Chapitre 52





Deux jours plus tard, Thomas pend sa crémaillère. Il a réuni toute la bande de l'époque pour l'occasion, ainsi que Sandrine et Pierre, les amis chez qui il a vécu à Lyon, Sarah, sa sœur et quelques amis d'enfance. Seuls Nico et Solène seront absents, ils fêtent l'anniversaire de leur rencontre dans un centre thermal en Suisse.

Mis à part le couple de Lyon, la dernière fois que nous nous sommes retrouvés ensemble, c'est sur le quai de la gare quand Thomas est parti et cela ne me réjouit guère de revoir tout le monde. Mais je prends sur moi et me hâte de rentrer du travail pour me changer. Je troque mon pantalon et mon chemisier pour une robe noir et blanc, assez courte avec des collants à motifs. Un joli sautoir argenté, une veste et le tour est joué. Je me remaquille, un nuage de parfum, et c'est parti. Le froid me décourage de porter les jolis escarpins que j'avais prévus et je me rabats sur une paire de bottes à talons hauts.

Dans la rue, je marche vite, autant pour me réchauffer que pour ne pas arriver trop tard. Peine perdue. Quand je sonne, je suis gelée et la fête bat son plein.

— Louise ! s'écrie joyeusement Tom en ouvrant. Mais tu es glacée, ajoute-t-il après avoir embrassé mes joues rougies.

— Ça va, réponds-je simplement en lui tendant la bouteille de vin que j'ai apportée.

Il me débarrasse de mon manteau et je vois ses yeux s'attarder quelques secondes sur mes cuisses peu couvertes mais il ne dit rien. Il m'abandonne, le temps d'aller poser ma veste sur son lit et je contemple les invités qui discutent dans le bruit et la musique. Je me sens intimidée, même si je connais la plupart des personnes présentes. Pas à ma place. Heureusement, ma meilleure amie m'aperçoit et se précipite à ma rencontre.

— Loulou ! ça va ?

Je sais que sa question signifie bien plus que ces deux simples mots. Comment te sens-tu ? Comment vis-tu le fait d'être ici, de revoir ces gens ? Comment ça se passe avec Thomas ?

— Salut, Caro. Oui, ça va et toi ?

La pression de sa main sur la mienne m'informe que nous n'en avons pas fini.

Elle m'entraîne au milieu de la pièce au moment où le maître des lieux revient et c'est finalement lui qui me mène de groupe en groupe. « Je vous présente Louise, mon associée. » « Lou, tu te souviens de Gaël ? » Je fais la connaissance d'Aurélie et Cathie, les épouses respectives de Ludovic et Kader, de Julien, le nouveau compagnon de Gaël, des fameux amis de Lyon. Il y a aussi ses copains de jeunesse, Laetitia, et son mari Pablo, FX, le comptable, et Stéphane, avec sa femme Ly-Ann qui a un ventre si énorme que je me demande si on peut être enceinte de douze mois.

Je passe un long moment avec chacun de mes anciens amis mais j'ai la sensation de n'avoir plus grand-chose à leur dire. Chacun me questionne à tour de rôle sur la future librairie, pourtant, derrière leur empressement, je sens qu'ils pensent que sans Tom, je ne serais rien, comme si j'avais dû attendre qu'il vienne m'élever un peu de mon job minable. Et ce projet professionnel est a priori la seule chose intéressante à mon sujet car le reste de nos conversations restent creuses et sonnent faux. Je ne suis pas mariée, je n'ai pas d'enfant, je ne suis pas prof, je ne suis pas comme eux. Ils me regardent avec leur petit air navré qui voudrait dire « c'est pas si grave », mais qui signifie le contraire et j'ai envie de leur hurler que non, c'est pas si grave, que je n'en veux pas de leur petite vie de merde. Mais je ne crie pas, je plaque mon plus beau sourire hypocrite sur le visage et souhaite bonne continuation à ces clowns qui étaient mes amis il y a huit ans.

Les autres discutent carrière, politique, grossesse ou éducation, j'ai l'impression de n'appartenir à aucun groupe. J'échange quelques paroles avec mes copines mais elles semblent toutes beaucoup plus dans leur éléments, heureuses de revoir ceux que moi je ne considère désormais que comme des fantômes de notre vie d'avant. Caro en oublie même de me prendre à part, ce qui est aussi bien. Je ne suis pas d'humeur à me faire psychanalyser.

Alors que j'écoute patiemment Julien et Gaël me raconter leur rencontre effroyablement banale à une expo photos d'Olivier Ciappa, j'entends que le groupe près de moi propose à Tom de lui présenter une amie d'Aurélie, une charmante célibataire. Je dresse immédiatement l'oreille, curieuse. Tom proteste, un peu mollement il me semble, puis cède aux arguments de Ludovic qui brandit le spectre du célibat éternel, de la difficulté de rencontrer quelqu'un de bien. Le couple, enchanté, décide d'organiser un dîner auquel seront conviés Thomas et la fameuse copine en promo. C'est un peu trop pour moi. Je m'excuse auprès de Julien et Gaël, et m'éloigne avant que les autres ne s'aperçoivent que j'ai entendu toute la conversation.

En attendant une heure où je peux décemment rentrer chez moi sans paraitre impolie, je vais me réfugier dans la cuisine et débarrasse les bouteilles vides qui traînent sur le comptoir, charge le lave-vaisselle avec des verres et des plats sales.

— Mais laisse, qu'est-ce que tu fais ? s'exclame Tom qui passe récupérer des boissons au frigo. Je rangerai plus tard, viens.

Je l'ignore et continue mon ménage.

— Lou... qu'est-ce qu'il y a, tu ne t'amuses pas ?

— Oh si, follement, comme tu peux le voir.

— Mince, je suis désolé, je pensais que tu serais heureuse de revoir les copains...

— C'est-à-dire qu'on a plus vraiment grand-chose en commun... Mais pitié Tom, ne prends pas cet air atterré parce que je l'ai beaucoup trop vu ce soir.

— Je ne sais pas quoi te dire.

— Alors ne dis rien. Tiens, au fait, tu as décroché un rencard ? j'enchaîne, perfide.

Il me dévisage, un peu surpris, mais je m'efforce de sourire tranquillement, comme si j'étais vraiment contente pour lui.

— Disons que j'accepte juste d'aller à ce dîner, parce que Ludo ne m'aurait pas lâché. Mais je ne crois pas que ce soit trop le moment, je ne vois pas quel temps j'aurais à accorder à une relation actuellement, ce n'est pas vraiment ma priorité. Je ne suis même pas sûr d'en avoir envie.

— Enfin, ça fait un bout de temps que tu es célibataire, non ?

— Jeanne et moi sommes séparés depuis deux ans. Et ce n'est pas un problème, tu sais que j'ai toujours considéré que rencontrer quelqu'un n'était pas une fin en soi. Je veux dire que je me mets en couple si la personne me plaît et pas parce que j'avais envie d'être en couple. Et puis, les rendez-vous arrangés comme ça... je sais que c'est de cette manière que tu as rencontré Serge, et que ça vous a bien réussi, mais je crois que ce n'est pas trop mon truc.

Si tu savais...

— Ce sera peut-être une bonne surprise.

Il hausse les épaules et répond sans conviction.

— On verra. Et puis, ajoute-t-il, je ne suis pas seul depuis Jeanne. Je suis sorti quelques mois avec quelqu'un, à Lyon.

Il a prononcé la dernière phrase avec précaution, et me considère attentivement, presque craintivement.

— Tu ne me l'avais pas dit.

— Tu ne me l'avais pas demandé. De toute façon, il faut bien que j'avance, non ?

C'est une vraie question. Ses yeux bleus me sondent, une boule se forme dans ma gorge.

— Oui.

Nous nous observons quelques instants en silence et heureusement, la sonnette dans l'entrée met fin à ce moment gênant.

— Ça doit être Sarah ! Je reviens !

Ses yeux brillent de joie à l'idée de voir sa sœur.

Je le suis dans le salon et découvre en même temps que lui la grande jeune femme, en pantalon de cuir qui fait son apparition. Elle embrasse son grand frère avec effusion, puis elle me voit derrière son épaule et son visage s'éclaire.

— Louise ! Je suis tellement contente de te voir !

Je me laisse étreindre, surprise, mais touchée par sa réaction.

Sarah était la distraction que j'attendais pour passer une bonne soirée. Elle commence par faire le tour pour saluer tout le monde puis revient vers moi en soupirant.

— Oh là là, y'a que des vieux ici, heureusement que t'es là !

— Tous ces gens ont le même âge que moi et, si je ne m'abuse, c'est-à-dire seulement quatre ans de plus que toi.

— Oui mais toi, c'est pas pareil. T'es marrante.

Je crois que c'est la première fois de ma vie qu'on dit de moi que je suis marrante.

En dépit de son look sombre un peu gothique, elle est vive et enjouée et nous passons des heures à nous raconter les huit dernières années. Elle s'intéresse sincèrement à ma vie, à mon métier de vendeuse, et ne se sent pas obligée d'arborer une moue contrite pour me signifier que j'ai raté ma vie. Au contraire, elle m'interroge et j'apprécie son ton neutre, sans affect, que je tente d'adopter à mon tour quand elle évoque ses parents. Son père, terrassé par une crise cardiaque au travail, sa mère qui n'a pas eu la décence de leur parler de sa maladie. Je sais qu'elle n'aurait pas apprécié que je m'apitoie sur son sort.

Peu à peu, et l'alcool aidant, la carapace se craquelle et je découvre de profondes fêlures derrière son sourire. Les stigmates de son éducation sans réelle tendresse, la perte soudaine de ses proches et de ses repères. Je me souviens de Tom m'avouant il y a peu de temps ne se sentir chez lui nulle part. Je mesure une fois de plus la chance que j'ai eue de grandir si bien entourée.

— Je suis contente que tu sois revenue dans la vie de mon frère, murmure-t-elle en serrant ma main après sa cinquième vodka-pomme.

— Sarah... je ne suis pas... enfin, on n'est pas en couple.

— Oui, je sais, mais tu comptes beaucoup pour lui. Il ne s'est jamais remis de votre rupture, ajoute-t-elle à voix basse.

Je souris à ses confidences que je sais dictées par l'alcool.

— Et votre projet, je trouve ça génial. Moi, tu sais, je ne sais pas quoi faire de ce maudit fric. C'est un cadeau empoisonné. Tu n'imagines pas le nombre de nouveaux amis que je me suis découverts. Ça pourrit les relations... J'ai quitté mon mec, à l'époque, parce que j'avais l'impression, à tort ou à raison, qu'il n'en avait qu'après mon blé. Tu deviens parano à force. Alors pour le moment, j'en consacre une bonne partie à ma psychanalyse, et un jour je verrai comment je peux l'investir. Mais Tommy, il a toujours eu la tête sur les épaules, c'est une idée formidable qu'il a eu avec cette librairie.

— La tête sur les épaules, ce n'est pas ce que j'aurais dit...

— Bah si. Il a l'air un peu gamin comme ça parfois, mais je t'assure qu'il est déterminé et qu'il sait ce qu'il veut.

— C'est lui qui t'as demandé de me dire cela ?

— Non, pourquoi ? s'étonne-t-elle, et son regard vitreux me convainc qu'elle n'est pas en état en répéter un discours préparé.

Vers deux heures, les invités commencent progressivement à prendre congé et je n'en reviens pas d'être encore là. J'ai aussi un peu trop bu et Sarah et moi avons élu domicile sur le canapé où nous nous marrons comme des baleines sous le regard amusé des derniers convives.

Les 3C et conjoints aident Thomas à ranger grossièrement l'appartement, puis Charlotte rentre avec sa sœur et son mari. Il ne reste que Caroline et Clément qui s'apprêtent aussi à partir.

— Loulou, on va y aller, on te ramène ? demande mon amie en enfilant son manteau.

— Non, il est encore tôt, t'en fais pas, je rentrerai tout à l'heure.

— Il est presque trois heures quand même, note-t-elle.

— Mais la nuit ne fait que commencer ! crie Sarah, à un stade d'alcoolémie bien plus avancé que le mien, et nous entrechoquons nos verres vides.

— Oui, pour une fois qu'on s'amuse.

La blonde lance un regard un peu inquiet à Thomas qui la rassure.

— Ne t'en fait pas, je ne la laisserai pas rentrer seule.

— Très bien. Je te la confie, Tom.

Elle nous embrasse à tour de rôle et sa bouche s'attarde près de mon oreille.

— Sacrée Loulou, chuchote-t-elle dans un sourire, avant de partir.

✨✨✨✨✨

— Bon, qu'est-ce qu'on boit ? lance Sarah, dès la porte d'entrée refermée.

— Rien du tout, sauf de la tisane. J'ai passé l'âge de te tenir les cheveux quand tu vomis, ma petite chérie, réplique Tom.

Elle éclate d'un rire gras et se rejette sur le canapé, les yeux mi-clos.

— De toute façon, je suis un peu fatiguée, finalement.

Nous la laissons sombrer dans un demi-sommeil et j'aide son frère à finir de débarrasser les restes de la soirée. Même ado, je ne me suis jamais couchée après une fête sans avoir nettoyé et rangé l'appartement. Ça a beau ne pas être chez moi, il est hors de question que je parte en laissant le salon et la cuisine dans cet état. Je suis un peu pompette, je bégaye et trébuche, Tom s'amuse de mon état.

— Bon, je vais rentrer, finis-je par dire une fois la séance de ménage achevée.

— Je ne te laisse pas seule. Je te ramène.

— Pas besoin, ça va aller, j'ai l'habitude.

— Lou, il est presque quatre heures du matin, ça va être les sorties de boîtes et, pardon, mais tu n'es pas encore tout à fait sobre. Hors de question que je te laisse rentrer ainsi. Ou alors...

— Ou alors ?

— Ou alors, tu dors ici. Dans mon lit avec Sarah, et moi sur le canapé.

Je fais la moue. Je n'aime pas dormir ailleurs que dans mon propre lit, et ça m'ennuie de ne pas me réveiller chez moi demain matin, enfin, tout à l'heure. En même temps, il doit faire trois degrés dehors, et j'ai vraiment la flemme de marcher avec mes talons jusqu'à chez moi.

Thomas attends que je me décide, sans chercher à influencer ma décision.

— Elle ne va pas me vomir dessus ?

Il s'approche avec précaution de sa sœur qui ronfle.

— Pas avant demain matin...

— C'est censé me convaincre ?

— Je préfère te prévenir, rit-il.

— Tant pis, je prends le risque. Je n'ai vraiment pas envie de sortir maintenant, et je m'en voudrais de t'imposer un aller-retour par ce froid.

— Tu es trop gentille.

Je l'aide à transporter la jeune femme dans le lit où elle s'effondre en grognant. Il dépose par précaution une bassine au pied du lit, et me prête un tee-shirt pour la nuit.

Je sursaute presque en découvrant mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Je ressemble à Morticia Adams. J'ai le teint pâle et les yeux rouges à cause de la fatigue et mon mascara a complètement coulé. Tom a dégoté une trousse de toilette dans le sac de Sarah qui avait prévu de dormir ici et j'en sors du démaquillant et des cotons. Rien en revanche pour me brosser les dents alors que c'est bien nécessaire, j'opte pour du dentifrice sur mon index, et un bain de bouche, c'est toujours mieux que rien.

Quand je sors de la salle de bain, il est en train de déplier le canapé pour faire son lit.

— Heureusement que la copine avec qui j'ai fait les courses pour équiper cet appart m'a fait acheter deux parures de draps, sourit-il quand je traverse rapidement le salon pour rejoindre la chambre.

Je ne porte que ma culotte et son tee-shirt qui est heureusement assez long pour masquer mes fesses, mais il n'y prête pas attention, occupé à placer un drap housse sur le maigre matelas du sofa.

— Bonne nuit, Tom, murmure-je avant de refermer la porte.

— Bonne nuit, Lou. Dors bien.

Sarah s'est étalée au beau milieu du lit, les bras en croix, il va falloir que je la pousse pour me coucher. Eclairée par mon téléphone, je déambule un moment dans la pièce, feuillette les livres posés en pile sur son chevet. J'hésite un moment, mais voyant que la jeune femme est loin au pays des rêves, je cède à ma curiosité et ouvre sans bruit le petit tiroir de la table de nuit. Une plaquette d'advil, un spray pour nez bouché, une lampe de poche, du beurre de karité pour les mains, une boîte de douze capotes, entamée. Fait chier.

Je referme doucement le tiroir, déçue, et m'assois sur le bord du lit. C'est ce que je cherchais, pourtant je ne suis pas plus avancée car je ne sais pas si ces préservatifs datent de Lyon ou s'ils ont été achetés plus récemment. Ils signifient juste que Thomas a fait l'amour avec une autre. Je le sais, bien sûr que je le sais, il a eu une vie, après moi, Jeanne, cette nana ensuite, d'autres peut-être, mais cela m'est insupportable. L'imaginer embrasser une femme, la déshabiller, lui murmurer des mots doux à l'oreille comme il le faisait avec moi, son corps nu, en sueur, sur celui d'une autre... Ces images me font horreur. Pourtant, j'ai fait la même chose. J'ai ramené des mecs d'une nuit chez moi, je les ai aguiché dans de la lingerie hors de prix, j'ai même failli tomber amoureuse, mais il me semble que c'était une autre vie. Est-ce que je pensais à lui pendant ce temps ? Et lui, est-ce qu'il pensait à moi ?

Je suis vraiment la reine pour me polluer l'esprit avec des conneries. Je finis par m'allonger dans les quarante centimètres concédés par sa sœur, mais je sais qu'en dépit de l'heure tardive je vais avoir du mal à trouver le sommeil.

Effectivement, une heure plus tard, je ne dors toujours pas. Sarah ronfle, grogne, remue et son haleine chargée empeste toute la chambre. Je n'ose pas allumer pour lire, alors je prends mon téléphone et fais le tour de mes réseaux sociaux mais au quatrième coup de pied que je reçois, je décide que j'en ai eu assez.

Il dort paisiblement, sur le ventre, sa position préférée, le visage enfouit dans le coussin du canapé qui lui sert d'oreiller, les bras repliés dessous. Je fais le tour du sofa et m'assois sur l'accoudoir pour le regarder. Il est si mignon, si émouvant, ainsi vulnérable. J'ai envie de passer la main dans ses cheveux noirs, si doux. Son dos, à demi-recouvert par le drap, se soulève régulièrement au rythme de sa respiration. Heureusement qu'il a mis un tee-shirt, je n'aurais pas pu résister au besoin de caresser sa peau.

Je me glisse à ses côtés le plus discrètement possible. Je sens la chaleur de son corps à quelques centimètres du mien et perçoit son parfum de cèdre, léger. Il bouge un peu, soupire et se retourne mais sans se réveiller. Enfin, c'est ce que je crois jusqu'à ce que sa main vienne se glisser dans la mienne.

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