Chapitre 4
Aïko_nsr
───※ ·❆CHAPITRE 4❆· ※───
M O R T E N
J'étais de retour en Californie, et depuis plus de vingt-quatre heures, je n'avais pu me résoudre à fermer l'œil. J'étais bien trop excité.
Excité d'être de retour dans l'endroit où j'appartenais, là où mes actions avaient un sens et pouvaient être libres et excusés. Avais-je besoin de l'être ? Je souhaiterai dire que non, que je n'avais pas besoin de me trouver des excuses, car la souris avait ses propres mobiles que j'étais obligé d'accepter. Je ne pouvais pas m'excuser de la laisser vivre en moi, et de la nourrir. Nous formions un et seul organe.
Elle était mon cerveau, et j'étais son corps.
Ce matin-là, elle m'avait chuchoté de rejoindre la fourmilière, caché entre deux bâtisses qui menaçaient de s'effondrer lors d'une prochaine tempête ou inondation. L'intérieur de l'entrepôt était plongé dans l'obscurité, seules quelques ampoules défectueuses clignotaient faiblement au plafond, au milieu de la moisissure causée par l'humidité de l'endroit. Des caisses en bois et des palettes entassées créaient un labyrinthe improvisé, cachant des mystères qui devaient probablement être livrés dans la journée.
Ma silhouette se fondit dans l'ombre alors que je me frayai un chemin à travers les dédales du stockage. L'endroit renfermait une odeur lourde, empestant le métal mouillé et la poussière. Je traversai tous ces cartons, ces machines et ces tables vides avant de rejoindre le fond de l'entrepôt. Ma main se leva, et frappa contre le mur en acier. Rapidement, une visière se décala et des pairs d'yeux encadrés de lunettes rectangulaire m'assassinèrent presque.
— Mot de passe, brailla la voix déchirant le silence de la pièce, qui semblait être totalement abandonné avec tous ces graffitis et ses vitres cassées.
— Doop-Doo-De-Doop.
La visière se referma, le son des cliquetis d'un cadenas que l'on ouvre suffit à me faire comprendre qu'ils n'avaient pas changé ce foutu mot de passe depuis ces deux dernières années. Blossom Dearie était l'artiste préférée de sa grand-mère. J'avais moi-même entendu ces musiques à longueur de journée, plus jeune, elle et ses Doop-Doo-De-Doop incessants. Il avait réussi à me faire haïr les vinyles d'une femme morte.
Soudain, une porte s'ouvrit, créant un son horrible pour mes oreilles. J'entrai dans le sas, là où une vielle dame me demanda de retirer ma veste et soulever mon haut. Elle avait de sacrés cheveux blancs et bouclés, créant une boule de disco autour de son crâne. Malgré son âge, elle était maquillée de manière sophistiquée, avec des paupières violette et une bouche rouge.
Une lumière vacillante au-dessus de nous éclairait la toute petite pièce. Elle tâtait mes vêtements, vérifiant que je n'étais pas en possession d'arme ou autre.
— Ça fait un moment que l'on ne t'a pas vu ici petit, je commençais à m'en réjouir.
— Mes sincères excuses Karol.
Elle me lâcha un « hm » de méfiance en me redonnant ma veste. Sa figure passa près de moi pour passer sa carte devant un lecteur qui valida mon entrée.
— Ne joues pas trop avec le feu mon chou.
Un sourire venait de naître lorsque la porte du plus froid des enfers s'ouvrit.
— Parce que sinon je risque de me bruler ? la questionnai-je sarcastiquement. C'est déjà fait, et depuis longtemps.
Seul un escalier en spiral m'accueilli. Karol referma la porte derrière mon dos lorsque mon corps s'engouffra entre ces murs de béton humide, ou des trous pas plus gros qu'un œil charcutaient ces couleurs grisâtres. Ces murs avaient connu plus d'une attaque par balle.
Mes mains s'enfoncèrent dans les poches de mon blouson à mesure que je descendais dans ce gouffre. Mon cœur palpitait presque. Ça m'avait manqué. Cette adrénaline, ces cris, ce froid, ce recul du monde qui m'oppressais et m'étouffais. Je revenais peu à peu à la vie. Ces deux dernières années m'avaient paru si longues, si inintéressantes, vide de sens. La seule conclusion que j'avais tirée de cette expérience était que je n'avais plus aucun désir de prendre des vacances à nouveau.
Je me mis à siffler une mélodie qui trainait dans mon esprit, celle de Doop-Doo-De-Doop. Mon souffle percuta les murs en remplissant la cage d'escalier de mon unique présence. Puis, vint le moment où une nouvelle porte précédée d'une grille se présenta à moi. Il me suffit d'appuyer sur un bouton dissimulé derrière un mur qui perdait sa peinture, et la grille s'ouvrit en se déroulant.
Ici, on ne rigolait pas avec la sécurité.
La porte s'ouvrit à son tour, un homme, vêtu d'un pantalon sombre et d'une énorme veste en cuir marron avait la main posée sur la porte. Une oreillette était fixée dans le creux de ses tympans. Son regard sombre et sa taille identique à la mienne ne m'effraya pas. Je lui offris un sourire si pathétique qu'il en grimaça.
Il m'avait reconnu, lui aussi ne m'avait pas oublié.
C'était parfait. Je ne voulais surtout pas perdre mon étiquette même après ces deux années.
Je passai près de lui, lui jeta un clin d'œil qui amplifia sa grimace, puis je me dirigeai directement vers l'endroit qui m'avait le plus manqué.
Le bar.
Du sang. Il y avait uniquement cette couleur écarlate qui badigeonnait ce sol naturellement gris, humide, dépourvu de goût. L'odeur qui planait n'avait pourtant en rien un lien avec la mouillure. L'unique effluve qui chatouillait les nez était celle de l'alcool que les gueules hurlantes recrachaient, ainsi que de la drogue. Pour les personnes les moins entrainées, cet endroit devait leur paraître comme le sal trou les Déchus, où tout ne porte que sur lui un drap de mort violente.
Pour les plus habitués, cet endroit était une putain de mine d'or. Si tu savais te faire une place dans ce monde chaotique, alors tu avais le pouvoir entre tes mains regorgeant de billets et de blessures. L'inverse les mèneraient à une mort certaine.
Pour moi, ce n'était qu'un repère de clochard qui se battaient pour se donner une image. Rien de plus. Et pourtant, c'est ici même que j'avais rencontré Elijah. Il m'a acheté, et m'a ensuite donné une chance de vivre or des barreaux de mon esprit.
Traversant la grande pièce sans me préoccuper des corps que je bousculai, mes yeux se posèrent contre le barman qui venait de sortir trois nouvelles bouteilles de rhum. Je m'enfonçai à pas lourds jusqu'à atteindre une chaise haute pour y poser mon séant. Le barman pivota son visage luisant dans ma direction, instantanément, un sourire transperça son agacement.
— Tient, tient... Un mort qui a décidé de revenir parmi nous. La tombe t'ennuyait, où il fait trop froid dans les profondeurs de l'enfer ?
— Sert moi un verre et ferme-là, tu veux bien, ai-je craché en feignant une mauvaise mine amicale.
Il adopta une moue attristée.
— Les affaires, alors ? demanda le barman avec curiosité.
Je ne répondis rien et pris uniquement le verre de rhum qu'il venait de poser sur le bar. Sans jeter un regard dans sa direction, je me détournai face au ring.
— Tu sais que t'es recherche ? Quand je dis rechercher, je veux dire qu'on a posé un prix sur ta tête. Et mec, tu vaux très cher. Le mutant aux yeux noirs, c'est comme ça qu'on te nomme.
D'un coup rapide, mon bras se leva, faisant glisser l'entièreté du liquide orangé contre ma langue. Je fis claquer le verre contre le bar en lui quémandant un second.
— Tu as entendu ce que je viens de dire ? me questionna ce clébard.
— Quoi donc ? Le fait que je m'ennuyais dans ma tombe, ou que je vaux vingt mille dollars ?
Bien sûr que j'étais au courant. Pourquoi pensait-il que j'étais ici ?
— En venant ici, tu te mets en danger Morten, soupira le barman en me remplissant mon verre à pied plat.
Un bref sourire s'installa sur mon visage. Je posai mes coudes contre le bar et me pencha en avant.
— Tu sais comment on élimine une fourmilière ?
Je ne lui laissai pas plus de cinq secondes pour réfléchir et lui donna la réponse :
— On les asphyxie directement depuis le cœur du terrier. Maintenant, je te laisse réfléchir à ta toute première question.
Il secoua sa tête en posant ses paumes de mains contre le bois du bar.
— T'es un grand malade... Tu le sais ça ?
— J'ai pas fumé depuis deux ans, t'imagine pas comment ça m'a rendu malade, conclu-je en attrapant mon verre, puis en sortant mon nouveau parquet de cigarette, fraichement acheté, ainsi que mon briquet.
Mon attention se retourna sur le ring.
Après de longue acclamation ainsi que des présentations, on fit entrer sur le ring deux hommes de grandes tailles et battit comme des ours. L'un était si gonflé qui lui était impossible de baisser complétement les bras, l'autre avait des veines prêtes à exploser.
Puis, le combat débuta. Je fixai les deux corps enflammés de rage tout en sirotant ma boisson. Je fis glisser la liqueur amère dans ma trachée sans éprouver aucune brûlure. L'alcool ne me faisait plus rien, probablement à cause de l'habitude. Mes yeux restèrent fixés sur le combat, et sur rien d'autre.
Je tenai ma clope et mon verre dans la même main, les consumant tous deux au même rythme.
Auparavant, c'était moi qui étais sur ce ring, à lancer des coups bien réfléchis. J'en sortais toujours vainqueur. Jusqu'au jour où l'on m'a banni.
Je posai mon coude sur la table, mon index tenait mon propre menton. Dans ce genre de combats clandestins, on ne sait jamais vraiment comment ça se finit. Je le sais mieux que personne, car j'en avais fait l'offrande. J'avais moi-même envoyé des types dans leur tombe pas moins de cinq fois. On savait à quoi s'attendre lorsqu'on combattait, et souvent, la rage prenait le dessus.
Le sol de l'arène était devenu un véritable tableau macabre, une toile vivante où chaque coup, chaque goutte de sang ajoutait une nuance sombre à cet art visuel. Les cris des spectateurs se mêlaient au son des poings qui s'entrechoquaient dans un sens unique, créant une cacophonie infernale qui enveloppait l'atmosphère et qui ne cessait d'offrir un spectacle enivrant.
Entre les rangs de la foule, des silhouettes sinistres se mouvaient dont des hommes à l'allure sombre échangeaient parfois des billets froissés dans des transactions à peine voilées. Le marché de la violence et du vice battait son plein, chaque coup porté sur le ring était un billet de plus dans la poche de ceux qui pariaient sur le sang, ou parfois même sur la mort. Ici, la mort était un jeu d'argent.
Le barman, témoin tacite de cette danse macabre, continuait de servir des verres à une clientèle avide de sensations fortes, son visage impassible dissimulait peut-être une certaine lassitude face à cette routine morbide. Je ne pouvais pas le blâmer de vouloir se barrer d'ici, il bossait dans cet endroit depuis bien trop longtemps.
Quant à moi, assis en hauteur, j'observai le combat avec un détachement glacial, mes yeux acérés analysant chaque mouvement, chaque faille dans la défense de ces deux hommes.
Dès que mon verre fut à nouveau vide, je m'autorisai à attraper la bouteille de rhum et me servir moi-même, gagnant des réflexions du barman qui me criait que je devais payer chacune de mes gorgées. Plus le temps passait, plus les effets de l'alcool firent leur job.
Comment avais-je réussi à tenir deux ans de ma vie sans ces milles saveurs ?
Les combattants avaient changé, et moi j'avais terminé ma bouteille, ainsi qu'entamé une bonne moitié de mon paquet de cigarette. Je tentai de me lever, uniquement dans le but d'attraper une nouvelle bouteille, sauf qu'une main, de la taille d'une nageoire de baleine venait de s'abattre sur mon épaule. J'étouffai un bruit de surprise lorsqu'on me força à me rassoir.
— Morten, ça faisait longtemps, fit celui qui avait osé me toucher, un sourire narquois étirant ses lèvres.
J'écarquillai les yeux en ouvrant lentement la bouche.
— Oh ! Hector ! m'exclamai-je avec joie. Le Golden Night a encore besoin de son chiot de garde ? C'est presque mignon...
Même après deux ans, ce type que je pensais mourir dès la première mission tenait encore debout. J'étais étonné.
Une lueur de colère sembla traverser le regard d'Hector.
— Qu'est-ce qui t'amène dans la fosse aux lions ?
Je fis mine de réfléchir, puis mon bras alla finalement récupérer une nouvelle bouteille d'alcool.
— Le wiskey m'avait manqué, lui soufflai-je en me servant un nouveau verre.
Hector grimaça en m'observant me servir. Son sourire narquois se transforma en une expression plus sombre, ses yeux lançant des éclairs de frustration.
— Tu sais très bien que tu n'as rien à faire ici. Tu es persona non grata, tu comprends ça ?
Je levai un sourcil, feignant l'innocence.
— Oh, vraiment ? dis-je en mélangeant un sourire et des yeux faussement attristé. Dire que je pensais juste passer un bon moment avec de vieux amis en venant ici. Tu sais, se rappeler les bons vieux jours.... Où on était tous unis dans notre quête de chaos.
Hector serrait les poings, ses muscles se tendant sous son blouson. Ses cheveux rasés et la nouvelle cicatrice sur sa joue me prouvait que les temps qui avaient suivis mon départ leurs avaient été difficile.
— Je te laisse une chance de pouvoir te barrer de là indemne avant que tu attires tous les cartels du sud. J'ai pas envie de te tuer Morten, mais y'en a beaucoup qui en rêverai, et si Elijah te met la main dessus, ça va mal finir pour toi.
Je ricanai, ignorant la menace sous-jacente.
— Elijah, hein ? Ça fait un moment que je veux lui dire bonjour. Tu sais, il m'a manqué, ce petit gars.
La main d'Hector se rapprocha bien trop rapidement du verre qui allait toucher mes lèvres. L'alcool vola tandis que le verre se brisa au sol. Je fixai le liquide prendre de l'ampleur et mouiller le sol bétonné. Une piqure assez désagréable au fond de mon estomac me força à soupirer.
— Tu ne prends pas ça au sérieux ? Tu penses que c'est juste un jeu ? Que tu peux mettre tout le Golden Night en danger en venant ici ? J'te demande juste d'éloigner la mort de chez nous, et quand je dis ça, je parle de toi.
Depuis quand avait-il attraper le col de ma veste ? Je ne l'avais même pas vu venir, étant trop occupé à dire adieu au Wiskey qui mourrait à petit feu contre le ciment. Mon visage revint lentement dans son angle naturel. Hector me dévisageait avec une pointe de dégoût.
Moi, je haussai les épaules en forçant un sourire.
— La mort est un jeu. Et je suis justement venu ici pour m'amuser un peu.
Mes mots semblaient toucher un nerf sensible chez mon ancien collègue. Sa mâchoire se contracta, ses yeux lançant des éclairs de rage.
— Tu ne comprends pas. Tu es en danger ici. Tu pourrais finir par te faire tuer. NOUS faire tous tuer ! cracha-t-il en s'agrippant plus férocement à mon col.
Je lui lançai un regard taquin.
— Oh, Hector, je ne savais pas que tu te souciais autant de moi. C'est touchant, vraiment.
Sa patience atteignit son point de rupture. D'un geste brusque, il me bouscula. Mon corps fut attiré par le sol, lourd et bruyant. Je me retrouvai bien trop rapidement à terre, et il fallut moins d'une seconde à Hector pour se positionner face à moi et serrer ses doigts sur mes vêtements.
— Tu veux jouer, Morten ? Très bien. Jouons.
Un sourire moqueur étira mes lèvres alors que je regardai Hector, imperturbable malgré sa colère. J'ai attendu ce moment depuis deux ans. Je n'allais certainement pas le refuser.
Il leva son bras, et me flanqua un premier coup, dans la pommette. Pendant une dizaine de secondes, des étoiles dansaient, mes oreilles sifflaient et j'eus l'impression qu'on venait de me scier le crâne en deux. Je serai les dents pour apaiser la douleur, puis un goût de fer se dispersa dans ma bouche, que je fus obligé de cracher pour ne pas m'étouffer avec. Le sang au sol se mélangea au wiskey, remplissant cette couleur orangée par un rouge vif.
Une fois que la réalité me revenait à chaque battement de cil, je me mis à rire. Je ris si fort que mes poumons n'arrivaient pas à suivre mon rythme respiratoire. Alors je toussai en réaction.
Un cercle s'était formé autour de nous. Plus personne ne se souciait des combattants présents sur le ring. Nous étions devenus la nouvelle distraction.
Je m'arrêtai de rire et cracha le sang qui commençait à s'accumuler dans ma gorge. Mes paupières s'ouvrirent pour venir lorgner l'homme qui n'avait pas lâché ma veste.
— C'est tout ce que tu as ? ai-je provoqué en haussant mes sourcils.
Une expression colérique passa rapidement sur son visage, fixant ses traits dans une grimace qui anima en moi un nouveau rire.
Hector leva une nouvelle fois son bras, mais, pour le coup, je fus plus rapide. Mes mains prirent son visage en coupe, et mon buste se leva si rapidement qu'il dû fermer les yeux. D'un geste net et violent, mon front frappa son nez. Un bruit de cartilage se brisant suivit mon mouvement.
L'adrénaline en moi me poussa à lâcher un cri euphorique. Je me relevai, mais je me sentis tanguer. La foule devant moi semblait se mélanger, les visages se ressemblaient tous, et le plafond paraissait s'élever jusqu'au ciel.
Finalement, j'avais eu tort de sous-estimer les effets du wiskey.
En souhaitant me tenir contre une table pour ne pas m'effondrer face à mes vertiges, je butais contre l'épaule d'un homme, qui n'hésita pas à me pousser brusquement. Je me retrouvai encore une fois par terre.
Je ressentis une forte puissance bondir dans mes veines. Mon cœur battait si vite. La folie et la soif de sang fusionnaient dans un torrent de pulsion que je pouvais sentir battre contre mes tempes. Hector, face à moi, avait du mal à se relever. Son nez saignait abondement. Il rugissait comme une bête enragée en me jetant des regards qui aurait pu me faire froid dans le dos. Au lieu de ça, je me relevai en essayant cette fois de rester sur mes deux pieds, puis je m'approchai d'une femme à pas confiant. Ma main se posa sur sa taille avec délicatesse et mon corps se blotti presque contre elle. Je la sentis se pétrifier, ses yeux couleurs charbon me jetèrent des regards d'incompréhension. J'approchai ma bouche de son oreille aussi prudemment que possible, puis lui murmura :
— Je t'emprunte ça.
Ma main libre longea son bras jusqu'à atteindre sa main, qui tenait un gobelet en plastique gris. Je la lâchai en lui offrant un sourire aguicheur et m'empressa de boire une gorgée de sa bière sans la lâcher des yeux. Elle n'avait pas bougé d'un pouce, même sa main avait gardé la forme du gobelet. Une fois le liquide ayant atteint le reste du seau d'alcool qui se trouvait dans mon estomac, je me détournai vers l'homme aux cheveux rasés qui venait de se relever. Hector déboula comme un taureau sur moi. Je ne lui laissai pas l'opportunité de m'avoir une seconde fois, ma main jeta le reste de la bière sur son visage. Hector se mit à hurler lorsque le liquide infiltra les tissus frais de sa récente blessure ainsi que dans ses yeux.
L'instant d'après, j'attrapai sa nuque avec une poigne ferme et écrasa son visage contre un poteau en béton qui se trouvait juste à côté.
— On ne t'a jamais appris que l'alcool pouvait servir de désinfectant ?
Hector, désorienté et aveuglé par la douleur, tentait de se débattre, mais mes mains maintenaient sa tête immobile contre le poteau en béton.
Un sourire cruel étira mes lèvres alors que je sentais l'adrénaline pulser dans mes veines, me donnant une force et une assurance que je n'avais jamais ressenties auparavant. C'était comme si je flottais au-dessus de la réalité, regardant avec délectation la danse macabre que nous avions tous deux entamée.
— Tu sais, Hector, dis-je d'une voix glaciale, le visage de mon ancien collègue écrasé contre le béton, tu devrais être reconnaissant. Après tout, je te fais une faveur en te nettoyant un peu.
Hector grogna de douleur, sa respiration sifflante dans l'air étouffant de l'arène. Mais je n'avais pas fini avec lui. Oh non, pas encore.
D'un geste brusque, je relâchai ma prise sur sa nuque, laissant son corps tomber mollement sur le sol. Il gisait là, vaincu et impuissant, telle la petite vermine qu'il était.
Me penchant au-dessus de lui, je plantai mon regard dans le sien, cherchant la moindre trace de faiblesse ou de peur. Mais tout ce que je trouvais fut une lueur de détermination farouche, une flamme qui refusait de s'éteindre malgré les épreuves.
— Tu n'as pas changé, cracha-t-il entre ses dents serrées. Tu es toujours le même fils de chienne arrogant et imprudent.
Un rire m'échappa, une cacophonie de folie et de désespoir qui résonna dans l'arène comme un écho lugubre.
— Ce n'est vraiment pas sympa de s'attaquer aux mamans. La tienne ne t'a pas appris le respect ?
Hector eu un rictus lorsqu'une flamme d'amusement traversa ses iris. Je savais ce qu'il allait dire, je lui avais tendu une perche.
— Elle m'a appris bien plus de chose que la tienne n'a pu t'apprendre. Oh, c'est vrai, elle t'a abando-
J'en avais eu assez de l'entendre. S'il souhaitait finir son mot, il allait devoir récupérer sa trachée.
Le visage de cet enfoiré prit une couleur pivoine, le sang lui montait au cerveau, tandis que moi, plonger à même dans ses veines, je bloquai toute indépendance de son corps. Mes paupières se fermèrent. Lentement, la souris prit place au creux de mes mains, au centre même de mes agissements, du pouvoir total et brutal. Elle venait d'implanter ses griffes à l'intérieure de ma peau et me guida dans une danse turbulente qui était loin de l'admirable.
Lorsque j'ouvris mes yeux, loin d'être conscient de ce qu'elle allait faire, je me mis à observer la pièce. Face à mon regard, on reculait. Les couleurs s'étaient estompées, je ne vis plus la lumière jaune comme à mon entrée. Elle était devenue blanche, proche du gris.
Tout était fade.
Même le visage d'Hector était terne, lui qui était sous le contrôle de la souris. De la bave lui coulait des commissures. De la morve sortait de ses narines. Des larmes s'échappèrent de ses yeux. Ses veines allaient exploser.
Je fis un pas vers lui, agenouillé devant moi, agonisant face au manque d'oxygène.
— Tu sais ce qui différencie ta stupide mère de la mienne ? demandai-je sans jamais le toucher.
Le défiguré tentait d'exprimer une parole, mais en vain, il ne réussissait qu'à cracher. Un filet de bave lui glissait sur le menton, se mélangeant à ses larmes.
Dans l'envi qu'il puisse me voir correctement, je me mis à genoux face à lui. Ma tête se pencha sur le côté. Je perçu chaque pensé qui trainait dans son cerveau misérable, chaque insulte qu'il me lançait, chaque image sombre qu'il l'entrainait vers une mort prévisible. Il était paniqué. Moi, je nourrissais la créature qui avait été trop longtemps enfermé. Elle était en extase face à ce que je lui offrais.
— La mienne a eu le courage de m'abandonner. La tienne à dû subir le sang qui tache tes mains, et elle continu d'en payer les frais à chaque fois qu'elle reçoit une menace de mort. Je préfère être le fils d'une chienne qu'être le fils d'une lâche.
Ma voix était glaciale, chargée de mépris. Je le fixai droit dans les yeux, lui infligeant ma propre forme de justice. Hector tenta de soutenir mon regard, mais ses pupilles injectés de sang reflétaient une peur viscérale.
Au fond de moi, une petite voix insistante murmurait des mots de doute. Était-ce vraiment moi qui contrôlais la situation, ou bien était-ce cette sombre entité qui grandissait en moi, se délectant de la souffrance d'autrui ?
— Tu... Tu n'es... qu'un m- monstre, bredouilla Hector avec difficulté.
Je souris en ajoutant :
— Ravi que tu puisses t'en rendre compte avant de mourir.
Je fermai à nouveau mes paupières en visualisant le corps d'Hector dans mon esprit. Il me suffisait de penser pour que son cœur cesse de battre. Alors je le fis, je l'entendis agoniser bruyamment.
— MORTEN ! Ça suffit !
Mes yeux s'ouvrirent, intrigué par cette voix masculine qui venait de me déranger dans mon action meurtrière.
Des cheveux parfaitement plaqués, un costume sur mesure noir, et une chemise blanche sans aucune tache.
— Il a fallu que je menace l'un des tiens pour que tu sortes de ton bureau, remarquai-je en lâchant ma prise invisible sur ma victime.
Hector vomit en s'écroulant par terre. J'évitai son corps en l'enjambant, comme si ça figure n'avait jamais existé ainsi que notre interaction.
— Quelle joie de te revoir après ces longues années, Elijah.
...
Le silence était à son paroxysme dans ce bureau. Je venais de m'assoir en face de lui, nos regards se défiant mutuellement. Elijah s'installa derrière son bureau, ses yeux scrutant chaque mouvement que je faisais. Je pouvais sentir son regard perçant peser sur moi, évaluant chaque parcelle de mon être.
Elijah Lopez était le patron de cet endroit, le Golden Night. C'était un homme d'âge mûr, aux yeux sombres et l'expression imperturbable. Tout comme moi, il n'était pas du genre à montrer la moindre faiblesse, c'était d'ailleurs ça qu'il l'avait attiré chez moi et qui l'avait poussé à me faire rejoindre son troupeau de dégénéré.
Il posa ses coudes sur le bureau et croisa ses doigts entre eux. Des ombres divaguaient sur son visage bronzé tandis qu'il scrutait mes traits.
— J'ai entendu dire que tu t'es retiré en Europe un certain bout de temps. Comment était Londres ?
Je haussai les épaules avec nonchalance. Elijah et moi faisions affaire depuis un paquet de temps. J'avais treize ans à l'époque et je bougeais de famille d'accueil en famille d'accueil. Il m'avait laissé une chance d'entrer dans le Golden Night, d'y travailler un certain temps avant de participer à ses manigances criminelles. Il avait compris que j'étais animé par une certaine rage, il avait toujours apprécié ça.
Puis deux ans au paravent, il m'avait offert une liberté. Il m'avait fait l'offrande d'un sacré million de dollars et m'avait demandé de quitter le pays, sans jamais revenir. Cet homme avait voulu me protéger de ma malédiction, il savait de quoi j'étais capable, et que beaucoup me recherchait dans l'espoir de me couper la tête. Elijah avait eu alors l'idée de m'envoyer loin d'ici, de me donner une nouvelle identité et une nouvelle vie.
Malheureusement, cette vie fictive n'avait été agréable que sur une courte durée.
— Ennuyant, je dirais.
Il pinça ses lèvres, puis me demanda :
— Qu'est ce qui t'amène ?
— J'ai entendu dire que ma tête valait de l'or.
Il plissa les yeux, signe qu'il attendait la suite.
— Je veux trouver la personne qui m'a mis à vendre, et revenir travailler au Golden Night.
Elijah pencha la tête, évaluant mes paroles. Un sourire émergea lentement sur son visage, révélant une dentition parfaitement entretenue malgré son statut de criminel notoire.
— Tu as besoin d'être protégé ? Toi, Morten ? Celui qui aurait la capacité de tuer avec son esprit ?
Je m'impatientai. Je n'aimais pas qu'il tourne la conversation autour de moi. Il savait, il me connaissait. J'avais soif de destruction.
— Tu as quelque chose pour moi, oui ou non ? m'agaçai-je.
— J'ai peut-être quelque chose pour toi, oui... Mais qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas ramener tous les chasseurs de prime du pays ? J'ignore qui t'a affiché à un tel prix, mais si tu veux mon avis, mes murs ne vont pas suffire à te cacher.
Je levai le menton au plafond en soupirant.
— Ne te fais pas de soucis pour ton trou à rat, je me ferai discret jusqu'à trouver de fils de pute qui veut me voir mort.
Son silence fut ma réponse. Elijah me passa en revue en pinçant ses lèvres ridées.
Je n'avais pas remarqué la présence de la jeune femme qui venait de passer dans mon dos, elle tenait un téléphone vibrant dans ses mains.
— On tente de te joindre depuis ce matin, ce doit être ces italiens. Ils veulent une réunion, demain.
Elijah prit le cellulaire en main en levant ses yeux vers moi, dans son regard planait une certaine mise en garde. Il dressa son dos et se leva.
Mes yeux croisèrent ceux de la jeune femme aux cheveux blonds et attachés dans un chignon. Un piercing traversait son nez, ainsi qu'un autre perforait ses sourcils refait. Je la fixai en retour, elle qui me lorgnait presque avec dégoût. Était-elle en colère contre moi ? L'avais-je manqué durant ces deux dernières années ?
— Je prendrai une décision rapidement, jugea Elijah en fourrant une main dans la poche de son bas de costard. Pour le moment, je ne veux pas voir une seule mèche de tes cheveux entrer chez moi, c'est bien compris ?
Je me levai à mon tour, ornant un sourire triomphant.
— C'est toujours un plaisir de faire affaire avec toi, soufflai-je avec gloire.
Elijah ne souriait absolument pas, il ne souriait jamais. Au lieu de ça, il colla son téléphone à son oreille.
— Ciao Enzo, cosa posso fare per te ?
Elijah resta derrière son bureau, puis me tourna le dos, déclarant que notre conversation venait de toucher à sa fin. Décidé à quitter cet endroit, je fis marche arrière mais lorsque ma carrure arriva au niveau de la porte, je vis la jeune blonde adossée au mur, les bras croisés sur son torse et les sourcils froncés.
— Tu devrais te détendre un peu Riley, ça te rend moche la rancœur, ai-je déclaré avec une pointe de moquerie dans ma voix.
Riley se décolla du mur sans jamais décroiser ses bras.
— Va te faire foutre sale démon.
Je n'avais même pas eu le temps d'ajouter que l'animosité la rendait en fin de compte sexy qu'elle ouvrit la porte et partit en trombe.
Au moins, elle ne m'avait pas oublié.
...
La nuit était tombée, le calme avait surplombé la ville et ses travailleurs. La quiétude m'apaisait.
Une flamme jaillit de mon briqué, venant enflammer le bout de la clope. Je pris une bouffée de ma cigarette, laissant la fumée s'échapper lentement de mes lèvres. La flamme dansa devant mes yeux, allumant des souvenirs qui me venaient par images distincts.
Les flammes qui avaient consumé le couple de retraités... Leurs visages tordus par la terreur restaient gravés dans ma mémoire, un rappel constant de la noirceur de mon passé. Pourtant, à l'époque, c'était nécessaire. Il fallait que je survive, que je nourrisse cette part de moi qui réclamait le chaos.
Je secouai la tête pour chasser ces pensées macabres, me concentrant sur le moment présent.
Sale démon.
Les mots de Riley firent échos dans mes oreilles, tel un souvenir qu'on ne peut pas effacer, insistant et sans possibilité de les ignorer, comme bon nombre de ceux qui griffaient mon esprit. Je pris une inspiration forcée et la bloqua dans mes poumons.
Elle a raison.
Elle avait raison. J'étais un sale démon, un être façonné par les ténèbres, condamné à errer dans l'obscurité pour l'éternité. J'avais accepté l'entité qui avait pris possession de mon corps. Je l'avais laissé gagner du terrain et se plaire en moi. Il y avait bien une raison à ma venue dans ce monde. Un enfant abandonné dans un champs, badigeonné de sang coagulé et noire. Un démon avait dû contourner les lois de l'enfer pour me ramener ici. Comment expliquer autrement ce dont j'étais capable de faire ?
J'étais un ange de la mort, envoyé sur terre pour je ne sais quelle raison. Étais-je réellement maudit ?
Il y avait un grand nombre de question que je ne cessais de me poser depuis enfant. Jamais aucune réponse ne m'avait été donné, et je n'avais jamais cherché d'y répondre.
Mais cela ne signifiait pas que je devais me complaire dans cette noirceur, que je devais accepter passivement mon destin. Je pris une autre bouffée de ma cigarette, sentant la fumée brûlante envahir mes poumons. La douleur était un rappel constant de ma propre existence, une preuve que j'étais encore en vie, malgré tout.
Je jetai ma cigarette à terre et l'écrasai d'un coup de talon. Au moment de quitter le balcon, une lueur verte sur posa sur la cigarette consumée, à l'endroit même où la fumée continuait de virevolter dans les aires. Je clignai deux fois des yeux. Non, je ne l'imaginais pas.
La Grande Naïade était là.
Lentement, sans vouloir l'effrayer, je me mis à genoux devant ce papillon qui n'avait pas peur de se bruler les ailes. Elle piétinait sur la cigarette, et cela fit surgir un nouveau souvenir, différent des autres. Celui de la peinture dans cette église à Londres. La peinture ou mon imagination l'avait dépeint sur ce tableau, elle et ses grandes ailes vertes où des rayures plus claires étaient visible. Tout comme dans mon souvenir d'elle butinant le sang des disciples sur les fleurs, elle chercha de quoi se nourrir.
Elle semblait si réelle.
Les uniques fois où elle avait fait son apparition, c'était pendant la nuit, dans mes rêves. La lueur verte qui brillait sur la cigarette captura mon attention, attirant mes yeux comme un aimant. Je restai figé, incapable de détacher mon regard de ce papillon. Son corps délicat se mouvait avec grâce, ses ailes vertes scintillant faiblement à la lumière de la lune. Un frisson parcourut mon échine, mêlant fascination et appréhension.
Intrigué par sa présence dans ma réalité, ma main se rapprocha d'elle. Si ce n'était qu'un mauvais tour de mon imagination, elle devrait s'effacer. Malheureusement pour moi, la Grande Naïade prit peur et s'envola.
Je me relevai rapidement, son regard, si on peut dire, était posé sur moi. Puis, elle partit.
Et je fis la chose la plus ridicule ayant jamais accompli dans ma vie. Comme un enfant de sept ans, je poursuivis ce fichu papillon. Il était réel. Cette fois-ci, il n'était pas le sujet d'une création de ma tête. Pour une fois, je voulais croire que je n'étais pas fou. Ce n'était peut-être qu'un papillon vert parmi tant d'autre, sauf que je n'arrivais pas à faire taire cette intuition en moi qui me hurlait presque que j'avais pour une fois, avoir droits à des réponses.
Ce papillon était la clé, la plus ridicule des clés. Et pourtant, me voilà à la suivre jusqu'à atterrir dans les bois, et passer le pont d'une rivière de pêcheur.
À travers la pénombre, j'entendis les bruits de cette nature plongée dans une vie qui ne dormait jamais. Je me glissai entre les arbres, sans jamais perdre de vue la lueur verte qui battait des ailes. Je ne devais pas ralentir. La lumière de la lune perçait par moments à travers les branches, éclairant partiellement le chemin que j'empruntais.
Puis, lorsqu'un coup de vent fut trop brutal pour ses ailes trop légères, au lieu de se laisser guider par le courant d'air, elle se laissa tomber. Comme si son corps venait de mourir sous mes yeux, elle tomba tel une pierre lourde.
Je fronçai mes sourcils, ne comprenant pas comment un coup de vent avait pu la tuer.
Un rire franc mais discret s'évada de ma gorge, me surprenant presque. Encore une création de mon imagination.
C'était idiot. Ridicule.
J'étais ridicule.
Honteux, je décidai de laisser ma curiosité et entreprendre de rentrer. Mais avant, mon regard se posa une dernière fois sur le corps sans vie du papillon, je ne bougeai pas, jusqu'à me rendre compte où son petit corps résidait. J'avais premièrement pensé à un rocher.
— Mais qu'est-ce que-
Ce n'était absolument pas un rocher. C'était une personne, là, allongée à même le sol.
Avec précaution, je me rapprochai du corps inerte. D'abord, celui de la Naïade. Elle disparue d'un seul coup, emporté d'une vague de poussière, laissant apparaître pleinement l'autre corps. C'était une femme, ses cheveux roux et particulièrement longs camouflaient son visage. Ce n'était pas tant ça qui attira mon regard, mais plutôt ses vêtements. Ils étaient étranges, vraiment peu commun. Du sang les tachaient. Soudain, son ventre se gonfla.
Elle était vivante. Elle respirait encore.
Au moment où je souhaitai me relever, mes genoux touchèrent malencontreusement la femme, et son corps, tantôt sur le flanc, tomba sur le dos, dégageant ses cheveux de son visage et de ses épaules.
— Merde alors...
Je n'avais pas les mots pour décrire cette chose. Son visage... Sa peau... Les marques qui ressemblaient à des tâches de naissance... Et des oreilles pointues.
Elle était partie loin dans la chirurgie, qui je devais l'avouer, était bien plus que réussit. Elle était très loin de ressembler à une humaine.
Quelque chose d'encore plus étrange attira mon regard. Sur son épaule dénudée était gravé un symbole. Je plissai mes yeux et partit à la recherche de mon pendentif, lui qui m'avait été légué par celui ou celle qui m'avait abandonné. Sur ce pendentif en or était gravé le nom « Morten » au dos, ainsi qu'un symbole que je n'avais vu nulle part ailleurs que sur mon pendentif, et désormais sur l'épaule de cette femme.
Mon cœur battait frénétiquement alors que mes doigts touchaient la surface lisse du métal. Les lettres de mon prénom étaient présentes, et de l'autre côté, le même symbole mystérieux. Un frisson parcourut mon échine. Qui était cette femme ? Avais-je eu raison depuis le départ ? Ce papillon aurait-il vraiment voulu me montrer quelque chose depuis le départ ? Voulait-il me mener à cette chose ?
Mes yeux ne cessaient de s'attarder sur les symboles, tandis que ma voix intérieure me hurlait de prendre une décision.
Je ne pouvais la ramener à l'hôpital alors mon visage valait une bonne liasse de dollars. J'ignorai jusqu'où je pouvais m'aventurer dans la ville, ou si le bruit de mon retour eu été entendu par nos ennemis, je devais à tout prix m'éloigner des emmerdes. Pas pour rester en vie, mais pour éviter de tuer des innocents.
Je n'avais plus le choix, elle allait passer le reste de la nuit dans mon appartement. Une fois réveillée, je la questionnerais sur ce symbole, puis je la mettrais dehors. J'attrapai alors la fille, une main sous ses aisselles, et l'autre sous ses genoux. Son corps pendait dans mes bras.
Cette femme était le premier espoir que je n'avais jamais espéré avoir.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top