Chapitre 8
Décembre 2008
Le mouvement à côté de moi et le bruissement des draps me sortent de ma torpeur. Son corps qui se colle au mien finit de me réveiller complétement. Je me retourne vers lui.
— Joyeux anniversaire, mon ange... murmure Thomas en déposant un baiser sur mes lèvres.
Un an. Un an qu'il illumine ma vie et mon cœur. Un an qu'il fait de chaque jour une fête.
Depuis octobre, Tom loue une chambre d'étudiant à la fac, ce qui lui permet de ne plus avoir à faire les allers-retours plusieurs fois par semaine, nous pouvons nous voir plus souvent.
Caro a rencontré un homme aussi, et déserte l'appartement régulièrement pour dormir dans les bras de son beau Kader.
J'ai toujours mon travail à la boutique et Thomas a trouvé un job d'appoint à la bibliothèque universitaire où son anglais parfait est utile pour aider les étudiants étrangers en Erasmus dans notre fac.
— Joyeux anniversaire, mon chéri.
Sa joue râpeuse de la barbe du matin se frotte contre la mienne, tandis que je me cale dans ses bras. Sa main droite remonte le long de ma cuisse jusqu'à mes fesses, et au moment où elle se glisse sous l'élastique de ma culotte, nous entendons du bruit dans la cuisine qui nous indique que Caro est là et qui nous décourage de fêter comme il se doit nos « un an ».
— Mais elle n'était pas censée dormir chez Kader ? Pourquoi elle est déjà là ?
— Je ne sais pas... Viens, on se lève.
— Lou... Non... me laisse pas comme ça.
— Caro va nous entendre.
— On peut mettre de la musique ?
Je secoue la tête, et l'embrasse.
— Ce soir...
— Misère.
— Salut les amoureux ! lance Caro quand nous sortons de la chambre. Désolée si je vous ai réveillés mais j'embauche à onze heures, je suis repassée me changer. J'ai fait du café, servez-vous.
— A onze heures ? C'est dans vingt minutes ça ! lance Tom, ravi.
— Oui, je sais, je suis à la bourre.
Je pouffe en nous servant deux tasses de café que nous buvons en regardant Caro s'affairer puis partir en courant.
— Enfin ! soupire mon amoureux en fondant sur moi.
✨✨✨✨✨
— Je t'aime, Lou.
Allongés sur mon lit, nous reprenons notre souffle tout en rêvassant, nos doigts entremêlés.
— Moi aussi, je t'aime.
— Non, tu ne comprends pas, dit-il sérieusement. Il se tourne vers moi et prends mon menton dans sa main, passe son pouce sur mes lèvres. Je t'aime vraiment. Je veux dire... chaque matin quand je me réveille, chaque fois que je te vois, que j'entends ta voix, je me dis que j'ai une chance insolente de t'avoir rencontré. Tu as enchanté ma vie Louise.
— Je ressens la même chose. Je sais que ça ne fait qu'un an, mais c'est comme si on se connaissait depuis toujours...
— A notre premier baiser, j'ai su qu'on passerait notre vie ensemble, que tu étais la femme de ma vie.
Je frémis à ces mots, il s'en aperçoit.
— Je te fais peur ?
— Non, au contraire, je suis un peu émue là.
— C'est un fait, Lou, je nous vois vieillir ensemble. Pas toi ?
— Si. Mais raconte-moi, je demande avec un sourire.
— Quoi ?
— Ce que tu vois pour nous. Avant qu'on soit vieux.
— Eh bien déjà on termine nos études, tu deviens prof de lettres et moi je gagne ma vie en écrivant des livres de philosophie. Peut-être qu'il faudra que je donne quelques cours aussi pour arrondir les fins de mois en attendant d'être reconnu par mes pairs, on verra. On aura deux enfants : un garçon, Adam, et une petite Faustine...
— Adam, je ne crois pas.
— Oui, bon, on en reparlera. Peut-être un troisième, mais dans ce cas il faudra un monospace. On aura aussi une maison avec un jardin. Un chat pour les gosses.
J'éclate de rire.
— Tu as tout prévu ! Et c'est tout ?
— Non, on fera le tour du monde aussi. Mais avant les gosses, sinon c'est trop galère.
— Quel programme !
— Et toi, Lou, c'est quoi tes rêves ?
— Eh bien, pas forcément un monospace, mais je dois dire que sinon ce portrait m'a bien plu... Enfin pas tout de suite, mais dans dix ans, pourquoi pas...
— Tu ne réponds pas à ma question. Si tu pouvais posséder le futur, tu choisirais quoi ?
— Aucune importance, de toute façon c'est inaccessible, juste un fantasme irréalisable.
— Dis-moi. S'il te plaît. Si je t'ai balancé cette histoire de maison et de gosses, tu peux me dire ton secret quand même.
— Une librairie.
— Quoi ?
— Une librairie. J'aimerais ouvrir une librairie. Vivre et travailler avec, pour et par les livres. Un endroit chaleureux, où on pourrait boire du café, comme ce film avec Meg Ryan. J'avais adoré sa boutique.
— Moi, je te parle de nos futurs enfants, et toi, tu rêves d'ouvrir une librairie ?
— Désolée, je...
— Je te taquine, rit-il, baiser à l'appui. Je trouve ça merveilleux. En plus tu pourrais vendre mes bouquins. Mais ce n'est pas un rêve impossible, tu peux encore changer de voie...
Je hausse les épaules.
— Mes parents tiennent à ce que je sois fonctionnaire. Un bon boulot, avec la sécurité de l'emploi. Après on verra. Ce n'est pas pour tout de suite.
— Lou, j'apprécie beaucoup tes parents mais ce n'est pas à eux de décider de ton avenir.
Tom sait de quoi il parle, les siens, hauts fonctionnaires européens, ont très mal accepté le fait qu'il refuse les grandes études auxquelles il était prédestiné.
— Je sais, mais tu vois... je crois qu'ils ont raison. Et je ne suis pas sûre d'avoir le courage de me lancer. Ni les moyens d'ailleurs.
— Tu ne devrais pas laisser tomber.
— Hum... un jour peut-être. Dans dix ans, avec les enfants et le chat, j'ajoute avec un sourire.
— Et le tour du monde !
— Oui, oui. Bon, il faut que je me bouge, je bosse dans une heure.
— Le dimanche ça devrait être interdit...
— Ça l'est déjà, mais pas en décembre.
— Et il n'y a pas une loi qui instaure un joker ? C'est notre anniversaire...
J'éclate de rire.
— Appelle et dis que t'es malade. On aura la journée entière pour nous, insiste Tom
— Non, impossible. Je ne peux pas les planter et franchement, c'est payé double et récupéré, dans cette période ça m'arrange bien. Allez chéri, courage. Ce soir Caro nous laisse l'appart, elle dort encore chez Kader, alors on aura la soirée et la nuit tranquilles pour fêter ça.
✨✨✨✨✨
Thomas a passé l'après-midi à cuisiner. Quand je pénètre dans l'appartement, une délicieuse odeur chatouille mes narines.
— Tu as préparé un repas ? Mais on ne va pas au resto ?
— Alors, heu... je trouvais que c'était plus sympa de manger ici, juste tous les deux, et comme les supermarchés étaient aussi ouverts aujourd'hui, je suis allé faire quelques courses.
— Ici c'est parfait ! Qu'est-ce que tu as préparé ? Ça sent trop bon !
— Surprise ! Tu verras tout à l'heure.
— Tom... on a rien mangé à midi, je meurs de faim
— On a pris notre petit déjeuner à onze heures trente quand même.
— Oui, ben c'était il y a sept heures et mon ventre crie famine !
Devant mon insistance, Thomas finit par accepter.
— Va te détendre cinq minutes, je mets la table... Il n'est même pas dix-neuf heures, j'y crois pas. Même ma grand-mère ne dîne pas si tôt.
— Ça nous laisse plus de temps pour les galipettes ensuite, je lui lance avec un clin d'œil avant de quitter la pièce.
— T'es bien ambitieuse...
Je passe dans la salle de bain me rafraîchir et j'enfile une jolie robe plus adaptée à un dîner aux chandelles que mon pantalon de tailleur.
Quand je reviens, Tom a dressé le couvert et termine de disposer de petites bougies partout dans la pièce. C'est tellement romantique.
Je m'approche de lui sans bruit, et colle mon corps à son dos en l'enlaçant. Il se retourne et m'embrasse tendrement avant de se reculer pour m'admirer. Je ne porte pour ainsi dire jamais de robe, il apprécie mes efforts.
— Whaou, tu es superbe ! Je n'ai même pas pris la peine de me changer... J'ai l'air d'un souillon à côté de toi.
— C'est vrai ça, Cendritom. Va donc me servir un verre de vin pour te faire pardonner, dis-je en lui donnant une petite tape sur les fesses.
— Je peux me changer si tu préfères...
— Pas besoin. Je peux te garantir que tu ne vas pas garder ces vêtements très longtemps.
Tom a cuisiné un Parmentier de canard au potiron. Dit comme ça, cela semble parfait mais dans l'assiette, le plat ressemble plus à un tas de purée orange avec de la viande prémâchée.
— C'est nul, on dirait un repas de bébé, grogne mon amoureux, déçu.
— Hum, c'est sûr, l'aspect visuel n'est pas... au top, mais c'est vraiment délicieux.
— Mouais, bof, ça va.
— Non, Tom, c'est exquis. Tu es un vrai chef d'avoir réussi à préparer un si bon plat dans notre misérable coin cuisine. Et dans tous les cas, ton attention est adorable. Je préfère mille fois partager un repas ici, avec toi, qu'au resto.
— La vérité c'est qu'en fait je suis fauché.
J'éclate de rire.
— Eh bien tant mieux !
Je prends sa main et intercale ses doigts entre les miens, tout en cherchant son regard bleu.
— Quand bien même on aurait partagé un paquet de gâteaux apéritif, ça aurait été un moment parfait. Parce que tu as le don de rendre chaque instant exceptionnel.
Nous restons quelques longues secondes à nous perdre dans les yeux de l'autre, en silence.
— Je t'aime, articule Tom, sans bruit.
— Moi aussi, je réponds sur le même mode.
Il secoue doucement la tête en souriant.
— Moi, plus.
Pour le dessert, Thomas sort du réfrigérateur deux coupelles de panna cotta aux fruits de la passion mais elles ne sont pas encore prises.
— Ce dîner est un désastre, grimace-t-il. Tant pis, on n'aura qu'à les manger après.
— Après quoi ? roucoulé-je.
— Après ça.
Et il me tend une enveloppe.
— Joyeux un an... et joyeux Noël aussi, mon ange.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Ouvre.
Dans l'enveloppe, je trouve des billets d'avion et de train. J'écarquille les yeux, je n'arrive pas à y croire.
— On part en Italie ? je risque, incertaine.
— Oui, dix jours aux vacances de février, juste tous les deux. Rome, Sienne, Florence.
Je pousse un cri de joie et saute dans ses bras comme une enfant.
— L'Italie ! Mais c'est génial ! Juste tous les deux, rien que nous pendant dix jours... Youhouuuuu !
D'un coup, la réalité me frappe en plein front.
— Mais... mais je bosse.
— Non, tu seras en congé. J'ai vu avec Marie, elle s'est arrangée avec votre patron et il te laisse les deux semaines.
Maintenant, c'est l'émotion qui me brûle la gorge. Je l'embrasse avec toute la passion dont je suis capable, mais j'ai l'impression que rien ne pourra lui prouver ma gratitude, lui montrer à quel point je suis folle de lui.
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