Chapitre 46

Bonjour !

Un chapitre un peu plus long que les autres aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé l'écrire, j'espère qu'il vous plaira aussi.

Bonne lecture !






Je reste prostrée un moment, hagarde, donnant libre cours à mes larmes.

Je n'avais pas imaginé que nous en arriverions là, que ça irait si vite, que Serge pourrait me quitter sans même chercher à comprendre mes raisons ou à se battre pour moi. Pour nous. Il n'a même pas essayé.

Ce n'est pas tant lui que je pleure, mais la rupture en elle-même, ce nouvel abandon. L'ironie de la situation me frappe en plein front. Serge rompt à cause de Tom alors qu'il aurait dû me protéger de lui. Avec sa force, sa présence, son amour, j'aurais pu réussir à dompter mes sentiments. Mais maintenant je suis seule pour me débrouiller avec ça.

Je prends la soirée, une partie de la nuit pour me lamenter sur mon sort mais le lendemain, je vais déjà un peu mieux. Je réussis à prendre un peu de recul sur la situation, même si je suis toujours en colère contre Serge. Je comprends ses arguments, mais malgré tout, et sans doute très égoïstement, je suis blessée par sa lâcheté.

J'envoie un bref sms à mes amies en buvant le café qui constitue mon petit déjeuner, pour les prévenir de ma rupture et leur dire que je n'ai pas envie d'en parler. De toute façon, j'imagine que Capucine est déjà au courant.

Maintenant, je vais faire ce que j'ai toujours fait : assumer mes choix.

✨✨✨✨✨

Thomas et moi avons prévu de nous revoir le dimanche suivant. Je mange chez mes parents à midi, lui chez Solène et Nico avec son oncle et sa tante, nous nous retrouvons donc vers dix-huit heures au bar du Novotel où il séjourne. C'est un beau salon, élégant et cosy. L'établissement est plutôt fréquenté par des hommes d'affaires, des commerciaux en déplacement et en cette fin de week-end, il y a peu de monde.

Comme la dernière fois, il est déjà là quand j'arrive. Il lit, confortablement installé sur un des fauteuils de cuir, une petite théière et une tasse fumante posées devant lui. Je me suis préparée à notre entrevue. Pas de nervosité cette fois-ci. Je suis décidée, je sais ce que je veux. La stupeur de la rupture passée, je me sens galvanisée. Je suis une montgolfière qui a lâché du lest. Serge était la première raison de ma réserve, sans lui, je me sens libérée de toutes responsabilités. Pour le reste, je me débrouillerai. Je sais faire.

Je l'observe un moment. Son coude gauche est posé sur l'accoudoir, la tête appuyée sur son poing fermé. Il lève les yeux un moment, sans me voir, regarde l'heure à sa montre, puis il reprend sa lecture en mordillant nerveusement son auriculaire. Geste enfantin. Je m'avance.

— Salut. Qu'est-ce que tu lis ?

— Lou...

Il se lève, m'embrasse sur les joues, et je me laisse faire, je n'ai plus peur.

Je m'installe en face de lui et commande un café au serveur qui s'avance vers moi. J'attrape l'ouvrage posé sur la table.

The picture of Dorian Gray, déchiffré-je sur la couverture. Tu lis en anglais ?

— Pour ne pas perdre la main. Parler c'est bien, mais la grammaire écrite c'est important aussi. Et Wilde se lit en V.O., de toute façon.

— Et cet appart, alors ?

— Super, encore mieux que sur les photos. Je l'ai visité vendredi soir mais le jour baissait, je voulais le voir en pleine lumière pour être sûr de mon choix. J'ai donc repoussé mon train de retour et j'y retourne demain matin. S'il me plaît toujours, je signe.

Il me passe son mobile, et je fais défiler les quelques clichés qu'il a pris de l'appartement. C'est un bel endroit, avec du cachet. Murs blancs, parquet ancien, grandes fenêtres.

— Très joli, j'apprécie en lui rendant son téléphone. Alors ça y est, bientôt à nouveau messin ?

— Je l'espère. Et toi ça va ? Quoi de neuf depuis la dernière fois ?

Je me suis engueulée comme jamais avec Charlotte, me suis fait larguer du jour au lendemain, et tout ça à cause de toi...

— Oh, pas grand-chose. La routine quoi.

— La routine... répète Tom en hochant la tête. Et justement, en parlant de cela, tu es prête à en changer ?

Le serveur dépose un expresso serré devant moi. En faisant traîner mes gestes, je déballe le morceau de sucre qui l'accompagne, le plonge dans le liquide noir et remue lentement l'ensemble avant de le porter à ma bouche. Thomas est suspendu à mes lèvres et je m'amuse à le tourmenter un peu.

— J'ai beaucoup réfléchi, Tom. J'ai pesé le pour et le contre, demandé leur avis aux gens qui comptent pour moi. Il y a beaucoup de raisons qui me pousseraient à croire que c'est un trop gros risque. Pourtant...

— Pourtant ?

— Pourtant, j'ai envie de prendre ces risques. Je pense qu'on peut se pencher sur cette idée, commencer à établir un projet ensemble, voir si c'est faisable.

— Oh Louise ! Je suis très content, tu vas voir...

— A une condition.

Surpris, il s'arrête, fronce les sourcils.

— Je t'écoute.

— Je veux savoir pourquoi tu as quitté Jeanne.

No way.

— Alors c'est non aussi.

— Ne sois pas ridicule, ça n'a rien à voir.

— Ne me dis pas que je suis ridicule. Je pense au contraire que ça a beaucoup à voir, en tout cas c'est à moi d'en juger. Je dois le savoir pour prendre ma décision. Et ne t'avise pas de me mentir, parce qu'on a déjà un souci de confiance tous les deux, alors si j'apprends plus tard que tu m'as raconté des histoires, ce sera fini, Tom. Pour toujours.

— Je t'assure que ce n'est pas une bonne idée.

— Tant pis, lâché-je en faisant mine de me lever.

— Attends. C'est bon, tu as gagné.

Il soupire profondément, et c'est maintenant à lui de me torturer. Il boit une gorgée de thé, cherche ses mots, se frotte le visage.

— Ne te gratte pas la joue, Tom, je sais ce que ça veut dire. Je ne veux pas commencer ce projet sur des mensonges. Je te jure que si tu...

— Ça va, ça va. Je vais t'expliquer. Le cinq juillet, c'était l'anniversaire de notre rencontre, à Jeanne et moi.

Je ferme les yeux et frémis. Ça fait trop mal.

— Lou ?

— Raconte.

— Quand on est repartis de France pour vivre en Bolivie, et ensuite en Argentine, on n'a pas pris grand-chose, quelques vêtements, quelques bouquins. Pour moi qui lis beaucoup, comme toi, c'était compliqué. Sarah m'en envoyait parfois, les copains aussi, et j'avais acheté une liseuse, mais ce n'est pas pareil. J'aime les livres, l'objet livre. Bref. Pour notre anniversaire donc, Jeanne a déniché le cadeau idéal dans un marché international de Buenos Aires. Un vieil exemplaire, en français, des fleurs du mal.

Il s'interrompt et je commence à comprendre où il veut en venir. Mes yeux l'encouragent à continuer, il baisse les siens, sans pouvoir soutenir mon regard.

— Ça m'a fait un sacré effet, poursuit-il enfin. Plus que de la joie, c'est de la douleur que j'ai ressenti avec son cadeau. Et quand enfin j'ai trouvé le courage de l'ouvrir à la page 223, de relire ce poème, « à une passante » qui m'avait tant fait penser à toi huit ans plus tôt... je n'ai pas réussi à... tous les souvenirs de nous deux que j'avais tellement voulu enfouir loin, oublier même, sont revenus me frapper de plein fouet.

Ce poème, recopié et caché dans mon coffret à notre premier nouvel an, que je connais par cœur à force de l'avoir tant lu. Une larme roule sur ma joue, mais heureusement, il a toujours la tête baissée, fuyant tout ce qu'il pourrait lire dans mes yeux à cet instant.

— J'ai tenté de lutter contre le passé quelques temps, mais je ne supportais pas de mentir à Jeanne, de faire semblant. J'avais la sensation d'avoir pris le mauvais chemin, de m'être complètement trompé de vie. Je ne pouvais même plus la regarder dans les yeux. On parlait de se marier depuis quelques temps, mais pour moi ce n'était plus envisageable. Pourtant, je... je l'aimais, je ne voulais pas renoncer à elle. On a fini par avoir une discussion, je lui ai avoué mes doutes et mes peurs, je voulais qu'on arrive ensemble à surmonter cette épreuve mais elle n'a pas tout à fait réagi comme je l'aurais souhaité, et je ne peux pas lui jeter la pierre...

Je repense à Serge. Protège-moi de lui. On ne peut pas demander cela aux gens qui nous aiment, qui partagent notre vie.

— Elle s'est sentie trahie, et on s'est violemment disputés. Tu sais ce que l'on dit, qu'on ne connaît vraiment les gens qu'on aime que quand on les quitte. Jeanne était blessée, elle a voulu m'atteindre. Elle m'a avoué quelque chose qui m'a bouleversé. Je suis parti le soir même, fin de l'histoire.

— Elle t'a trompé ?

— Non, et ça suffit maintenant. Tu voulais savoir, je t'ai raconté, c'est bon.

Je le sens ému, mais poussée par une curiosité malsaine, j'ai besoin qu'il aille jusqu'au bout.

— Je t'ai demandé pourquoi tu avais quitté Jeanne et tu ne m'as pas répondu. Tu as planté le contexte oui, mais je ne sais toujours pas.

— Je t'en prie Louise, ça me fait mal et je ne veux pas en parler.

— Dis-le-moi, exigé-je d'une voix sourde.

Ses beaux yeux bleus sont remplis de tristesse. Je vois qu'il souffre mais je m'en fiche, obsédée par l'envie de connaître les raisons de son départ.

— Elle m'a dit que deux ans auparavant elle était tombée enceinte et qu'elle avait avorté sans m'en parler. Ça y est, t'es contente ?

Un silence froid s'installe entre nous. Tom me regarde durement, fâché d'avoir dû remuer ces souvenirs douloureux.

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi ? demande-t-il, presque avec hargne.

— Pourquoi elle a fait ça, et pourquoi elle ne t'en a pas parlé.

— Parce que Jeanne n'a jamais voulu d'enfant. Moi je ne m'étais pas trop posé la question. Enfin, nous deux, on avait parlé d'avoir des gosses à l'époque, mais puisqu'elle n'en souhaitait pas, ça remettait tout en cause. Disons que je pouvais envisager de ne pas devenir papa, sans pour autant y renoncer définitivement. J'avais juste envie de profiter du présent, je me disais qu'on avait le temps de voir venir. Mais quand elle est tombée enceinte, elle a eu peur que je cherche à la convaincre malgré tout. Nous étions un couple, et elle a agi seule, comme une égoïste. Ce qu'elle a fait est impardonnable.

— C'est son corps quand même.

J'ai beau haïr tout ce que Jeanne représente, je ne peux m'empêcher de défendre les droits d'une femme.

— Lou, le problème n'est pas qu'elle n'ait pas gardé cet enfant. Ça, je peux le comprendre, et je l'aurais soutenue. On avait vingt-cinq ans, il n'était pas souhaité... elle n'en voulait pas de toute façon. Mais faire ça dans mon dos... Tu sais qu'en Argentine l'avortement est un délit ? Elle est rentrée en France sous un prétexte bidon pour... pour ça. Tu imagines ? Ce n'est pas juste une décision prise sur le coup de la panique, c'était préparé, prémédité, mais sans m'en parler. Après un coup pareil, il n'y a plus de confiance. Et puis, elle avait un ton quand elle me l'a annoncé... Elle voulait me faire souffrir, se venger. C'est peut-être ça qui m'a fait le plus de mal.

— Toi aussi, tu l'as blessée.

— Oui, mais ce n'était pas volontaire. Et de toute façon ça ne change pas grand-chose. Le jour où elle m'a offert son cadeau, c'était terminé entre nous. Je ne me l'avouais pas, c'est tout.

Nous restons un long moment silencieux, sans nous regarder. Il rumine ces tristes souvenirs, je prends la mesure ce qu'il vient de m'annoncer. Je digère doucement cette histoire de bébé. Il l'a mise enceinte. Il pourrait être papa d'un petit bout de presque trois ans. Lentement, mes pensées remontent le cours de son histoire. Je repense à son aveu au sujet du poème de Baudelaire.

— Un autre café ?

— Non, quelque chose de plus fort s'il te plaît.

Tom se dirige vers le bar, revient avec deux verres de vodka sur glace.

Je ne bois jamais d'alcool pur et le liquide me brûle l'œsophage mais c'est peut-être ce dont j'ai besoin pour détourner mon esprit de ce qu'il vient de m'avouer.

— Voilà, tu sais maintenant. Je ne veux plus jamais revenir sur le sujet.

— Je suis désolée, je n'avais pas imaginé que...

— Je t'avais dit que je ne voulais pas en parler, me coupe-t-il. Bref, c'est fait, on passe à autre chose.

Il se tait pourtant, sombre. Je sens qu'il m'en veut de l'avoir forcé à remuer tout cela. J'ai de la peine pour lui, sans pouvoir m'empêcher de me dire que c'est un juste retour de manivelle. Je sais que je suis injuste, que sa douleur n'amoindrira pas celle que moi j'ai ressenti, mais je suis comme soulagée de constater qu'il n'a pas eu la vie idéale que j'imaginais.

Il finit par reprendre, un peu brusquement.

— Bon, on va commencer par prendre un rendez-vous avec un spécialiste d'implantation d'entreprise, il pourra nous indiquer la marche à suivre...

— Attends.

— Quoi, encore ?

Son ton est brutal, agressif. Je ne l'ai jamais connu ainsi.

— Écoute, Louise, si tu n'as pas envie qu'on le fasse, on laisse tomber cette idée, d'accord ? Mais c'est pas la peine de l'utiliser comme prétexte pour apprendre des choses sur ma vie qui ne te concernent en aucun cas.

— Ce n'est pas ça... murmuré-je, intimidée par la violence avec laquelle il s'adresse à moi.

— C'est quoi alors ?

— Ce que tu as dit, à propos de ta réaction quand elle t'a offert le livre... Il faut qu'on en parle...

Il soupire bruyamment et se rejette en arrière dans son fauteuil, les yeux fermés. Ses traits sont tendus, sa bouche déformée par un pli amer.

Je reste muette, inquiète, jusqu'à ce qu'il se redresse. Il passe sa main sur son visage, l'air épuisé.

— Que veux-tu savoir ? Ou plutôt, que veux-tu entendre ?

— La vérité.

— Ça ne fait pas un peu beaucoup pour un seul soir ? essaye-t-il de plaisanter, mais le cœur n'y est pas.

— Tom, si on doit montrer ce projet ensemble, on doit être au clair avec nos... sentiments. Je t'ai posé la question au restaurant, tu m'as répondu mais avec cette histoire, je t'avoue que je suis un peu perdue...

— Un autre verre ?

— Oui, je crois que c'est nécessaire.

Il va chercher deux autres vodkas et un plateau d'amuse-bouches auquel nous ne toucherons pas, et se rassoit, les coudes sur les genoux. Il boit une gorgée, puis une deuxième.

— Louise, j'ai passé six ans avec Jeanne, explique-t-il d'une voix éraillée par l'alcool, ou l'émotion. Je suis devenu adulte à ses côtés, on a vécu des aventures extraordinaires ensemble. On aurait probablement fini par se marier. Mais le grand amour de ma vie, c'était toi.

Je ressens comme un grand vertige à ces mots que je n'attendais pas, ou plus, qui arrivent trop tard. J'ai la tête qui tourne, la gorge sèche. Il poursuit, sans s'apercevoir de mon trouble, les yeux fixés sur son verre qu'il tient dans ses mains.

— J'ai essayé durant des années de faire comme si ce n'était pas le cas, de t'oublier, et je n'y suis pas trop mal arrivé. Mais quand j'ai reçu ce livre, je ne m'y attendais pas, je n'y étais pas préparé. Tout ce que je taisais depuis des années, toutes mes émotions, mes sentiments contenus sont ressortis d'un coup. Mais rassure-toi, Lou, ce n'est plus de l'amour. J'ai fait le deuil de toi, je pensais de toute façon ne jamais te revoir. Si tu n'avais pas été la belle-sœur de Soso, ça aurait été le cas. J'ai été sincère au restaurant. Je n'essaye pas de t'acheter, ou de te manipuler pour me rapprocher de toi. Je vois bien le genre de sentiments que tu nourris à mon égard, et tu sembles heureuse avec ton fiancé. Ne t'inquiète pas, business is business. Je ne mélangerai pas tout, parce qu'il n'y a rien à mélanger. Alors voilà Lou, pour résumer, je t'ai aimé comme un fou, ce n'est plus le cas à présent mais je ne pourrai jamais te voir comme une simple amie. Tu seras toujours plus que ça pour moi, parce qu'on a partagé trop de choses. Peut-être pas en quantité, mais en qualité.

C'est à mon tour de fermer les yeux, complètement étourdie par son discours. J'essaye de contrôler ma respiration, la boule de sanglots qui me noue la gorge.

Il reste silencieux, j'entends les glaçons tinter lorsqu'il termine son verre. Quand je rouvre les yeux, il me regarde avec attention, presque inquiétude. Plus de trace de colère dans ses pupilles marines. Sa voix est à nouveau douce quand il reprend, comme je la connais, comme je l'aime.

— C'est bon, Lou. C'est fini. Je crois que ce qui a été si difficile à gérer, c'est peut-être cette sensation d'inachevé. Maintenant que les choses sont claires entre nous, je vais pouvoir aller de l'avant, peut-être rencontrer quelqu'un à nouveau, comme toi. Et on ne sera plus heureux ensemble, mais côte à côte.

Il tente un sourire encourageant, complètement désarmant.

— Et moi Tom, tu ne me demande pas quels sont mes sentiments pour toi ?

— Hum, je crois qu'ils sont clairs depuis le début.

Je hoche la tête, fais comme si j'acquiesçais.

— J'ai quand même du mal à nous imaginer dînant tous les quatre avec ta femme et mon époux dans quelques années.

— Moi aussi, avoue-t-il, et nous rions ensemble, mais sans joie.

— Ça ne va pas être facile, Tom. Je vais avoir du mal à reprendre confiance en toi. Je sais que ce n'était pas volontaire, mais je croyais en toi et ton départ m'a dévastée, a bouleversé ma vie. Et finalement, tu as fait la même chose avec Jeanne. Je ne sais pas quel type de relations on pourra avoir tous les deux... Écoute, je... j'ai la tête pleine là, et avec la vodka je n'arrive plus à réfléchir. A quelle heure tu dois prendre ton train demain ? Je ne bosse pas le matin, on pourrait déjeuner ensemble et en reparler à tête reposée ?

— Il est à midi vingt mais je peux le décaler, il y en a un autre vers quinze heures je crois. Du coup, oui, d'accord pour le déjeuner.

— Parfait. A demain, alors, je fais en me levant.

— Je te raccompagne.

Cette fois, je ne refuse pas. L'air frais fouette mon visage en sortant, mais ce n'est pas désagréable, au contraire. Nous marchons quelques minutes, bavardant presque normalement, jusqu'à arriver à la porte de mon immeuble.

— Merci Thomas, rentre bien, à demain.

— Lou, attends. J'ai quelque chose à te demander.

Mon sang se fige. J'ai eu mon compte de révélations et d'émotions pour aujourd'hui.

— Est-ce que tu m'accompagnerais visiter l'appart ? J'ai besoin d'un avis neutre, et hum, je sais que tu seras franche.

Je souris, soulagée.

— Oui, avec plaisir. Tu m'envoies l'heure et l'adresse par sms ? Parce que je ne suis plus sûre de pouvoir retenir grand-chose.

— Ça marche.

Sa main se pose sur mon bras dans un geste protecteur tandis qu'il se penche pour glisser un baiser sur ma joue.

— A demain.

J'ai la sensation de flotter dans du coton, sans savoir si c'est dû à l'alcool ou à mon début de soirée mouvementé. Il est à peine vingt heures trente, mais je vais me coucher directement, le ventre vide et la tête pleine. J'ai besoin de me remettre de mes émotions.

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