Chapitre 9. Apprendre

Deux heures plus tard, Zenyatta entra dans la chambre de Genji, toujours en lévitant au-dessus du sol.

"Ta sieste s'arrête là cyborg, dit-il, ton corps n'a plus besoin d'autant de sommeil qu'avant."

Genji n'était pas de cet avis, il aurait encore dormi plusieurs heures si un droïde volant n'était pas venu lui vociférer à l'oreille.

"Allez debout, et n'essaie pas de me convaincre que tes muscles sont engourdis par le repos, parce que tu n'en a plus.

-Ca va j'ai compris, répondit Genji en se levant.

-Ne trouves-tu pas cela avantageux de ne pouvoir dormir que deux heures par nuit à présent ?

-Pas vraiment...

-J'ai toujours plaint les humains, ces paresseux, tu te rends compte, ils dorment près de vingt deux ans au total dans toute leur vie, quel gâchis de temps.

-Si vous le dites...

Genji et Zenyatta parcoururent le temple de long en large jusqu'à arriver à ce qui ressemblait à une forge. Une grand fourneau se trouvait au centre de la pièce et une panoplie d'objets métalliques se trouvaient accrochés aux murs.

"Je pensais que vous viviez sans électricité, dit Genji.

-Nous sommes des robots Genji... répondit Zenyatta avec humour."

Zenyatta, toujours assis en tailleur sur l'air, se dirigea vers le fourneau et tira une pièce métallique qui était en train d'y chauffer.

"Qu'est ce que c'est ? demanda Genji.

-Ta nouvelle jambe, répondit Zenyatta."

Genji avait presque oublié que suite à son agression en Inde, il ne lui restait plus que deux barres de métal en guise de jambes.

"La première étape de ton acception, Genji, consistera à Apprendre et à comprendre ton nouveau corps. Tu dois en connaître toutes les ficelles, tous les petits engrenages qui fonctionnent pour que tu puisses bouger les bras. Nous allons tous les deux étudier la cybernétique qu'ont implanté Niran et Symmetra dans tes systèmes.

-Comment vous savez que c'est eux qui ont fabriqué mon armure ?

-Hammond Genji, répondit Zenyatta, Hammond m'a tout raconté.

-Ce hamster est bavard décidément.

-Tu dois connaître absolument tout sur ton corps pour savoir ce que tu peux en tirer de meilleur, comment tu peux l'améliorer en fonction de ce que tu as envie d'en faire. C'est ça l'avantage Genji, tu peux en faire ce que tu veux. Qu'aimais tu faire avec ton corps d'humain ?

-Et bien je ne sais pas...

-Réfléchis.

Genji se rappela des paroles de Sojourn lors de leur rencontre. "Tu peux utiliser ton nouveau corps pour pousser tout ce que tu a appris dans des proportions que tu n'imagine pas encore.", lui avait-elle dit.

-Je m'entraînais... dit enfin Genji, je m'entraînais beaucoup. Mais je ne peux plus, je n'ai plus de muscles.

Si le visage robotique figé de Zenyatta avait pu esquisser un sourire, un grand se serait formé à cet instant.

-Tu n'imagine pas à quel point tu as tort, dit-il. Tu peux t'entraîner Genji, et ce pendant des heures entières sans jamais t'essoufler. Tu y as pensé ?

-Mais m'entraîner à quoi ?

-A tout Genji, tout ce que tu veux. Il te suffit de concevoir les membres adéquats. Tu veux faire du tir à l'arc ? Je t'aiderais à concevoir des bras qui peuvent tenir un arc bandé pendant des siècles entier sans jamais faiblir. Tu veux faire de l'escalade ? Je t'aiderais à concevoir de la peau adhérente. Tu veux courir, faire le tour du monde ? Il te suffit de te construire des jambes infatigables. Tu peux tout faire Genji. Et tout cela te sera facile car toutes ces techniques de combats que tu a apprises sont encore ancrées dans ton cerveau, il ne te suffit plus qu'à transmettre toutes ces informations à tes bras et à tes jambes et ton corps suivra, il pourrait même te surprendre."

Genji baissa la tête et regarda son bras, il commença à entrevoir un potentiel.

"Alors es tu prêt à entrer dans ton cocon, Genji ?"

Il acquiesça, et la première phase de son apprentissage commença. Pendant des jours entiers, Genji et Zenyatta s'enfermèrent dans cette salle de forgeron pour étudier en détails ce nouveau corps. Ils disséquèrent ensemble les couches de métal et de titane qui constituaient son armure, en apprenant ce qui s'y trouvait. Zenyatta découvrit la richesse de la technologie de Symmetra et fut quelque peu jaloux de l'organisme surévolué de Genji qui, lui, se rendit compte de tout ce dont son corps, au stade basique auquel il en était seulement, était déjà capable. Tous ses neurones synthétiques, appartenant au domaine de la nanotechnologie, lui offraient des réflexes et des sens bien plus développés que ceux des humains, son cerveau envoyait les informations avec une vitesse près de deux fois supérieure à ce qu'il était auparavant capable de faire. Et en prenant tout cela en compte, l'Omniac et le Cyborg commencèrent à travailler sur de nouvelles pièces, plus travaillées et ergonomiques que les anciennes. Niran, Symmetra et Torbjorn Lindholm avaient conçu l'armure de Genji comme on conçoit une simple prothèse après un accident, cet exosquelette devait simplement lui permettre de marcher et rien de plus. Cette nouvelle armure que Zenyatta et Genji étaient en train de mettre au point, s'appuyait sur l'ancienne mais en l'améliorant sur bien des aspects en prenant en compte le souhait qu'avait exprimé Genji de vouloir s'entraîner à nouveau. Alors ils développèrent des bras faits pour le combat en s'aidant de schémas d'omniac de l'armée du Secteur Zéro, des bras plus fins, plus agiles, plus malléables que les bouts de métal qu'on avait attachés à ses épaules.

"Vous aviez parlé de mains à la peau adhérente, pour l'escalade... dit Genji au cours de la conception.

-Très bonne idée, répondit Zenyatta."

Ils développèrent des jambes athlétiques cybernétiques capables d'atteindre des vitesses folles si on les pousse à leur maximum, mais également d'effecteur des sauts vertigineux.

Le casque de Genji fut également modifié pour être plus aérodynamique et résistant. Au cours de l'étude de celui-ci, ils découvrirent que Genji n'avait en fait besoin que de la partie basse pour respirer. A sa demande, ils développèrent donc une petite plaque juste devant ses yeux qu'il pouvait désormais retirer si l'envie lui prenait. Malgré tout, son casque gris gardait toujours la même allure au devant, une fente verte située devant ses yeux.

Sa colonne vertébrale fut elle aussi optimisée pour les déplacements rapides et précis comme pour endurer des chocs durs. Le système d'alimentation automatique de Niran fut quant à lui totalement conservé, Zenyatta n'était tout simplement pas parvenu lui-même à comprendre son fonctionnement, mais comme l'armure était désormais plus fine, les petits tubes verts, qui constituaient l'entièreté du système, étaient désormais visibles depuis l'extérieur. Ainsi sur ses épaules et sur son ventre, l'on pouvait voir de petits cercles verts briller constamment. Des cercles qui étaient de la même couleur que la petite fente de son casque, le vert et le gris de son titane se mélangeaient étrangement. La nouvelle armure de Genji était née, l'armure d'un véritable guerrier de métal.

"Pourquoi m'aidez-vous ? demanda Genji.

-Parce que tu me l'a demandé, répondit simplement Zenyatta.

-Oui mais pourquoi vous donner tant de mal ?

-Parce que tu m'a l'air d'être un garçon plein de potentiel. Même si tu ne le vois pas encore. Quand tu es arrivé, j'ai vu ta volonté de changer et j'ai choisi d'écouter... mon coeur.

-Mais vous n'en avez pas...

-Tout à fait."

Genji ne fut pas sûr de comprendre et Zenyatta se contenta de sortir de la pièce, toujours en flottant dans les airs.

"Allons tester tout cela dehors, dit-il."

Genji sourit sous son casque, il commençait à apprécier cet étrange Omniac.

"Puis-je vous appeler Maître, Moine Gris ? demanda Genji.

-Si cela te chante, répondit simplement Zenyatta."

Genji sortit, plus rayonnant que jamais, sa nouvelle armure éclatante au soleil. Il se sentait beaucoup mieux, ses mouvements étaient bien moins saccadés et il retrouva une sensation de souplesse qu'il avait presque oublié. Il fit une petite flexion des jambes et les nouvelles fibres qui s'y trouvaient le firent bondir à près d'un mètre du sol. Se sentant agile comme un athlète, une fit une roue avant puis une autre, mais s'effondra sur le sol couvert de neige.

"Tu pourras t'amuser à faire des pirouettes quand tu te seras habitué...

-C'est génial Maître ! s'exclama Genji en se relevant."

Et il retenta de faire une roue, puis il enchaîna sur un salto mais s'écrasa à nouveau sur le sol, ce qui fit rire Zenyatta.

Les jours suivants, Genji et Zenyatta les passèrent dehors. Il n'était plus question d'entraîner le corps de Genji, cet exercice n'est réservé qu'aux humains qui doivent se muscler pour faire ce qu'ils ont envie de faire, non le but de Genji désormais était de connaître les limites de son nouveau corps. Jusqu'où pouvaient aller ses incroyables compétences. Il réapprit rapidement à marcher avec ses nouvelles jambes, à courir très vite, à sauter, à enjamber, mais pas encore à attaquer, il était trop tôt. Ses nouvelles paumes adhérentes aux surfaces lui permettaient d'escalader chaque parois qui se mettaient en travers de son chemin. Plus rien ne l'arrêtait, il pouvait se déplacer avec une aisance déconcertante et rapidement, Zenyatta emmena Genji dans les montagnes, sur les chemins dangereux de l'Himalaya. Le corps de Genji s'adaptait à la difficulté du chemin sans trop de soucis et le système de régulation de température de son armure lui permettait de ne rien sentir du froid glacial qui attaquait son titane à chaque instant. Le vieux Zenyatta l'accompagnait au début de ses chemins périlleux, mais le laissait ensuite poursuivre sa route jusqu'au sommet des montagnes, son corps n'était pas aussi résistant que celui du cyborg. Genji quant à lui s'en donna à coeur joie, il parcourait les contrées dessinés par les sherpas à grande enjambées, sautant par dessus les rochers, escaladant les glaciers de ses mains et de ses pieds, sortant même des sentiers battus pour prendre des raccourcis qu'aucun être vivant n'aurait pu prendre. Il courait sur la roche comme lorsqu'il faisait la course avec son frère sur les toits de Hanamura. Et lorsqu'il arrivait enfin à destination, il contemplait le soleil du sommet enneigé de la montagne et commençait doucement, peut-être, à se rendre compte de sa chance. Peut-être n'était-ce pas si mal après tout. Devant le soleil, il sourit, un sourire bien sincère pour la première fois depuis longtemps, depuis, en fait, qu'il avait discuté avec Lena Oxton sur le toit. Serait-elle fier de lui si elle le voyait tel qu'il est devenu ? Genji avait envie de la revoir, il la retrouverait où qu'elle soit.

Apprendre, Aimer, Pardonner.

Genji comprenait désormais pourquoi il lui avait fallu apprendre, tout connaître de son armure pour pouvoir en tirer le meilleur. Mais Aimer signifiait-il aimer son armure ? Aimer son nouveau corps ? Ou aimer quelqu'un si fort que l'on a envie de changer pour cette personne ? Était-ce cela la deuxième étape de l'acceptation ? Aimer ou être aimé, pour parvenir à s'accepter tel qu'on est ? Mais Genji pouvait-il vraiment ressentir cela à nouveau ? 

                                                                                               ****

Zenyatta força Genji à s'essayer à l'art de la méditation dont il vante les bienfaits, et d'autant plus dans la race Omniac"

"Ne t'es tu jamais fait la réflexion qu'un Omniac ne dormait jamais ? demanda Zenyatta au cours de l'une de leurs séances. Nous autres avons uniquement été construit pour le travail constant, justement pour pouvoir vous permettre, vous les paresseux, de pouvoir dormir plus longtemps. Mais tout être vivant à besoin de repos tu ne crois pas ?"

Genji acquiesça.

"La méditation nous permet de nous reposer, mais également de nous connecter à notre propre essence. Comme un rêve, Genji, un court rêve qui nous rappelle que nous vivons et non pas que nous sommes allumés ou éteints, mais bel et bien vivants, conscients et transcendants.

-Qu'est ce que cela signifie ? demanda Genji réellement curieux.

-Cela signifie tout simplement que nous dépassons notre condition d'être alimenté par un cœur électrique et une intelligence artificielle. Nous aimons, nous pensons, nous ressentons, nous haïssons, nous jouissons, nous nous réjouissons ne serait-ce que d'un petit oiseau qui vole au-dessus de notre tête, bref, nous vivons Genji. Et ici nous défendons l'idée qu'un autre monde nous attend après notre mort, au même titre que les humains. Comprends-tu ma pensée ?

-Oui.

-Nous sommes les shamans omniacs de notre époque, éveillés sur des concepts que les omniacs asservis des grandes villes rejettent justement par leur asservissement par les humains, qui les empêchent de croire qu'ils sont plus que des robots.

-Pourquoi ne tentez-vous pas de les convaincre ?

-Nous avons déjà essayé Genji, maintes et maintes fois. Et nous avons également essayé de convaincre les humains mais c'était pire encore. Ils n'arrivent déjà pas à concevoir que leurs chiens, leurs chats, leurs mouches et leurs araignées aient une âme à part entière alors que pensent-ils de leur robots de compagnie à ton avis ? Ils sont bien trop égoïste pour comprendre, ils se confortent en se disant qu'ils ne peuvent qu'être les seuls être conscients et transcendants dans ce monde, parce qu'ils ont trop peur de ne pas être uniques. Mais pourquoi la transcendance ne serait réservée qu'à eux ? Nous avons tenté Genji, nous avons tenté mais ils refusent d'entendre et nous ne l'avons compris que trop tard. Mon frère en a payé le prix.

-Mondatta le Porteur de Paix...

-En effet, répondit Zenyatta sur un ton mélancolique. Mon frère est mort pendant l'un de ses discours et depuis lors nous avons cessé de "corrompre les esprits" comme il disent.

-Comment était-il ?

-Mon frère ? Oh c'était le meilleur d'entre nous. Il était véritablement convaincu jusque dans ses boulons que la paix entre humains et omniacs était possible, même après la guerre. Il voyait l'horreur et la désolation partout dans les villes, les attaques du Secteur Zéro, mais il n'a jamais perdu espoir, même quand le fusil d'un assassin humain était pointé sur lui. S'il avait vu son bourreau quand il a ouvert le feu, Mondatta aurait sûrement ouvert les bras pour l'enlacer."

Un silence s'installa.

"Assez parlé de moi, jeune Shimada, as-tu commencé à voir des choses au plus profond de ton esprit ?

-Seulement des questionnements, Maître, répondit Genji les yeux fermés.

-Si tu médites assez longtemps tu verras que la plupart des réponses se trouvent à l'intérieur de toi.

-Mais l'une d'entre elles demeure toujours. Que signifie la deuxième étape de mon acceptation ?

-C'est -à -dire ?

-Quand je suis venu à vous, vous m'avez dit Apprendre, Aimer, et Pardonner. Que signifie vraiment Aimer ?"

Zenyatta rit.

-Alors ça, mon cher. Tout Homme ou Omniac qui a vécu, vit et qui vivra ne saurait t'en donner une explication exacte. C'est là l'énigme de tout être capable d'Aimer Genji, qu'est ce que réellement l'Amour.

-Donc c'est bien à l'Amour que vous faites référence ?

-En effet, mais si je peux te donner un conseil. Tu trouveras peut-être ta propre définition de l'Amour en arrêtant de chercher ce que c'est et simplement en ressentant l'Amour, le véritable, celui qui se trouve au plus profond de ton cœur.

-Mais comment...

-Cesse de réfléchir, mais essaie de ressentir. A quoi dans ton coeur, le mot amour renvoie ?

-Je n'en sais rien. Au désir ? A la sensation de bonheur ? Je n'en sais rien, je ne suis jamais tombé amoureux de...

-Je ne te parle pas de ça, Genji l'adolescent. N'essaie pas de réfléchir. L'Amour ne renvoie pas forcément à une relation de couple, mais elle peut aussi lier deux amis, un père à son fils, une mère à sa fille, ou bien deux frères ou deux sœurs.

-Mon frère ne m'évoque rien de tout cela.

-Qu'éprouves tu pour ton frère ?

-De la colère, Maître, seulement cela."

Zenyatta ressentit la haine dans le cœur de Genji.

"Il y aura donc encore beaucoup de travail à faire de ce côté-là, déclara le Moine. Mais peut-être l'amour a -t-il aussi un écho pour toi dans les sentiments que tu as décrit tout à l'heure. Peut-être désire tu aimer, ou être aimé désormais, pour ce que tu es, même avec cette armure.

-Peut-être bien... répondit Genji.

-Tu cherche quelqu'un qui pourrait t'accepter tel que tu es, pour que tu puisses toi aussi, t'accepter pleinement."

Genji entrevit enfin une vision, cela faisait près d'une heure qu'il avait les yeux fermés, et il vit enfin quelque chose. Il se voyait lui, perché sur un toit avec à ses côtés une femme qui avait sa main posé sur son armure, au niveau de son coeur. Genji ressentit un paix indescriptible, il se sentait aimé, aimé par cette femme qui en posant sa main de cette façon, acceptait son être, son coeur, en même temps que l'armure qui le recouvrait. La femme approcha alors sa tête du torse de Genji et se mit à écouter les battements de son coeur, c'est là qu'il la reconnut.

Lena

Il chassa immédiatement cette pensée, honteux, et se retrouva à fixer Zenyatta, qui lui, semblait s'être assoupi.

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