Chapitre 13




Décembre 2008

Cette année, le réveillon de Nouvel An a une saveur un peu particulière puisque Caro fête ses vingt ans.

Pour l'occasion, nous décidons d'organiser une soirée costumée avec comme thème les vingt dernières années.

Tom et moi finissons de nous préparer dans ma chambre quand les premiers invités arrivent.

Il termine de nouer son nœud papillon et me contemple dans un long soupir.

— Louise... cette robe... ce corps...

Pour mon déguisement de Mrs Smith, j'ai loué une robe de soirée noire fendue, et bien que je n'ai ni le physique d'Angelina Jolie, ni son mental, je ne peux m'empêcher de me trouver sexy dedans. Et j'adore voir Tom me dévorer des yeux.

J'ourle ma bouche de rouge et il vient poser ses mains sur mes hanches, ses lèvres dans mon cou.

— Tu es sublime dans cette tenue... Et pourtant, je n'ai qu'une envie, c'est déjà de te l'enlever.

— Il va falloir patienter.

Il est très beau aussi dans son smoking de Mr. Smith. C'est la première fois que je le vois habillé autrement qu'en jean et sweat à capuche et cela me plaît beaucoup.

Nous arrivons dans le salon en même temps que Charlotte, Capucine et Thibaut. Je pousse un cri de surprise. Thibaut est une version propre de Kurt Cobain, Charlie vulgaire à souhait en Spice Girl, mais Capucine la réservée, Capou la sage, est déguisée en Lara Croft, rangers, micro-short et chemise nouée au-dessus du nombril.

Elle se saisit de ses pistolets en même temps que je dégaine le révolver coincé dans ma jarretière :

— Lara ! Une de ces Angelina est de trop ici !

Nous éclatons de rire, tout excitées par la soirée.

— Mais pourquoi t'es pas déguisée toi ? lance Charlotte à Caro.

— C'est quoi ça, à ton avis ? répond ma colocataire en boutonnant sa blouse blanche, stéthoscope autour du cou.

— Mais pourquoi t'es en docteur ? C'est pas le thème, insiste la brune.

— Je ne suis pas un docteur, je suis un médecin de « Urgences ».

— Ah. Lequel ?

— Mais je ne sais pas, n'importe lequel... un médecin femme de la série ! s'énerve Caro.

— Mouais. Bof. J'aurais préféré le docteur Ross.

Nous achevons de préparer le buffet quand Gaël-Jack Sparrow et Ludo-Mickaël Jordan arrivent, suivis de près par un autre sportif : Kader-Zidane.

— Un short et un vieux maillot de foot, ça va, tu t'es pas trop foulé, fait Caro en embrassant son amoureux.

— Ludo aussi n'a qu'un short et un maillot mais à lui on ne lui dit rien.

— Je suis Black, ça aide pour se déguiser en Jordan. Toi, par contre, t'as pas la tonsure de Zizou, répond Ludo en rigolant.

— Ouais, dommage. En même temps, Caro, pourquoi toi t'es en docteur ? C'est pas le thème.

— Tu vois, je te l'avais dit, intervient Charlotte

— Vous me soulez. Je suis un médecin d' « Urgences », d'accord ?

— Ok. Mais c'est quoi « Urgences » ?

Nous entendons soudain du bruit dans le couloir. Je vais ouvrir, intriguée, et c'est Medhi, fan des entrées en fanfare, qui, sur la musique de « Thriller », entame une chorégraphie parfaite jusque dans le salon. Avec son chapeau, ses lunettes, ses gants et chaussettes blanches, la ressemblance avec son idole est saisissante. La musique s'arrête sous nos acclamations et c'est Claire, sa chérie, en Britney Spears version écolière, qui le suit en entrant sur le même mode. Ils nous embrassent ensuite en distribuant des autographes.

— Ils sont sympas tes copains, chuchote Tom à mon oreille, impressionné.

Les derniers invités se font attendre, nous prenons un verre en grignotant, quand enfin, arrive Jérémy, le mec de Gaël, déguisé en Willy Wonka version Tim Burton, -le couple est fan de Johnny Depp- suivi de près par Baptiste, Dimitri et Marion.

Les deux copains ont revêtu les salopettes rouge et verte des célèbres frères plombiers du jeu vidéo. Quant à Marion, elle porte un vague costume rouge à pois blanc.

— Baptiste et Dimitri, je vois bien, fait Medhi, mais toi, je...

— Toad. Je suis le ridicule champignon, grogne Marion d'un air boudeur. Je voulais la princesse Peach, mais j'ai trouvé que ça comme déguisement.

— Tu es un champignon, donc ?

— Ta gueule Mickael.

— Bon, et toi, demande Baptiste à Caro. Pourquoi t'es déguisée en dentiste ?

✨✨✨✨✨

La fête bat son plein et cette année j'en profite vraiment. Les groupes « fac » et « lycée » se mélangent plutôt pas mal et Baptiste et Tom ont l'air de bien s'entendre, c'est une super soirée.

Je danse avec mon amoureux quand Bat s'immisce entre nous.

— Bon, Loulou, lâche-le ton chéri, il ne va pas s'envoler. Mec, je peux t'emprunter Lou cinq minutes ? On a un rituel à accomplir, dit-il en me montrant son paquet de cigarettes.

Je le suis avec un sourire jusque dehors.

— Alors, c'est lui le fameux Thomas, fait-il en allumant sa cigarette.

— Oui.

— Il est cool, ce type. C'est bien Loulou, je suis content pour toi. On voit qu'il t'aime et qu'il est sérieux. Tu méritais un homme comme ça.

— T'es un amour, Bat. Oui, il est merveilleux.

— Alors ça y est, t'es casée. Le grand amour, et tout et tout. Bientôt le mariage, les gosses et tout le toutim.

— On n'en est pas encore là mais...

— Genre t'y penses pas !

— Si, on en parle même...

— Vous en avez parlé ! Vous êtes ensemble depuis un an, on n'a même pas vingt ans et vous avez parlé de vos futurs mômes ! Ça y est, Loulou, t'es passée de l'autre côté. Mais bon avec lui, d'accord.

— J'ai ta bénédiction papa ?

— Ouaip. Mais s'il te rend malheureuse, je lui casse sa jolie petite gueule.

— Ça ne risque pas, t'inquiète.

— Il a intérêt.

— Bon, et toi, toujours pas de femme dans ta vie ?

— Ah si si, pas qu'une c'est tout !

J'éclate de rire.

— Tu ne changes pas !

— Ben non, je suis heureux comme ça ! Mais toi t'as changé, Lou. T'as l'air, je ne sais pas, plus mature. Et épanouie. Et puis t'es canon avec cette robe !

— Merci, mais je suis surtout gelée là. Bon, tu la finis ta clope ?

Il écrase son mégot contre le mur et passe son bras autour de mon cou pour m'attirer à lui, puis m'embrasse la tempe.

— Allez, on rentre et t'inquiète, je te laisse roucouler en paix, maintenant.

A minuit, après les embrassades et les « bonne année », nous sortons du frigo le gâteau d'anniversaire de Caro et lui offrons notre cadeau de la part de nous trois, les L2C : un album photo qui regroupe toutes nos années ensemble. Il y a quelques clichés de nous enfants pour commencer, la photo de classe où nous sommes réunies à quatre, les fêtes, les moments entre amis. Nous avons commenté au stylo coloré chaque image et Caro est toute émue.

L'album passe dans toutes les mains et crée l'attraction un bon moment.

Kader a réservé deux nuits dans un hôtel de charme en Alsace, ce n'est pas l'Italie mais mon amie est enchantée. Ludo et Gaël lui ont pris le CD d'Aaron, et les copains du lycée ont choisi une jolie paire de boucles d'oreilles, sauf Baptiste bien entendu, qui a fait bande à part et lui offre, tout content, le poisson rouge qu'il avait caché dans l'entrée.

— Un poisson mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce qu'on va en faire ?

— Ben, tu vas le mettre dans un aquarium, le nourrir et voilà !

— En même temps, il n'y a pas grand-chose à faire de plus. Merci Bat, pour le cadeau empoisonné.

— De rien, ma biche.

— Et sinon, le bocal, la bouffe... ?

— Ici, fait mon ex en rigolant, et il lui tend un cabas qui contient le nécessaire. J'ai pensé à tout, tu me prends pour qui ?

— Pour la peine, je vais l'appeler Baptiste, ça t'apprendra.

Tom profite de l'agitation autour de l'installation de Baptiste le poisson-poison dans sa nouvelle maison pour m'attirer à l'écart.

Je le suis jusque dans ma chambre.

A l'abri des regards, il prend mon visage dans ses mains et m'embrasse langoureusement. L'émotion s'ajoute à l'alcool, et je me sens faiblir dans ses bras mais il s'éloigne et me dévisage intensément.

— Bonne année Louise. 2009 sera notre année. Je suis tellement heureux de la commencer avec toi.

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