Chapitre 13

Je ne peux m'empêcher de sourire parce que c'est Caleb. Je souris parce que je me sens bête d'avoir eu peur. Il se penche et m'embrasse à pleine bouche. Il sent encore l'alcool et le tabac. Mais semble avoir oublier sa rancune envers Thomas et moi.

- Bien dormi? J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais! claironna-t-il

- J'avais besoin du baiser du prince charmant. plaisantai-je avec un petit sourire en coin

Un sourire se dessina aussi sur son visage ténébreux puis il partit s'assoir au volant. Il enclencha le contact et ferma sa porte.

- Mais attend tu foutais quoi dehors au faites? m'exclamai-je en m'installant à côté de lui côté passager.

- Je pissais. déclara-t-il sans me jeter un regard

Ah. Tout s'explique. Il enfonça l'accélérateur et suivit le chemin de gravier qui menait vers une route plus adaptée. Il roula encore plus vite. Un silence pesant s'installa rapidement. Je n'avais aucune idée de là où il nous emmenait mais il fallait que je prévienne mes parents.

- J'ai perdu mon téléphone. annonçai-je de but en blanc au bout d'un quart d'heure de silence.

Il ne répondit pas. Ses yeux ne quittait jamais l'objectif, la route. Connard.

- Dis que tu t'en fous, ça ira plus vite. grognai-je en croisant les bras sur ma poitrine.

- Nan, nan. C'est pas ça, je réfléchissais à où il pouvait être! se justifia-t-il. C'est quand la dernière fois que tu l'a vu?

- Et mon cul c'est du poulet. gromellai-je, puis d'une voix plus claire: Je me souviens avoir envoyer un texto vite fait à ma mère en arrivant. Mais je l'ai laissé dans le coffre de ton scooter! Tu sais la petite partie sous le siège!

Mes souvenirs revenaient petit à petit. Sauf que maintenant on était dans une voiture. Et on était arrivé avec un scooter.

- Je sais ce qu'est un coffre de scooter. Surtout que c'est le mien. s'énerva le beau brun. Mais t'inquiète pas c'est Tobias qui l'a. reprit-il comme s'il avait deviné mes pensées. On s'est arrangé hier soir. Je lui passe mon scooter et il me passe sa voiture. Après faut espérer qu'il ait pas touché au coffre.

- Tobias est con. affirmai-je

Caleb lâcha un petit rire nerveux.

- Ça tombe bien, on va le voir.

Mon sang se glaça.


Caleb se gara sur un parking à moitié vide à l'arrière d'un entrepôt suspect. Il n'y avait que deux autres voitures et quelques motos. Je reconnus le fameux scooter au milieu du tas. Tobias était donc déjà là.
Nous descendîmes de la voiture et Caleb se dirigea vers le coffre, qu'il ouvrit.

- Tiens, ma veste. Je veux pas que tu gardes celle-là. m'ordonna-t-il avec pleins de sous-entendus

En effet, j'avais toujours la veste de Thomas. Et ce n'était pas bien pour l'ego de monsieur que sa copine porte la veste d'un autre. Je le comprends, mais personne ne sait à qui elle est de tout façon.
J'enlevai la veste sans rien dire et la lui tendis en grognant. Il m'en donna une autre, beaucoup moins confortable.

- Bon maintenant est-ce que tu peux me dire ce qu'on fout sur le parking d'un vieil entrepôt? m'impatientai-je en m'asseyant sur le rebord du coffre. On dirait une planque secrète de gang là, ça pue le cliché.

- Tobias a besoin d'argent et... enfin tu verras. bafouilla-t-il plus très sur de lui. Il a quelques choses à nous annoncer.

- Tobias! Tobias! m'énervai-je. T'as que ce nom à la bouche! Tu le kiffe ou quoi?

- T'as toujours pas compris ou quoi? commença-t-il à crier. J'ai pas d'argent! hurla-y-il en levant les mains en l'air. Tu m'entends? Pas d'argent! C'est la misère chez moi!

- Et alors? Tu crois que Tobias est le roi du monde et qu'il va t'accueillir chez toi comme un bon vieux pote?

Maintenant on criait tout les deux. On criait seuls sur un parking.

- Nan mais grâce à la bande j'arrive à avoir de l'argent! Tu sais quand on vole et...

- Oui je sais! le coupai-je sèchement. Je sais ce que vous faites mais il n'y a pas que ça! C'est pas ça la vie! Bouge ton cul et va bosser merde! T'as dix-huit ans là, plus dix ans!

- C'est facile pour toi! Madame habite dans une grande maison tout ça tout ça! Grâce à quoi? L'argent de papa maman bien sûr! Nous on a cet appart à cause du travail de ma mère! J'aimerais pouvoir dire grâce, mais je n'en ai pas la force. Pas après tout ce qu'elle a fait pour moi. Pour nous. T'as entendu ça?

- Et alors? C'est facile de s'introduire chez les gens pour leur prendre leurs biens hein? Leur biens qu'ils ont gagné honnêtement et dont vous vous attribuez comme des...

- S'il te plaît, arrête. Tu changes de sujet là. Et de toute façon toi aussi tu en faisais parti avant. Tu fais la diva, la princesse qui prône le bien, mais au final, tu vaux pas mieux que nous.

Et il partit. Il me tourna le dos. Sans un mot. Il marcha en direction de l'entrepôt et y entra sans se retourner.
J'étais perdu. Je crois que certaines pièces de puzzle se mettait en place, les neurones se connectaient. Comment je n'avais pas pu le comprendre plus tôt? C'était assez flagrant pourtant. Il le vivait mal.
Je n'avais plus d'autres choix que d'y entrer à mon tour maintenant. Je me relevais, fermais le coffre et repartis sur les pas de Caleb quelques instants plus tôt.
J'hésitai devant la poignée, ne sachant pas ce qu'ils avaient encore préparés. Allions nous partir en escapade de cambriolage? Ou accueillir un groupe de dealer? Pirater des comptes bancaires? Des boites mail?
Je sais qu'ils m'empêcheront de partir si jamais ça va trop loin, si ça part en couille. Tanpis je n'ai plus trop le choix, Caleb a dû leur dire que j'étais là. Et je veux récupérer mon téléphone.
J'appuie sur la poignée et la porte s'ouvre d'elle-même. L'intérieur est assez sombre, de faibles éclairages pendent du plafond.
Des éclats de voix s'échappent déjà du fond de la salle.

- Il a rien à foutre ici! s'écrie une voix féminine. Je suis d'accord avec Caleb.

- Plus il y a de monde mieux c'est et...

La voix se tut. Je la reconnus. La première était Alya et la seconde Elias. Je les voyais tous maintenant. Ils me regardèrent m'approcher. C'était un tableau assez étrange. Il y avait Caleb sur un vieux canapé moisi, Alya debout à côté d'un escalier qui devait mener à l'étage, et dans le fond sur des vieux cartons Elias et Thomas. Mais qu'est-ce que...

- Salut Beauté! tonna Elias avec un sourire

- Salut, tout le monde. bafouillai-je en ne sachant pas trop où aller.

Caleb me jetait des regards noirs alors que Elias m'attendais les bras ouverts. Thomas me regardait sans vraiment me regarder. Il avait l'air ailleurs. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il faisait parti de la bande lui aussi? Je décidais finalement de rejoindre Alya.

- Pourquoi vous vous disputiez? lui demandai-je discrètement

- Oh parce que ce Thomas ne devrait pas être là! s'exaspéra-t-elle en lançant des regards accusateurs vers le blond qui s'était remis à parler avec Elias.

- Et pourquoi pas? la questionnai-je en fronçant les sourcils

- Parce que... euh... balbutia la brune

Elle lança un rapide coup d'œil de détresse à Caleb.

- Il n'est pas dans le groupe. On ne sait pas si on peut lui faire confiance. déclara-t-il sèchement haut et fort pour que l'intéressé l'entende.

Thomas ne parut même pas l'écouter. Soudain, la porte du hangar s'ouvrit dans un grand fracas et une masse humaine y pénétra non sans cris et quelques hurlements. Je recula de quelques pas d'instinct sans quitter la scène des yeux.
Ils étaient trois, je dirai plutôt trois hommes vu leur corpulence. Une était ligoté avec un tissu sur les yeux, et les deux autres le tenait fermement avec une cagoule sur la tête. Mon cœur se serra. Je jetais un rapide coup d'œil aux autres qui avaient l'air on ne peut plus calmes.
Quand les trois furent entrés et la porte fermée, les deux hommes retirèrent leur cagoules.
Je lâcha un petit cri de surprise. Tobias et Mathias tenaient le troisième homme fermement entre eux.

- On l'emmène à l'étage. ordonna Tobias en le tenant fermement par l'épaule

Ils firent avancer l'homme jusqu'à l'escalier. Tobias me dévisagea pendant quelques secondes avant d'emprunter l'escalier.
Et j'espère qu'il a pu voir tout le dégoût et la colère que je ressentais contre lui a ce moment-là.

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