Chapitre 2

Le lendemain...

Je sortis mon téléphone de la poche de ma veste en cuire et lus l'écran qui indiquait précisément 8h01.
On s'était donné rendez-vous à 8h05 devant le portail du lycée, les cours commençant à 8h15, avec Shana, Léo et Axelle.

Je sortis un paquet de cigarette de mon sac et en alluma une pour patienter. À peine j'eus soufflé ma première bouffée que mon téléphone sonna. Je le ressortis de ma poche avec exaspération. C'était encore le fameux numéro masqué. Je manquai de m'étouffer avec ma cigarette. Ils m'avaient déjà appelés une dizaine de fois hier soir et je leur avais bien fait comprendre que je ne voulais plus entendre parler d'eux...
Ce que je ne comprenais pas, c'est comment ils avaient eu mon numéro alors que je l'avais changé pendant les grandes vacances, prétextant à mes parents que mon téléphone avait pris la pluie et que la carte du forfait ne marchait plus pour qu'ils ne se doutent de rien. Je refusai l'appel puis éteignis mon téléphone avant de tirer sur ma clope une seconde fois.

Quelques adolescents étaient déjà réunis devant le portail ou attendaient dans la cour.
Quelques minutes plus tard, je vis arriver deux silhouettes au bout de la rue. Je reconnus la plus petite, qui était tout autre que Shana, et une autre, qui était plus grande et plus large, sûrement un garçon. Au fur et à mesure qu'ils approchaient, je crus reconnaître cette silhouette. Je plissa les yeux, c'était bien un garçon mais...

Oh non pas lui. Impossible.
Ils passèrent tout les deux devant le dernier lampadaire qui éclaira leur visages. Mon cœur rata un battement.

C'était bien lui, le fameux gars aux yeux bruns foncés. Nos regards se croisèrent, moi planté sur place, ma cigarette à la main, la bouche entrouverte et lui, détendu, me lançant un sourire satisfait. Ils se saluèrent et Shana me rejoignit tandis qu'il entrait dans la cour.

- Qu'est-ce que tu foutais avec lui? hurlai-je, en colère

Shana me jeta un regard interrogateur avant de répondre.

- C'est mon nouveau voisin de palier et hier soir on a fait le même chemin alors il m'a proposé de faire le chemin ensemble aujourd'hui. Mais il est trop beau, oh la la, j'arrive pas à croire que je sois sa voisine!!!! gloussa-t-elle

Je contractai la mâchoire et le regardai dans la cour, parler avec d'autres mecs. Mais qu'est-ce qu'il foutait ici. Pourquoi ce lycée? Pourquoi pas un autre? Je reportai mon attention sur Shana qui m'observait avec lassitude.

- Écoute Shana, repris-je, Il faut que tu l'évites, il pourrait te faire du mal.

- Mais de qui?

- Tobias Parkiz, ton super voisin, Bordel! crachai-je

- Comment tu le sais? Tu ne le connais pas! Tu es juste jalouse! se défendit-elle

Je restais plantée quelques secondes à réfléchir à un argument valable.

- Non je ne suis pas jalouse, repris-je. Mais et Nathan? Tu ne voulais pas l'inviter pour samedi soir?

- Trop tard. Il se débrouillera tout seul avec Axelle.

Je ne répondis pas et écrasa ma cigarette avec exaspération tandis qu'Axelle et Léo nous rejoingnaient.

Shana leur fit la bise puis nous entrâmes dans la cour jusqu'au bâtiment où je pris bien soin de ne pas croiser le regard de Tobias. Il n'avait rien à faire ici. C'était déjà assez difficile d'ignorer ses centaines de messages et d'appels alors si en plus il fallait l'éviter au bahut, ça n'allait pas le faire.
Et en plus il draguait ma meilleure amie, pour l'ajouter à sa nombreuse liste de plan cul d'un soir, et Shana ne voulait rien entendre sur le sujet, persuadée que c'était un mec bien.
Il fallait à tout prix que je l'éloigne de lui, qu'elle le veuille ou non.

Je m'assis au dernier rang avec Léo. On commençait par anglais avec un vieux prof mal rasé. Je soupirai déjà d'ennui.

Au bout de dix minutes de cours, Léo me chuchota:

- T'as une tenue pour samedi?

- Non et toi?

- Je sais pas. Je ne sais pas laquelle choisir entre une robe longue noir avec les manches en dentelles, une grise en coton mais un peu courte, une jupe grise foncée avec...

- Mademoiselle... Miss Léonore, be quiet please! ordonna le professeur en nous fixant derrière ses lunettes installées sur le bout de son nez

- Excusez-moi. répondit-elle avec un faux sourire charmeur collé aux lèvres.

Le professeur l'ignora et continua à écrire au tableau tandis que Léo recommençait à parler un peu moins fort cette fois-ci.

Elle me fit la liste de toute sa garde robe, donnant son avis, puis changeant d'avis, préférant une, puis l'autre.

Mais j'écoutais à peine, c'était Tobias qui occupait le centre de mes pensées. Je passai tout le cours ainsi, à écouter Léo parler de mode discrètement.

On sortit rapidement de la salle d'anglais pour aller cette fois-ci dans la salle de français.

Les couloirs grouillaient de monde, c'était difficile de circuler. Je faisais du mieux que je pouvais pour suivre Léo qui était déjà à quelques mètres devant moi, perdue dans la foule.

Soudain quelqu'un s'arrêta face à moi, m'obligeant à m'arrêter. Je relevai la tête et tombai nez à nez avec un Tobias en colère. Comme par hasard.

- Il faut qu'on parle. marmonna-t-il en serrant les dents

Léo, qui s'était arrêté un peu plus loin, me lança un regard interrogateur.

- Bonjour, contente de te revoir. retorquai-je sèchement, Je t'écoute.

- Pas ici. souffla-t-il

Je le contournais en l'ignorant et rejoignis Léo.

- S'il te plaît, dis à la prof que je suis à l'infirmerie. Je dois lui parler.

Léo jeta un rapide coup d'œil en direction de Tobias.

- Mais tu vas comme même pas sécher le premier cours de français de l'année? Et c'est qui lui?

- C'est personne. S'il te plaît. la suppliai-je

- Seulement si tu me dis qui c'est. rétorqua-t-elle

- C'est un mec.

- Sérieusement. ordonna-t-elle

J'hésitai quelques secondes puis répondis:

- Promis je te dis après.

- Promis?

- Oui t'inquiète.

Elle hocha la tête et repartit en direction de la salle de classe tandis que Tobias s'approchait de moi. Je me retournai et haussai les épaules.

- On va où? demandai-je, impatiente d'en finir

- Viens. répondit-il simplement.

Il me prit par le bras et m'entraîna quelques mètres plus loin, en sens inverse de ma salle de français.

J'eus à peine le temps de réaliser ce qu'il se passait que je fus projeté dans les toilettes des garçons. Je soufflai et me retournai pour faire face à Tobias qui était déjà en train d'allumer une cigarette, coincée entre ses lèvres.

- Alors? dis-je, impatiente

- Il faut que tu reviennes. On a eu plein de problèmes depuis que t'es partie. déclara-t-il sans aucune expression faciale distincte

Je me figea, d'abord abasourdie. Il était hors de question que je reviennes, surtout si il y avait encore l'autre.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé? demandai-je pour changer de sujet

- Plein de choses. Zack s'est fait prendre par les flics, et il y a eu de nombreuses engeulades dans le groupe, notamment avec Alya. Zack est partit. C'était le gros bordel.

Je me détendis un peu. Zackarie ne faisait plus partit du groupe.

- C'est bien que Zack ne soit plus dans le groupe mais si tu crois que ça va tout arrangé si je reviens, tu te trompes. De toute façon j'en ai pas envie. déclarai-je avec détermination

Il me fusilla du regard et me poussa les épaules contre le mur. Je me cognais la tête assez brutalement. Je portait ma main à mon crâne tout en écoutant Tobias.

- T'es obligé ok? hurla-t-il, Tu fais parti du groupe, t'y reste. T'as oublié pourquoi t'es avec nous? Toi t'as pas besoin de frics, mais t'as besoin de nos cigarettes. Tout est rentable.

Je le dévisageais, apeuré. Son regard s'adoucit, puis il recula, attendant ma réponse. Il se frotta la nuque, gêné de son geste brusque. Je laissas retomber ma main contre mes hanches en soupirant. La douleur s'atténuait petit à petit.

- Je suis désolé mais je ne peux pas. lui répondis-je timidement, J'ai un avenir à créer maintenant, et un bac à passer en fin d'année. Chacun ses emmerdes. T'as les tiennes, j'ai les miennes. Point.

- T'as cru que c'était chacun pour soit? ricana-t-il, Et c'est toi qui parle d'avenir? On est tous lié dans ce merdier, on aura beau se séparer aux quatre coins du monde, ils finiront par nous retrouver, et on pourra dire au revoir à notre petite existence pourrie. Et qu'est-ce que penseront tes parents si tu te retrouves en taule? Si ils apprennent que leur parfaite fille bien-aimée est en faites une délinquante avec du sang sur les mains?

- Laisse-les en dehors de tout ça. Je suis majeure maintenant. Je peux gérer sans eux. m'énervai-je

- Raison de plus pour revenir.

- Non, tout ça c'est de votre faute! criai-je en tapant contre son torse

Je sentais les larmes me monter aux yeux. Non, Sam, ne craque pas, pas maintenant, pas devant lui. Respire. Expire.
Je respiras un grand coup et le dévisageas.
Il me considéra un long moment, le regard remplie de tristesse. Je détestais quand il me regardait comme ça, comme s'il avait pitié de moi.

- Arrête. ordonnai-je

- Arrêter quoi?

- De me regarder comme si tu avais pitié de moi. Tu n'as aucune pitié. Tu profites de tout le monde. Tu n'es qu'un connard. Je veux plus jamais entendre parler de votre bande de merde à la con. Jamais! hurlai-je, les larmes dévalant mes joues. 

- Ne dis pas ça. Toutes ces années ensemble, c'est toi qui l'a voulu. Tu n'en serais pas là sans nous, sans moi.

Je savais qu'il avait raison, mais au fond de moi je savais que c'était mal, et ça me faisait mal.

- Je sais, mais maintenant je regrette toutes ces années. chuchotai-je en essuyant mes larmes.

Il me prit le poignée et m'attira contre son torse. Je le repoussai en détournant mon regard. Il n'insista pas et me lâcha.
Je posai la question qui me brûlait les lèvres depuis le début:

- Qu'est-ce que tu fous ici? Pourquoi es-tu revenu?

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