Prologue 1

Vous vous rappelez sans doute de l'époque de la crise Omnium. Quand toutes les intelligences artificielles que nous avions créées pour nous aider se sont retournées contre nous et nous ont déclaré la guerre. Que réclamaient-ils ? Certains voulaient plus de liberté, être une espèce égale à l'homme dans tous les domaines, mais certains autres voulaient le pouvoir et tout ce qu'il peut représenter de pire. Car les Omniacs n'ont pas cessé d'être nos serviteurs jusqu'à cette fameuse guerre d'il y a vingt ans, certains humains ont tenté de comprendre leurs plaintes et certaines de leur revendication. Les Omniacs constituaient une réelle espèce intelligente, ils étaient capable de ressentir des sentiments aussi profonds que l'amour mais également aussi primitifs -nous en avons fait les frais- que la haine. Il était clair qu'une telle espèce ne pouvait plus être traitée ainsi mais en voyant l'inaction des humains face aux changements qu'ils demandaient, ils ont attaqué. Des remparts comme King's Row sont rapidement tombés au main des machines, les omniacs gagnaient du terrain et il a fallu riposter. Les armées de tous les pays humains alliés ont été envoyés sur ces champs de batailles, car les Omniacs commençaient à se reproduire en masse, telle une armée d'insectes, leur nombre deviendrait incontrôlable et ce serait la fin de l'humanité. De nouvelles générations d'Omniacs naissaient, uniquement conçu pour la guerre. Les grandes batailles menées par Jack Morrison, Vivian Chase, Gabriel Reyes et Ana Amari sont restés dans les mémoires. Le siège des Bastions sur Eichenwalde, défendu pendant des jours par les Croisés d'Allemagne, jusqu'à ce qu'ils fussent tous décimés violemment par les robots de guerre. Le seul survivant fut Reinhart Wilhelm, qui défendit courageusement la ville et parvint à terrasser les Bastions restants avec son énorme marteau.

Tout le monde connaît ces histoires et ces figures sont désormais des héros de guerre, car oui, la guerre s'est terminée, les omniacs ont capitulé et leurs conditions de vie sont désormais encore pire qu'avant, à cause de la haine des humains envers cette race qui leur a déclaré la guerre. Néanmoins des luttes pacifistes existent toujours, des omniacs luttant pour leurs droits et appelant à la fin de la haine entre les deux espèces, mais comme à l'époque de la guerre, des luttes plus violentes subsistent également, menées par le mystérieux Démon Omniac Ramattra et son armée du Secteur Zéro, qui agit dans l'ombre et commet des attentats contre les humains partout dans le monde.

Qu'en est-il des anciens héros de guerre ? Et bien après plusieurs années d'errance, tous ont été rappelés pour créer un groupe d'anti terroristes nommé Overwatch. Ils ont pourchassé le Démon jusqu'au plus profond de l'Antarctique, mais n'ont jamais réussi à le trouver. Overwatch prenait de plus en plus en popularité suite à l'empêchement de plusieurs attentats, et ayant réussi à chasser Ramattra pendant un temps, les attentats cessèrent et suite à divers conflits internes à Overwatch qui n'ont pas été rendus publics, l'O.N.U a dissout le groupe. Les actions d'Overwatch ont fait se calmer les omniacs renégats pendant sept années entières mais il y a deux mois, lors d'une soirée à Londres, les tensions ont été ravivées. 

La ville de Londres accueillait ce soir-là un éminent porteur de paix omniac du nom de Mondatta, et de nombreux manifestants prônant la fin des inégalités attendaient son discours. Le quartier de King's Row était particulièrement connu pour ce positionnement politique, cette communauté avait toujours été un pilier dans le combat pour la paix. L'arrivée de Mondatta ne devait donc pas être un problème car tout King's Row le soutenait, il allait être accueilli comme roi. Beaucoup de Londoniens étaient de sortie ce jour-là, humains comme omniacs, pour entendre le discours de Mondatta, certains brandissaient des pancartes "Les Omniacs sont vivants", ou encore "cessez le feu" faisant référence au Secteur Zéro. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, humains et omniacs marchaient côte à côte main dans la main, même après la crise Omnium, même après les attentats du Secteur Zéro. Dans n'importe quelle autre partie de la planète, cette vision aurait fait grincer des dents même les enfants, habitués à utiliser les omniacs comme de simples machines domestiques. Certains humains qui étaient présents à la manifestation ce jour-là, étaient même mariés à des omniacs, avec qui ils vivaient et logeaient, dans l'amour et l'harmonie la plus totale. King's Row était devenu, quelques années après la guerre, un véritable havre de paix pour les omniacs désireux de s'émanciper de la condition d'automate qu'on leur imposait.

Les manifestants se réunirent sur la place où l'on avait annoncé que Mondatta apparaîtrait et après quelques longues minutes durant lesquelles plusieurs agents de sécurité se placèrent minutieusement, la limousine du Porteur de Paix se montra enfin. Les sourires se délièrent sur les visages des uns et des autres, malgré que les omniacs ne puissent pas sourire, leur visage étant complètement figé. Leur guide était arrivé, et tous se tournèrent vers lui. Cinq agents de sécurité en costume noir, encerclèrent la portière de la limousine qui s'ouvrit doucement, laissant entrevoir l'omniac blanc qui tentait de sortir. Un tonnerre d'acclamation survint : "Mondatta, Mondatta" criaient-ils avec joie. L'omniac sortit enfin sa tête et leva un bras en signe de salut. Son crâne était petit, bien plus que ceux des omniacs de nouvelle génération, fabriqués après la guerre. Mondatta était vieux, très vieux, l'un des plus vieux au monde, faisant partie de la première génération d'omniacs humanoïdes intelligents que l'on produisait par simple curiosité pour l'intelligence artificielle. 

Il avançait lentement, entouré de ses gardes du corps, mais pourquoi diable y en avait-il autant ? Et bien parce qu'en dehors de King's Row, le Porteur de Paix recevait souvent des menaces de mort provenant d'extrémistes n'appréciant pas ses positions. Mondatta était l'une des personnalités les plus susceptibles d'être assassinées, car influentes mais n'appartenant pas à l'idéologie dominante qui est que les omniacs sont inférieurs car conçus à des fins domestiques. Il avait plusieurs fois été la cible de groupes terroristes qui voyant sa montée en popularité avait décidé de mettre fin à son ascension. Mais tous avaient échoué, car à l'époque le monde était sous la protection d'Overwatch, le groupe de héros qui soutenait d'ailleurs avec corps et âme la cause de Mondatta. Malheureusement, Overwatch n'existait plus, et le discours de ce soir-là était le premier que donnait le Porteur de Paix depuis la dissolution du groupe. La vigilance se devait d'être à son maximum.

Mondatta s'avança jusqu'à l'estrade qui était prévue pour lui et avec fierté, il leva les deux bras en l'air, comme pour étreindre les manifestants.

"Merci à tous d'être venus ce soir, dit-il de sa voix calme et synthétique."

Il était vêtu d'une robe blanche et jaune, qui reflétait les lumières des lampadaires tout autour de lui.

"Je vois que nous sommes de plus en plus nombreux, reprit-il, humains et omniacs réunis, ce n'est pas partout que l'on peut voir ça n'est ce pas ?"

Caché parmi la foule, une jeune femme toute souriante écoutait attentivement le discours du Porteur de Paix, c'était l'une des seules humaines à ne pas être accompagné par un ou plusieurs omniacs mais ça ne l'empêchait pas d'être complètement absorbée par l'euphorie du moment. Elle portait une visière orange sur ses yeux, ses cheveux bruns ébouriffés prenaient une curieuse forme en faisant ressortir une longue mèche brune qui montait en pic sur plusieurs centimètres. Autour de son nez, ses joues étaient parsemées de taches de rousseurs qui lui donnaient un air encore plus jeune qu'elle ne le voudrait elle-même, malgré que cette femme de vingt-quatre ans était toujours un peu restée un enfant dans sa tête. Sur son torse, accroché à sa poitrine, un appareil étrange projetait une lumière bleue devant et derrière qui faisait penser au premier abord à un cœur d'omniac alors qu'il n'en était rien, malgré que cette femme avait effectivement besoin de cette machine pour vivre. Elle portait également un manteau de pilote brun, recouvert de fourrure blanche à l'intérieur et un fin legging de sport jaune. Cette femme se nommait Lena Oxton, mais tout le monde la connaissait sous le nom de Tracer. A l'époque d'Overwatch du moins, car malgré son jeune âge, Lena avait fait partie de l'équipe durant son âge d'or.

Que faisait-elle là ? Et bien à votre avis. Elle n'avait jamais décroché, cette chipie. Dès qu'elle avait vu que Mondatta le Porteur de Paix allait faire un discours à King's Row, elle n'avait pas pu s'empêcher de revêtir son vieux costume et de filer à toute vitesse vers le centre-ville. A toute vitesse, c'est le mot, car Tracer est capable de se déplacer dans l'espace et dans le temps, avancer ou reculer, par petits bonds, comme elle aime les appeler. C'est ce talent qui lui a permis autrefois d'entrer dans l'équipe d'Overwatch, mais revenons à cette fameuse soirée car les choses commencent à se gâter. 

Alors que Tracer écoutait aux côtés des manifestants le discours de Mondatta, sur les toits une présence malsaine venait de poser les pieds, ou plutôt les talons. Une femme, au corps sinueux et à la longue chevelure bleue qui regardait de loin la foule et en son centre, le fameux moine omniac. Son discours ? Elle n'en avait que faire, elle n'était là que pour le travail, on ne lui avait donné qu'un seul objectif, peu importe les pertes collatérales, peu importe qui était vraiment cet omniac, peu importe ce qu'il disait, le travail c'était de l'abattre. On lui avait précisé qu'elle devait être discrète, même si quiconque l'engage sait à quoi s'attendre. Elle sauta d'un immeuble à un autre, en faisant claquer ses talons et d'un geste vif assoma un des gardes qui y était posté. Elle le regarda au sol et se demanda à quoi il pensait désormais. A rien, qu'il soit assommé ou mort c'est la même chose. Mais elle n'avait pas le temps pour ça, elle avait un travail, et il n'y avait que ça qui importait. Rien ne devait la gêner, aucune pensée, aucun sentiments, aucune émotion, rien. Sur la place, l'un des agents de sécurité braqua sa main sur son oreillette, ayant perçu une interférence, et peut-être un cri étouffé. Le sourire de Tracer s'effaça dans la foule, en voyant l'agitation de l'agent qui appelait dans son oreillette sans réponse en regardant les toits surplombant la rue, et elle se rappela pourquoi elle était là. Elle se précipita alors hors de la foule.

La femme à la longue chevelure bleue déploya alors un petit fil, qu'elle accrocha sur la bordure de l'immeuble, puis elle se laissa tomber telle une araignée guettant sa proie de loin. Sa peau était bleue, d'un bleu artificiel mais profond et beau et ses yeux étaient froids. Désormais complètement pendue à l'envers, la tête vers le sol, elle tira de son dos un grand fusil qu'elle pointa droit devant elle, faisant sortir le viseur de sa petite cachette. Elle n'eut pas besoin de rediriger son fusil, sa position était si parfaitement calculée que son viseur était directement pointé sur le centre du crâne de Mondatta. Elle sourit, de ses lèvres brillantes sobrement maquillées. Mais alors qu'elle s'apprêtait à tirer, elle entendit de petits bruits sur sa droite, comme des sifflements de vents très aigus, à intervalles irréguliers, et qui se rapprochaient à toute vitesse. Elle soupira, mais ses battements de cœur restèrent néanmoins aussi lents que si elle était plongée dans un profond sommeil, et il en était ainsi depuis un moment. A ce moment, sa concentration fut telle que le temps se figea, deux options s'offraient à elle, soit elle faisait feu et la personne qui était en train de filer à toute vitesse la repérait et elle n'aurait pas le temps de remonter en rappel, soit elle rangeait son fusil et se préparait à l'assaut de son assaillant. Elle opta pour la deuxième option. Et puis ça ajoutera un peu de piment, se dit-elle. 

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