a l'air tellement sympathique ! Je me présente à mon tour et lui offre un sourire engageant. Le regard bienveillant de Grace se tourne vers Koko, et il devient tout ce qu'il y a de plus maternelle. 

- Excuse Koko, elle adore rencontrer de nouvelles personnes. Viens. Nous allons te présenter aux autres. 

Tendrement, elle attrape ma main et m'indique de la suivre. Alors que Johnson nous engage le pas, Grace lui lance un regard noir qui contraste en tous points avec son attitude jusqu'à maintenant.

- Les locaux sont réservés aux P.A.C.S. A moins que votre présence soit requise, je vous demanderais de partir, Johnson. 

L'homme, qui a quitté son sourire depuis un moment, répond à la jeune femme avec un regard tout aussi noir, puis obéit et sort de l'immeuble. Je suis impressionnée ! Je ne pensais que les membres de l'unité ARTEMIS avaient autant d'autorité. Retrouvant son sourire bienveillant, Grace m'attire vers le couloir, où un ascenseur nous attend. Koko, entre la première et appuie directement sur le bouton, sautillant de joie. 

- Tu vas voir ! Je suis sûre que les autres vont t'adorer ! Surtout Shane-kun ! Oh, oh, oh ! Et les garçons vont tomber sous ton charme, c'est sûr ! Et puis, et puis Ebo-chan ! Elle va être super contente qu'une nouvelle fille rejoigne le groupe ! On était à égalité, mais avec toi, c'est le girl powa qui gagne ! 

Je fronce les sourcils. Ces tics de langage me rappellent les animes que je regardais encore avant-hier. 

- "Chan ? Kun ?"

Koko me dévisage. 

- Je suis japonaise ! Ca ne se voit pas ? 

Elle éclate ensuite de rire et me tapote la tête. 

- C'est bien la preuve que t'as un Don ! Je parle japonais en ce moment. Tout comme Grace parle anglais, parce qu'elle vient d'Irlande. Nos Dons nous permettent de nous comprendre, comme un traducteur en temps réel ! C'est super pratique ! Certains tics, par contre, ne sont pas "traduits", comme chan ou kun, qui sont des suffixes qui vont derrière les noms, dans ma langue. Je suppose que c'est pour qu'on puisse identifier le langage de la personne à qui on parle !

Puis elle continue de rire de bon coeur. Grace hoche la tête à ses propos.

- Nous sommes tous de nationalité différente. Tu verras, nous ne sommes que sept, avec toi, mais notre petit groupe est très diversifié. 

Je souris. Est-ce qu'elle parle vraiment anglais en ce moment ? Je n'y crois pas un instant. 

- Comment faîtes-vous pour comprendre les agents, et le secrétaire de la défense parle-t-il vraiment toutes les langues ?

Grace sourit. 

- Ashton parle plusieurs langues, mais nous nous devons tous de parler anglais, pour comprendre la nature de nos missions, lorsque nous en recevons. Koko est celle qui a le plus de difficulté, alors je lui sers de traductrice. 

La concernée hoche vivement la tête. Lentement, l'ascenseur s'immobilise et nous pouvons sortir. Autour de la petite cabine, une grande pièce, composée d'un immense salon et d'une mini cuisine, occupe tout l'étage. Les baies vitrées tout autour procurent une lumière bienvenue. Assis sur différents canapés, quatre personnes ont relevé la tête pour voir qui arrive. Lorsque je sors de la cabine, je vois leurs yeux s'écarquiller et tous sautent sur leurs pieds pour venir à ma rencontre, sauf un. Celui qui m'approche en premier est un grand noir aux longs cheveux en dreadlock attachés en queue de cheval. Son regard tout blanc m'effraie d'abord, mais son large sourire me rassure. Est-il aveugle ? Apparemment, tout le monde le respecte, puisque personne ne le coupe ou essaie de me voir en premier. 

- Salut la nouvelle ! Moi c'est Shane. Bienvenue à ARTEMIS ! J'espère que tu te plairas ici. 

Étrangement, lorsque je lui sers la main, mon être entier s'apaise, et je sais que je ne crains plus rien. Rien du tout. Pour la première fois de ma vie, je me sens en sécurité. Même la Mort ne pourrait rien y changer. Je sais déjà que j'ai trouvé ma place. Et tout cela uniquement grâce au toucher de ce Shane. Les deux autres à être venus à ma rencontre me saluent à leur tour. Une fillette de huit ans, nommée Ebo, aux longs cheveux rouges sang et lisses, aux yeux verts et portant un béret d'infirmière, me salue en sautant dans mes bras. Un garçon, le fameux Matt, se contente d'un sourire franc, en glissant ses mains dans ses poches, comme embarrassé. Il fait une bonne tête de moi et est doté de cheveux noirs qui ont l'air extrêmement doux ainsi que d'une paire d'yeux bleus ensorcelants. J'ai l'impression d'être un vilain petit canard entouré d'une bande de canon de beauté. Finalement, après ces présentations, Grace fait remarquer qu'il commence à être tard pour moi et que je dois être fatiguée. Elle me conduit dans l'ascenseur, jusqu'au 32ème étage. Là, la porte de la cabine donne sur un mini couloir au fond duquel se trouve une porte.

- Ton appartement. 

Elle me tend alors une clé, me pousse dans le couloir, puis repars. Seule, j'ouvre la porte et débouche sur un petit salon absolument magnifique. On dirait que tout a été arrangé selon mes goûts ! Tout d'un coup, la fatigue de mon voyage me pèse et je me dirige vers ce qui semble être la chambre. Coup de chance, je tombe sur la bonne pièce du premier coup et, sans prendre le temps de manger quoi que ce soit ou de découvrir ma chambre, je me laisse tomber sur mon lit. Je n'aspire qu'au sommeil !

" Contente ? "

La Mort me sourit. Je grogne et me tourne pour lui faire dos. 

- Plus que jamais. Maintenant, laisse-moi dormir. 

Il m'offre un dernier sourire moqueur, puis disparaît. Lentement, je me laisse sombrer dans le royaume de Morphée. 

Dans mon rêve, les paroles de Shane me reviennent. 

" Bienvenue à ARTEMIS "

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